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Démographie des Autochtones

En 2011, plus de 1,8 million de Canadiens affirment être d’ascendance autochtone ou avoir un ancêtre d’ascendance autochtone. Plus de 1,4 million (soit plus de 4 pour cent de la population totale du Canada) s’affiche comme des gens autochtones.
Femme et enfant
\u00c0 Roc Lakes, dans les Territoires du Nord-Ouest (photo de Dorothy Chocolate/avec la permission du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest).

En 2011, plus de 1,8 million de Canadiens affirment être d’ascendance autochtone ou avoir un ancêtre d’ascendance autochtone. Plus de 1,4 million (soit plus de 4 pour cent de la population totale du Canada) s’affiche comme des gens autochtones. La Loi constitutionnelle de 1982 définit les peuples autochtones comme étant Indiens (plus communément appelés « Premières Nations »), Métis, ou Inuits.

En 2010, les populations autochtones comptent 615 collectivités des Premières Nations et plus de 50 nations, dont 8 colonies métisses et 53 collectivités inuites. En 2011, on dénombre plus de 60 langues autochtones différentes au Canada.

Estimations historiques de la population

Les estimations de la population autochtone varient grandement lorsqu’on parle du début du XVIe siècle, durant les premiers contacts soutenus avec les Européens. Les anthropologues et historiens ont néanmoins nommé une fourchette allant de 350 000 à 500 000 personnes; d’autres estimations se rendent jusqu’à 2 millions de personnes. En 1867, on croit qu’il reste entre 100 000 et 125 000 Autochtones sur le territoire du Canada, en plus de 10 000 Métis au Manitoba et 2000 Inuits dans l’Arctique. Dès le début du XXe siècle, la population autochtone ne cesse de décliner, un déclin causé entre autres par la maladie, la famine et les guerres issues de la colonisation et des pratiques européennes (voir Santé des Autochtones, Relations entre les Autochtones et les Blancs, Variole, Tuberculose).

Les temps changent, toutefois, et la population autochtone augmente désormais à un taux plus rapide que le reste de la population canadienne. Entre 1996 et 2006, elle augmente de 45 pour cent, contre seulement 8 pour cent pour la population non autochtone. Entre 2006 et 2011, les Autochtones continuent à se faire plus nombreux, portant leur nombre à 232 385, soit une augmentation de 20,1 pour cent. En comparaison, la population non autochtone ne hausse que de 5,2 pour cent durant la même période.

Mesures de la population

Les estimations de population autochtone au Canada dépendent des nombres rapportés par le registre des Indiens, administré par le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien (MAINC), par le recensement canadien, publié par Statistique Canada, ou par l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM), également publiée par Statistique Canada. Le registre des Indiens regroupe les individus enregistrés sous la Loi sur les Indiens, alors que les rapports de Statistique Canada comprennent toute personne s’affichant comme Autochtone ou d’ascendance autochtone. Le statut d’Indien inscrit est noté séparément. Ainsi, les estimations de population faites par Statistique Canada sont plus larges que celles du registre. Des fonds sont libérés selon ces prévisions pour répondre aux besoins de la population en matière de santé, d’habitation, d’éducation, ainsi que pour financer d’autres programmes provinciaux ou fédéraux. Il est donc essentiel d’identifier quelles populations sont utilisées dans les estimations. Des projections démographiques basées sur les données du registre des Indiens sont faites par le MAINC pour soutenir ses programmes et planifier les fonds pour sa population autochtone inscrite.

À cause des nombreuses modifications à la Loi sur les Indiens, une certaine prudence est de mise lorsqu’on compare les différentes données diachroniques sur les peuples autochtones. Avant l’entrée de la loi C-31, la Loi modifiant la Loi sur les Indiens, en 1985, de nombreuses personnes se sont vues refuser le statut d’Indien et les droits qui y sont liés par émancipation forcée (voir Questions relatives aux Femmes autochtones, Émancipation). Parmi les groupes disqualifiés, on compte les femmes mariées à des hommes non autochtones ou non enregistrés, les Autochtones ayant un diplôme universitaire ou un emploi professionnel (médecin ou avocat, notamment) et les descendants d’une personne ayant perdu son statut. La loi C-31 redonne le statut à ceux et celles ayant été contraints de s’émanciper et l’enlève aux non-Autochtones l’ayant reçu par mariage (plutôt que par ascendance). De plus, le statut d’Indien ne demande plus d’être membre d’une bande. Cette modification redonne ainsi le statut d’Indien à plus de 127 000 personnes et le retire à plus de 106 000 autres. Toutefois, une règle d’exclusion après la deuxième génération demeure : les enfants des femmes s’étant mariées à un non-Autochtone peuvent demander le statut, mais leurs enfants n’y sont pas admissibles. La situation change toutefois le 31 janvier 2011, avec la loi C-3, la Loi sur l’équité entre les sexes relativement à l’inscription au registre des Indiens, un changement qui affecte plus de 45 000 personnes.

