Épidémies au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Épidémies au Canada

Une épidémie survient lorsqu’une maladie infectieuse se répand rapidement dans une communauté à un moment précis. Plusieurs épidémies ont sévi au cours de l’histoire canadienne, les plus désastreuses étant celles qui ont touché les peuples autochtones à la suite de l’arrivée des Européens.

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Choléra, épidémie de

Historique

L’application des principes d’hygiène au cours des dernières décennies a pratiquement éliminé les éclosions d’épidémies des maladies contagieuses les plus mortelles. Cependant, historiquement, les maladies épidémiques en Amérique du Nord ont d’abord été transmises par des explorateurs européens aux peuples autochtones. Par la suite, les conditions insalubres des navires qui relient les Amériques à l’Europe favorisent le développement de maladies contagieuses comme la variole, le typhus, le choléra et la grippe chez leurs passagers. Une ignorance de la cause de ces maladies et de leur mode de transmission contribue à les propager dans les villes portuaires. L’éclosion d’une épidémie coïncide presque toujours avec l’arrivée d’un navire rempli de passagers malades.

Contact entre Européens et peuples autochtones

Lorsque les Européens commencent à débarquer sur les côtes des Amériques, les maladies épidémiques qu’ils apportent occasionnent une des plus grandes dépopulations dans l’histoire de l’humanité. Avant l’arrivée des Européens, les maladies comme la variole, la rougeole et la fièvre jaune n’existent pas dans cette région du monde. N’ayant jamais été exposés à ces maladies, les peuples autochtones n’ont pas les anticorps nécessaires pour combattre l’infection. Pendant les 400 ans qui suivent l’arrivée de Christophe Colomb aux Amériques en 1492, les populations autochtones sont décimées de façon radicale par les maladies épidémiques, alors que les Européens continuent à explorer de nouveaux territoires et qu’ils entrent en contact avec différentes communautés.

De toutes les maladies qui affligent les peuples autochtones, la variole est souvent la pire. Bien qu’il soit impossible de cataloguer chaque cas de maladie européenne, deux histoires servent d’exemples notables. Alors que Jacques Cartier parcourt le fleuve Saint-Laurent, il observe des communautés bien établies et densément peuplées à Stadacona, un village iroquoien situé à l’emplacement actuel de Québec. Peu après son arrivée, au cours de l’hiver 1535, il remarque que les Iroquoiens meurent d’une maladie contre laquelle lui et ses hommes semblent être immunisés. Plus tard, les historiens identifient cette maladie comme étant la variole. Environ 70 ans plus tard, en 1603, lorsque Samuel de Champlain explore le même territoire, Stadacona est devenue un village fantôme.

L’autre incident est révélateur de la propagation intentionnelle des maladies. En 1763, alors que le chef odawa Obwandiyag (Pontiac) commence son mouvement de résistance contre le régime britannique, sir Jeffery Amherst, dirigeant de l’armée britannique, suggère au colonel Henry Bouquet d’infecter les couvertures des Premières Nations qu’ils combattent avec la bactérie de la variole. Il écrit : « Vous feriez bien d’essayer d’inoculer les Indiens au moyen de couvertures, en plus de tenter toute autre méthode qui pourrait servir à supprimer cette race facilement manipulable. » Plusieurs historiens dénotent qu’il n’existe aucune preuve que Henry Bouquet ou ses hommes ont commis cet acte. Par contre, la même année, William Trent, un commerçant de Fort Pitt (situé à l’emplacement actuel de Pittsburgh, en Pennsylvanie) écrit au sujet d’une rencontre avec deux membres de la nation Delaware : « nous leur avons donné deux couvertures et un mouchoir provenant de l’hôpital de la variole. J’espère que cela aura l’effet escompté. »

Les estimations du nombre d’Autochtones dans l’hémisphère occidental à l’époque de l’arrivée de Christophe Colomb varient considérablement, et pour cette raison, il est difficile de dire exactement combien de personnes sont mortes de maladies introduites par les Européens. Cependant, certains érudits estiment que, vers 1900, les populations autochtones ont diminué de plus que 93 %. Bien que d’autres facteurs aient contribué à leur dépopulation (p. ex., la guerre, la dépossession), les maladies épidémiques sont de loin des plus dévastatrices.


