Départements de musique de l'Université de Montréal
Université de Montréal. Principale université francophone au Canada, fondée en 1919 par un rescrit du pape Benoît XV faisant de la succursale établie à Montréal en 1876 par l'Université Laval un établissement autonome, à dénomination catholique. Une troisième charte provinciale (1967), après celles de 1920 et 1950, définissait l'UM comme une institution à caractère public, consacrée à l'enseignement supérieur et à la recherche, et où étudiants et professeurs se voyaient accorder le droit de participer à l'administration. Le siège social, situé d'abord au Grand séminaire de Montréal (1876-95), occupa ensuite un édifice rue Saint-Denis (1895-1942), d'où l'UM emménagea dans ses locaux actuels sur le mont Royal. En 1990-91, l'UM comptait douze facultés d'études de premier cycle (menant au baccalauréat), la faculté des études supérieures (maîtrise et doctorat) et deux écoles affiliées (Hautes études commerciales et Polytechnique).
La faculté de musique fut fondée le 18 octobre 1950 à la demande du cardinal Paul-Émile Léger, sous le rectorat de Mgr Olivier Maurault, dont les efforts déployés depuis 1939 s'étaient joints en 1947 aux démarches de la Commission diocésaine de musique sacrée. En plus d'organiser et d'administrer ses propres programmes d'études et de recherches, la nouvelle faculté devait assurer la coordination des programmes d'études et des grades dans les écoles de musique jusqu'alors affiliées directement à l'UM puisque la charte de 1950 statuait que les écoles affiliées « le sont au moyen de l'annexion à une Faculté ». C'est ainsi que le Cons. national de musique, l'École normale de musique, l'École Vincent-d'Indy, les écoles de Lachine, de la Présentation de Marie à Saint-Hyacinthe, des Soeurs de l'Assomption de Nicolet et des Ursulines de Trois-Rivières, le Gregorian Institute à Toledo, O., l'Institut Nazareth et la Schola cantorum de Montréal se retrouvèrent annexés à la faculté. Ces affiliations furent suivies de celles de l'École de Sherbrooke, de l'École supérieure de musique de Hull et du Collège de musique Sainte-Croix de Saint-Laurent [Montréal].
Les cours furent inaugurés le 1er février 1951. Le programme d'enseignement se divisait en deux sections, la musique sacrée et la musique profane, et offrait une formation générale. Les seuls instruments enseignés étaient le piano et l'orgue. La faculté était alors dirigée par le doyen Alfred Bernier qui, jusqu'en 1953, travailla à en établir les bases. Il devait faire face notamment aux réticences parfois agressives des écoles affiliées qui voyaient leur autonomie supprimée par l'existence même de la faculté. Éthelbert Thibault succéda à Bernier pour un court mandat (1953), et Jean Papineau-Couture, à titre de secr. de la faculté, en assura la direction par intérim jusqu'en 1955.
Clément Morin assuma le décanat à partir de 1955. Il instaura la même année, en plus des cours réguliers, un programme destiné aux musiciens d'église. Il mit sur pied en 1958 des cours d'été (lesquels attirèrent à la faculté d'éminents professeurs invités), et en 1961, il établit des cours de pédagogie musicale. En 13 ans, il allait accomplir ainsi un important travail de stabilisation et consacrer l'uniformisation des programmes d'études des écoles affiliées.
En 1966 se produisit un véritable éclatement des cours, qui se traduisit par d'importants changements d'orientation et une refonte complète des programmes de premier cycle, lesquels mènent désormais à l'obtention d'un B.Mus. général, interprétation, composition, techniques d'écriture, ainsi que musicologie (auparavant histoire et langues musicales). Les cours de pédagogie musicale furent intégrés en 1967 au programme universitaire de la licence d'enseignement au secondaire, programme qui allait être remplacé en 1972 par un B.A. avec majeur en musique et mineur en éducation, en collaboration avec la faculté des sciences de l'éducation. C'est aussi en 1967 que l'affiliation des écoles de musique avec la faculté fut abolie, suivant les termes de la nouvelle charte universitaire.
