Jeunesse et formation
Adrienne Clarkson naît à Hong Kong en 1939. Elle est la fille d’Ethel et William Poy, un important homme d’affaires qui a perdu ses propriétés après l’invasion de Hong Kong par les Japonais en 1941. Elle arrive au Canada avec ses parents et son frère plus âgé, Neville, en tant que réfugiés en 1942. À l’époque, la Loi de l’immigration chinoise exclut l’entrée de pratiquement tous les immigrants chinois. Cependant, le fait que William Poy travaille à la Commission commerciale canadienne à Hong Kong l’aide, semble-t-il, à amener sa famille au Canada en vertu de « circonstances exceptionnelles » accordées par le gouvernement.
« Nous sommes arrivés avec une valise chacun et rien d’autre », dit Adrienne Clarkson en 2002 dans un discours au Joint Refugee Committee à Red Deer, Alberta. « J’ai eu beaucoup de chance que ma famille n’ait jamais considéré avoir perdu quoi que ce soit ayant une valeur réelle. Nous n’avions perdu que des biens matériels… Nous n’avions pas perdu ce à quoi nous croyions vraiment, en tant qu’êtres humains. »
La famille d’Adrienne s’installe à Ottawa, Ontario, où elle grandit et fréquente l’école publique. Elle étudie à l’Université de Toronto, où elle obtient un baccalauréat spécialisé en 1960 et une maîtrise en littérature anglaise en 1962. De 1962 à 1964, elle étudie à la Sorbonne, à Paris, France, ce qui lui permet, dit-elle, de devenir « vraiment bilingue ».
Début de carrière
En 1965, Adrienne Clarkson entreprend une carrière d’animatrice, d’intervieweuse de télévision, d’auteure et de productrice pour CBC qui se poursuivra pendant 18 ans et lui méritera de nombreux prix. Elle est critique littéraire pour l’émission Take Thirty, où elle devient rapidement co-animatrice. Cette promotion fait d’elle la première Canadienne de couleur à animer un programme national. Elle y demeure pendant 10 ans, et durant cette période elle écrit aussi pour beaucoup de publications nationales canadiennes, dont les magazines Châtelaine et Maclean’s. Adrienne Clarkson publie aussi deux romans chez McClelland & Stewart : A Lover More Condoling (1968) et Hunger Trace (1970), ainsi qu’une collection d’interviews sur les thèmes du mariage et du divorce, True to You In My Fashion : A Woman Talks to Men About Marriage (1971), chez New Press.
En 1974-1975, elle anime quelque temps sa propre émission d’actualité, Adrienne at Large, qui est diffusée pendant moins de quatre mois. Un an plus tard, elle quitte Take Thirty et contribue au lancement de la nouvelle émission de CBC the fifth estate, une émission d’actualité modelée sur le célèbre 60 Minutes de CBS et Panorama de BBC. Adrienne Clarkson travaille comme co-animatrice et journaliste pour l’émission. Parmi ses plus grands reportages, on trouve une enquête sur le financement des Jeux olympiques de 1976 à Montréal, une entrevue avec le chah d’Iran et un reportage sur les pratiques alimentaires de la compagnie McCain.
Selon un portrait de Clarkson dans Maclean’s (voir Adrienne Clarkson nommée gouverneure Générale), son reportage sur McCain a irrité la sénatrice Josie Quart, qui a accusé Adrienne Clarkson de dénigrer « les Canadiens qui ont eu du succès » et de n’avoir pas été citoyenne canadienne naturalisée pendant la plus grande partie de sa vie, bien que sa famille ait obtenu la citoyenneté en 1949. Josie Quart a plus tard présenté ses excuses.
Comme intervieweuse, Adrienne Clarkson est reconnue pour son habileté à obtenir des réponses franches et éclairantes des personnes rencontrées. « [Elle] avait, dit Ron Haggart, un producteur de the fifth estate, l’art de mettre les gens à l’aise, de sorte qu’ils en disaient probablement plus que ce qu’ils croyaient dire […] Cela inclut son habileté à savoir quand garder silence. »
Adrienne Clarkson quitte the fifth estate en 1982 et est nommée par le premier ministre Bill Davis premier agent général de l’Ontario à Paris. À ce poste, elle promeut les intérêts commerciaux et culturels de l’Ontario en France, en Italie et en Espagne pendant cinq ans. À son retour au Canada, en 1987, elle devient présidente de McClelland & Stewart, où elle demeure jusqu’en 1989. En 1988, elle revient à la télévision en tant que productrice exécutive et animatrice de l’émission culturelle nationale de CBC Adrienne Clarkson’s Summer Festival.