Variole

Vers la fin du 18e siècle, l’inoculation contre la variole devient une méthode préventive populaire en Europe. L’inoculation contre la variole signifie que le pus de la variole est introduit sous la peau du patient. Peu après, la vaccination (plus efficace et moins dangereuse) fait son apparition en Amérique du Nord. Pourtant, les épidémies de variole continuent à affecter la population. Montréal est sévèrement touchée (voir L’épidémie de variole de Montréal en 1885). L’épidémie de 1885 est particulièrement grave; son ampleur persuade les autorités municipales de rendre le vaccin obligatoire, mais l’opinion médicale est divisée entre les camps pour et contre le vaccin, et ces derniers accusent ceux qui sont pour le vaccin de propager la maladie. La population, terrifiée, refuse de se faire vacciner. (Voir aussi Vaccination et réticence à la vaccination au Canada.) Le 18 septembre 1885, une émeute éclate dans la ville. Les gens arrachent les affiches publicisant la vaccination et saccagent le domicile du médecin officiellement responsable des vaccins, l’hôtel de ville, les pharmacies, et les maisons des magistrats municipaux. L’étendue de cette catastrophe (qui cause 3 164 morts, dont 2 117 enfants) finit par inciter les Montréalais à obéir aux autorités sanitaires et au clergé.

Typhus

Le typhus arrive au Canada pour la première fois en 1659, mais l’épidémie de 1746 est remarquable pour sa sévérité. Cette année-là, la France a envoyé une importante flottille de navires de guerre au Canada pour reprendre Port-Royal en Acadie. Des 3 150 soldats à bord, 1 270 périssent en mer et 1 130 meurent dans le bassin Bedford, où ils devaient rencontrer une armée venant de Québec. La maladie frappe les Micmacs de la région, et provoque la mort de plus du tiers d’entre eux.

En 1847, 9293 immigrants arrivant des îles Britanniques (principalement de descendance irlandaise) meurent pendant la traversée atlantique, ce qui fait de 1847 l’année désormais surnommée « l’année du typhus ». (Voir aussi Immigration au Canada.) De plus, 10 037 personnes meurent à Grosse-Île, la station de quarantaine sur le fleuve Saint-Laurent en aval de Québec, ou dans les hôpitaux de Québec, de Montréal, de Kingston et de Toronto. Des monuments sont érigés au cap des Rosiers sur la côte gaspésienne pour commémorer ceux qui ont péri en mer. (Voir aussi Canadiens irlandais.)

Choléra

Le gouvernement canadien craint l’introduction du choléra par les immigrants européens, surtout en 1831, quand le choléra dévaste l’Europe. De nouvelles réglementations interdisent à la population locale de visiter les navires dans le port. Un comité sanitaire est établi au début de 1832, des lois de quarantaines sont renforcées, et Grosse-Île est placée sous commandement militaire. Cependant, un navire est autorisé à quitter la station de quarantaine et devient responsable de l’épidémie de choléra en 1832, au cours de laquelle près de 6 000 personnes en meurent. À peine deux ans plus tard, la maladie frappe de nouveau, et des épidémies sporadiques surviennent tout au long du siècle.

Grippe (Influenza)

Alors que tout au long de l’histoire du Canada, la mortalité due à la grippe est généralement faible, certaines épidémies surviennent durant des éclosions de typhus ou d’autres maladies. Depuis l’épidémie de grippe espagnole de 1918, les découvertes scientifiques rendent les maladies infectieuses moins mortelles (voir La grippe espagnole de 1918 au Canada). De récentes épidémies de grippe, par exemple, causent beaucoup de maladies, mais peu de décès. Selon Santé Canada, la vaccination des personnes à risque élevé, comme les personnes âgées et les très jeunes, avant chaque saison de la grippe, est la mesure la plus efficace pour réduire les complications liées à la grippe.

Fièvre jaune

En 1710, une maladie connue aujourd’hui sous le nom de « fièvre jaune » arrive dans le port de Québec en provenance des Antilles. L’insecte vecteur est le Stegomya fasciata. Ce moustique trouve la chaleur et l’humidité à bord des navires idéales pour se reproduire, et il infecte les passagers vulnérables avec le dangereux virus. Les marins malades sont transportés à l’Hôtel-Dieu de Québec, où ils meurent, tout comme six infirmières et 12 prêtres. L’épidémie fait probablement de nombreuses victimes, mais le nombre exact demeure inconnu. Lorsque l’hiver arrive, l’insecte et sa maladie disparaissent tous les deux. Il ne semble pas y avoir d’autres épidémies de ce genre au Canada, même si quelques cas sporadiques surviennent dans les villes portuaires du pays. À l’occasion, le gouvernement canadien déclare une quarantaine contre les ports américains où la maladie fait des ravages.

