Crise des missiles cubains | l'Encyclopédie Canadienne

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Crise des missiles cubains

La crise des missiles cubains a duré du 16 au 28 octobre 1962. L’Union soviétique avait stationné des missiles nucléaires à Cuba, ce qui constituait une menace pour les États-Unis et le Canada. Le monde entier s’est trouvé au bord d’une guerre nucléaire. Les Forces armées canadiennes ont été mises en état d’alerte accrue. La réponse hésitante du premier ministre John Diefenbaker envers la crise a détérioré les relations déjà tendues entre le Canada et les États-Unis, et a mené à la chute de son gouvernement en 1963.

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Découverte des missiles

La crise des missiles de Cuba a lieu au plus fort de la guerre froide. Le 14 octobre 1962, un avion-espion américain prend des photographies de missiles balistiques soviétiques à portée moyenne et à portée intermédiaire qui sont en pleine installation à Cuba. Équipés d’ogives nucléaires, ces missiles peuvent toucher des cibles aux États-Unis et au Canada.

Le président américain John F. Kennedy est informé de la situation le 16 octobre. Ses conseillers et lui passent la semaine à étudier secrètement ce qui doit être fait. John F. Kennedy rejette les appels de son armée pour lancer des frappes aériennes sur les bases de missiles. Au lieu de cela, il lance un blocus naval immédiat de Cuba. Il qualifie cela de quarantaine, car en termes juridiques internationaux, le blocus naval est un acte de guerre qui nécessite une déclaration formelle de guerre. Il annonce la crise, et le blocus, au public américain dans un discours télévisé le 22 octobre. Il menace l’Union soviétique de prendre de nouvelles mesures additionnelles si les missiles ne sont pas démantelés.

Hésitation canadienne

Comme d’autres dirigeants de l’OTAN, le premier ministre John Diefenbaker est informé par John F. Kennedy du plan américain peu de temps avant l’annonce télévisée. Au téléphone avec John F. Kennedy, John Diefenbaker se dit sceptique quant aux intentions des Soviétiques. Il demande à voir plus de preuves de ce qui se passe sur le terrain à Cuba. Il exhorte John F. Kennedy à envoyer une équipe d’inspecteurs des Nations-Unies à Cuba pour vérifier ce que les Soviétiques sont en train d’y faire.

Pour le gouvernement canadien, la principale question est de savoir s’il doit se conformer à la demande des Américains de faire passer les forces canadiennes à un niveau d’alerte plus élevé, qui est équivalent à leur DEFCON-3. John Diefenbaker, qui n’aime pas John F. Kennedy, est réticent. Il est fâché que les États-Unis n’aient pas consulté le Canada plus tôt dans cette crise. Lui et le ministre des Affaires étrangères du Canada, le secrétaire d’État aux Affaires étrangères Howard Green, craignent également de se conformer trop rapidement aux exigences des Américains. De plus, ils craignent que le fait de placer l’armée canadienne en état d’alerte ne provoque l’Union soviétique.

Le saviez-vous ?

Le Defence Readiness Condition, ou DEFCON (état de préparation de la Défense), fait référence à chacun des cinq niveaux de préparation de la défense américaine et est basée sur une menace apparente contre la sécurité nationale. DEFCON 5 est normal, alors que DEFCON 1 indique qu’une guerre nucléaire est imminente. DEFCON 3 signifie une augmentation de l’état de préparation au-dessus des niveaux normaux, en particulier pour que les forces aériennes soient prêtes à être déployées en 15 minutes. Le Canada dispose également d’un système d’alerte national à cinq niveaux : phase discrète, état prêt, alerte simple, alerte renforcée, et alerte générale.


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« DEFCON-3 »

Malgré ces inquiétudes et retards, le ministre de la Défense nationale Douglas Harkness demande aux unités canadiennes de hausser leur niveau d’alerte au niveau d’état prêt, l’équivalent de « DEFCON-3 ». Cependant, l’autorisation formelle est retardée alors que le Cabinet débat de la question pendant deux jours. Douglas Harkness fait valoir que la nature de la crise, combinée aux traités internationaux, rend l’alerte nécessaire (le Canada est membre, tout comme les États-Unis, de l’OTAN et du NORAD).

