Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry | l'Encyclopédie Canadienne

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Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry

Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry, ingénieur militaire (né le 3 octobre 1682 à Toulon, en France; décédé le 23 mars 1756, dans la ville de Québec, au Québec). Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry a contribué au développement de la Nouvelle-France en fortifiant les villes de la colonie, soit Québec et Montréal. Ses cartes en relief de Québec et de Montréal sont encore considérées comme des modèles précis de ces villes. Certains considèrent Chaussegros de Léry comme le père de la première architecture véritablement canadienne. (Voir aussi Histoire de l’architecture: régime colonial français).

Dessin attribué à Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry. Élévation de l'hôtel de Vaudreuil, construit en 1723; dessin réalisé en 1727. Résidence privée du gouverneur Philippe de Rigaud de Vaudreuil.

Premières années

Initié au génie militaire par son père, ingénieur militaire, Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry accompagne l’armée française dans diverses campagnes pour se familiariser avec l’art des fortifications. Même s’il ne possède pas une formation académique, Chaussegros de Léry tente néanmoins, deux ans avant son départ pour la Nouvelle-France, de faire publier un « Traité de fortification divisé en huit tomes », un privilège que la Cour lui refuse toute sa vie. Le manuscrit est aujourd’hui conservé aux Archives nationales du Canada à Ottawa.

Travail architectural en Nouvelle-France

Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry devient ingénieur du roi en Nouvelle-France en 1716. Il est attaché au ministère de la Marine lorsqu’il est envoyé en Nouvelle-France pour remplacer les plans de fortifications existants et pour recommander les travaux nécessaires pour assurer la défense de la colonie. Dès son arrivée à Québec, Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry lève des plans, fait préparer d’imposants plans-reliefs décrivant l’état des fortifications à Québec et à Montréal et les expédie à Paris en 1720 et 1721. Sa première mission terminée, il obtient une nomination permanente dans la colonie au poste d’ingénieur en chef.

La contribution de Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry au développement de la Nouvelle-France est considérable. En premier lieu, il se consacre à fortifier les villes de la colonie, principalement Québec et Montréal, dont il dresse les projets d’enceinte. C’est lui qui, dès 1716, imagine la Citadelle de Québec, que les Britanniques érigent plus tard, entre 1825 et 1830. Même si elle est retravaillée après la Conquête, la fortification de Québec reste l’œuvre majeure de cet ingénieur du roi de France. Cependant, la majeure partie des monuments de sa carrière dans le génie sont des œuvres sur papier, car plusieurs de ses réalisations n’ont pas survécu au temps ou ont été sévèrement altérées.

Quelques objets exemplaires demeurent néanmoins, telles la caserne du Fort Niagara (État de New York, 1726) et les Nouvelles Casernes du parc de l’Artillerie à Québec (1749, en cours de restauration). L’œuvre sur papier a cependant conservé son actualité, les cartes de la ville de Québec et de Montréal qu’il a dressées sont encore aujourd’hui considérées comme les premiers plans directeurs de ces deux villes. À Québec, toute la portion ouest de la haute ville intra-muros et l’ensemble du secteur du Vieux-Port ont été lotis selon les plans de Chaussegros de Léry, notamment son plan de 1752.

La contribution la plus durable de Chaussegros de Léry à l’architecture tient cependant à son sens de l’adaptation. Nul n’a mieux compris que les conditions socio-économiques et climatiques de la Nouvelle-France empêcheraient toujours qu’on y transpose les techniques de construction et l’esthétique architecturale du classicisme monumental régalien de la métropole. Au fil des ans, l’ingénieur propose donc des matériaux et des techniques de substitution. Il recherche et préconise l’usage de matériaux locaux, crée des projets plus « adaptés », c’est-à-dire plus réalistes à construire, érige des prototypes au contact desquels les hommes de métier ont l’occasion de se former en acquérant de nouveaux savoir-faire, en harmonie avec le milieu de la Nouvelle-France.

En inspirant habilement les règlements et ordonnances des intendants de la colonie, l’ingénieur réussit à inscrire dans le cadre bâti les conventions et les techniques utilisées dans les villes de l’Ancien Régime. Cela inclut, par exemple, l’obligation de cohabiter dans les maisons bourgeoises et l’interdiction aux non-nobles d’utiliser les ordres d’architecture. La maison urbaine qu’il crée entre 1725 et 1745, est à la fois le modèle achevé d’une quête rationnelle de la forme essentielle qu’exige le contexte physique (notamment la lutte contre les incendies) ainsi que le monument qui sauvegarde la cohérence de la société hiérarchisée et conventionnelle constituée en France métropolitaine.

Vie personnelle

Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry se plaît à Québec où, le 13 octobre 1717, il épouse Marie-Renée Legardeur. Dix enfants naissent de leur union. L’ingénieur est parfois confondu avec son fils du même nom, également un ingénieur et officier militaire.

Chaussegros de Léry possédait des terres à Québec, notamment sur la rue Sainte-Famille où se trouvait sa maison, et une seigneurie sur la rivière Richelieu.

Participation à l’esclavage
Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry a participé à l’asservissement des personnes noires. Il a réduit en esclavage un homme noir, dont on croit qu’il avait environ 25 ans. (Voir aussi Esclavage des Noirs au Canada.)

Décès

Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry a reçu la croix de Saint-Louis en 1741, gagnant ainsi le droit à des funérailles militaires à la cathédrale Notre-Dame de Québec, dont il est l’architecte.

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