Château, clique du
Clique du Château est le surnom donné à un petit groupe de dirigeants, en général des membres de la communauté marchande anglophone, y compris John MOLSON et James MCGILL, qui a dominé les conseils exécutif et législatif ainsi que les postes de juges et de hauts fonctionnaires du BAS-CANADA jusqu'aux années 1830. Nommés par le gouverneur, les membres des conseils lui faisaient des recommandations sur les affaires locales, contribuaient à l'élaboration des politiques gouvernementales et contrôlaient les recettes, le mécénat et les concessions de terre. L'expression fait allusion au château Saint-Louis, la résidence du gouverneur et l'emplacement des bureaux du gouvernement.
La clique s'employa énergiquement à la construction de canaux, à l'établissement d'institutions bancaires et à l'abolition du SYSTÈME SEIGNEURIAL et du DROIT CIVIL français. En 1810, l'influence des marchands sur le gouvernement se limite aux conseils nommés. En effet, les autorités impériales ont tendance à céder les terres à la majorité d'expression française; de plus, les marchands anglophones sont évincés de l'assemblée élue par les professionnels canadiens-français. Avant 1810, les conseils nommés ont résisté aux tentatives de Pierre BÉDARD d'instituer la responsabilité ministérielle. Dans les années 1820, ils s'opposent aux efforts de l'assemblée visant à prendre le contrôle des recettes publiques et poursuivent leurs efforts d'assimilation des Canadiens-français. En 1822, la clique appuie le projet de réunir le Haut et le Bas-Canada. Enfin, dans les années 1830, elle bloque les résolutions de Louis-Joseph PAPINEAU, qui exige un GOUVERNEMENT RESPONSABLE sous la forme d'un conseil législatif élu. En 1834, les tensions ethniques de même que les tensions entre les classes ont à ce point polarisé la politique que seuls neuf membres anglophones de l'assemblée appuient les conseils nommés; par la suite, l'influence de la clique du Château ne cessera de décliner.