Des changements dans les méthodes de recensement jouent aussi sur les estimations, surtout si l’on compare les données obtenues en 2011 à celles obtenues à l’aide du questionnaire détaillé du recensement. Ce dernier, obligatoire pour quelque 20 pour cent de la population canadienne, est éliminé en 2010 et remplacé en 2011 par l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM), questionnaire volontaire envoyé à 30 pour cent des foyers canadiens. En plus d’être sur une base volontaire, on note de nombreuses différences dans la formulation, le format des questions portant sur les peuples autochtones au Canada et dans la définition de ce qu’est une réserve.

Population actuelle

Selon Statistique Canada, environ 799 010 personnes, ou 3 pour cent de la population canadienne, s’affichent comme Autochtones en 1996. Près de 10 ans plus tard, l’ENM en dénombre 1 172 790, soit 4 pour cent de la population. La proportion de gens s’affichant comme Autochtones continue d’augmenter, selon les données les plus récentes. L’ENM de 2011 rapporte que 1 400 685 personnes, ou 4,3 pour cent de la population, se disent Autochtones. Environ 97 pour cent de ce nombre s’affichent aussi comme membres des Premières Nations (851 560 personnes, ou 60,8 pour cent), des Métis (451 795 personnes, ou 32,3 pour cent) ou des Inuits (59 445 personnes, ou 4,2 pour cent). Un peu moins de 3 pour cent s’affichent comme étant d’un autre groupe ou de plusieurs groupes autochtones.

En 2011, quelque 697 505 personnes se disent inscrites au statut d’Indien (sous la Loi sur les Indiens du Canada). Plus de 90 pour cent de ces personnes s’affichent comme membre des Premières Nations, soit une augmentation de 14 pour cent par rapport à 2006. Le nombre des personnes des Premières Nations non enregistrées, pour sa part, a augmenté de 61,3 pour cent durant la même période. En 2011, 25 pour cent des peuples autochtones ne sont pas enregistrés sous la Loi sur les Indiens. Près de 5 pour cent des personnes enregistrées s’affichent comme Métis, le reste s’identifiant à plusieurs nations ou à aucune en particulier. Selon les statistiques, la population autochtone est plus jeune que le reste de la population canadienne. Presque 50 pour cent de la population autochtone totale est âgée de 24 ans ou moins, contre 30 pour cent pour les non-Autochtones. De la même manière, le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans auprès de la population non autochtone est deux fois plus élevé que dans la population autochtone. On attribue ces différences à une plus grande fertilité des Autochtones et à leur espérance de vie plus courte.

De nombreux facteurs peuvent influencer les changements démographiques. En effet, les modifications faites à la loi en matière de critères d’inscription, les nouvelles méthodes de collectes de données, et les changements liés à l’auto-identification et à l’appartenance (l’identité qui est préférée par les gens sondés), en plus de l’accroissement naturel (la différence entre le nombre de naissances et de décès), y jouent pour beaucoup. De plus, les résultats de l’ENM de 2011 ont été ajustés parce qu’elle ne nommait pas toutes les réserves et colonies existantes et qu’elle ne sondait qu’un nombre limité de gens.

Projections démographiques

Le nombre d’individus s’affichant comme Premières Nations a augmenté de presque 25 pour cent entre 2006 et 2011, alors que ceux se disant Métis et Inuits ont connu respectivement une hausse de 16,3 pour cent et 18,1 pour cent. Les projections de Statistique Canada en 2011 pour la population autochtone indiquent que si le scénario démographique ne change pas (en termes de fertilité, de mortalité, d’immigration, de mobilité ethnique intergénérationnelle, soit la transmission de l’identité autochtone d’une génération à l’autre), la population autochtone pourrait atteindre entre 1,7 et 2,2 millions en 2031. Le registre y sera sans doute pour beaucoup, avec l’action combinée de l’accroissement naturel (voir Santé des Autochtones) et du rétablissement du statut d’Indien, comme voté dans les lois C-31 et C-3. Le nombre de personnes des Premières Nations enregistrées a augmenté de 13,7 pour cent entre 2006 et 2011. En plus de la croissance démographique naturelle et des modifications législatives, d’autres facteurs, comme le taux de fertilité élevé, une population plus jeune (qui donne donc plus de naissances et moins de décès) et une énumération des réserves plus complète, sont responsables de cette hausse significative. Il est à noter que l’énumération plus exhaustive des réserves est moins un indicateur de croissance démographique que de croissance démographique perçue (ceux et celles n’ayant pas été comptés auparavant).

