Des célébrations, des activités, et des événements de toutes sortes ont eu lieu à travers le Canada en 1967 pour marquer le 100e anniversaire de la Confédération, et pour promouvoir les réussites, l’histoire et le patrimoine culturel du pays. La Commission canadienne du Centenaire a financé des milliers d’activités et d’événements spéciaux, comme la création de la médaille du Centenaire, la tournée du train et des caravanes du Centenaire, ainsi qu’une foule d’événements sportifs et musicaux à travers la nation. L’un des moments forts de l’anniversaire a été sans contredit l’Expo 67, exposition universelle tenue à Montréal, qui a connu un immense succès et a été visitée par 50 millions de personnes. De plus, les provinces, les municipalités, les entreprises et les citoyens ont organisé des milliers d’événements qui ont contribué à une ambiance nationale d’enthousiasme et d’optimisme.
Contexte et administration
Un comité de chefs d’entreprises, présidé par C. M. Drury, contribue initialement à convaincre John Diefenbaker, alors premier ministre, que le 100e anniversaire du Canada devrait être une occasion mémorable. La planification des célébrations du centenaire commence officiellement en janvier 1963 avec la création de la Commission du Centenaire. L’un des publicistes les plus connus au pays, John Fisher (appelé « Monsieur Canada »), est nommé commissaire du Centenaire. Son mandat se poursuit sous la direction du premier ministre Lester Pearson, et il est assisté des commissaires associés Georges-E. Gauthier et Gilles Bergeron.
Aperçu
Un grand éventail d’activités et d’événements ont lieu tout au long de l’année, mais plus particulièrement le 1er juillet. Des célébrations sont tenues à travers le pays, couvrant toutes les sphères d’activités et mobilisant toutes les facettes de la société canadienne à un degré sans précédent, des arts créatifs et de la scène aux sports, en passant par les entreprises, les organismes culturels et les écoles. Parmi d’autres événements plus légers, on trouve des courses de baignoires, des défilés et des fêtes en costumes d’époque. Le village de Saint-Paul, en Alberta, fait même construire une plateforme d’atterrissage pour les ovnis.
Les commémorations de l’année sont divisées en deux catégories : les monuments et les activités. Désireux de laisser derrière eux un souvenir littéralement concret de cette année, le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux financent une grande variété de projets de construction. La Commission du Centenaire prévoit un budget de 25 millions de dollars, soit environ 1 dollar pour chaque personne du Canada. Chaque dollar dépensé par une municipalité pour un événement du centenaire est égalé par un dollar de la part du gouvernement fédéral et un dollar de chaque gouvernement provincial respectif.
Une telle générosité encourage la construction d’installations comme des bibliothèques, des galeries d’art, des théâtres et des complexes sportifs. Chaque province acquiert un édifice du Centenaire. Le monument commémoratif le plus somptueux est le
Centre national des Arts à Ottawa, financé entièrement par le gouvernement fédéral. L’événement spécial le plus important, le plus réputé, le plus dispendieux
et le plus complet est l’Expo 67 et son compagnon le Festival mondial, tous deux situés à Montréal.
Cérémonies d’ouverture
Les festivités commencent le 31 décembre 1966 à minuit, lorsque le premier ministre Lester Pearson, la secrétaire d’État Judy LaMarsh (la ministre responsable de la Commission du Centenaire), le chef de l’opposition John Diefenbaker et des milliers d’autres personnes participent à une cérémonie sur la Colline du Parlement, qui culmine avec l’allumage de la Flamme du Centenaire alimentée au gaz. Des villes et des municipalités partout au pays organisent également des feux d’artifice, des défilés, et des cérémonies de cloches et d’illumination. À Toronto, un défilé aux flambeaux et des feux d’artifice à Queen’s Park attirent plus de 40 000 personnes.
Logo du Centenaire
Toutes les publications et tous les événements du Centenaire arborent le logo du Centenaire qui est conçu par Stuart Ash. Le logo représente une feuille d’érable stylisée composée de 11 triangles équilatéraux représentant les 10 provinces du Canada et les Territoires du Nord-Ouest (géographie acceptée du Canada à l’époque).
Médaille du Centenaire
Une médaille spéciale du Centenaire est instituée le 1er juillet 1967 en reconnaissance des personnes qui ont apporté une précieuse contribution au pays. Conçue par Bruce W. Beatty, la médaille du Centennaire est une médaille ronde en argent suspendue à un ruban rayé rouge et blanc. Un côté de la médaille affiche le monogramme royal et la couronne par-dessus une feuille d’érable, le tout entouré des mots « CONFEDERATION CANADA CONFÉDÉRATION ». Le revers de la médaille présente les armoiries du Canada avec les dates « 1867-1967 » inscrites au-dessous.
