Géographie physique
Grande division de la GÉOGRAPHIE qui décrit et analyse la répartition des éléments physiques et biochimiques de l'environnement, qui interprète les données des systèmes environnementaux situés tout près ou à la limite de l'atmosphère, de la lithosphère (partie rigide de la croûte terrestre), de la biosphère ou de l'hydrosphère (la réserve d'eau de la terre), qui détermine la capacité de ces systèmes de supporter l'activité humaine à la surface du globe ou près de celle-ci. En Europe, la GÉOMORPHOLOGIE relève de la géographie physique, tandis qu'en Amérique du Nord elle relève surtout de la GÉOLOGIE. Les deux écoles de pensée sont représentées dans les universités canadiennes.Historique
Au Canada, la géographie physique naît de l'exploration scientifique. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les explorateurs fournissent des descriptions de l'environnement physique local et régional, mais la première contribution importante dans ce domaine est l'œuvre de David THOMPSON. Il procède à de minutieux relevés topographiques, note régulièrement ses observations météorologiques et astronomiques, traite d'hydrologie et d'écologie, évalue les ressources et décrit les cultures et les caractéristiques du peuplement de l'Ouest canadien. Dressée par Thompson en 1814, la carte de l'Ouest du Canada constitue un tournant dans le développement de la géographie physique au Canada (voir CARTOGRAPHIE, HISTOIRE DE LA). John RICHARDSON participe aux expéditions FRANKLIN de 1819 à 1822 et de 1825 à 1827. Ses relevés de la géologie et de la physiographie de la vallée du Mackenzie et du littoral arctique jettent les bases d'une longue série de relevés physiographiques en milieu nordique. La création de la COMMISSION GÉOLOGIQUE DU CANADA (CGC) en 1842 marque une autre étape importante pour cette discipline.L'EXPÉDITION PALLISER (1857-1860), financée par la Royal Geographical Society, et les expéditions Hind-DAWSON (1857-1858), appuyées par le gouvernement du Canada, permettent de recueillir de l'information sur le climat, la végétation, la géologie et le relief dans l'Ouest canadien. Henry Y. HIND démontre l'influence considérable de la GLACIATION au Canada. En 1848, paraît en Angleterre Physical Geography de Mary F. Somerville, premier livre à porter un tel titre. En 1853, John Herschel fait pour la première fois référence à la géographie physique dans l'Encyclopaedia Britannica. La plus grande partie de l'information recueillie lors des expéditions scientifiques au Canada est intégrée à la géographie physique européenne. Au cours des années 1860, on met sur pied le Service météorologique du Canada et en 1870, la juridiction de la CGC s'étend à l'Ouest canadien.
Ceci entraîne la publication de descriptions détaillées du milieu physique du Canada et le réseau météorologique est étendu à l'Ouest et au Nord. En 1894, John MACOUN traite des FORÊTS du Canada et de leur répartition (voir SOL). En 1914, le Collège d'agriculture de l'Ontario à Guelph procède à un des premiers relevés pédologiques complets au Canada. À partir de 1890, le Service fédéral des forces hydrauliques du ministère de l'Intérieur publie régulièrement des rapports sur les INONDATIONS.
Discipline reconnue pour l'enseignement et la recherche
En 1915, le département de géologie et de minéralogie de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC) offre le premier cours de niveau universitaire en géographie physique. En 1920, on ajoute un cours de météorologie et de climatologie. En 1920, Emile Miller, premier professeur de géographie formé à cette discipline, est nommé à la Faculté des sciences sociales de l'Université de Montréal afin d'y enseigner la géographie physique et humaine. En 1922, le Département de géologie prend le nom de Département de géologie et géographie. Au cours des années 1920 et 1930, les longs séjours des Français J. Brunhes et R. BLANCHARD font de Montréal le centre canadien des études en géographie. En 1935, Griffith TAYLOR fonde à l'Université de Toronto le premier véritable Département de géographie au Canada.En 1950, on offre des cours généraux de géographie physique à l'Université de la Colombie-Britannique, à l'Université Laval, à l'Université McGill, à l'Université McMaster, à l'Université de Montréal, à l'Université de Toronto ainsi qu'à l'Université Western Ontario, mais la place donnée à la géographie physique dans les départements de géographie diminue. Ce changement est principalement dû à l'afflux, dans les universités, de géographes formés aux États-Unis dans des facultés de SCIENCES SOCIALES. On dénombre plus de 35 départements de géographie dans les universités canadiennes, dont les trois quarts sont d'importance moyenne, avec plus de quinze professeurs.
Applications
Les organismes du gouvernement fédéral au sein desquels travaillent la plupart des géographes donnent une idée des nombreuses applications de la géographie physique. Ce sont le Service météorologique du Canada, l'Institut de recherche en construction, le CONSEIL NATIONAL DE RECHERCHES DU CANADA, l'Institut national de recherche sur les eaux, le ministère des Ressources naturelles du Canada, la CGC, le Ministre des Affaires autochtones et du développement du Nord canadien. Les établissements d'enseignement, les organismes consultatifs et les organismes gouvernementaux provinciaux emploient également un grand nombre de spécialistes en géographie physique.
Cette science est appliquée aux questions relatives au PERGÉLISOL, à la neige, aux GLACIERS, aux montagnes, aux climats urbains, à l'ÉNERGIE SOLAIRE, aux CHANGEMENTS DE CLIMAT, aux GLISSEMENTS DE TERRAIN, aux inondations, à l'analyse du terrain et à la planification écologique. Parmi les techniques employées pour recueillir et gérer l'information, mentionnons la TÉLÉDÉTECTION, la photographie infrarouge et par satellite, le SYSTÈME D'INFORMATION GÉOGRAPHIQUE, l'informatique (analyses).
Institutions et publications
L'Union géographique internationale (UGI) est l'un des huit organismes membres du Conseil international des unions scientifiques (CIUS). Le Canada est l'un des 90 pays membres de l'UGI. L'Association internationale de géodésie (AIG) est affiliée à l'UGI et à l'Union internationale des sciences géologiques (UISG). Au Canada, l'Association canadienne des géographes (ACG), l'Association des géographes du Québec, la Société géographique royale du Canada et la Société de géographie de Québec sont les organismes auxquels appartiennent la plupart des géographes. Les spécialistes de la géographie physique participent également au Conseil géoscientifique canadien (en tant que représentants de l'ACG), au Canadian Geomorphological Research Group, à l'Union géophysique canadienne, à la Société canadienne de météorologie et d'océanographie, à l'Association canadienne pour l'étude du Quaternaire, à l'Association québécoise pour l'étude du Quaternaire et à l'Association géologique canadienne, entre autres.
Parmi les revues scientifiques qui publient la plus grande partie des recherches en géographie physique, on note Le Géographe canadien, le CANADIAN GEOGRAPHIC, la Revue canadienne des sciences de la Terre, la Revue canadienne de géotechnique, la Revue canadienne de la science du sol, Géographie physique et Quaternaire, Atmosphère-Océan, les Cahiers de géographie du Québec et The Great Lakes Geographer.