Maladie de la Baie-Saint-Paul

En 1773, une mystérieuse maladie apparaît dans la région de Baie-Saint-Paul, se propage dans les paroisses avoisinantes, et atteint finalement la région de Montréal. Les symptômes incluent des ulcères buccaux (à l’intérieur des joues), de la douleur dans les membres, et enfin la destruction des os du nez, du palais, des gencives, ainsi que l’apparition d’enflures sur la tête, sur les clavicules, et sur les os des membres. Les hommes, les femmes et les enfants sont tous affligés. Après des hésitations et des discussions, l’opinion médicale déclare que cette maladie, connue sous le nom de « maladie de la Baie-Saint-Paul », est une forme de syphilis (voir Infections transmises sexuellement).

SRAS (2003)

Le Canada connaît une éclosion du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2003. Le SRAS est une maladie infectieuse causée par un coronavirus (SARS-CoV). Elle est inconnue jusqu’à l’éclosion mondiale de la maladie en 2002 et 2003. Les coronavirus causent habituellement des maladies bénignes comme le simple rhume. Cependant, le coronavirus qui cause le SRAS est plus virulent. Ceci signifie qu’il est plus en mesure de surpasser les défenses de l’organisme.

Le premier cas de SRAS est signalé en Chine en novembre 2002. Le virus se propage ensuite dans plus de 20 pays, incluant le Canada. Les voyages internationaux contribuent à propager la maladie. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 8096 personnes sont infectées durant l’épidémie (du 1er novembre 2002 au 31 juillet 2003). De ces personnes, 774 en meurent.

Au Canada, l’éclosion est largement concentrée à Toronto. Elle est principalement contenue dans les hôpitaux, où les professionnels de la santé, les personnes âgées, et les personnes souffrant de maladies préexistantes sont les plus à risque. Durant l’épidémie, des milliers de Canadiens sont en quarantaine. Plusieurs de ces personnes se mettent volontairement en quarantaine dans leurs maisons. Les aéroports de Toronto et de Vancouver contrôlent les voyageurs pour détecter une fièvre élevée. Au total, on compte 438 cas probables de SRAS au Canada, dont 44 décès (voir aussi Le SRAS au Canada).

En décembre 2019, un nouveau type de coronavirus, le SRAS-CoV-2, est identifié à Wuhan, en Chine. Le 11 février 2020, l’OMS annonce que la maladie est appelée « COVID-19 ». Le 11 mars 2020, l’OMS déclare que la COVID-19 constitue une pandémie mondiale, 118 000 cas du virus ayant été signalés dans 114 pays. Une pandémie est une épidémie d’une maladie infectieuse qui touche une grande partie de la population dans plusieurs pays ou dans le monde entier. En date du 15 mars, le Canada a signalé 317 cas, dont un décès, dûs à la COVID-19. En septembre 2022, la pandémie de COVID-19 a causé plus de 612 millions de cas confirmés et 6,5 millions de décès dans le monde, dont plus de 4,2 millions de cas et 44 992 décès au Canada. (Voir aussi Pandémie de COVID-19 au Canada.)

Voir aussi : Tuberculose.

Termes clés

Épidémie : Propagation généralisée d’une maladie infectieuse au sein d’une population à un moment donné.

Pandémie : Épidémie d’une maladie infectieuse, généralement causée par un nouveau virus ou une nouvelle bactérie, ou une nouvelle souche, qui touche une grande partie de la population dans plusieurs pays ou dans le monde entier.

Quarantaine : Séparation d’une personne ou d’un groupe de personnes d’une population environnante, et restriction de leurs mouvements, afin d’empêcher l’introduction et la propagation d’une maladie.

Virus : Organisme trop petit pour être vu par les microscopes typiques, qui peut se multiplier à l’intérieur des cellules de son hôte, causant habituellement une maladie.

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Liens externes