Les Dénésulines (également appelés « Chipewyans ») sont des Autochtones de la région subarctique du Canada qui habitent au sein de communautés au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta et dans les Territoires du Nord-Ouest.
Les Dénésulines (également appelés « Chipewyans ») sont des Autochtones de la région subarctique du Canada qui habitent au sein de communautés au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta et dans les Territoires du Nord-Ouest. Les Dénésulines sont des Dénés et ils partagent de nombreux traits culturels et linguistiques avec les communautés dénées voisines. En 2015, les Premières Nations Chipewyan comptaient plus de 23 000 membres inscrits. En 2011, l’Enquête nationale auprès des ménages a permis de recenser 12 950 locuteurs du chipewyan. Les Dénésulines sont très proches d’autres groupes dénés ainsi que des Cris et des Métis du Nord, qui cohabitent parfois dans la même communauté et parlent aussi le chipewyan. Les chiffres concernant les effectifs des populations et des locuteurs sont donc approximatifs.
Langue, population et géographie
Le mot Déné signifie « peuple » et est employé de manière très diverse. C’est notamment un terme collectif qui désigne les Indiens autrefois appelés Athapascans. Il est aussi souvent utilisé comme équivalent pour désigner la famille linguistique athapascane. Déné peut désigner un groupe linguistique (incluant les langues des Dénésulines, des Plats-Côtés-de-Chien, des Esclaves, des Couteaux-jaunes et d’autres) ou spécifiquement le chipewyan. En 2011, l’Enquête nationale auprès des ménages a permis de recenser 12 950 locuteurs du chipewyan. Le chipewyan possède deux dialectes, les dialectes « k » et « t », le « k » étant beaucoup plus rare que « t ». De nombreuses communautés tentent aujourd’hui de remettre leur langue au goût du jour grâce à des programmes d’éducation des jeunes.
Sur le plan linguistique, les Dénésulines sont très proches de leurs voisins dénés – les Plats-Côtés-de-Chien, les Esclaves et les Couteaux-jaunes – qui parlent des langues similaires et qui occupent des territoires contigus. Le territoire traditionnel des Dénésulines comprend des portions du Manitoba, de la Saskatchewan , de l’ Alberta et la partie sud des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut. À l’exception de celles présentes au Nunavut, les communautés contemporaines des Dénésulines occupent les mêmes régions situées entre le lac Athabasca et le Grand lac des Esclaves.
En mars 2015, plus de 23 000 personnes étaient inscrites comme membres d’une des Premières Nations Chipewyan, et la majorité d’entre elles habitaient en Saskatchewan. Approximativement 11 000 personnes étaient inscrites comme membres des Nations Chipewyan de la Saskatchewan, dont plus de 6 000 vivaient en Alberta, près de 3 000 au Manitoba et 3 000 également dans les Territoires du Nord-Ouest. Ces chiffres sont approximatifs, car ils englobent des communautés qui peuvent compter un nombre important de Cris, de Métis ou d’autres personnes dénées. De plus, ces chiffres n’incluent pas les Dénésulines qui peuvent avoir perdu leur statut à la suite d’une émancipation ou toute autre circonstance.
Vie traditionnelle et contact avec les Européens
L'organisation socioterritoriale traditionnelle des Dénésulines repose sur la chasse des troupeaux migrateurs de caribous de la toundra. Les groupes de chasse se composent de deux ou plusieurs familles apparentées se joignant à d'autres groupes similaires pour former de grandes bandes locales et régionales qui se réunissent et se dispersent avec les troupeaux. L'autorité limitée et non coercitive des chefs repose sur leur talent, leur sagesse et leur générosité. Les visions oniriques accordent également des pouvoirs spirituels qui sont exercés par les chamans. Ces visions reflètent une vision du monde qui laisse une grande part au monde naturel. Les missionnaires catholiques parviennent à convertir une majorité des Dénés présents dans la région et mettent ainsi fin aux systèmes de croyance traditionnelle.
Selon la tradition des Dénésulines, c’est Thanadelthur, la « Femme esclave », qui guida un employé de la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) en territoire chipewyan et mit ses compatriotes en contact avec les Européens. Le succès de cette rencontre amène la CBH à construire le fort Prince of Wales (ou fort Churchill), en 1717, pour y faire la traite des fourrures avec les Dénésulines . Ce commerce contribue à la détérioration des relations entre ces derniers et leurs voisins Cris, au sud. Entre 1716 et 1760, des relations pacifiques commencent néanmoins à se réinstaller entre Dénésulines et Cris, mais les hostilités persisteront encore longtemps en certains endroits. À la fin du 18e siècle, la traite des fourrures nuit également aux relations qu’entretenaient les Dénésulines avec leurs voisins du Nord, les Inuits, qu'ils appellent hotel ena (« les ennemis de la plaine »).
À la fin du 18e et au début du 19e siècle, la traite des fourrures s'étend vers l'ouest depuis la baie d’Hudson jusqu'au Grand lac des Esclaves. Les Couteaux-jaunes profitent de leur position stratégique et, au début du 19e siècle, ils occupent brièvement la région de la rivière Yellowknife, d'où ils chassent les Plats-Côtés-de-Chien jusqu'à ce que ceux-ci ripostent en 1823. Certains Dénésulines commencent à chasser et à piéger dans la forêt boréale, où les animaux à fourrure sont plus abondants, et ils étendent leur territoire vers le sud. Certains commencent même à occuper la bordure septentrionale de la forêt-parc où ils chassent le bison. D’autres restent plus indépendants de la traite des fourrures, même si certains sont prêts au troc pour obtenir de la nourriture. À la fin du 19e siècle, la plupart des Dénésulines vivent déjà dans les communautés et les régions qu'ils occupent aujourd'hui. Les épidémies de maladies européennes déciment les populations, la première grande épidémie de variole surgissant entre 1781 et 1782, suivies par d'autres épidémies jusqu'à la fin de la première moitié du 20 e siècle.
Défis coloniaux et vie contemporaine
Les Dénésulines établissent des relations officielles avec le gouvernement canadien dans le cadre du processus des traités qui débute en 1876. Ils subissent pendant un siècle les politiques fédérales visant à détruire leur culture par l’assimilation, en particulier par l’intermédiaire des pensionnats. Au 20e siècle, leur mode de vie est particulièrement menacé par l’apparition de nouvelles activités visant à exploiter leurs terres, des activités appuyées par des politiques fédérales et provinciales qui encouragent le développement de l'industrie primaire dans le Nord. Les Dénésulines parviennent ainsi de plus en plus difficilement à subsister grâce à leurs activités traditionnelles de pêche et de piégeage, en particulier après la Deuxième Guerre mondiale, lorsque le gouvernement encourage les peuples autochtones à se réinstaller en permanence dans des communautés administrées, où la plupart vivent aujourd'hui.
Aujourd'hui, les Dénésulines reprennent progressivement le contrôle de leurs communautés et de leurs terres traditionnelles en négociant avec le gouvernement fédéral des ententes portant sur leurs revendications territoriales et leur autonomie gouvernementale . Les Dénésulines font maintenant revivre leurs activités traditionnelles de chasse et de piégeage et cherchent à protéger leur culture et leur langue ainsi qu'à rétablir les liens traditionnels qui les unissent à la terre.