Jean Papineau-Couture, doyen de 1968 à 1973, imprima une nouvelle impulsion à la faculté en obtenant de plus vastes locaux, en augmentant le nombre de professeurs à plein temps (qui passa de 6 à 18), en introduisant plus de souplesse dans les programmes et en développant plusieurs activités d'expression et de rayonnement. Les Nocturnales, créées en 1968, permirent aux membres de la faculté de présenter, à une heure tardive, des concerts d'oeuvres traditionnelles ou contemporaines, parfois même des créations, dans un cadre où l'élément sonore s'enrichissait souvent d'éléments visuels. Les Musialogues, créés en 1969 et animés par Maryvonne Kendergi, proposaient des rencontres avec des personnalités du monde artistique, tant canadiennes qu'étrangères. Des ateliers de musique ancienne (Gerrit Tetenburg et Jean-Pierre Pinson), baroque (Réjean Poirier), contemporaine (Lorraine Vaillancourt), de comportement et jeu scénique (Louise André et Marthe Forget) et de jazz (Sayyd Abdul Al-Khabyyr) se sont produits à la faculté comme à l'extérieur. À partir de 1977, l'Orchestre de la faculté de musique de l'UM (OFMUM) a donné plusieurs concerts, d'abord sous la direction de Jean-Eudes Vaillancourt, à qui succédèrent Serge Garant puis Marc David. Il s'est joint à l'occasion à la Chorale de la faculté pour offrir des oeuvres telles que Le Messie de Haendel. Cette chorale d'une centaine de voix avait été fondée par le doyen Morin, qui la remit à Jean-François Sénart (1973-90), à qui succédèrent Alice Poulin-Parizeau (1990-91) et Patrick Wedd (1991 -). Elle ne doit pas être confondue avec le Choeur bleu et or, indépendant de la faculté, fondé en 1949 par Robert Villeneuve, étudiant en médecine, et dirigé par Fernand Graton dès 1950. Rebaptisé Choeur des étudiants en 1962, il cessa ses activités en 1965.
Gilles Manny, doyen de 1973 à 1979, entreprit une refonte des structures pédagogiques et administratives, tendant particulièrement à l'implantation d'un type collégial de gestion. Le nombre de professeurs passa à 25 et celui des inscriptions augmenta rapidement jusqu'à plus de 400 (1978-79). L'accent fut mis en particulier sur le développement des études de deuxième et troisième cycles suite à la création de la faculté des études supérieures (M.Mus. et D.Mus. en interprétation ou composition, M.A. et Ph.D. en musicologie) et sur l'établissement de programmes de recherche. Ces secteurs concernaient la musique à l'élémentaire et l'application à l'enseignement musical des techniques internationales de créativité (Jean-Marie Cloutier et soeur Alix de Vaulchier), l'informatique-musique (sous la direction de Papineau-Couture), la paléographie musicale (Clément Morin), l'ethnomusicologie (Charles Boilès et Ramón Pelinski) et la sémiologie musicale (Jean-Jacques Nattiez). Certains de ces projets ont bénéficié de subventions spéciales du CAC ou du ministère de l'Éducation du Québec.
Les doyens Henri Favre (1979-84) et Pierre Rolland (1984-88) eurent la difficile mission de gérer la faculté durant la période de la crise économique qui marqua les années 1980 et qui toucha durement le secteur de l'éducation. Ils réussirent malgré les restrictions à maintenir les exigences des programmes déjà en place et favoriser ainsi une augmentation substantielle des diplômés, notamment au niveau de la maîtrise et du doctorat. C'est durant cette période que la faculté s'ouvrit à la musique pop et au jazz en offrant un programme d'études dans ce secteur grâce à l'initiative des professeurs Robert Leroux et René Masino.
Depuis que Robert Leroux a commencé son mandat de doyen en 1988, l'accent a été mis sur le rayonnement extérieur de la faculté. Cette dernière désignait en 1989 le Nouvel ensemble moderne dirigé par Lorraine Vaillancourt comme formation en résidence, et lançait, en 1991, l'étiquette de disques UMMUS (CD et cassettes) dont le rôle est de mieux faire connaître les travaux des interprètes et des compositeurs de la faculté. Quatre titres parmi les trois séries, « Actuelles », « Classiques » et « Traditions », étaient parus en 1991. Outre ces réalisations, on a mis sur pied de nouveaux programmes : la M.Mus. en techniques d'écriture et le D.E.S.S. (diplôme en études supérieures spécialisées) en composition et en interprétation. Le secteur de l'ethnomusicologie a également connu de nouvelles voies de recherches grâce notamment à Monique Desroches. En 1990-91, la faculté, qui comprenait 35 professeurs réguliers et quelque 80 chargés de cours, accueillait 533 étudiants réguliers et 70 libres.
La faculté de musique de l'UM a souvent rempli un rôle de pionnier depuis l'époque où elle était la seule faculté francophone à offrir un cours en musique sacrée, spécialisation qui s'est acheminée au fil des ans vers l'étude de la musique ancienne (avec Clément Morin, Dujka Smoje, Gerrit Tetenburg et Jean-Pierre Pinson). Au cours des récentes années, la musique contemporaine a pris une place de premier plan, grâce à l'enseignement de personnalités comme Garant, Maryvonne Kendergi, Papineau-Couture, André Prévost et Michel Longtin, ainsi que Robert Léonard qui fut membre fondateur du Groupe informatique-musique et de l'Atelier-laboratoire. La faculté fut d'ailleurs la première, parmi les universités francophones, à offrir, dès 1966, un cours de musique canadienne dont les titulaires ont été Maryvonne Kendergi puis Marie-Thérèse Lefebvre. Des professeurs tels que Louise André, France Dion et Gaston Germain (chant), Françoise Aubut (orgue), Marcel Baillargeon (flûte), Gisela Depkat (violoncelle), Réjean Poirier (clavecin et orgue), Antoine Reboulot (orgue et piano), Denis Regnaud (clavecin et orgue), Marc Durand, Gilles Manny, Natalie Pépin et Claude Savard (piano), Vladimir Landsman et Jacques Verdon (violon) et plusieurs autres ont assuré une qualité supérieure d'enseignement en interprétation. Massimo Rossi a été chargé des classes d'organographie, d'harmonie, d'orchestration et d'instrumentation dès 1964.