Les membres des Forces armées canadiennes reçoivent environ 30 % des 29 500 médailles créées. Les nominations sont soumises par le gouvernement fédéral, et les gouvernements provinciaux et municipaux, ainsi que par des organisations culturelles, professionnelles et éducatives, des groupes d’anciens combattants, des associations sportives et des organismes de bienfaisance.
Monnaie du Centenaire
En 1967, une monnaie spéciale célébrant le 100e anniversaire de la Confédération est émise. Le ministre des Finances organise un concours pour la conception d’un motif sur l’un des côtés de chaque pièce, l’autre côté arborant le buste de la reine. Le gagnant pour la conception de toutes les pièces est l’artiste Alexander Colville, qui orne la pièce d’une cent d’une tourterelle en plein vol, celle de cinq cents d’un lapin et la pièce de dix cents d’un maquereau. Le 25 cents montre un lynx roux, tandis que la pièce de 50 cents représente un loup hurlant et le dollar, une oie canadienne en vol.
Train de la Confédération
Le train de la Confédération, une locomotive au diesel et des wagons spécialement conçus, prêtés par les Chemins de fer nationaux du Canada, sont remplis d’expositions mettant en valeur l’histoire et la culture canadiennes. Arborant le logo du Centenaire sur le nez du moteur de train, et de grandes lettres violettes et blanches épelant « CANADA 1867 1967 » sur les côtés de ses wagons, le train du Centenaire commence son voyage le 9 janvier 1967 à Victoria, en Colombie-Britannique. Il éblouit plus de 2,5 millions de visiteurs dans 63 villes à travers le pays, et son sifflet chante les 4 premières notes de l’« Ô Canada » à chaque arrivée et départ. Le train arrive en Nouvelle-Écosse en octobre et effectue son dernier arrêt, à Montréal, le 5 décembre.
Les semi-remorques de la Caravane du Centenaire qui transportent des expositions semblables atteignent près de 6,5 millions de personnes dans 655 communautés plus petites, que le réseau ferroviaire n’a pu atteindre. Tout comme celles du train, les expositions des caravanes sont des attractions extrêmement populaires.
Tambours des Forces armées canadiennes
Les Forces armées du Canada contribuent aux célébrations du Centenaire avec une tournée de spectacles de tambours, appelée « Canadian Armed Forces Tattoo 1967 ». À l’époque, ces spectacles populaires constituent le plus vaste déploiement militaire en temps de paix au pays, et quelque 1 700 soldats provenant des 3 branches des Forces armées sont utilisés pour recréer un peu plus de 300 ans d’histoire militaire canadienne.
Événements de l’ARC et de la GRC
À l’occasion du Centenaire, l’Aviation royale canadienne (ARC) restaure deux aéronefs Avro 504K, les premiers avions militaires du Canada, pour les faire voler à travers le pays, dans des spectacles aériens avec les Golden Centennaires, les prédécesseurs des Snowbirds. En juin 1967, on tient également plusieurs activités en l’honneur de la Semaine des anciens combattants. Le carrousel et la fanfare de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) font aussi une tournée au Canada, dans le cadre de laquelle ils visitent l’Arctique canadien pour la toute première fois.
Bébés du Centenaire
Les bébés nés le 1er juillet 1967 sont déclarés « bébés du Centenaire ». Différentes communautés désignent aussi les bébés nés sur leur territoire après le 1er juillet comme le bébé du Centenaire de leur région. Kara ffolliott (née Kara Marie Ott) est la première enfant née au Canada le 1er juillet 1967 (à 0 h 18 à Regina, en Saskatchewan), et elle est officiellement déclarée bébé du Centenaire du Canada. Parmi d’autres bébés du Centenaire, citons la mannequin et vedette de la télévision Pamela Anderson (née à 4 h 8 à Ladysmith, en Colombie-Britannique).
Police de caractères Cartier
L’influent typographe et designer Carl Dair consacre plus de dix ans à la conception de la toute première police de caractères canadienne en lettres romaines. Nommée en l’honneur de l’explorateur Jacques Cartier et dédiée au peuple canadien, cette police est une commande du gouvernement fédéral dévoilée en janvier 1967. En 1982, elle est utilisée pour l’impression de la Charte canadienne des droits et libertés. Elle sert plus tard à la création de la police populaire Raleigh et, dans les années 1990, de la police numérique Cartier Book.
