Edward Jessup | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Edward Jessup

Edward Jessup, loyaliste, soldat et fondateur de Prescott (né en décembre 1735 à Stamford, au Connecticut; décédé le 3 février 1816 à Prescott, dans le Haut-Canada [Ontario]).

Prescott Barracks

Bâtiment historique situé au 356, rue East, à Prescott, en Ontario (photo prise le 26 juin 2020). La ville de Prescott a été fondée par le loyaliste Edward Jessup en 1810. Durant la guerre de 1812, l’armée britannique s’est servie de cette maison de pierre, construite par Edward Jessup, à la fois comme caserne, hôpital et entrepôt.
(Photo par Cantons-de-l’Est/Wikimedia CC)

Famille et premières armes

Edward Jessup voit le jour à Stamford, au Connecticut, en 1735, fils d’Abigail James et de Joseph Jessup. Sa famille déménage dans le comté de Dutchess, dans l’État de New York, en 1744. Cette année‑là, les hostilités éclatent une fois de plus entre Français et Anglais en Amérique du Nord. Sur place, on parle de la « guerre du roi George » (1744-1748), mais elle s’inscrit dans un conflit plus large, la guerre de la Succession d’Autriche (1740-1748).

Il s’écoule peu de temps avant que les forces anglaises et françaises s’affrontent à nouveau. Les hostilités commencent en 1754 dans la vallée de l’Ohio, bien que la guerre ne soit pas déclarée officiellement avant 1756. À la fin de la guerre de Sept Ans (que les Américains appellent « the French and Indian War ») en 1763, la Grande-Bretagne sera la puissance coloniale dominante en Amérique du Nord. Edward Jessup sert comme capitaine dans la campagne menée par Jeffery Amherst en 1759 dans la région du lac Champlain. L’année suivante, il épouse Abigail Dibble, du comté de Dutchess, avec qui il aura un fils, aussi prénommé Edward, en 1766.

Loyalisme et Révolution américaine
Vers 1764, Edward Jessup et son frère Ebenezer déménagent à Albany, dans l’État de New York, où ils achètent des terres dans la région du haut Hudson et du lac George avec l’aide de sir William Johnson et de John Butler. Plus tard, les Jessup fondent un établissement sur le fleuve Hudson. À l’approche de la Révolution américaine, l’endroit deviendra un foyer de loyalistes appelé Jessup’s Landing.

Le 19 avril 1775, la guerre éclate entre les rebelles américains (aussi appelés Patriots) et les troupes britanniques à Lexington, au Massachusetts. Les rebelles lancent leur première offensive en septembre, envahissant le Québec dans l’espoir de s’emparer de la colonie et de convaincre les habitants de langue française de se joindre à la révolution. Ils occupent Montréal en novembre et assiègent la ville de Québec en décembre. Toutefois, le dégel printanier amène des navires et des renforts britanniques et force les rebelles à lever le siège.

Guy Carleton lance une contre-offensive, refoulant les troupes américaines hors du Québec et leur donnant la chasse jusqu’à Crown Point, sur le lac Champlain. L’armée de Carleton compte dans ses rangs les volontaires loyalistes du King’s Royal Regiment de New York et des Royal Highland Emigrants. Les Anglais occupent Crown Point en octobre 1776 après avoir défait la jeune flotte des rebelles dans la bataille de Valcour Island (11 octobre 1776). Edward et Ebenezer Jessup rassemblent quelque 80 loyalistes et se joignent à eux à Crown Point, présumant que Carleton poursuivra les rebelles plus loin au sud, mais ce dernier décide en novembre de retraiter à Québec pour l’hiver. Les loyalistes ayant révélé leur allégeance à la Couronne, il n’est plus sûr pour eux de rester dans la région. La troupe d’Edward Jessup suit donc l’armée anglaise, comme le King’s Royal Regiment et les Royal Highland Emigrants.

King’s Loyal Americans et Jessup’s Rangers

Au début, les Jessup et leurs hommes sont rattachés au King’s Royal Regiment sous les ordres de sir John Johnson. Le 7 juin 1777, le corps des King’s Loyal Americans est créé, avec Ebenezer comme lieutenant-colonel et Edward comme capitaine. Or, son effectif n’est pas complet lorsqu’il se joint à la campagne de Saratoga, menée par le général John Burgoyne pour s’emparer du fleuve Hudson. L’offensive échoue et les frères Jessup sont faits prisonniers, puis libérés sur parole et autorisés à se rendre au Québec.

