Camping
Le camping peut être défini comme une façon de vivre dans un abri temporaire ou mobile en plein air. L'abri peut consister en un appentis, une tente ou une caravane. Le camping constitue un mode de vie pour les Autochtones du Canada à l'époque des premiers contacts avec les Européens, alors qu'il s'avère souvent une nécessité pour les pionniers, les explorateurs, les prospecteurs, les arpenteurs et les trappeurs.
Les premiers campeurs récréatifs se déplacent en canot, à cheval ou à pied, et leur mobilité est réduite par le poids et le volume de leur équipement. Les tentes en toile militaire, les poêles en tôle, les lits de camp pliants et les sacs de couchage en peau de mouton incitent les campeurs à s'installer non loin de leur lieu de CHASSE ou de PECHE SPORTIVE. Dans les années 1890, le YMCA, suivi dans les décennies suivantes des scouts, des guides, des organismes religieux, des syndicats ouvriers et des gouvernements locaux, commence à financer des camps destinés à améliorer le bien-être et le comportement des jeunes. Bien que les premiers camps de ce genre possèdent des installations permanentes pour les repas et les activités, les campeurs doivent en général dormir sous la tente. Des sports aquatiques au CANOEING en passant par la RANDONNEE PEDESTRE, une variété d'activités figurent au programme, mais le but visé est le développement de l'autonomie et des connaissances pratiques des jeunes. De son côté, à partir des années 1890, le Canadien Pacifique fait la promotion du camping et de l'escalade dans les Rocheuses. Au début du XXe siècle, les livres de voyage d'Ernest Thompson SETON sur la nature et la vie sauvage captivent de nombreux lecteurs, tandis que le GROUPE DES SEPT contribue à éveiller l'intérêt des Canadiens pour le canot camping.
Dans les années 20 et 30, l'utilisation croissante de l'AUTOMOBILE et l'extension du réseau routier popularisent de nouvelles formes de camping. Des maisons spécialisées dans la vente de matériel de plein air ouvrent leurs portes et une variété de roulottes et de tentes apparaissent sur le marché. Parmi les fabricants canadiens d'équipement de camping, on compte Peterborough Canoe Co. (Ontario) et Chestnut Canoes (Nouveau-Brunswick), qui offrent des canots en bois et en toile; Jones Leisure Products Ltd de Vancouver, fabricant du porte-paquetage Trapper Nelson; Woods Canada Ltd de Toronto, connu pour ses tentes et ses sacs de couchage ; et Coleman, qu'on associe aux poêles à gaz et aux lanternes. Constatant que les voyageurs campent le long des routes, les municipalités décident de mettre gratuitement à leur disposition des terrains de camping. Le but recherché est d'attirer les touristes et de faire respecter des normes sanitaires. Les terrains de camping privés commencent aussi à faire leur apparition. Ils offrent pour un certain prix des installations qu'on ne cesse d'améliorer, comme des petits chalets, des branchements électriques et des raccordements au réseau d'égouts pour les véhicules motorisés, ainsi que des activités de loisirs. Après la Deuxième Guerre mondiale, alors que les Canadiens ont davantage de temps et d'argent à investir dans les loisirs et que des surplus énormes d'équipement militaire envahissent le marché (tentes, sacs à dos, sacs de couchage), on assiste à une prolifération d'installations de plein air. Les gouvernements cèdent des terres désignées, situées dans des PARCS NATIONAUX et PROVINCIAUX, pour qu'on puisse y aménager des campings. En 1960, une entente fédérale provinciale est conclue afin de créer des terrains de camping tous les 160 km le long de la ROUTE TRANSCANADIENNE. Ils offrent moins de commodités que les terrains privés, mais leurs prix sont plus bas et, comme ils ne tardent pas à gagner la faveur populaire, la durée des séjours doit être limitée afin de permettre au plus grand nombre de campeurs d'y avoir accès.
Dans les années 60, le nombre d'excursionnistes connaît une véritable explosion en Amérique du Nord. Le développement d'équipement durable et léger, à base de nylon et de polyester, les aliments déshydratés et une population préoccupée par sa santé physique et désireuse de renouer avec la nature favorisent cette situation. Le camping devient une affaire de gros sous et plusieurs nouvelles entreprises canadiennes (p. ex., Taiga Works-Wilderness Equipment Ltd, Far West, Canadian Mountaineering Equipment Ltd) voient le jour pour répondre à la demande. En 1985, Statistique Canada estime que 26 p. 100 des foyers canadiens possèdent de l'équipement de camping. Notamment, 1,7 million de personnes ont des tentes; 371 000, des tentes-remorques; et 224 000, des autocaravanes. Le Canada compte à la même époque 2966 terrains de camping pour tentes et caravanes.
En 1987, l'Association des camps du Canada estime qu'il y a environ 1500 centres de vacances pour adolescents au Canada, dont la plupart sont gérés par des organismes sans but lucratif. Les camps pour groupes particuliers, comme les handicapés ou les enfants souffrant de problèmes de santé particuliers, sont de plus en plus répandus. Dans le Sud de l'Ontario et la région de Montréal ainsi que dans certains coins de l'Alberta et des basses terres du centre de la Colombie-Britannique, on trouve des camps privés, souvent mis sur pied par des enseignants pendant leurs vacances estivales. Les enseignants continuent d'exercer leur rôle d'éducateur dans ces camps qui peuvent concentrer leurs activités sur le canot, la randonnée pédestre ou tout autre activité développant des habiletés de plein air.
Ironiquement, l'augmentation notable du nombre de campeurs et de randonneurs a des conséquences graves sur les fragiles écosystèmes des parcs naturels. Les sentiers de portage, trop souvent empruntés, sont devenus des fossés érodés et les aires de camping sont dépouillées de leur végétation par les nombreux campeurs à la recherche de bois pour le feu. Aussi, un grand nombre de parcs nationaux et provinciaux imposent-ils désormais des restrictions d'admission. Les campeurs doivent obtenir un permis et respecter une multitude de règles qui touchent le lieu où ils s'installent et les types d'emballages d'aliments qu'ils peuvent apporter.