En 1995, elle est nommée présidente du conseil d’administration du Musée canadien des civilisations (aujourd’hui Musée canadien de l’histoire).
Gouverneure générale
En septembre 1999, la reine Elizabeth II nomme Adrienne Clarkson gouverneure générale selon la recommandation du premier ministre Jean Chrétien. Elle entre en fonction le 7 octobre 1999, devenant la 26e gouverneure générale du Canada. Elle devient la première personne de couleur, la première personne d’origine asiatique et la première personne sans expérience politique ou militaire à être nommée à la charge vice-royale (voir aussi Couronne). Elle est la deuxième femme nommée à ce rôle, après Jeanne Sauvé (1984-1990).
Adrienne Clarkson est étroitement surveillée par les députés et le public canadien relativement à des allégations de dépenses excessives durant son mandat. Une visite d’État de 2003 en Russie, en Finlande et en Islande, au coût de cinq millions de dollars, provoque une grande colère. Les fonctionnaires d’Adrienne Clarkson sont interrogés par un comité d’enquête de la Chambre des communes, avec pour résultat une réduction de son budget (voir Comités). D’autres affirment que la tournée de 19 jours dans les pays du Nord circumpolaire, avec 59 autres dignitaires canadiens, a été un succès remarquable, permettant au Canada d’établir des relations fructueuses avec les pays du nord de l’Europe.
Le dévouement d’Adrienne Clarkson à son rôle vice-royal est aussi mis en doute à la suite de son absence remarquée d’importants événements nationaux, comme les funérailles de l’ancien lieutenant-gouverneur de l’Alberta, Lois Hole.
Le mandat d’Adrienne Clarkson est marqué par de nombreuses réussites. Elle demeure une fervente protectrice des arts et se déplace pour soutenir les troupes au Kosovo et en Afghanistan. Son discours à la cérémonie d’enterrement du soldat inconnu canadien, le 28 mai 2000, est un hommage émouvant très apprécié par les vétérans. Adrienne Clarkson affirme son intention d’établir de meilleurs liens entre le Canada et les peuples autochtones du Nord durant son mandat de gouverneur général. Elle crée la Médaille du Gouverneur général pour la nordicité, attribuée chaque année à un citoyen du Nord dont le travail a contribué à faire reconnaître l’importance du Nord canadien dans l’identité nationale. Elle a aussi voyagé dans tout le Canada, peut-être plus que tout autre gouverneur général, visitant son peuple et ajoutant un esprit de modernité à la fonction vice-royale.
Bien que le mandat d’Adrienne Clarkson se soit terminé en 2004, le premier ministre Paul Martin lui demande de rester en poste une année de plus, croyant que la continuité du rôle vice-royal offrira aux Canadiens un sentiment de stabilité face à l’insécurité d’un gouvernement minoritaire.
Le 8 juillet 2005, Adrienne Clarkson est admise à l’hôpital pour des problèmes de cœur et se fait implanter un stimulateur cardiaque quelques jours plus tard. Elle se remet rapidement et est de retour à ses activités prévues plus tard dans le mois. Elle reste gouverneure générale jusqu’au 27 septembre 2005, quand lui succède la militante sociale et journaliste Michaëlle Jean.
Vision de la fonction vice-royale
En 2006, Adrienne Clarkson publie son autobiographie, Heart Matters, qui devient un bestseller. Dans ce livre, elle écrit que « beaucoup de politiciens ne semblent pas savoir que l’autorité finale de l’État a été transférée du monarque au gouverneur général par les Lettres patentes de 1947, rendant par le fait même le gouvernement du Canada indépendant de la Grande-Bretagne ». Elle ajoute que « le gouverneur général est le chef de l’État au Canada, et est traité comme tel quand il est à l’étranger ». Cette interprétation des lettres patentes et cette prétention d’être chef de l’État lui attirent des critiques, et contredisent les avis de plusieurs constitutionnalistes et monarchistes. Bien que les lettres patentes donnent au gouverneur général l’autorité d’agir comme chef d’État aux plans domestique et international, elles ne changent rien au statut de chef d’État du monarque (voir Monarchisme).
