Dawson, sir John William | l'Encyclopédie Canadienne

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Dawson, sir John William

John William Dawson, géologue, paléontologue, directeur de l’Université McGill (né le 13 octobre 1820 à Pictou, en Nouvelle-Écosse; mort le 19 novembre 1899 à Montréal, au Québec). John William Dawson a dirigé une mission de relevé et de recouvrement archéologique qui a découvert les traces d’habitations pré-européennes sur l’île de Montréal. Bien que l’on ait généralement attribué à William Dawson la découverte du village « perdu » d’Hochelaga, des recherches subséquentes ont montré que ce qu’il a découvert était probablement un établissement apparenté moins important. William Dawson est bien connu dans la communauté géologique pour avoir découvert un fossile d’Hylonomus lyelli (le plus ancien reptile connu). Il a aussi identifié Eozoön canadense, un gigantesque organisme unicellulaire, aujourd’hui considéré comme un pseudofossile (faux fossile). John William Dawson est largement considéré comme le premier scientifique canadien de renommée internationale et reconnu pour son mandat de direction de l’Université McGill, qui a profondément transformé l’institution.

Dawson, Sir John William

Jeunesse

Dès son plus jeune âge, John William Dawson est fasciné par les sciences de la nature. Ses parents l’encouragent à explorer son environnement et à collectionner les fossiles, les coquillages, les insectes et les oiseaux. Le jeune homme est instruit par un professeur privé avant de recevoir une éducation plus officielle à la Pictou Academy. Il se rend ensuite en Écosse pour étudier à l’Université d’Edinburgh, où il reçoit une formation officielle de géologue.

À l’occasion d’une rencontre fortuite, en 1841 à Halifax, William Dawson lie connaissance avec sir Charles Lyell, le père de la géologie moderne. Lorsque celui-ci retourne en Nouvelle-Écosse en 1842, il contacte William Dawson pour explorer le riche patrimoine géologique de la région. Tout en complétant sa formation, durant les années 1840, William Dawson établit sa réputation d’éducateur et d’esprit scientifique hors pair en donnant des conférences à la Pictou Academy, au Dalhousie College et devant la société scientifique locale. En 1847, il épouse Margaret A.Y. Mercer à Edinburgh. Vers 1849, il accepte le poste de surintendant de l’éducation de Nouvelle-Écosse, qu’il occupe de 1850 à 1853.

Début de carrière

Au début, John William Dawson hésite à accepter le poste, mais il réalise que la nature du travail l’amènera à visiter chaque comté de Nouvelle-Écosse. Ceci lui permettra de réaliser des relevés géologiques complets et d’enrichir sa collection personnelle. Au cours de ces trois années, William Dawson étudie les forêts fossilifères de Joggins, aujourd’hui reconnues comme un site du patrimoine mondial des Nations Unies. (Voir Sites du patrimoine mondial des Nations Unies.) En 1852, au cours d’une expédition avec sir Charles Lyell, pour examiner les fossiles présents dans les falaises, il découvre un tétrapode (animal à quatre pattes) nommé Dendrerpeton acadianum dans un tronc d’arbre fossilisé. Plus tard, William Dawson découvre Hylonomus lyelli, le plus ancien reptile connu, et lui donne le nom de son mentor. William Dawson publiera l’ensemble de ses découvertes dans un volume intitulé Acadian Geology en 1855.

Willliam Dawson est enthousiasmé par son poste de surintendant de l’éducation. Il assume pratiquement tous les aspects de cette responsabilité et visite des écoles dans toute la province. Il se lance dans une réforme des programmes d’enseignement et voit à la formation des instituteurs. Il laisse même sa marque dans l’architecture des écoles et la conception des pupitres. La Mount Hanley School, aujourd’hui devenue un musée et un site historique, est un exemple du modèle standard qu’il a mis au point.

Sa réputation étant bien établie, William Dawson est invité à faire partie d’une commission d’étude sur King’s College, à Fredericton, qui conduira ultimement à la création de l’Université du Nouveau-Brunswick en 1854. Simultanément, il postule pour devenir professeur d’histoire naturelle à l’Université d’Edinburgh et on lui offre la direction de McGill College à Montréal. William Dawson accepte le poste à McGill à condition que la chaire d’histoire naturelle lui soit réservée.

Directeur de McGill

Quand il arrive à McGill College, John William Dawson trouve une institution qui manque de fonds et d’étudiants, avec un personnel insuffisant et des bâtiments inadéquats. Néanmoins, il relève le défi et fait son possible pour améliorer l’université. Pendant des années, il donne lui-même tous les cours de botanique, de chimie, de géologie et de zoologie, jusqu’à ce qu’il puisse recruter des spécialistes capables de remplir ces tâches. Il est aussi bibliothécaire de l’université, fondateur et directeur de son école normale (école de formation des instituteurs) et directeur du musée d’histoire naturelle Redpath. Il est en outre membre actif de la Société d’histoire naturelle de Montréal.

