Le cheval (Equus caballus) est un mammifère herbivore ongulé, c'est-à-dire pourvu d'onglons ou sabots qui en font un coureur remarquable. Ses allures naturelles regroupent la marche, le trot, le petit galop et le galop. Animal sociable et passablement intelligent, le cheval constitue pour l'être humain une aide précieuse et un bon compagnon. D'ailleurs, le cheval partage avec le chien le titre de meilleur ami de l'homme. En plus d'être un ami, le cheval a, pendant des centaines d'années, été le plus fidèle serviteur de l'humanité; sa force musculaire et sa résistance lui permettent d'accomplir de gros travaux d'agriculture et, grâce à son endurance, les pionniers ont pu transporter de lourdes charges sur de longues distances.
La mécanisation a forcé le cheval vers de nouveaux rôles dans le sport et les activités récréatives. Dans certaines parties du globe, la viande de cheval fait partie du régime alimentaire, mais les Canadiens n'ont jamais démontré un grand intérêt à manger leur meilleur ami animal. On a créé plusieurs races selon les différents emplois qu'on a fait des chevaux. Elles diffèrent surtout par la taille, qui varie de 10 à 12 mains pour le poney Shetland, à 17 mains chez certaines grandes races. Une main, unité utilisée pour mesurer la hauteur au garrot, vaut environ 10 cm. Plus de 25 races reconnues ont été introduites et élevées au Canada.
Histoire du cheval en Amérique du Nord
Le cheval est un pionnier sur ce continent et mérite d'être traité avec respect. Exception faite du dindon, il est le seul animal domestique dont la famille zoologique est née sur le continent américain. Ainsi, une grande partie de l'histoire des équidés, vieille de 40 millions d'années, est écrite de façon indélébile dans le roc. En effet, même si des fossiles témoignent de l'existence de chevaux ailleurs dans le monde, nulle part trouve-t-on des preuves d'une présence paléontologique aussi longue et ininterrompue que sur ce continent où l'on peut retracer, pas à pas, l'histoire de l'évolution du cheval à partir du petit et primitif Eohippus (de la taille d'un terrier à poil dur) aux chevaux dont la taille et l'apparence ressemblent à celles des chevaux modernes.
L'Eohippus avait quatre orteils sur chaque membre antérieur et trois sur chaque membre postérieur. Ce petit animal, sans défense véritable, vivait dans les marais. Même si des doutes subsistent au sujet de son alimentation, la forme de ses pieds, la petitesse relative de son estomac (encore évidente chez le cheval d'aujourd'hui) et la présence de canines chez le mâle, laissent supposer que le petit Eohippus n'était pas un végétarien strict.
On pense que les chevaux ont vécu en très grand nombre sur le continent américain, au moins jusqu'à leur disparition après quelque fléau. Ils y vivaient encore lorsque les premiers hommes sont arrivés (voir Préhistoire). Les premiers Nord-Américains festoyaient en mangeant leur viande. Leurs brasiers, où les os de chevaux se mêlaient aux pointes de flèches et à la cendre, découverts sur les emplacements de leurs feux de camp le prouvent. À cette époque, des chevaux ont émigré en Asie en passant par la bande de terre qui permit aux premiers humains de s'installer sur ce continent. Ainsi, ils ont échappé à l'extinction et se sont répandus dans toute l'Asie.
Première domestication
Il semble que les Chinois soient les premiers à avoir domestiquer le cheval. Les chevaux domestiqués ont ensuite atteint la Méditerranée et le Nord de l'Afrique où les races se sont améliorées. Certains de ces animaux, amenés en Europe par des peuples envahisseurs, ont été laissés derrière eux et ont rehaussé la qualité des chevaux d'Espagne et de France. Lors de son deuxième voyage vers l'Ouest, en 1493, Christophe Colomb a sans doute amené des chevaux espagnols aux Antilles. Quoi qu'il en soit, Hernando Cortez, conquistador espagnol, débarque 16 ou 17 chevaux sur le continent nord-américain en 1519. Ainsi, après une longue absence, les chevaux américains sont de retour sur leur terre natale.