Près de la moitié des ministres du Canada restent indécis sur la question. Mais lorsque les navires soviétiques approchent de la zone de quarantaine plus tard cette même semaine, d’autres membres de l’OTAN annoncent leur soutien au blocus. La position de Douglas Harkness gagne du soutien. Le 24 octobre, le gouvernement de John Diefenbaker autorise l’alerte d’état prêt de la vigilance militaire. Les navires et les avions canadiens participent également à des patrouilles pour localiser les sous-marins soviétiques dans l’Atlantique du Nord.

Prestonians

En fait, les navires et avions de la Marine royale canadienne ainsi que les avions de l’Aviation royale canadienne sont actifs dans des opérations sous-marines dans l’Atlantique Nord depuis le début octobre en coopération avec les forces américaines. Ceci est dû à une augmentation notable de l’activité sous-marine soviétique dans la région. Les commandants des forces navales et aériennes mènent ces actions de lutte anti-sous-marine sous l’autorité d’accords bilatéraux de défense entre le Canada et les États-Unis, qui sont de longue date. Après le discours public de John F. Kennedy le 22 octobre, des navires canadiens supplémentaires sont ravitaillés en carburant et en approvisionnements; ils partent en mer le 25 octobre, une fois l’autorisation formelle reçue de la part du gouvernement canadien pour l’alerte d’état prêt.

La réponse hésitante du Canada reflète le désir du gouvernement de préserver l’indépendance de sa politique étrangère. Il désire également maintenir une position équilibrée lors de situations de crise. Cependant, ce délai est largement critiqué au Canada. Il mène à la perception croissante que le gouvernement de John Diefenbaker est indécis.

L’hésitation du Canada aggrave également les relations déjà tendues entre le Canada et l’administration de John F. Kennedy. Elle alimente aussi la controverse et la confusion au Canada à l’égard de la politique du pays en matière d’armes nucléaires. Ceci avait déjà fait surface pour la première fois en 1960 lors de la crise des missiles Bomarc.

Diefenbaker, John

Résolution

La crise des missiles de Cuba dure pendant 13 jours tendus. Les deux superpuissances atomiques mondiales frôlent de près une guerre nucléaire plus que jamais. La période d’impasse prend fin le 28 octobre grâce à l’aide de diplomates des Nations Unies, et plus particulièrement grâce au secrétaire général U Thant. Ce dernier offre des suggestions pour résoudre la crise et il transmet continuellement des messages entre les deux superpuissances. Comme John F. Kennedy le reconnait plus tard, « le monde doit une énorme dette à U Thant ». Le premier ministre soviétique Nikita Khrushchev accepte de démanteler et de retirer les missiles soviétiques, en échange de la promesse de la part de John F. Kennedy de ne pas envahir Cuba. Bien que la crise soit désamorcée, l’armée américaine reste en état d’alerte pendant encore trois semaines alors qu’elle surveille le retrait des missiles. Dans le cadre de la résolution, John F. Kennedy a également promis secrètement de retirer les missiles nucléaires américains Jupiter, à portée intermédiaire, de la Turquie, selon la demande des Soviétiques. Cette entente n’est devenue de notoriété publique qu’à la fin des années 1980.

Impact sur le Canada

John Diefenbaker a remporté les élections de 1958, avec la victoire la plus écrasante de l’histoire du Canada. Mais sa réponse hésitante face à la crise des missiles cubains mène à la chute de son régime. À la suite de la crise, les États-Unis accusent le gouvernement de John Diefenbaker d’avoir menti et d’avoir évité ses devoirs militaires. Douglas Harkness démissionne de son poste de ministre de la Défense. Les progressistes-conservateurs de John Diefenbaker perdent contre Lester B. Pearson et le Parti libéral lors des élections du 5 février 1963.