Le développement durable est défini par les Nations Unies (UN) comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Pour répondre à ces exigences, il est souvent nécessaire de maintenir un équilibre entre trois éléments clés du développement durable : la protection de l’environnement, la croissance économique et l’inclusion sociale. Les objectifs du développement durable sont interreliés. Pour être couronnés de succès, les projets de développement durable doivent comprendre des considérations environnementales, économiques et sociales. Ces considérations doivent inclure le consentement préalable, libre et éclairé de tout groupe autochtone touché par un projet de développement durable.
Contexte
Le principe du développement durable gagne en popularité à la fin des années 1980 après la publication par les Nations Unies de Notre avenir à tous. Ce rapport se penche sur la manière dont les enjeux environnementaux pourraient guider le développement économique dans le monde. À la même époque, les humains commencent à s’intéresser davantage à la façon dont leurs activités affectent négativement la planète. Des questions comme la pollution environnementale (par exemple, les toxines atmosphériques qui provoquent le trou dans la couche d’ozone) et la conservation des forêts, des océans et de la faune prennent le devant de la scène. Des personnes qui auparavant n’étaient jamais consultées quant à la manière où les lieux où le développement devrait se faire, notamment les groupes autochtones, interviennent dans les discussions afin d’affirmer leur point de vue.
Tout le monde n’est pas convaincu que les objectifs du développement durable soient réalisables. Les premières critiques portent sur le fait que les buts du développement économique sont trop souvent opposés aux besoins environnementaux. On craint aussi que les objectifs des gouvernements les plus puissants et des sociétés prennent le pas sur les intérêts et les besoins des habitants des nations moins développées. À bien des égards, ces critiques sont justifiées. Protéger l’environnement et maintenir des habitats sains pour la faune et les populations humaines tout en assurant le développement économique posent des défis importants.
Les moyens de réaliser un développement durable sont l’objet de nouvelles réflexions en 2015, lorsque tous les États membres de l’ONU adoptent les Objectifs de développement durable (ODD). Les ODD présentent à toutes les nations 17 grands objectifs pour contribuer à orienter les projets environnementaux, économiques et sociaux entrepris par les gouvernements, les institutions et les entreprises privées dans le monde entier. Parmi les Objectifs de développement durable, on retrouve la réduction de la pauvreté, une énergie propre et d’un coût abordable, l’assainissement de l’eau et la construction de villes durables. (Voir Durabilité au Canada.) Les États membres de l’ONU comme le Canada ne peuvent être contraints d’atteindre les cibles définies par les ODD; il s’agit de cibles volontaires. Néanmoins, le fait que les gouvernements, les entreprises privées et les institutions publiques comme les collèges et les universités ont généralement adopté les ODD devrait contribuer à faire en sorte que leur objectif de créer un avenir plus durable devienne réalité.
Développement durable au Canada
La stratégie de développement durable du gouvernement fédéral oriente beaucoup de projets de développement durable à grande échelle au Canada, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du gouvernement. Cette stratégie définit les actions que le gouvernement peut prendre pour minimiser les impacts du développement. Elle établit aussi des cibles sur une foule de sujets, comme la réduction des émissions de gaz à effet de serre par les propriétés du gouvernement, le soutien à des projets d’agriculture durable, et la création des écosystèmes océaniques résilients.
À l’Île-du-Prince-Édouard, des cultivateurs de pommes de terre ont accepté de collaborer avec le gouvernement afin de minimiser les impacts négatifs de leurs activités agricoles sur les cours d’eau et les écosystèmes environnants. Ceci comprend la gestion de l’utilisation des pesticides et des engrais, la prévention de l’érosion des sols (voir Conservation des sols) et l’utilisation durable de l’eau. Beaucoup de cultivateurs de l’IPÉ se sont aussi engagés à travailler avec le gouvernement fédéral à une initiative des laboratoires vivants. Ce projet met en relation les cultivateurs avec des ONG environnementales et des scientifiques du gouvernement afin de tester des innovations d’agriculture durable. Le but à long terme de ce projet est de mettre en œuvre les idées qui se seront montrées les plus efficaces en matière de gérance de l’environnement.
Le Canada est devenu un leader mondial en gestion durable des forêts et en réduction des coupes illégales. Cela ne pose pas trop de difficultés dans le cas des terres publiques, mais s’assurer que les 450 000 forêts privées du Canada soient gérées et exploitées d’une manière durable représente un défi (voir Industrie du bois). Les forêts privées ont une taille de 40 hectares en moyenne. Beaucoup sont entretenues pour assurer la conservation des boisés, pour promouvoir la chasse et la pêche ou pour produire des aliments comme le sirop d’érable (voir Industrie du sirop d’érable). Beaucoup produisent aussi du bois destiné à être récolté. On estime que ces forêts privées produisent 14 % du bois récolté au Canada.
Assurer le développement durable des industries des ressources naturelles peut prendre différentes formes, et cela n’est pas toujours facile. En 1992, les pêcheries de morue du nord de Terre-Neuve-et-Labrador se sont effondrées. La surpêche étrangère, une baisse marquée de l’approvisionnement en nourriture de la morue du nord et l’absence de gestion efficace à long terme en sont responsables. Un moratoire sur la pêche à la morue a été décrété en 1992 (voir Moratoire sur la pêche à la morue de 1992). Bien que la population de morue du nord ait lentement remonté depuis, elle demeure très inférieure à ce qu’elle était autrefois.
Depuis 2004, l’exploitation minière au Canada est guidée par l’initiative Vers le développement minier durable. Ce standard de durabilité mondial s’applique à 44 des plus grandes entreprises minières du pays, qui exploitent du cobalt, de l’or, de l’uranium et du nickel. Il encourage les compagnies minières à collaborer avec les communautés locales et à promouvoir le développement durable des opérations minières. L’adoption de nouvelles technologies et l’établissement de relations plus soutenues avec les communautés touchées par l’extraction minière sont deux importants moyens pour cette industrie de devenir plus durable. Toutefois, le programme fédéral d’extraction minière durable ne s’applique pas aux projets miniers réalisés par des compagnies canadiennes à l’extérieur du Canada. Certaines compagnies minières canadiennes font aujourd’hui face à des allégations de violations des droits de la personne dans le monde en développement.
L’échec à entreprendre le développement durable approprié peut toucher de manière disproportionnée les nations autochtones au Canada, parce que beaucoup de terres autochtones sont situées près des ressources naturelles. Dans le sud-ouest de l’Ontario, le développement de l’industrie pétrochimique, près de Sarnia, est lié à de nombreux problèmes de qualité de l’air qui ont été rapportés près du territoire de la Première Nation Aamjiwnaang (voir Anichinabés), attribuable à la concentration élevée de dioxyde de soufre et de benzène. (Voir Pollution de l’air; Industrie pétrochimique.) Dans le nord de l’Alberta, l’industrie des sables bitumineux affiche un bilan mitigé. Certains membres de la Première Nation Dénésuline apprécient la prospérité économique apportée par les sables bitumineux, mais d’autres soulignent les dommages que ce développement a entraînés dans les terres sacrées et les cours d’eau de la région, mais aussi sur les accords de traités et les droits des Autochtones dans tout le pays. (Voir aussi Racisme environnemental.)