Arts de la scène
Les arts sont un point de mire particulier pour la Commission du Centenaire. Sous l’égide de Festival Canada, des tournées nationales sont organisées pour Anne of Green Gables, Les Feux-Follets, Don Messer and His Islanders, l’Orchestre symphonique de Montréal, le Ballet national du Canada, l’Orchestre national des jeunes du Canada, l’Orchestre philharmonique de New York, Gordon Lightfoot, et Ian et Sylvia Tyson.
Un festival s’étendant sur un an a lieu à Ottawa et présente des performances des artistes nommés ci-dessus, ainsi que de la Compagnie d’opéra canadienne et du Chœur du Centenaire canadien, formé spécialement pour les festivités. Les groupes d’artistes de la scène partout au Canada reçoivent un soutien financier pour leurs productions et leurs commandes. Le Centre de musique canadienne à lui seul reçoit une bourse de 60 000 $ utilisée pour financer la création d’environ 45 œuvres qui sont jouées sur scène au Canada en 1967.
Le Conseil canadien des arts populaires organise 100 festivals folks au Canada tout au long de l’année 1967. De nombreux groupes musicaux et compagnies de danse font partie des 35 000 participants aux festivals provinciaux et régionaux célébrant la diversité du patrimoine culturel du Canada.
Un festival s’étendant sur un an est tenu à Ottawa, et comprend des performances des artistes nommés ci-dessus, ainsi que de la Compagnie d’opéra canadienne et du Chœur du Centenaire canadien, formé spécialement pour les festivités. Les artistes de la scène partout au Canada reçoivent un soutien financier pour leurs productions et des commandes. Le Centre de musique canadienne à lui seul reçoit une bourse de 60 000 $ utilisée pour financer la création de quelque 45 pièces originales à présenter sur scène au Canada en 1967.
Le Conseil canadien des arts populaires organise 100 festivals folkloriques au Canada au cours de 1967. De nombreux groupes musicaux et compagnies de danse font partie des 35 000 participants aux festivals provinciaux et régionaux célébrant la diversité du patrimoine culturel du Canada.
Musique
Les performances musicales représentent une partie importante des célébrations du Centenaire (voir Musique à Expo 67). Dans tout le pays, des divertissements professionnels et amateurs sont organisés grâce à des bourses offertes aux groupes locaux. D’innombrables chorales, compagnies d’opéra, orchestres, ensembles de chambre et musiciens populaires et folks donnent des spectacles spéciaux.
Du côté de la musique classique, un financement spécial permet la présentation d’œuvres majeures comme le War Requiem de Benjamin Britten par l’Orchestre symphonique de Vancouver, le Requiem de Verdi par l’Orchestre symphonique de Victoria, Carmina Burana d’Orff par l’Orchestre symphonique de Winnipeg, la Turangalîla-Symphonie de Messiaen par l’Orchestre symphonique de Toronto, ainsi qu’Otello de Verdi, et Faust de Gounod par l’Orchestre symphonique de Montréal. Parmi les opéras présentés, parfois en première, on compte Louis Riel de Harry Somers, et The Luck of Ginger Coffey de Raymond Pannell (Compagnie d’opéra canadienne), Rigoletto (Vancouver Opera) et Faust (Edmonton Opera).
Les bourses de la Commission du Centenaire financent des compétitions musicales organisées par la Fédération canadienne des festivals de musiques et Jeunesses Musicales du Canada. De nombreux compositeurs canadiens comme Louis Applebaum, Violet Archer, John Beckwith, Alexander Brott, Robert Fleming, Ann Southam et R. Murray Schafer, reçoivent des commandes de différents organismes pour la création d’œuvres en l’honneur du Centenaire.
Parmi les nombreuses compositions écrites pour le Centenaire, celle qui obtient la plus grande popularité et longévité est l’emblématique Canadian Railroad Trilogy, une chanson de Gordon Lightfoot commandée par la CBC. Une autre chanson nationale très populaire et entendue partout au Canada durant l’année centenaire est la chanson Ca-na-da de Bobby Gimby. La chanson A place to Stand (Ontari-ari-ari-o) écrite par Dolores Claman et Richard Morris et présentée dans le film du même nom lauréat d’un Oscar, est également immensément populaire en Ontario.
