Gaspésie
La Gaspésie, péninsule massive dans l'est du Québec, s'avance dans le golfe du St-Laurent. Cette partie de la formation appalachienne est caractérisée par des reliefs plus élevés au nord, où sont situés les monts Chic-Choc, et plus plats vers la côte, au sud. Le mont Jacques-Cartier, qui culmine à 1268 m, est le point le plus élevé non seulement de la péninsule, mais de toute la partie canadienne des Appalaches. Si l'on ne tient pas compte de la ville minière de Murdochville, la plupart des habitants de la Gaspésie vivent à quelques kilomètres à peine de l'eau, tout au long de la côte qui s'étire du fleuve St-Laurent, au golfe du St-Laurent et jusqu'à la baie des Chaleurs. Parmi les villes principales, on compte New Richmond, Gaspé et Matane.
Le nom de Gaspésie vient probablement du mot Micmac signifiant « le bout des terres ». Lorsque Jacques Cartier arrive dans la baie de Gaspé en 1534 pour y planter une croix et prendre possession des terres au nom du roi de France, la région est occupée par des Autochtones de langue iroquoienne. Déjà, au début du XVIIe siècle, lorsque Samuel de Champlain navigue le long de ses côtes, la péninsule est habitée par des Micmacs. Bien qu'ils n'aient jamais été plus que quelques centaines, ceux-ci ont toujours continué à y vivre. Au cours du XVIIe siècle, ils sont convertis au christianisme par les missionnaires français.
Les riches stocks de morue, qu'on trouve en grande quantité à seulement quelques kilomètres de la rive, sont depuis longtemps le pilier de l'économie; chaque année, depuis des siècles, des centaines de tonnes de poissons sont expédiées en Europe, en Amérique du Sud et aux États-Unis. Les grandes plages de galets, le soleil et le vent de la Gaspésie sont les éléments parfaits pour le séchage de la morue. Jusqu'à l'arrivée de la réfrigération au XXe siècle, c'est le seul moyen de conserver le poisson pendant toute la durée du transport jusqu'aux marchés.Durant le régime français, seuls quelques pêcheurs s'installent en permanence en Gaspésie. Lorsque James Wolfe et ses militaires arrivent en 1758, ils trouvent environ 400 résidents permanents sur la côte. Ils détruisent leurs maisons et leurs biens et renvoient la plupart d'entre eux en France. Malgré tout, quelques-uns se réfugient dans les bois et continuent de vivre en Gaspésie après que la péninsule est devenue territoire britannique, en 1763. Plusieurs familles d'Acadiens (voir Acadie), ayant échappé à la déportation organisée par les Britanniques en Nouvelle-Écosse, les y rejoignent. En 1784, environ 400 loyalistes anglophones, réfugiés de la Guerre d'indépendance américaine, s'installent en Gaspésie. Après cela, l'immigration est rare et la forte croissance de la population est simplement due à la natalité.
Les Gaspésiens mettent du temps à s'affranchir de l'industrie de la pêche. Dans le comté de Bonaventure, on pratique une agriculture mixte à petite échelle, mais ce n'est qu'au XXe siècle qu'on exploite sérieusement les ressources forestières et minières de l'intérieur. La construction d'un lien ferroviaire ne commence que dans les années 1890. À la fin du siècle, le tourisme est devenu une importante source d'emploi, surtout après l'effondrement de la pêche à la morue au début des années 1990. Les cours d'eau limpides de la Gaspésie sont bien connus pour leur saumon. Des milliers de visiteurs viennent admirer le fameux rocher Percé, les importantes colonies d'oiseaux de l'île Bonaventure, le Parc de conservation de la Gaspésie dans la région intérieure accidentée et le Parc national Forillon.