Elijah Harper, O.M., politicien oji-cri, consultant, analyste de politique (né le 3 mars 1949 à Red Sucker Lake au Manitoba; décédé le 17 mai 2013 à Ottawa en Ontario). Elijah Harper est surtout reconnu pour le rôle qu’il a joué dans le sabordage de l’accord du lac Meech, qui lui a valu d’être nommé personnalité médiatique de l’année de la Presse canadienne en 1990. Elijah Harper a également été ministre des Affaires du Nord du Manitoba. De 1993 à 1997, il a représenté la circonscription de Churchill au parlement fédéral.
Jeunesse
Elijah Harper naît sur la réserve de Red Sucker Lake, une communauté oji-crie située à environ 700 kilomètres au nord de Winnipeg. Comme de nombreux enfants autochtones de sa génération, il est arraché à sa famille à un jeune âge pour être envoyé dans un pensionnat indien. Au début des années 1970, Elijah Harper étudie à l’Université du Manitoba, où il se lie d’amitié avec Ovide Mercredi et Phil Fontaine. Ces deux derniers deviennent éventuellement tous deux chefs nationaux de l’Assemblée des Premières Nations. Elijah Harper quitte l’université et il devient comme agent de développement communautaire et chercheur pour la Manitoba Indian Brotherhood. Plus tard, il travaille comme analyste de programmes pour le ministère des Affaires du Nord, avant d’être élu chef de la bande de Red Sucker Lake (désormais Première Nation de Red Sucker Lake) en 1978.
Politique provinciale
Elijah Harper fait son entrée en politique provinciale en 1981, lorsqu’il se présente comme candidat du Nouveau Parti démocratique (NPD) dans la circonscription de Rupertsland. Il se joint au Cabinet en 1986 à titre de ministre sans portefeuille des Affaires autochtones. Il démissionne de son poste en septembre 1987 lorsqu’il est impliqué dans un accident de voiture mineur alors qu’il est sous l’influence de l’alcool. Quelques mois plus tard, il est nommé à nouveau au Cabinet, devenant cette fois-ci le ministre des Affaires du Nord du Manitoba.
Opposition à l’Accord du lac Meech
En 1990, Elijah Harper se fait connaître à l’échelle nationale pour son opposition à l’Accord du lac Meech. Il provoque des retards de procédures à l’Assemblée législative du Manitoba qui menacent de prolonger le vote au-delà du 23 juin 1990, l’échéance prévue pour l’accord. Le premier ministre du Manitoba, Gary Filmon, a besoin que tous les députés approuvent la procédure de ratification de l’accord. À huit reprises, Elijah Harper refuse de donner son consentement, au motif que les Premières Nations n’ont pas été consultées ni reconnues dans les discussions constitutionnelles entourant l’Accord du lac Meech. Lorsque l’Assemblée législative du Manitoba est ajournée le 22 juin, elle n’a toujours pas voté sur l’accord. Clyde Wells, en réaction à l’initiative d’Elijah Harper, refuse de procéder à un vote à Terre-Neuve-et-Labrador, faisant valoir que la situation au Manitoba rend ce vote non pertinent. Par conséquent, la date limite est dépassée et l’accord échoue (voir Histoire constitutionnelle). Elijah Harper fait ainsi les manchettes partout au pays, et il est élu personnalité médiatique de l’année par la Presse canadienne en 1990.
Politique fédérale
Elijah Harper fait le saut en politique fédérale en 1993 lorsqu’il est élu candidat libéral dans la circonscription de Churchill. Il est député de cette circonscription jusqu’en 1997. En 1999, il est nommé commissaire de la Commission des revendications indiennes. Il continue à soutenir les initiatives qui visent à améliorer les conditions de vie des membres des Premières Nations et il s’implique dans des causes caritatives et humanitaires à l’étranger.
Décès et réaction du public
Elijah Harper meurt le 17 mai 2013 à Ottawa d’une défaillance cardiaque causée par des complications du diabète. Son corps est exposé à l’Assemblée législative du Manitoba, et des centaines de personnes font la queue pour rendre hommage à l’homme qui a dit « non ».
Prix et distinctions
- Personnalité médiatique de l’année, Presse canadienne (1990)
- Prix humanitaire Stanley Knowles (1990)
- Chef honoraire à vie, Première Nation Red Sucker Lake (1990)
- Prix national d’excellence décerné aux Autochtones (maintenant les prix Indspire) (1996)
- Prix d’excellence, Institut canadien pour la résolution des conflits, Université Saint Paul (1998)
- Ordre du Manitoba (2010)
- Doctorat honorifique en droit, Université de Winnipeg (2011)
- Doctorat honorifique en droit, Université Carleton (2012)