La charrette de la rivière Rouge était un moyen de transport utilisé par les Métis des Prairies pendant la colonisation de l’Ouest, du milieu à la fin du 19e siècle, pour transporter des charges sur de longues distances. Le nom de la charrette vient de la rivière Rouge, aux abords de laquelle la colonie de la rivière Rouge (1812-1870), habitée principalement par des Métis, a été établie. Les Métis avaient leurs propres mots en mitchif pour désigner la charrette, notamment aen wagon et aen charet.
Origines et usages
La charrette de la rivière Rouge est utilisée par les Métis des Plaines pendant la majeure partie du 19e siècle pour transporter des marchandises, notamment de la viande de bison, entre les différents lieux de chasse, de camping et, plus tard, d’agriculture. Pendant les années de la traite des fourrures, les charrettes de la rivière Rouge remplacent progressivement les barges de York en tant que principal moyen de transport des cargaisons, étant donné leur plus grande capacité globale. En plus de leur utilisation comme véhicules de transport, les charrettes de la rivière Rouge servent de domicile temporaire lors de longs voyages.
Une fois reliées, les charrettes forment des trains qui facilitent le commerce dans l’Ouest. Dans les années 1850, des caravanes de charrettes parcourent déjà les 885 km qui séparent Fort Garry, à Winnipeg, de Saint Paul, au Minnesota. Dix ans plus tard, quelque 600 charrettes effectuent deux voyages aller-retour par année, chacune transportant une cargaison de 270 kg à 360 kg. La plus longue route empruntée par les charrettes est le chemin de Carlton qui relie Fort Garry à Fort Ellice et à Fort Carlton (en bordure de la rivière Saskatchewan Nord), avant d’atteindre Fort Edmonton. Pendant longtemps et jusque dans les années 1860, environ 300 charrettes font un voyage par saison à partir de la colonie de la rivière Rouge, transportant marchandises et fourrures. Vers 1875, la charrette cède progressivement sa place au bateau à vapeur et, finalement, au train.
Le saviez-vous?
La charrette de la rivière Rouge était si fortement associée aux Métis que les peuples des Premières nations des Plaines les appelaient « mi-charrette, mi-homme ». (Voir aussi Peuples autochtones des Plaines au Canada.)
Construction
Construites entièrement en bois, les charrettes de la rivière Rouge sont assemblées avec du cuir, de la babiche ou de la corde. On utilise du shaganappi (cordons de cuir brut) pour envelopper les roues. La charrette est tirée par un poney, un cheval ou un bœuf qu’on attelle à deux limons attachés à l’essieu. Les femmes fabriquent des couvertures pour les charrettes en peau ou en toile, que l’on tend ensuite sur un cadre en bois arqué.
La charrette de la rivière Rouge est facile à réparer et parfaitement adaptée aux conditions des Prairies. Ses deux hautes roues profondément concaves en font une voiture stable pouvant être tirée dans la boue et les marécages. En hiver, avec un minimum d’ajustements, l’espace réservé aux passagers se transforme aisément en traîneau. La charrette, en bois flottable, peut traverser des cours d’eau et est assez robuste pour transporter des charges de 450 kg.
Le saviez-vous?
Les charrettes de la rivière Rouge étaient bruyantes. La friction du bois et du cuir produisait un grincement aigu entendu à des kilomètres à la ronde. Les Métis ne graissaient pas les essieux pour adoucir le son, par crainte d’attirer de la saleté qui finirait par obstruer les pièces et ralentir le véhicule.
Importance culturelle
Les charrettes de la rivière Rouge font partie intégrante de la culture métisse ainsi que de l’histoire du Manitoba. Fièrement représentée sur divers drapeaux et logos métis, la charrette de la rivière Rouge symbolise le savoir-faire et l’esprit d’entreprise de ce peuple. On peut encore voir les charrettes de la rivière Rouge exposées dans divers musées, parcs et centres culturels à travers le pays.