Bruce Mather | l'Encyclopédie Canadienne

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Bruce Mather

(James) Bruce Mather. Compositeur, pianiste, professeur (Toronto, 9 mai 1939). B.Mus. (Toronto) 1959, M.A. (Stanford) 1964, D.Mus. (Toronto) 1967.

Bruce Mather

(James) Bruce Mather. Compositeur, pianiste, professeur (Toronto, 9 mai 1939). B.Mus. (Toronto) 1959, M.A. (Stanford) 1964, D.Mus. (Toronto) 1967. Bruce Mather étudie d'abord au Royal Conservatory of Music of Toronto (voir Conservatoire royal de musique) de 1952 à 1957, puis à l'Université de Toronto de 1957 à 1959 où ses maîtres sont Alberto Guerrero, Earle Moss et Alexandre Uninsky (piano) ainsi que Godfrey Ridout, Oskar Morawetz et John Weinzweig (écriture et composition). Mather commence très jeune à composer. En 1949, alors âgé de 10 ans, il remporte un prix de la CAPAC. Des bourses du Women's Musical Club of Toronto et de la Beta Sigma Phi International Sorority lui permettent de séjourner deux étés (1957, 1958) au Festival d'Aspen, au Colorado, où Uninsky le présente à Darius Milhaud qui aura par la suite une influence marquante sur sa formation. En 1958, à Aspen, on joue Venice, de Mather, pour soprano et ensemble instrumental, et il interprète le solo lors de la première de son Concerto pour piano et orchestre de chambre.

Grâce à une bourse du Conseil des arts du Canada, Mather s'inscrit au Conservatoire de Paris (1959-1961) où il poursuit des études de composition avec Milhaud, travaillant aussi avec Simone Plé-Caussade (contrepoint et fugue), Olivier Messiaen (analyse) et Lazare Lévy (piano). Pendant l'été 1960, il séjourne à Darmstadt où il fait la connaissance de Pierre Boulez. Une bourse de la Norma Copley Foundation de Chicago et une autre du gouvernement français lui permettent de prolonger d'un an son séjour à Paris. Son Cycle Rilke (1960) est créé à la radio française et il entreprend la composition d'une cantate, The White Goddess, sur un texte de Robert Graves. Mather s'inscrit ensuite à l'Université de Stanford, en Californie (1962-1964), où il travaille la composition avec Leland Smith et Roy Harris, obtenant en 1963 un prix de la Kurt Weill Foundation. Son Étude pour clarinette seule (1962) et Orphée (1963) sont exécutées. De retour au Canada (1964), il enseigne à la Brodie School of Music and Modern Dance ainsi qu'à l'Université de Toronto (1964-1966), puis devient professeur à l'Université McGill en 1966. Sa Symphonic Ode est présentée en 1965 à la Tribune internationale des compositeurs, suivie de Madrigal II en 1969 et de sa Sonate pour deux pianos en 1971. Il suit à Bâle les cours de direction de Boulez (été 1969) et est responsable de l'atelier de musique contemporaine à l'Université de Montréal (1970-1973). Profitant d'un congé sabbatique (1975-1976), il séjourne de nouveau en France pendant un an. Il est ensuite à nouveau professeur invité au Conservatoire de Paris (1978-79). Il revient à l'Université McGill où, de 1986 à 1996, il dirige un orchestre de chambre spécialisé dans le répertoire de la musique contemporaine. En 1990, à l'hôtel Ritz-Carlton de Montréal, la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) fête le 50e de naissance de Mather en soulignant ses deux passions : la musique et les grands vins. Mather prend sa retraite de l'Université McGill en 2001.

En plus d'être compositeur et professeur, Mather est un remarquable pianiste et il présente de nombreuses créations contemporaines en solo, ainsi qu'en duo avec sa femme, Pierrette LePage. Ensemble, ils enregistrent un certain nombre d'œuvres pour deux pianos. Il est membre du bureau de Ten Centuries Concerts (1964-1966) et membre directeur de la SMCQ (1966-1981) dont il est aussi le trésorier.

Les œuvres de Mather sont le résultat de commandes d'organismes comme la Société Radio-Canada, l'Esprit Orchestra, Ten Centuries Concerts, la SMCQ, les New Music Concerts, le ministère des Affaires culturelles français, le Lyric Arts Trio, l'Orchestre symphonique de Montréal, l'Université du Manitoba, l'Orchestre du Centre national des arts, Radio France, l'Université de Toronto et le Festival de Stratford. Ses œuvres sont fréquemment exécutées au Canada et aux États-Unis ainsi qu'en Europe par des ensembles comme l'Orchestre national d'Espagne, l'Orchestre de chambre de Rouen et le Collectif musical international de Champigny 2e2m.

