Dans l’art autochtone, on utilise des piquants de porc-épic colorés pour décorer différents articles, par exemple des vêtements, des sacs, des sacs de médecine et des éléments d’ornementation. On retrouve des objets décorés en piquants de porc-épic dans différents musées et centres culturels d’Amérique du Nord. Aujourd’hui considéré comme rare, cet art est surtout utilisé par les aînés et les artistes spécialisés pour mettre en valeur les traditions culturelles.
Qu’est-ce que l’ornementation à piquants de porc-épic?
Chez certains peuples autochtones, on utilise des piquants de porc-épic teints, que l’on enveloppe, tisse ou coud dans de l’écorce de bouleau, pour décorer des articles tels que les vêtements en peau de daim, les boîtes en écorce de bouleau, les calumets, les fourreaux de couteau, les sacs de médecine, les parflèches, les tambours, les couvertures des tipis et les mocassins.
L’ornementation à piquants de porc-épic est sacrée pour certaines communautés autochtones. Chez les Pieds-Noirs, seul un groupe spécialisé de femmes peut exécuter un tel travail. Lorsqu’elles le font, elles doivent également réciter des prières ou porter certains ornements ou peintures corporelles, selon la nation. Dans la culture mi’kmaq, l’ornementation à piquants de porc-épic est généralement confectionnée par les femmes. On attribue à ce travail des pouvoirs spirituels. (Voir aussi Autochtones : religion et spiritualité.)
Vers le milieu du 19e siècle, les perles de verre, plus faciles à trouver et à utiliser (et disponibles dans une variété de couleurs), détrônent les piquants de porc-épic dans l’ornementation.
Le saviez-vous?
Les Mi’kmaq sont devenus si bien connus pour leur ornementation à piquants de porc-épic que certains Européens en sont venus à les surnommer « gens du porc-épic ».
Confection de l’ornementation
La première étape de la confection consiste à acquérir des piquants, que l’on prélève directement sur les porcs-épics ou que l’on obtient en faisant du commerce avec les communautés autochtones ayant un meilleur accès à l’animal. Ensuite, il s’agit de nettoyer les piquants et de les teindre au moyen de colorants naturels dérivés de pétales de fleurs, de racines et de légumes, de fruits ou d’autres composants organiques. Le processus de récolte et de préparation des piquants peut prendre plusieurs jours.
Avant de coudre ou de tisser les ornements, les femmes font tremper les piquants, puis les aplatissent en les tirant entre leurs dents ou sous l’ongle du pouce pour les assouplir. Les motifs de couture et de tissage choisis dépendent de la nation. Chez les Mi’kmaq, par exemple, les piquants forment presque toujours des motifs géométriques.
Lors du travail d’ornementation d’écorce de bouleau (voir aussi Bouleau), les femmes percent des trous dans l’écorce au moyen d’une alène (outil étroit au bout pointu), puis insèrent ensuite les piquants à l’intérieur. On emploie cette méthode pour décorer les boîtes, les tapis et les coiffes.
Importance culturelle
Plus qu’un bel exemple d’artisanat autochtone, l’ornementation à piquants de porc-épic revêt une importance culturelle particulière dans les systèmes de transmission du savoir ancestral. Ces traditions sont menacées au fil du temps par les efforts successifs de colonisation. L’ornementation à piquants de porc-épic est aujourd’hui une forme d’art rare, que certains aînés et artistes autochtones tentent de préserver grâce à l’éducation communautaire. Beverly Julian, artiste mi’kmaq, sensibilise activement les membres de sa communauté à cet art traditionnel. De même, Lucy Yakeleya, artiste dénée, propose des ateliers à ceux qui veulent en savoir plus sur ce travail ornemental. Grâce à de tels efforts, les peuples autochtones souhaitent protéger et promouvoir cet artisanat si important au plan culturel.