Le diabète sucré, ou simplement diabète, est une maladie qui se manifeste chez le patient par une production insuffisante d’insuline ou par une incapacité d’utiliser correctement l’insuline. Il existe deux types principaux de diabète : le diabète de type 1 et le diabète de type 2. Le traitement de la maladie fait un gigantesque bond en avant lorsqu’une équipe de chercheurs de l’Université de Toronto (Frederick Banting, Charles Best, John Macleod et James Collip) isole l’insuline, entre 1921 et 1922.
Contexte et symptômes
Tout le monde a besoin de l’insuline pour digérer les aliments. La nature et la quantité des aliments ont une incidence sur la glycémie. Une personne diabétique ne produit pas suffisamment d’insuline ou n’est pas capable de l’utiliser. Le glucose ne peut donc pas être utilisé comme source d’énergie. Il est alors stocké dans les cellules et s’accumule dans le sang. Avec le temps, une glycémie élevée peut provoquer de sérieux dommages. Parmi les symptômes spécifiques, on peut citer la fatigue, la soif, une miction fréquente, des lésions nerveuses, une vision trouble et des crampes musculaires. Même lorsque le diabète est contrôlé, la quantité d’insuline disponible dans le sang reste limitée.
Les différents types de diabète
Il existe deux types de diabète, le diabète de type 1 et le diabète de type 2, ainsi que des troubles connexes, notamment le prédiabète et le diabète gestationnel.
Diabète de type 1
Le diabète de type 1 touche 10 % des personnes atteintes de diabète. Le diabète de type 1, dit « insulinodépendant », était autrefois appelé « diabète de l'enfant » parce qu’il se déclarait généralement durant l’enfance. L’auto-immunité est une cause majeure du diabète de type 1. Le corps attaque par erreur les îlots pancréatiques (groupes de cellules productrices d’insuline dans le pancréas) à l’aide d’anticorps (protéines produites par le corps pour éliminer des substances néfastes) et finit par les détruire. Le corps ne peut plus produire d’insuline et une source externe devient nécessaire. Dans l’état actuel des connaissances, il est impossible de prévenir la survenue du diabète de type 1.
Diabète de type 2
Le diabète de type 2 est le plus commun des diabètes. Il touche 90 % des diabétiques. On le nomme parfois diabète non insulinodépendant et il portait autrefois le nom de « diabète de la maturité » parce que la maladie est majoritairement diagnostiquée chez des patients adultes. Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune, mais le diabète de type 2 est un trouble métabolique. Chez les personnes atteintes du diabète de type 2, le pancréas ne produit pas suffisamment d’insuline ou le corps ne peut pas utiliser correctement l’insuline produite. Les patients atteints du diabète de type 2 souffrent souvent d’obésité. Contrairement au diabète de type 1, l’apparition du diabète de type 2 peut être prévenue par l’adoption d’un style de vie sain et actif. Lorsque le diabète de type 2 est diagnostiqué, ses effets peuvent être amoindris grâce à une modification du style de vie.
Prédiabète
Chez les patients atteints de prédiabète, la glycémie est élevée, mais n’atteint pas les niveaux caractéristiques d’un diabète de type 2. Certaines personnes atteintes de prédiabète développent ultérieurement un diabète. Le prédiabète peut être traité en changeant de style de vie, en faisant de l’exercice et en consommant des repas saints et faibles en graisse. Les personnes atteintes de prédiabète et du syndrome métabolique – qui se traduit par une hypertension artérielle, des niveaux de cholestérol anormalement élevés et une obésité abdominale – courent un risque plus élevé de devenir diabétiques que les personnes ne présentant pas de syndrome métabolique.
Diabète gestationnel
Le diabète gestationnel est un diabète qui est diagnostiqué pour la première fois durant la grossesse. C’est un état temporaire restreint dans le temps à la durée de la grossesse et qui, au Canada, touche 3 à 20 % des femmes enceintes sur une année. S’il n’est pas traité, le diabète gestationnel peut entraîner la naissance d’un nourrisson plus lourd que la moyenne (poids supérieur à 4 kg) avec un accouchement difficile. De plus, la mère et le nourrisson courent un risque plus élevé de contracter un diabète de type 2 après la naissance.
Prévalence
Selon des estimations publiées par l’Association canadienne du diabète, le taux de prévalence de la maladie a presque doublé au Canada entre 2000 et 2010. En 2010, 7,6 % des Canadiens souffraient de diabète. L’escalade de l’incidence de cette maladie est due à différents facteurs, notamment le vieillissement de la population et des niveaux croissants d’inactivité et d’obésité. Selon Statistique Canada, le taux d’obésité chez les Canadiens était par exemple proche de 25 % en 2011–2012, soit une augmentation de 17,5 % par rapport à 2003. De plus, le nombre réel de Canadiens obèses pourrait être plus élevé, car les personnes sondées peuvent sous-estimer leur poids et surestimer leur taille lorsqu’elles fournissent elles-mêmes ces données à Statistique Canada.
La prévalence du diabète est plus élevée chez les Autochtones, bien que cette maladie soit restée rare au sein de cette population jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle. Au Canada, les Autochtones constituent un groupe divers formé des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Ils vivent d’un bout à l’autre du Canada, dans des réserves et ailleurs. Il est donc difficile de préciser le taux de prévalence du diabète pour ce groupe en particulier. Les données montrent cependant que le taux de diabète chez les Premières Nations est trois à cinq fois plus élevé qu’au sein de la population générale. De même, la prévalence de la maladie chez les Métis et les Inuits est relativement élevée et en augmentation rapide.
