Drapeaux anglais et français (1497 à 1763)
Pendant qu’il cherche le passage vers l’Asie, l’explorateur Jean Cabot (Giovanni Caboto) débarque sur la côte de l’Amérique du Nord, le 24 juin 1497, et en prend possession au nom du roi Henry VII d’Angleterre. Il amène un crucifix sur terre et lève la bannière royale. Celle-ci consiste en un drapeau carré : les quatre quartiers des armoiries des Tudors, représentant deux fois trois lions dorés sur un fond rouge et trois fleurs de lys dorées sur un fond bleu.
Bien qu’il ne semble pas que Jacques Cartier ait planté de drapeau à Gaspé, le 24 juillet 1534, il réclame la terre pour la France et soulève une croix qui porte un bouclier avec trois fleurs de lys qui représentent le roi de France. Au fur et à mesure que la Nouvelle-France se développe, divers drapeaux flottent au-dessus des colonies et des communautés permanentes dans ce qui deviendra le Canada. Parmi eux, il y a le drapeau royal français (officiellement, la bannière française) qui représente trois fleurs de lys dorées sur un fond bleu et de simples enseignes navales blanches, des drapeaux blancs avec des fleurs de lys et un certain nombre de drapeaux régimentaires.
Pendant les deux prochains siècles, la Grande-Bretagne et la France font flotter leurs bannières sur les différentes parties de ce qui est aujourd’hui le Canada pour marquer la souveraineté royale sur ces terres.
L’évolution du drapeau de l’Union royale
Jean Cabot aurait pu planter la croix de Saint-Georges, qui consiste en une croix rouge sur un fond blanc, en 1497, quand il a proclamé l’Amérique du Nord comme appartenant à la Couronne anglaise. La croix du saint patron de l’Angleterre est devenue un symbole national de l’Angleterre depuis 1277, et est portée sur les armures, sur les vêtements et sur de petits drapeaux.
La croix de Saint-Georges est succédée par la première version du drapeau de l’Union royale, créé en 1606 en combinant la croix rouge de Saint-Georges au sautoir blanc de Saint-André (le saint patron de l’Écosse) sur un fond bleu. Ce drapeau est le résultat de l’union des royaumes de l’Angleterre et de l’Écosse sous le roi James I/VI (Angleterre/Écosse). En 1707, l‘Angleterre et l’Écosse sont jointes de façon officielle pour former le Royaume-Uni de la Grande-Bretagne sous la reine Anne.
Cette version du drapeau de l’union est probablement introduite au Canada peu après, fort probablement à Terre-Neuve, mais aussi, avec le temps, par les navires de la marine royale, des unités de l’armée britannique et des vaisseaux et des forts de la Compagnie de la Baie d’Hudson. (Lorsqu’il est déployé en mer, le drapeau de l’Union royale est, encore aujourd’hui, appelé l’Union Jack.)
En 1801, la deuxième version du drapeau de l’Union est créée sous le roi Georges III, lors de l’union de la Grande-Bretagne et de l’Irlande, combinant le sautoir rouge de Saint-Patrick, le saint patron de l’Irlande, au dessin global. Ce sera la version définitive encore connue aujourd’hui.
Emploi au Canada avant 1965
En 1763, après la défaite des Français dans la partie nord-américaine de la guerre de Sept Ans, les colonies canadiennes sont transférées de la France à la Grande-Bretagne. Ainsi, le drapeau de l’Union royale devient la bannière qui identifie les terres de l’Amérique du Nord britannique qui feront plus tard partie du Canada (Terre-Neuve, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, l’Île du Prince-Édouard, l’ Ontario, le Québec et les îles du golfe du Saint-Laurent) comme colonies de la Couronne britannique.
Bien qu’elle constitue un pas vers l’indépendance, la Confédération ne résulte pas dans l’adoption officielle d’un nouveau drapeau national. Comme partie de l’Empire britannique, le Canada continue à employer la version du drapeau de l’Union royale de 1801 comme son drapeau représentatif.
Pendant près d’un siècle, le drapeau de l’Union royale rivalise avec le Red Enseign canadien (le Red Enseign avec les armoiries du Canada sur le battant) comme bannière représentative de la nation. Par exemple, à l’origine, le Red Enseign canadien flotte tout en haut de la tour centrale des édifices du Parlement à Ottawa. Cependant, au début du XXe siècle, le drapeau de l’Union royale prend sa place pendant une période d’influence impériale due en partie au 60e anniversaire du règne de la reine Victoria et à la guerre des Boers.
Néanmoins, pendant le XXe siècle, le drapeau de l’Union royale perd du terrain au profit du Red Ensign canadien. Ce dernier gagne un statut officiel accru au sein du gouvernement fédéral et des forces armées, en particulier lorsqu’il s’agit de différencier les institutions canadiennes de leurs homologues britanniques, qui hissent naturellement le drapeau de l’Union royale.
Emploi au Canada depuis 1965
Avec l’adoption en 1965 du drapeau national du Canada, représentant la feuille d’érable, le rôle du drapeau de l’Union royale change dans le pays. Le 18 décembre 1964, le Parlement décide que le drapeau de l’Union royale continuera à servir de symbole de l’allégeance de la nation à la Couronne et du fait que le pays soit membre du Commonwealth. Ainsi, le drapeau de l’Union royale peut encore être déferlé au Canada (à côté du drapeau national) aux édifices du gouvernement fédéral, sur les bases militaires et aux aéroports, certains jours, y compris l’anniversaire de la reine, celui du Statut de Westminster (11 décembre), le jour du Commonwealth (le deuxième lundi de mars), pendant les visites royales et lors de visites de la part d’officiels du Royaume-Uni.
De plus, l’Union Jack continue à flotter au Canada comme partie du dessin des drapeaux provinciaux de la Colombie-Britannique, du Manitoba, de l’Ontario et de Terre-Neuve-et-Labrador.