Chevaux des colons
Les Autochtones adoptent d'emblée le cheval qui passe d'une tribu à l'autre, généralement parce qu'ils sont volés. Selon les documents de Arthur Silver Morton, les autochtones de la vallée de Bow River possèdent des chevaux en 1730 et, avant longtemps, toutes les tribus de l'Ouest en possèdent. Les colons de Selkirk qui arrivent à la rivière Rouge en 1812 ont un urgent besoin de bêtes et ils se réjouissent à l'idée d'obtenir des chevaux des Autochtones.
Dans l'Est, les premiers chevaux sont ramenés de France pour les colons installés le long du Saint-Laurent. En 1665, Louis XIV décide d'envoyer 21 juments et 2 étalons des écuries royales. Ces chevaux ainsi que d'autres envoyés plus tard constituent la lignée de chevaux noirs robustes, reconnus plus tard comme la race canadienne-française ou race canadienne, chevaux encore prisés par de nombreux fermiers québécois.
Un animal fort et puissant est essentiel aux colons établis dans le Haut-Canada et, plus tard, au Manitoba et dans les Territoires. Au début, certains utilisent le boeuf parce qu'il est plus facile à obtenir et qu'il peut « vivre de la terre » mais, en bout de ligne, tous veulent des chevaux ou, s'ils en ont déjà, ils en veulent de meilleurs. Or, l'amélioration de la race dépend de l'importation de reproducteurs de race approuvée. Le premier étalon de race pure à venir dans l'Ouest est Fireaway, un trotteur Norfolk importé d'Angleterre par la Compagnie de la Baie d'Hudson pour les colons de Rivière Rouge. Il connaît un succès sans précédent.
« Bataille des races »
Par la suite, la demande d'étalons de race lourde se fait plus pressante. Les colons britanniques veulent des races de leur pays natal (Clydesdale, Shire, Suffolk) tandis que les colons européens et américains préfèrent le Percheron et le Belge. Les fermes canadiennes sdeviennent la scène d'une véritable « bataille des races ». Au début, le Clydesdale écossais, élégant avec ses marques blanches et son allure active, est le plus populaire (reflétant ainsi la prédominance des colons britanniques) mais, avec le temps, le Percheron de France et le Belge, tous deux de taille plus imposante, emportent la faveur.
En 1921, époque où presque tous les fermiers canadiens possèdent des chevaux, la population chevaline se chiffre à 3,5 millions. On compte un million de chevaux en Saskatchewan, principalement des Clydesdale, Percherons, et Belges. La rivalité entre les races devient si forte que, à l'église, les partisans des Clydesdale ne s'assoient pas du même côté que les partisans des Percherons et des Belges.
Mais, pendant que le débat des races persiste, la mécanisation et l'introduction des tracteurs à vapeur dans les fermes de l'Ouest remettent en question la suprématie des chevaux de trait. Ces lourds tracteurs sont excellents pour certains travaux mais ils sont lents et peu maniables pour le travail au champ. En 1908, lors de la tenue du premier concours de véhicules agricoles à l'Exposition industrielle de Winnipeg, les tracteurs à essence sont les plus populaires.
Les petits tracteurs à essence ou à kérosène seront des objets recherchés durant la Première Guerre mondiale alors qu'on demande aux fermiers d'augmenter la production mais qu'on les prive en même temps de travailleurs. Le déclin du cheval est ainsi amorcé.
Déclin du cheval
Un événement qui a marqué l'année 1918 est l'achat par le gouvernement fédéral de 1 000 tracteurs deux socs Ford et leur revente aux fermiers à prix coûtant (environ 800 $ avec livraison). Bien que ces tracteurs légers à quatre cylindres et à grande vitesse signalent des temps nouveaux pour les agriculteurs, l'élevage de chevaux, en contrepartie, est à la baisse.
Ainsi, en 1944, les fermiers et les propriétaires de ranch disposent de milliers de chevaux qu'ils ne peuvent vendre mais qu'ils doivent nourrir. En mars, lors d'une réunion tenue à Val Marie (Saskatchewan), la Western Horse Marketing Cooperative est fondée. Son mandat est double : assurer aux propriétaires de chevaux un profit de la vente de leurs animaux et leur permettre de garder les pâturages pour les bovins et les moutons.