Musicien raffiné et d'une vaste culture, on sent chez lui une préférence marquée pour les œuvres faisant appel aux petits ensembles. L'attrait exercé sur lui par la poésie, surtout celle d'expression française, pourrait expliquer l'importance de la voix dans sa production ainsi que le caractère intimiste qu'adopte souvent son style. Particulièrement remarquables à cet égard sont les cinq Madrigaux pour une ou deux voix et ensemble instrumental. Mather utilise dans quatre de ceux-ci des poèmes ou des fragments de poèmes de Saint-Denys Garneau. Selon Bengt Hambraeus, « la musique se transforme de plus en plus en séance spirituelle, évocation d'un esprit irrationnel dans un espace infini où les sonorités se meuvent, presque flottantes, parfois dans l'ivresse... La musique vocale de Mather est admirablement bien articulée, créée par un poète-musicien qui connaît les valeurs les plus intimes des textes qu'il a choisis... » (Centre de musique canadienne, Compositeurs au Québec : Bruce Mather, 1974). À partir de 1974, son amitié avec le compositeur micro-tonal russe Ivan Wyschnegradsky l'incite à composer lui-même une dizaine d'œuvres à partir de ce type d'écriture, telles que Sassicaia, Poème du délire, Señorio de Sarria et Tempranillo.

L'opéra en cinq actes de Mather, La princesse blanche, inspiré de la pièce de Rilke avec libretto par Renald Tremblay, est mis en scène à Montréal en 1994. Mather continue à donner des noms de vins à une bonne partie de ses nouvelles œuvres (comme Saumur); c'est pourquoi les vinificateurs français l'appellent le « Chevalier de Tastevin ». Yquem, pour quatre pianos accordés à un quart de ton et instruments électroniques, permet à Mather de gagner son deuxième prix Jules-Léger, en 1993. En 2000, la Fondation Émile-Nelligan lui remet le prix Serge-Garant (voir Garant, Serge).

Au nombre de ses élèves figurent John Burke, Paul Crawford, Jacques Desjardins, Anthony Genge, Richard Hunt, Denis Lorrain, John Oliver, François Rose, Donald Steven et Alexander Tilley. Il collabore à de nombreuses publications dont le Dictionary of Contemporary Music où il signe les articles sur Serge Garant , François Morel et Gilles Tremblay. En 1979, il reçoit le Prix Jules-Léger pour la nouvelle musique de chambre pour Musique pour Champigny, tandis qu'en 1987, il remporte un des prix Micheline Coulombe Saint-Marcoux décerné par la CAPAC pour Barbaresco. RCI lui consacre le volume 9 de sa collection Anthologie de la musique canadienne, paru en 1981 (4-ACM 9). Mather est membre de la Ligue canadienne des compositeurs et associé du Centre de musique canadienne.

COMPOSITIONS (Sélection)

Orchestre

Symphonic Ode (Catromjep) : 1964; orchestre; ms.

Orchestra Piece 1967 : 1966 (rév. 1969); ms.

Music for Vancouver : 1969; petit orchestre; ms; CBC SM-143 et 4-ACM 9 (Orchestre de la SRC à Vancouver).

Musique pour Rouen : 1971; orchestre à cordes; Québec-Musique 1980; CBC SM-331 et 4-ACM 9 (Orchestre de la SRC à Vancouver).

Musigny : 1980; orchestre; Radio France (location); 1987; SNE 523 (CD) (Nouvel Orchestre philharmonique de Radio France).

Scherzo : 1987 (arrangement pour 18 instruments, 1988); ms.

Advanced Harmony : 1995.

Soliste(s) et orchestre

Two Songs for Bass-Baritone and Orchestra (Hardy) : 1956; ms.

Concerto : 1958; piano, quintette à vent, quatuor à cordes; ms.

Elegy for Saxophone and Strings : 1959; Wat 1965; Golden Crest RE-7037 (Brodie).

The White Goddess, cantate (R. Graves) : 1960-1962; 1re  partie : piano; 2e partie : baryton, percussions, harpe, piano, cordes; 3e partie : soprano, orchestre; 4e partie : SATB, orchestre; ms.

Madrigal V : 1973 (rév. 1980); soprano, alto, orchestre de chambre; ms.

Au Château de Pompairain : 1975; mezzo, orchestre; ms.

Dialogue : 1988; alto, violoncelle, contrebasse, orchestre; ms.

Travaux de nuit : 1989; baryton, orchestre de chambre; ms.

Musique de chambre

Étude : 1962; clarinette; ms; CBC SM-184 et 4-ACM 9 (J. Campbell).

Eine Kleine Bläsermusik : 1975; quintette à vent; ms; SNE 501 et RCI 479 (Quintette à vent du Québec).

Barolo : 1977; violoncelle, bande; ms.

Clos de Vougeot : 1977; quatre percussions; ms; Nexus NE-05 (Nexus).

Ausone : 1979; version A : flûte; version B : flûte, deux harpes; version C : flûte, six instruments à cordes, deux harpes, deux guitares; mss.

Coulée de Serrant : 1980; harpe, piano; ms.

Sassicaia : 1981; clarinette, piano; ms.

Gattinara : 1982; alto, mar; ms.

Elegy : 1983; flûte, violoncelle, piano, percussions; ms.

Barbaresco : 1984; trio à cordes; ms.

Clos d'Audignac : 1984; mar, trois percussions; ms.

Señorio de Sarria : 1984; deux guitares; ms.

Vouvray : 1986; hautbois, harpe; ms.