En 1980, pour répondre à un besoin d'expansion, la faculté fit l'acquisition du pavillon de l'École Vincent-d'Indy avec la salle Claude-Champagne attenante. Elle ouvrit ses nouveaux locaux aux étudiants en septembre 1983. Ces derniers ont à leur disposition une audiothèque, une bibliothèque, deux salles de concert outre la salle Claude-Champagne et un équipement audio-visuel élaboré, notamment des studios de recherche et composition électroacoustique ainsi qu'un studio d'enregistrement de type professionnel placés sous la responsabilité de Myke Roy qui a succédé à Louise Gariépy et Michel Bédard. La faculté possède aussi trois orgues à traction mécanique (un positif et deux instruments à deux claviers), une grande variété d'instruments à percussion dont un gamelan balinais qui fut offert en 1986 par la république d'Indonésie suite à son utilisation à l'Expo 86 à Vancouver. Un ensemble-gamelan, dirigé par un professeur invité, le Balinais Wayan Suweca, sous la coordination de José Evangelista, a été mis sur pied l'année suivante.
Avant l'abolition de l'affiliation des écoles de musique en 1967, l'UM octroya plusieurs diplômes et grades en musique (lauréats, baccalauréats, licences, maîtrises, doctorats, etc.) aux étudiants de ses écoles affiliées. Avant même que la faculté de musique ne fût fondée, Eugène Lapierre obtint le premier D.Mus. régulier (1930), suivi notamment de Charles Goulet (1937), Leslie Bell (1946), Félix-R. Bertrand (1948) et G. Roy Fenwick (1950). Armand Pellerin, élève de l'Institut Nazareth, reçut le premier B.Mus. en 1921. Depuis 1957, 45 grades de doctorat (D.Mus. ou Ph.D.) ont été décernés, entre autres à Louise André, Alfred Garson, Louise Hirbour, Marie-Thérèse Lefebvre, Jean-Pierre Pinson, Michel Longtin, Anne Lauber, Monique Desroches et Myke Roy. Parmi les autres diplômés de la faculté depuis la première promotion (1953), dont faisait partie Jean-Marie Cloutier, mentionnons Luce Beaudet, José Evangelista, Marthe Forget, Albert Grenier, Marcelle Guertin, Louise Laplante, Denis Lorrain, Lyse Richer, Massimo Rossi, Pierre Trochu et Pauline Vaillancourt. Des doctorats h.c. ont été décernés par l'UM notamment à Achille Fortier (1926), Wilfrid Pelletier (1936), Louisa Paquin (1937), Rosario Bourdon (1944), Claude Champagne (1946), Paul Doyon (1957), Gilles Vigneault (1981), Charles Dutoit (1984) et Maureen Forrester (1987). Louise André, Maryvonne Kendergi, Clément Morin et Jean Papineau-Couture ont été nommés professeurs émérites.
La faculté de musique de l'UM, dont plusieurs membres ont participé de près à la création de l'ARMuQ, de la SMCQ et de l'ACEUM (SMUC), est membre affilié à cette dernière. Elle a été fréquemment représentée lors de congrès internationaux, notamment aux rassemblements de la SIEM. La faculté a fait paraître en octobre 1990 le premier numéro de son bulletin Sforzando. Un fonds d'archives est conservé au Service des archives de l'UM.
Les Presses de l'UM (1962 -) ont notamment publié dans le domaine de la musique : de Marie-Thérèse Paquin, des traductions de livrets d'opéras italiens et des textes de mélodies allemandes; d'Élisabeth (Gallat-) Morin, Essai de stylistique comparée : les variations de William Byrd et John Tomkins (2 vol., 1979) et Un manuscrit de musique française classique - Étude critique et historique - Le Livre d'orgue de Montréal (1988); de Ramón Pelinski, La Musique des Inuit du Caribou (1981); de Marcelle Guertin, De la lecture à l'audition d'un texte musical, « une étude des thèmes dans le livre I des Préludes pour piano de Debussy » (1990); ainsi que la revue Circuit dirigée par Jean-Jacques Nattiez.
Depuis 1983, la faculté de musique de l'UM est dépositaire des archives et documents du bureau de Montréal de l'EMC.
Voir aussi Archives, Bibliothèques, Grades.