Franc-maçonnerie
La franc-maçonnerie est un mouvement fraternel international semi-secret d'organisations regroupées en fédérations régionales ou nationales, qui compte 200 000 membres au Canada. La mythologie franc-maçonne fait remonter l'origine du mouvement à la construction du temple du roi Salomon. Selon les historiens, elle remonterait plutôt aux guildes médiévales de maçons anglais, dont les membres étaient les artisans qualifiés qui ont construit des cathédrales, des châteaux et d'autres constructions de pierre. Le terme « loge maçonnique » désigne les quartiers que les maçons se construisaient pour loger près des chantiers de construction.Rareté des grands projets de construction
L'évolution de la conjoncture économique et religieuse après la période gothique amène la diminution du nombre de grands projets de construction. Au XVIIe siècle, les loges ne peuvent subsister qu'en admettant comme membres, en plus des maçons actifs, des « maçons acceptés », qui ne sont pas maçons. Ceux-ci sont probablement attirés vers l'organisme en raison de ses coutumes, de ses traditions intellectuelles, de ses secrets et de sa fraternité.
Maçonnerie moderne
La maçonnerie moderne, dite « spéculative », commence avec la fusion de quatre loges qui constituent la Grande Loge d'Angleterre (Maçons modernes) le 24 juin 1717. La Grande Loge d'Irlande se constitue vers 1725, celle d'Écosse en 1736, et une organisation rivale de la Grande Loge d'Angleterre (Maçons anciens) est formée en 1751, mais fusionne avec les Maçons modernes en 1813. Ces quatre organismes sont à l'origine de toutes les loges maçonniques du monde; de nos jours, des loges existent également aux États-Unis, en France et dans d'autres pays d'Europe ainsi qu'en Amérique latine et dans la plupart des anciennes colonies britanniques.
On trouve des maçons parmi les soldats britanniques en service dans le futur Canada, mais la première loge maçonnique formée de civils est celle d'Annapolis Royal, en Nouvelle-Écosse, qui reçoit ses patentes de la loge des Maçons modernes de Boston en juin 1738. On délivre par la suite des patentes pour l'établissement de loges à St. John's (1746 et 1766), à Halifax (1750 et 1751) et à Québec (1764). Des déclarations anciennes, mais invérifiables indiquent que les maçons étaient à Québec dès 1721; toutefois, la franc-maçonnerie française n'a pas contribué aux activités maçonniques au Canada. Lorsque le Québec est divisé en 1791 pour former le Haut et le Bas-Canada, seulement quatre loges maçonniques sont en activité dans le Haut-Canada (Brockville, Cornwall et deux à Niagara).
Augmentation du nombre de membres
Le nombre de membres francs-maçons augmente en fonction de la population jusqu'à ce que le mouvement subisse un recul temporaire à la suite d'un scandale qui éclate dans le nord de l'État de New York en 1826 : des maçons sont soupçonnés d'avoir tué un ancien membre, William Morgan, qui dénigrait publiquement le mouvement. Des loges maçonniques locales se forment plus tard dans d'autres futures provinces : en Colombie-Britannique (1859), au Manitoba (1864 et 1870), en Alberta (1882) et en Saskatchewan (1883). En 1855, 30 loges de l'Ouest canadien et du Québec se regroupent pour former la Grande Loge du Canada, et les loges maçonniques anciennes forment leur propre grande loge deux ans après.
Les deux organismes s'unissent en 1858, à l'exception de quelques loges qui continuent d'adhérer aux Grandes Loges d'Angleterre, d'Irlande et d'Écosse. Le Québec forme sa propre Grande Loge en 1869, et d'autres Grandes Loges provinciales sont constituées en fonction de la situation. En 1887, la Grande Loge du Canada change de nom pour tenir compte de la nature provinciale de la franc-maçonnerie canadienne; elle s'appelle dorénavant « The Grand Lodge of Ancient and Accepted Masons of Canada in the Province of Ontario », et son bureau central se trouve à Hamilton. Ses membres constituent environ la moitié des francs-maçons du pays.
Héritière idéologique du siècle des Lumières
La maçonnerie intègre à ses rituels et à sa symbolique les idées newtoniennes sur Dieu conçu comme le « Grand Architecte de l'univers ». Les candidats à l'initiation doivent professer la croyance de base en un être suprême, sans être nécessairement chrétiens. Les serments secrets, l'anticléricalisme, les emprunts extérieurs au christianisme ainsi que des tendances politiques et religieuses antagonistes donnent d'abord lieu à une interdiction papale en 1751 et à plus d'une douzaine d'autres par la suite.
Les membres sont admis au premier des trois grades ou degrés d'initiation (maçonnerie corporative). S'ils dépassent le troisième degré (seule une minorité y parvient), ils peuvent atteindre d'autres degrés en suivant soit un système à 6 degrés (7 en Angleterre) appelé rite d'York, soit un système à 30 degrés appelé rite écossais. Pour progresser, les candidats doivent étudier les rituels qui sont censés inculquer les préceptes moraux, puis participer à ces rituels.
La crainte de la franc-maçonnerie se manifeste à l'occasion au Canada comme dans d'autres pays. En 1794, le lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, John Graves SIMCOE, craint une insurrection des francs-maçons de Montréal à cause des relations de ceux-ci avec des maçons de l'État du Vermont, qui ont, à l'époque, une attitude belliqueuse. L'idéologie du crédit social de l'Alberta associe faussement les francs-maçons aux juifs pendant la crise des années 30.
Francs-maçons canadiens célèbres
Malgré tout, la franc-maçonnerie peut être fière de compter en ses rangs une longue liste de membres illustres, entre autres, des membres de la famille royale britannique, George Washington ainsi que beaucoup d'autres présidents des États-Unis, Mozart, Voltaire, Goethe et Winston Churchill. Parmi les francs-maçons canadiens de marque, citons sir Allan N. MACNAB, John R. ROBERTSON, Joseph BRANT, sir John ROSE, John D. EATON, John M. BUCHANAN (ancien premier ministre de la Nouvelle-Écosse), 16 premiers ministres de l'Ontario (dont William G. DAVIS) et 6 premiers ministres du Canada : sir John A. MACDONALD, sir John J.C. ABBOTT, sir Mackenzie BOWELL, sir Robert L. BORDEN, le vicomte R.B. BENNETT et John G. DIEFENBAKER.Voir aussi SOCIÉTÉS SECRÈTES.