Pendant les quatre années suivantes, rattachés plus ou moins au régiment de Johnson, les King’s Loyal Americans passent le gros de leur temps à construire, réparer et occuper des forts autour de Montréal, de Sorel et du bas du lac Champlain. Ils prennent aussi part à plusieurs incursions dans l’État de New York. C’est ainsi qu’Edward Jessup prend la tête de détachements loyalistes lors des grands raids menés à l’automne de 1780 et de 1781.

En novembre 1781, le gouverneur Frederick Haldimand lui confie en ces termes le commandement d’un nouveau corps de Loyal Rangers : « Par sa robuste constitution, son activité personnelle, son mérite, son expérience et ses faits d’armes lors de la dernière guerre, M. Edward Jessup est la personne toute désignée pour commander ledit corps d’armée, avec le rang et la paye de major. » Les Loyal Rangers regroupent plusieurs formations militaires de moindre taille, dont les Loyal Americans, et sont bientôt désignés sous le nom de Jessup’s Rangers. Cantonnés normalement à Sorel ou à Verchères, ils fournissent des garnisons aux postes de Yamaska, de l’Île-aux-Noix et de Dutchman’s Point [près d’Alburgh, au Vermont].

Loyalistes

Statue des Loyalistes de l’Empire-Uni, au centre-ville d’Hamilton, en Ontario (2007)
(Photo par Rick Cordeiro/Wikimedia CC)

Réinstallation

La Révolution américaine prend fin en 1783 avec la reconnaissance de l’indépendance des États-Unis (voir Traité de Paris). Environ 40 000 loyalistes se réinstallent en Amérique du Nord britannique à la fin de la guerre. En reconnaissance de leur sacrifice et de leur dévouement, ils reçoivent des terres pour compenser les biens qu’ils ont perdus. Le gouvernement britannique décide que les officiers et les soldats de chaque régiment loyaliste doivent s’établir ensemble. Ainsi, si les Américains veulent envahir, ces hommes pourront rapidement constituer une force de défense unie. La plupart des Rangers s’établissent dans les cantons d’Edwardsburg, d’Augusta et d’Elizabethtown, sur le fleuve Saint-Laurent, et dans le canton d’Ernestown, à l’ouest de Cataraqui [Kingston].

Edward Jessup passe l’été de 1784 à surveiller la réinstallation. À l’automne, il se rend à Londres présenter sa propre réclamation à l’égard des pertes qu’il a subies durant la guerre. Sa fidélité à la Couronne lui a coûté environ 500 000 acres de terres près d’Albany, dans l’État de New York. On lui accorde 1 200 acres dans le canton d’Augusta à côté de la terre concédée à son fils, le lieutenant Edward Jessup. On lui accorde aussi une terre sur la rivière Nation et il a déjà une propriété à Sorel.

Edward Jessup exerce les fonctions de juge de paix, de juge à la cour des plaids communs et de lieutenant-colonel de la milice d’Edwardsburg, d’Augusta et d’Elizabethtown.

Prescott

En 1810, Edward Jessup et son fils fondent sur leurs terres le long du fleuve Saint-Laurent la ville de Prescott, ainsi nommée en l’honneur du général Robert Prescott. Lorsque la guerre de 1812 éclate, l’armée anglaise y réquisitionne une école et une résidence d’instituteur construites par Edward Jessup. La ville occupe une position stratégique sur le Saint-Laurent, aussi l’armée l’entoure d’une palissade et y construit des baraquements pour la milice.

Décès et héritage

Edward Jessup s’éteint le 3 février 1816 à Prescott, dans le Haut-Canada (Ontario). Comme d’autres loyalistes, il a contribué grandement à la destinée du Canada. L’arrivée massive des siens après la Révolution américaine a fait naître des villages et des villes (comme Prescott et Saint John) et des colonies (comme le Haut-Canada et le Nouveau-Brunswick) et influencé la culture et le développement ultérieur de l’Amérique du Nord britannique.