Le fort taux de diabète chez les Autochtones est dû à plusieurs facteurs qui dérivent principalement du passé colonial qui a contribué à marginaliser les Autochtones et à dévaloriser leur style de vie traditionnel. Pour nombre d’entre eux, cette marginalisation a entraîné une discrimination, un appauvrissement et un accès limité aux soins de santé, autant de facteurs propices à l’apparition de troubles sanitaires, notamment le diabète.
Traitement
L’objectif du traitement du diabète est de contrôler la glycémie. La manière d’y parvenir dépend de la personne concernée et du type de diabète dont elle souffre.
Diabète de type 1
Les personnes atteintes du diabète de type 1 doivent absorber de l’insuline. La substance est injectée par voie sous-cutanée parce que les enzymes digestifs la neutraliseraient dans le tractus gastro-intestinal si elle était absorbée par voir orale. Le nombre d’injections et leur espacement sur 24 h dépendent de l’état de chaque malade.
Diabète de type 2
Le diabète de type 2 peut souvent être prévenu chez les personnes à risque grâce à une modification de leur style de vie, par exemple en faisant plus d’activités physiques, en perdant du poids, en réduisant l’absorption de graisses saturées, de sucre et de céréales raffinées et en augmentant parallèlement la consommation de fruits, de légumes, de fibres végétales et de céréales entières.
Les personnes pour lesquelles un diabète de type 2 a été diagnostiqué peuvent elles aussi gérer leur maladie en modifiant leur style de vie et peuvent dans certains cas bénéficier d’une rémission. Que la glycémie du patient revienne ou pas à des niveaux normaux, les études effectuées dans ce domaine montrent systématiquement qu’un changement de style de vie ne peut, au minimum, que réduire le risque d’apparition des complications liées à la maladie. En plus d’avoir à modifier leur style de vie, certaines personnes atteintes du diabète de type 2 doivent également prendre des médicaments ou de l’insuline.
Complications
Les personnes atteintes de diabète courent un risque plus élevé de souffrir d’autres maladies, notamment de maladies cardiaques, d’insuffisance rénale, de problèmes de pied (conséquence d’une mauvaise circulation) et de cécité.
Recherche canadienne
Historiquement, les premières mentions du diabète sont attribuées à un médecin égyptien de 1552 AEC, mais le traitement efficace de la maladie n’est apparu qu’avec la découverte de l’insuline, à la fin du XIXe siècle. Depuis, les Canadiens ont contribué de manière importante à la recherche sur le diabète.
Préparation de l’insuline
Entre 1921 et 1922, Frederick Banting et Charles Best, sous la direction de John Macleod, parviennent à isoler de l’insuline en laboratoire à l’Université de Toronto. Le biochimiste James Collip a ensuite purifié ces extraits pancréatiques et les a rendus sûrs pour une injection.
Avant le succès obtenu à l’Université de Toronto, plusieurs chercheurs avaient montré que des extraits pancréatiques pouvaient abaisser la glycémie chez des chiens et des humains. L’équipe de l’Université de Toronto a cependant été la première à purifier l’insuline de manière à pouvoir l’utiliser chez les humains sans entraîner d’effets secondaires toxiques. En 1923, le prix Nobel de médecine a été accordé à Banting et Macleod (Frederick Banting a partagé le prix avec Charles Best, John Macleod avec James Collip).
Le protocole d’Edmonton
Les travaux de recherche menés à l’Université de l’Alberta, à Edmonton, sous la direction de James Shapiro, ont permis de mettre au point un nouveau traitement pour le diabète de type 1 connu sous le nom de « protocole d’Edmonton ». La procédure consiste à retirer des cellules d'îlots pancréatiques sur des pancréas provenant de donneurs et à injecter ces cellules dans le foie du patient souffrant de diabète de manière à déclencher la production d’insuline. Cette intervention a été pour la première fois couronnée de succès en mars 1999 à l’hôpital de l’Université de l'Alberta.
Cet hôpital est aujourd’hui encore le tout premier centre de compétence au monde pour cette procédure. En 2012, les médecins de ce centre hospitalier ont effectué plus de 60 transplantations de cellules d’îlots pancréatiques, soit environ 10 fois plus que n’importe quel autre établissement. En 2013, près de 1 200 procédures de ce type ont été effectuées dans le monde entier. Le manque d’organes provenant de donneurs reste cependant un obstacle à la généralisation de cette méthode de traitement.
Nouveaux médicaments
Au cours de sa carrière, Daniel Drucker, chercheur et endocrinologue à l’hôpital Mount Sinai de Toronto, est parvenu à mettre au point deux nouveaux groupes de médicaments pour le diabète de type 2. De nombreuses personnes qui prennent des médicaments pour leur diabète de type 2 voient leur poids corporel augmenter et souffrent d’hypoglycémie. Les médicaments mis au point par Daniel Drucker permettent de contrôler la production d’insuline et la glycémie sans déclencher ces effets secondaires. En 2014, Daniel Drucker a reçu le prix international Manpei Suzuki pour la recherche sur le diabète.