Grâce à son travail exhaustif, entre 1855 et 1893, le nouveau directeur de McGill transforme l’institution qui, d’un collège sous-financé et sans inspiration, devient une université de recherche de haut niveau, ce qui lui permettra d’être à l’avant-garde des principales avancées en médecine, en physique et en chimie au tournant du 20e siècle. William Dawson est bien connu et très apprécié par des générations d’étudiants de McGill. Il se fait toujours un devoir d’inviter des groupes d’étudiants dans sa maison jusqu’à ce que tous y soient passés.

Site archéologique Dawson

En 1860, des ouvriers qui retirent du sable dans un site au sud-ouest du campus de l’université découvrent des os, des dépôts de déchets, les restes de feux de camp et différents objets et débris, dont des éclats de céramique, des pipes d’argile et des artefacts d’origine européenne. Le site étant situé tout près de McGill College, et en raison de la réputation de grand naturaliste de William Dawson, la découverte est portée à son attention. William Dawson effectue un relevé et une excavation archéologique partielle du site et fait un inventaire des découvertes. Toutefois, il manque à son rapport final la précision que l’on attend aujourd’hui des archéologues contemporains.

Bien que le site archéologique Dawson ait été découvert accidentellement et n’ait pas été traité de façon systématique, on peut y voir la première mission d’archéologie préventive entreprise au Canada. Des traces substantielles d’habitations humaines, remontant vraisemblablement au 16e siècle et possiblement à une époque plus ancienne, ont été découvertes de manière complètement fortuite.

William Dawson avance l’hypothèse selon laquelle le site constituerait les traces du village d’Hochelaga, la communauté autochtone visitée par Jacques Cartier en 1535, mais dont Samuel de Champlain n’a pas retrouvé de traces quand il est revenu sur les lieux au début du 17e siècle. Scientifique consciencieux, William Dawson considère le site seulement comme un candidat sérieux, jusqu’à ce que des preuves plus définitives aient été trouvées.

Depuis, l’historien et anthropologue Bruce Trigger a réexaminé les sources archéologiques et a conclu que le site Dawson semble être trop petit pour être Hochelaga, une communauté de plusieurs milliers de personnes. Néanmoins, le site demeure selon lui hochelagais, c’est-à-dire qu’il était habité par le même peuple, possiblement à la même époque. Une hypothèse est que le site Dawson était un village satellite d’Hochelaga. Bien que le site Dawson n’ait jamais été reconnu définitivement comme étant celui d’Hochelaga, il n’en représente pas moins une découverte de premier plan.

Vie ultérieure

John William Dawson est un des principaux opposants à la théorie de l’évolution de Charles Darwin. Il écrit des centaines d’articles et une vingtaine d’ouvrages afin de défendre son point de vue. Fervent chrétien, il est peu à l’aise avec la théorie de l’évolution. En 1878, il se voit offrir un poste de professeur d’histoire naturelle au College of New Jersey (future Université de Princeton), qui est alors l’épicentre de l’opposition scientifique aux thèses de Darwin.

William Dawson décline l’offre et reste à Montréal. Il agit peut-être ainsi parce qu’il s’inquiète du droit à l’éducation des protestants dans la province de Québec majoritairement catholique. Le don substantiel qu’il reçoit de son ami Peter Redpath pour financer la construction d’un musée d’histoire naturelle sur le campus de McGill College contribue sans doute aussi à sa décision. Le musée Redpath ouvre ses portes en 1882 et demeure aujourd’hui le principal musée d’histoire naturelle de Montréal.

Musée Redpath vers 1910

La même année, William Dawson est nommé président de l’American Association for the Advancement of Science. Quatre ans plus tard, il est nommé président de la British Association for the Advancement of Science. William Dawson détient l’unique distinction d’avoir présidé les deux organisations, les plus importantes associations scientifiques du monde à la fin du 19e siècle. En 1883, il participe à la création de la Société royale du Canada. Il est fait chevalier en 1884.

En raison de problèmes de santé, et selon l’avis de son médecin, William Dawson accepte de ralentir ses activités au début des années 1890 puis prend sa retraite de McGill en juin 1893. Il continue à écrire, à voyager, à faire de la recherche et à donner des conférences. Il meurt paisiblement le 19 novembre 1899 après une longue maladie. Sa mort est vivement ressentie à Montréal et dans tout le Québec, et annoncée dans les journaux d’Amérique du Nord et du monde entier.

Postérité

Le fils de John William Dawson, George Mercer Dawson, est directeur de la Commission géologique du Canada de 1895 à 1901.

Le collège Dawson, le plus grand CEGEP anglophone du Québec, a été baptisé en l’honneur de John William Dawson.

La dawsonite, un minéral que William Dawson a découvert pendant l’agrandissement du McGill Arts Building en 1862, a également été nommée en son honneur.

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