Viola Duet : 1987; deux altos; ms.

Vega Sicilia : 1989; guitare; ms.

Aux victimes de la guerre de Vendée : 1990; cor, deux pianos, bande; ms.

Tempranillo : 1997; guitare en sixièmes de tons.

Trio for violin, cello and piano : 2003.

Chœur ou voix

Orphée (Valéry) : 1963; soprano, piano, percussions; ms; RCI 217, RCA CCS-1011 et 4-ACM 9 (M. Morrison soprano, Mather piano).

La Lune mince... : 1965; SATB; ms; RCI 299 et 4-ACM 9 (Ensemble vocal Tudor de Montréal), Poly 2917-009 (Festival Singers of Canada).

Madrigal II (Saint-Denys Garneau) : 1968; soprano, alto, flûte, harpe, trio à cordes; Job 1970; RCI 369 et 4-ACM 9 (Société de musique contemporaine du Québec).

Madrigal III (Saint-Denys Garneau) : 1971; alto, harpe, mar, piano; ms; RCI 369 et 4-ACM 9 (Rideout alto, Mather piano).

Madrigal IV (Saint-Denys Garneau) : 1972; soprano, flûte, piano, bande; ms; RCI 369 et 4-ACM 9 (Lyric Arts Trio).

Musique pour Champigny : 1976; soprano, mezzo, alto, clarinette, cor, harpe, piano, mar; ms; McGill University Records 83019 (P. Vaillancourt soprano, Mather chef d'orchestre).

Les Grandes fontaines (A. Hébert) : 1981; soprano, piano; ms.

Un cri qui durerait la mer (M.-F. Rose) : 1985; mezzo, piano; ms.

Two Stanford Songs : 1988; SATB; ms.

Clavier

Fantasy 1964 : 1964 (rév. 1967); piano; ms; CBC SM-48 (Troup), (1978) RCI 464 et (1981) 4-ACM 9 (Mather).

Sonate : 1970; deux pianos; ms; RCI 354 (Beckett, McGill University Records 77002 et 4-ACM 9 (LePage piano, Mather piano).

In Memoriam Alexandre Uninsky : 1974; piano; ms; 1978; RCI 464 et 4-ACM 9 (Mather).

Régime onze, Type A : 1978; deux pianos; ms.

Poème du délire : 1982; trois pianos; ms; McGill University Records 83017 (Helmer piano, Mather chef d'orchestre).

Six études : 1982; orgue; ms.

Saumur : 1990; clavecin; ms.

D'après un cri : 1996; piano.

Hommage à Carrillo : 1996; piano en seizièmes de tons.

Ardennes : 2003; orgue.

Aussi musique pour le film Smaragdin (1960) pour piano.

Écrits

« La Société de musique contemporaine du Québec », Mcan, 25, décembre 1969.

« Notes sur "Requiems for the Party Girl" de Schnafer », CMB, 1, Printemps-été 1970.

Le collage musical : "Remembrances" de John Hawkins, ibid., 3, automne-hiver 1971.

« Pierre Boulez : "Structures pour deux pianos" (2<sup>e</sup> livre) », Musiques du Kébèk, éd. Raoul Duguay (Montréal, 1971).

« Composer or arranger : Is there a difference? », Sound Notes, vol. 6, printemps 1994.

Discographie

Comme pianiste :

Bolcom Graceful Ghost Rag, Last Rag ; (1979); McGill University Records 78006.

Voir aussi COMPOSITIONS et DISCOGRAPHIES de LePage et MacKinnon.

Comme chef :

Voir DISCOGRAPHIES de P. Helmer et P. Vaillancourt.

Bibliographie

« Bruce Mather, un portrait », Mcan, 11 (mai 1968).

« Bruce Mather : professeur, pianiste, secrétaire, compositeur », CompCan, 49 (avril 1970).

Raoul DUGUAY, « Bruce Mather », Musiques du Kébèk (Montréal 1971). Albert GRENIER, « Sonate pour deux pianos de Bruce Mather », mémoire de L.Mus. (Université de Montréal, 1971).

Francean CAMPBELL, « De la musique comme un mobile », CompCan, 87 (janvier 1974).

Centre MC, Compositeurs au Québec : Bruce Mather (Montréal, 1974).

Martin J. WALTZ, « Cinq madrigaux de Bruce Mather. Une analyse formelle et stylistique », thèse de M.Mus. (Université de Western Ontario, 1977).

Michael SCHULMAN, « Après un an de sécheresse », CompCan, 124 (octobre 1977).

Natalie BOISVERT, « La SMCQ fête Bruce Mather », Music McGill, 21 (hiver 1990).

Jacques DESJARDINS, « Brian Cherney et Bruce Mather : La clairvoyance du compositeur solitaire », Circuit, 10, nº 2, 1999.

S. FERGUSON, « La musique de Bruce Mather : « le Eiswein canadien » », Présence de la musique québécoise : Vingt-deux portraits instantanés, SMCQ/NEM (Montréal, 1999).

Compositeurs canadiens contemporains.

Dictionary of Contemporary Music.

Lecture supplémentaire