Dans le recensement de 2016, le nombre de Canadiens ayant déclaré une langue maternelle ou une langue d’usage à la maison autre que l’anglais ou le français était plus élevé que les années précédentes. Cela est dû en grande partie à la croissance des langues immigrantes. Selon Statistiques Canada, les langues immigrantes sont celles « dont la présence provient initialement de l’immigration, après la colonisation française et anglaise ».
Langues au Canada
Au plan strictement juridique, il y a trois grandes classes de langues au Canada : les langues officielles (ou de « charte »), soit le français et l’anglais, qui sont reconnues par la Loi sur les langues officielles fédérale de 1969 (toutefois, selon les lois provinciales, le français est langue officielle seulement au Québec et au Nouveau-Brunswick); les langues ancestrales des peuples autochtones (voirLangues autochtones au Canada), parlées traditionnellement par les Premières Nations, les Métis et les Inuit, qui ne jouissent d’aucune protection juridique au niveau fédéral; enfin, celles que Statistiques Canada appelle « langues immigrantes », qui n’ont aucun statut officiel au Canada mais sont parlées ailleurs en tant que langues nationales ou régionales.
Impact de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme
La politique linguistique officielle du Canada favorise la conservation des langues et des cultures immigrantes. La Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (1963-1969) a montré que les Canadiens d’origine non britannique et non française préfèrent l’intégration à l’assimilation. Selon le rapport de la Commission, l’assimilation implique « une absorption presque totale dans un autre groupe linguistique et culturel. Un individu assimilé abandonne son identité culturelle et peut même […] changer son nom ». Quant à elle, l’intégration « n’implique pas la perte de l’identité individuelle et des caractéristiques de sa langue et sa culture originales ». Au fil des ans, les systèmes d’éducation du Canada ont fourni aux communautés immigrantes les moyens de maintenir leurs langues maternelles. Des programmes d’immersion dans des langues autres que le français et l’anglais sont largement disponibles (voir Enseignement des langues secondes).
Recensement des langues immigrantes au Canada
En 1991, le Bureau du recensement, prenant acte de la réalité du multilinguisme canadien, a demandé aux répondants de faire la distinction entre leur « langue maternelle », celle qu’ils ont parlée en premier, et leur « langue d’usage à la maison », celle qu’ils utilisent quotidiennement avec leur famille immédiate, en milieu domestique. Plus de 4 millions de répondants ont déclaré une langue maternelle autre que l’anglais et le français. Sur ces derniers, plus de 50 % utilisent aussi leur langue maternelle à la maison. Pour les premiers immigrants, la norme était généralement une assimilation rapide, en une génération, à l’un des groupes parlant une langue officielle. Par la suite, un modèle de bilinguisme est apparu où les descendants des immigrants maîtrisent une des langues officielles tout en maintenant leur héritage ethnique et linguistique.
Selon Statistiques Canada, en 2016, 7 335 745 Canadiens ont déclaré utiliser une langue immigrante à la maison. Ce nombre représente 21,1 % de la population canadienne, un accroissement de 14,7 % de 2011 à 2016. Le nombre de personnes qui ont déclaré utiliser une langue immigrante à la maison est passé de 6 838 715 en 2011 à 7 749 115 en 2016. Cela représente un accroissement de 910 400 personnes, ou de 13,3 %.
Les principales langues immigrantes parlées dans chaque province et territoire sont : le tagalog au Yukon, dans les Territoires-du-Nord-Ouest, au Nunavut, en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba, le pendjabi en Colombie-Britannique, le mandarin en Ontario et dans l’Île-du-Prince-Édouard et l’arabe au Québec, à Terre-Neuve-et-Labrador, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick.
La plupart des gens qui ont déclaré une langue immigrante comme langue maternelle résident dans l’une des régions métropolitaines de recensement (RMR). En 2016, 75,5 % des personnes ayant une langue immigrante comme langue maternelle vivaient au sein de l’une des six plus grandes RMR : Montréal, Ottawa-Gatineau, Toronto, Calgary, Edmonton et Vancouver.
Projections statistiques
En 2016, Statistiques Canada a étudié les données sur l’immigration, la diversité ethnoculturelle et les langues depuis 2011 et a établi des projections jusqu’en 2036. On s’attend à ce que vers 2036, la moitié des Canadiens soient des immigrants ou des enfants d’immigrants. On croit que la proportion de nouveaux arrivants d’origine européenne diminuera, et que plus de la moitié des immigrants seront d’origine asiatique. En conséquence, on prévoit que le tissu linguistique canadien changera. Vers 2036, plus de 25 % de la population canadienne aurait, selon les prévisions, une langue maternelle autre que l’anglais ou le français.