Rex LeLacheur compose la chanson officielle du Centenaire, Hymne du Centenaire, qui comprend des paroles en anglais par Rev Kenneth Moyer et en français par Ronald Dupres. L’Hymne à l’occasion du Centenaire de la Confédération canadienne de James Healey Willan, est mis en paroles par Robert Choquette (adapté en anglais par John Glassco). Une troisième chanson nationale du Centenaire, My Canada, est également composée par Raymond Gould et Frederick Sheffield.
Dans le cadre du Centenaire, la compagnie de disques RCA Victor et la CBC collaborent à la publication de Musique et musiciens du Canada, une collection de 17 albums comprenant 42 chansons composées par 32 Canadiens et interprétées par des musiciens du Canada, et à la publication de Chansons folkloriques du Canada : collection du Centenaire, une série de 9 albums comptant 120 titres.
Littérature
Afin d’encourager la littérature canadienne, la Commission du Centenaire offre des bourses aux auteurs canadiens qui traitent de sujets canadiens (voir Littérature du Centenaire). Le gouvernement fédéral offre également un total de 23 000 livres dans 451 bibliothèques pour promouvoir la culture canadienne.
Cinéma et vidéo
L’Office national du film du Canada lance le programme Société nouvelle pour aborder les enjeux sociaux de l’époque par le biais du cinéma et de la vidéo. Il crée également le film novateur Hélicoptère Canada (1966), un portrait aérien d’une heure sur le Canada, ainsi que Labyrinthe (1967), une installation de multi-écrans qui s’avère l’une des attractions les plus populaires de l’Expo 67. Présenté dans un édifice en béton de cinq étages, le projet sert de modèle initial pour l’élaboration du système de projection IMAX.
Arts visuels
La Banque de Montréal s’implique dans les festivités en parrainant un artiste pour des esquisses représentant des scènes canadiennes contemporaines d’un océan à l’autre. Le Musée des beaux-arts du Canada présente une exposition de 350 œuvres d’art canadiennes créées au cours des 300 dernières années, la plus importante exposition d’art canadien l’époque.
A Place to Stand (1967), une œuvre commandée par le gouvernement de l’Ontario pour le pavillon de l’Ontario à l’Expo 67, sert également de précurseure au procédé IMAX. Le film de 18 minutes, réalisé avec un budget de 500 000 $,
comprend environ 90 minutes d’images vidéo montrées simultanément sur 15 panneaux différents à l’aide d’une « technique d’image multi-dynamique » novatrice. L’œuvre, qui brosse un tableau promotionnel du peuple, des lieux et des industries
de la province, remporte le prix du film de l’année au Palmarès du film canadien, et l’Oscar du meilleur court-métrage d’action en direct.
Sports
Les célébrations sportives de 1967 rivalisent avec les événements artistiques à travers le pays. Les premiers Jeux du Canada sont tenus en hiver à Québec, suivis en juin par les Jeux paralympiques canadiens. Plus de 100 compétitions nationales et internationales sont organisées au Canada cette année-là, allant d’événements grand public, comme les Jeux panaméricains de Winnipeg, à des compétitions de raquette et des tournois de crosse.
Les écoliers ne sont pas oubliés. Le programme d’athlétisme du Centenaire teste la condition physique des enfants. Les élèves reçoivent des insignes en tissu pour les niveaux or, argent, bronze ou participation (rouge).
Le canotage, une activité typiquement canadienne, est également souligné durant cette année. Les événements varient d’individus traversants des voies navigables en canot jusqu’au Centennial Voyageur Canoe Pageant, une course qui part des Rocheuses et se rend à Montréal, et qui implique 100 rameurs en équipe.
Programmes et festivals communautaires
Parmi les autres événements importants et considérables, on trouve la première édition du Festival Caribana à Toronto (maintenant le Toronto Caribbean Carnival), organisé par la communauté des Antilles pour souligner les contributions des Canadiens d’origine antillaise au pays, ainsi que le Festival folklorique du Centenaire et les Jeux des Highlands, tous deux tenus en août à Halifax.
Un programme de voyage pour les jeunes financé à l’échelle nationale encourage l’unité et le partage des cultures en permettant à 12 000 élèves du secondaire d’explorer des régions du Canada qui sont situées loin de chez eux.
Cérémonies de clôture
L’année se termine où elle a commencé, sur la Colline du Parlement. La Flamme du Centenaire devait initialement s’éteindre, mais en raison d’un consentement populaire, elle reste allumée. Elle devient le symbole d’une année qui n’est pas seulement significative en elle-même, mais qui marque également l’émergence du Canada en tant que nation mature et pleine d’assurance.