En 2009, Adrienne Clarkson propose que les nominations au poste de gouverneur général soient approuvées par le Parlement dans un processus public, qui pourrait inclure des audiences télévisées. « Ils sont la personnification de la nation, et je crois que la nation doit voir par qui elle sera personnifiée », déclare-t-elle au Globe and Mail. Adrienne Clarkson affirme aussi qu’elle considère que son rôle de gouverneur général inclut l’éducation des citoyens à la démocratie parlementaire canadienne.
Vie et carrière après le mandat de gouverneure générale
En 2005, Adrienne Clarkson et son mari, John Ralston Saul, cofondent l’Institut pour la citoyenneté canadienne, qui a pour objectif d’accélérer l’intégration culturelle de nouveaux citoyens dans la société canadienne (voir citoyenneté).
En 2007, Adrienne Clarkson est nommée colonel-en-chef de la Princess Patricia’s Canadian Light Infantry. Aussi en 2007, elle s’engage dans le Centre mondial du pluralisme, une initiative internationale de l’Aga Khan et du gouvernement du Canada qui fait la promotion de la diversité dans le monde entier. Elle continue d’être présidente du comité exécutif et de siéger sur le comité d’administration, avec d’autres dignitaires comme Kofi Annan, Huguette Labelle et Eduardo Stein.
En 2009, Adrienne Clarkson publie une biographie de Norman Bethune dans le cadre de la série Extraordinary Canadians de Penguin Canada, dirigée par John Saul. La même année, elle crée la Coupe Clarkson, le trophée du championnat de la Ligue canadienne de hockey semi-professionnel féminin, où jouent beaucoup des membres de l’équipe olympique de hockey. La coupe se trouve dans le Temple de la renommée du hockey, à Toronto.
En 2011, Adrienne Clarkson publie Room for Us All, un recueil d’articles sur l’expérience des immigrants au Canada. En 2014, elle donne à la CBC une conférence Massey intitulée Belonging: The Paradox of Citizenship. Ses conférences Massey sont aussi publiées par House of Anansi.
Vie personnelle
Adrienne Clarkson épouse d’abord Stephen Clarkson, professeur d’économie politique à l’Université de Toronto de 1963 à 1975. Le couple a trois filles, dont l’une meurt du syndrome de mort subite du nourrisson. Après le divorce du couple, Stephen Clarkson reçoit la garde de leurs filles. En 1999, Adrienne Clarkson épouse le philosophe et romancier John Ralston Saul, son compagnon depuis 15 ans. Elle a quatre petits-enfants.
Honneurs
Adrienne Clarkson a reçu de nombreux prix et reconnaissances dans sa carrière à la télévision et son mandat de gouverneure générale. Elle a aussi reçu 32 doctorats honorifiques d’universités, dont l’Université d’Ottawa, l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard, l’Université Queen’s, l’Université Acadia, l’Université Dalhousie, l’Université Lakehead et l’Université Western. Elle est membre honoraire du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, du Collège Trinity à l’Université de Toronto, de l’Institut royal d’architecture du Canada et de la Société royale du Canada.
Prix
- Meilleur documentaire, ACTRA (1973)
- Meilleure communicatrice d’affaires publiques, ACTRA (1974)
- Prix Gordon-Sinclair pour franchise et intégrité en télédiffusion, ACTRA (1976)
- Meilleur auteure de documentaires pour la télévision, ACTRA (1977)
- Meilleure animatrice-intervieweuse de télévision, ACTRA (1982)
- Officier, Ordre du Canada (1992)
- Meilleur animatrice dans une émission ou série d’information légère, de variété ou d’arts du spectacle, Gemini Awards (1993)
- Prix Anik pour meilleure série de divertissement, CBC (1993)
- Meilleur Spécial des arts de la scène, Prix Gémeaux (1995)
- Chancelière et Compagnon principal de l’Ordre du Canada (1999)
- Compagnon, Ordre du Canada (2005)
- Chancelière, commandeur, Ordre du mérite des corps policiers (1999)
- Chancelière, commandeur, Ordre du mérite militaire, (1999)
- Membre, Conseil privé de la Reine pour le Canada (2005)
- Ordre de l’Amitié, Fédération de Russie (2006)