Répartition par provinces et territoires

Les provinces de l’Ouest accueillent la plus grande partie de la population autochtone au Canada. En 2011, près de 60 pour cent des Autochtones vivent en Colombie-Britannique (16,6 pour cent), en Alberta (15,8 pour cent), au Manitoba (14 pour cent) et en Saskatchewan (11,3 pour cent). La province détenant le plus haut pourcentage de personnes se disant Autochtones est l’Ontario, avec 21,5 pour cent, soit 301 425 personnes. Bien que la plupart de ces peuples vivent dans les provinces, les Autochtones représentent le groupe le plus nombreux à vivre dans les territoires canadiens. Ils représentent 86 pour cent de la population du Nunavut, plus de 50 pour cent de la population des Territoires du Nord-Ouest et près de 25 pour cent de la population du Yukon. Les provinces avec le plus haut pourcentage de gens se disant Autochtones par rapport à la population provinciale totale sont le Manitoba (16,7 pour cent) et la Saskatchewan (15,6 pour cent).

La répartition par provinces et territoires des peuples autochtones dépend de l’identité autochtone. L’Ontario est l’hôte de la plus grande proportion de peuples des Premières Nations au Canada (201 100 personnes, ou 23,6 pour cent), alors que ces derniers représentent près d’un tiers de la population totale des Territoires du Nord-Ouest. La province avec la plus haute proportion de Métis au Canada est l’Alberta, avec 21,4 pour cent, alors que les Territoires du Nord-Ouest comptent 8 pour cent de Métis dans sa population totale. Environ trois quarts (73,1 pour cent) des Inuits au Canada vivent à Inuit Nunangat, qui est séparée en 4 régions : le Nunatsiavut (Labrador), le Nunavik (Québec), le Nunavut et Inuvialuit (Territoires du Nord-Ouest). Le Nunavut a la plus grande population d’Inuits (45,5 pour cent) et la plus grande proportion d’Inuits par rapport à la population totale (85,4 pour cent).

En 2011, un peu moins de la moitié (45,3 pour cent) de tous ceux possédant le statut d’Indien au Canada vit dans une réserve ou une colonie, alors que plus de la moitié (54,7 pour cent) vit en dehors des réserves. Le Québec a la plus grande proportion de peuples autochtones vivants dans les réserves (72 pour cent), soit tout le contraire des Territoires du Nord-Ouest. Il n’existe aucune réserve ou colonie au Yukon ou au Nunavut.

Migration de population

De la moitié des années 1960 à la moitié des années 1980, on remarque un exode accru des Autochtones vers les centres urbains. À mesure que les communautés autochtones urbaines gagnent en importance, on prévoit que la tendance se maintiendra. Cet exode prend racine dans le manque d’occasions économiques dans ou près des réserves et communautés autochtones typiquement éloignées. Après la mise en vigueur de la loi C-31, en 1985 et le rétablissement du statut d’Indien, beaucoup d’Autochtones sont retournés dans les réserves; la migration urbaine continue néanmoins (voir Migration urbaine des Autochtones).

Beaucoup de peuples autochtones au Canada vivent dans les grandes zones métropolitaines comme Toronto, Vancouver et Montréal. Toutefois, l’ENM de 2011 montre que ce sont Winnipeg (78 415) et Edmonton (61 770) qui remportent la palme des populations autochtones les plus importantes. Dans ces deux villes, les Autochtones représentent 11 pour cent et 5,4 pour cent de la population totale, respectivement. Regina et Saskatoon font également bonne figure, avec 9,5 pour cent et 9,3 pour cent, respectivement. Sur une base purement proportionnelle, toutefois, ce sont dans les plus petites villes, comme Yellowknife (25,4 pour cent) et Whitehorse (16 pour cent), qu’on retrouve les proportions d’Autochtones les plus grandes.

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