Charles (Charlie) Edenshaw (Tahayren de son nom haïda), chef haïda, maître-artiste (né en 1839 à Skidegate sur l’archipel Haida Gwaii en Colombie‑Britannique; décédé le 10 septembre 1920 ou 1924 à Masset sur l’archipel Haida Gwaii en Colombie‑Britannique). Charles Edenshaw a été l’un des premiers artistes professionnels haïdas. Il s’est fait remarquer pour son impeccable exécution de formes dynamiques et fluides dans une tradition artistique par ailleurs stricte et rigoureuse. Plusieurs des descendantes et descendants de Charles Edenshaw sont devenus artistes, dont sa fille Florence Davidson, son petit-fils Claude Davidson, ses arrière-petits-fils Reggie et Robert Davidson, et son arrière-petit-neveu Bill Reid.
Ascendance et jeunesse
Charles Edenshaw porte plusieurs prestigieux noms haïdas. Il est issu de la puissante lignée des Stastas Eagle. Margaret B. Blackman, la biographe de l’artiste Florence Davidson (la fille de Charles Edenshaw), répertorie ses noms, comme « Fairies coming to you as in a big wave (Fées venant vers vous comme dans une grosse vague) », « Noise in the house pit (Bruits dans la fosse de la maison) » et « They gave 10 potlatches for him (Ils ont donné dix potlatchs pour lui) ». Charles Edenshaw passe une grande partie de sa jeunesse dans les villages de Kiusta, de Kung et de Yatze. Il survit à la catastrophique épidémie de variole de 1862, qui réduit la population haïda de 30 000 personnes à moins de 600. Après cette épidémie, le clan Stastas Eagle déménage à Masset en Colombie-Britannique.
Son beau-père John Robson lui enseigne les traditions haïdas. Entre 1878 et 1881, Charles Edenshaw collabore avec John Robson à la création d’un mât totémique en hommage à la mère de Charles Edenshaw, Qwa'Kuna. Il travaille comme apprenti de John Robson chaque été, à Kung. Éventuellement, il déménage à Masset pour terminer son apprentissage. Lorsque Charles Edenshaw atteint le statut de maître artisan, il organise un potlatch. Il travaille à une époque où la culture traditionnelle haïda risque de disparaître complètement. Cette quasi-disparition de la culture haïda est en partie due aux révisions apportées à la Loi sur les Indiens en 1884 qui restreignent les cérémonies et l’art autochtones (voir aussi Interdiction du potlatch).
Œuvres de maturité
Les premières œuvres de Charles Edenshaw sont essentiellement des sculptures de bois, incluant des masques et des mâts totémiques. Son répertoire s’étend progressivement et finit par inclure une grande variété d’objets en bois, en argilite et en métaux précieux. Par exemple, son bracelet nommé Sea Bear Bracelet est un large bracelet en argent sur lequel est gravé en profondeur un animal au grand sourire béant et possiblement moqueur. D’autres formes s’enroulent à la surface du bracelet. En début de carrière, il crée également un magnifique plateau fait d’argilite qui présente des créatures paniquées, mi-humaines, mi-animales et mi-esprits, qui rament furieusement dans leur canot tandis qu’un monstre marin s’agite violemment en dessous. Et l’un des coffres qu’il réalise en bois courbé est décoré de têtes, d’une énorme bouche et de narines qui dépassent, de visages aplatis et de yeux soulignés de noir dansant à la surface.
Charles Edenshaw rencontre souvent des anthropologues, des conservateurs et des collectionneurs de musée. Ses contributions à l’art mondial ne se distinguent pas seulement par des œuvres exquises en or, en argent, en ivoire, en argilite et en bois. Elles se retrouvent également dans les archives et la documentation de la langue et de la culture haïda (voir aussi Langues autochtones au Canada).
Charles Edenshaw travaille avec des érudits et des collectionneurs de renom comme C.F. Newcombe, Franz Boas, et John Swanton. Il produit un ensemble d’œuvres riche et varié. Parmi ces œuvres, on trouve des boîtes peintes et sculptées, des bijoux en or et en argent, des sculptures en argilite de toutes sortes, des pommeaux de cannes en ivoire ainsi que des masques, des crécelles et des coiffes de cérémonies. Les historiens de l’art et les anthropologues continuent d’étudier ses œuvres. Des artistes comme ses petits-fils Reg et Robert Davidson perpétuent sa tradition d’excellence. Le travail de Charles Edenshaw a également une influence déterminante sur les œuvres de son arrière-petit-neveu Bill Reid.