En octobre 1945, les propriétaires de chevaux ont les yeux fixés sur l'Europe d'après-guerre qui représente alors un marché intéressant. Des abattoirs et des usines de transformation sont établis à Swift Current (Saskatchewan) et à Edmonton et, en 1952, on enregistre la vente de près de 250 000 chevaux et des recettes d'environ 19 millions de dollars dont la majeure partie vient de la viande en conserve expédiée en Europe. En 1986, les exportations de viande de cheval totalisent plus de 17 000 tonnes dont la valeur atteint 41,1 millions. Les principaux acheteurs sont la France et le Japon. En général, on abat les chevaux qui sont vieux ou infirmes; on n'élève pas de chevaux de boucherie.
Prépondérance des chevaux légers
Les chevaux de trait ont presque disparu des fermes canadiennes; la terminologie d'usage est oubliée et on ne parle plus de courroies, d'attelles, de martingales, ni de bat-culs. Tout n'est cependant pas perdu : avec la venue de la civilisation des loisirs, les Canadiens développent un intérêt pour les chevaux plus légers.
La montée des races légères est tout aussi spectaculaire que le déclin des races lourdes. Chaque type et chaque race de chevaux légers a son utilité. Certains, comme ceux utilisés par les cow-boys, sont tellement utiles et irremplaçables que leur popularité ne se dément jamais. La recherche de chevaux convenant à de nouveaux sports ou activités récréatives attire l'attention du public sur des races peu connues.
Deux races anciennes, le cheval arabe et le cheval pur-sang, ont joué un grand rôle dans l'amélioration ou la création d'autres races dont le Hackney, le French Coach et le German Coach de la catégorie des chevaux de trait; le Standardbred américain et le Morgan, considérés comme roadsters ou trotteurs; le cheval de selle américain, le Tennessee walking horse et le Quaterhorse sont tous d'origine américaine; et, finalement les races dont la popularité est récente, soit le Palomino, l'Appaloosa, le Pinto et le cheval louvet qui ont tous une robe de couleur particulière. Diverses races de poneys ont aussi été enregistrées : Shetland, Welsh, Dartmoor, Exmoor, Fell, Highland, Iceland et New Forest.
Les courses de chevaux sont considérées comme « le sport des rois » (voir Courses de pur-sang), et plusieurs monarques anglais en sont des fervents. Charles II va jusqu'à importer 40 juments barbes, arabes et turques qui seront à l'origine de la race pur-sang. Toutes les grandes villes possèdent leur piste de course et leur programme saisonnier. Les chevaux de course sont principalement les Pur-sang (courses de plat) et le Standardbred (course attelées avec sulkys).
Le Standardbred, élevé dans les États de l'Est américain, est le roadster américain original, un trotteur pouvant être entraîné à l'amble. Le trot est une allure diagonale où les bipèdes diagonaux se lèvent et se posent tour à tour. L'amble est une allure dans laquelle les deux membres du même côté se lèvent et se posent simultanément; cette allure est naturelle chez certains chevaux, d'autres doivent y être entraînés. Les bons trotteurs et les bons ambleurs peuvent courir un mille sous la barre des deux minutes.
Concours hippiques
Les concours hippiques, nombreux et populaires, se conforment aux règles élaborées par l'Association canadienne de spectacles épiques. Au fil des années, les chevaux canadiens ont établi des records, entre autres, les sauteurs Confidence (dans l'Est) et Barra Lad (dans l'Ouest). Confidence, propriété de sir Clifford Sifton, établit un record mondial en sautant 254,11 cm lors d'un concours à Ottawa; Barra Lad, né à Essondale (Colombie-Britannique) et monté par Peter Welsh de Calgary, fait un saut prodigieux de 247,65 cm devant 6 000 spectateurs réunis à New Westminster en 1925. C'est un nouveau record mondial mais il se teinte d'une fin tragique : le célèbre cheval meurt le soir même.
Les concours hippiques atteignent leur plus haut niveau de compétition et d'éclat au Royal Agricultural Winter Fair de Toronto qui se déroule depuis 1922. Dans l'Ouest, les excellentes installations de Spruce Meadows sont de renommée internationale. Parmi les autres concours hippiques, citons les rodéos, dont le plus important est celui du Stampede de Calgary et les randonnées à cheval en montagne organisées pour la première fois par John Murray Gibbon après son arrivée au Canada en 1913. Le dressage tente de démontrer l'art d'éduquer le cheval et d'en présenter le produit final sur piste. Les concours de chevaux de retranchement plairont à ceux qui aiment le Quarter horse et les épreuves mettant en jeu le bétail.
Voir aussi Chevaux de l'île de Sable.