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Breadalbane

Le Breadalbane est un bateau à trois mâts qui gît sous les glaces du passage du Nord-Ouest depuis son naufrage en 1853. C'est l'épave en bois sous-marine la mieux conservée et la plus septentrionale au monde.
Expéditions importantes dans la région du passage du Nord-Ouest entre 1576 et 1944.
Breadalbane

Le Breadalbane est un bateau à trois mâts qui gît sous les glaces du passage du Nord-Ouest depuis son naufrage en 1853. C'est l'épave en bois sous-marine la mieux conservée et la plus septentrionale au monde. Construit en Écosse en 1843, ce voilier de commerce naviguait entre les grands ports d'Europe, transportant à son bord du vin, de la laine et du blé.

Au printemps de 1853, le Breadalbane est affecté au service de la marine royale et envoyé dans l'Arctique pour y acheminer les provisions nécessaires à l'expédition de sir Edward Belcher, qui est à la recherche des bateaux et des hommes de l'expédition Franklin depuis 1852 (voir Franklin, la recherche de). Belcher conduit la dernière et la plus importante expédition de la marine royale.

Le Breadalbane, un bateau d'environ 40 m de longueur, gréé en carré et somptueusement construit, ressemble à ces centaines de voiliers qui sillonnent les océans à l'époque de la reine Victoria. Cependant, ce voilier n'est pas conçu pour l'Arctique. Malgré la robustesse de sa coque de bois et son équipage expérimenté, il reste prisonnier des glaces polaires.

Le 21 août 1853, peu après minuit, une lame de glace transperce son étrave par tribord. Les 21 membres de l'équipage s'empressent de se réfugier du côté opposé. Le Breadalbane sombre en 15 minutes. Les membres de l'équipage sont recueillis par le Phoenix, le petit frère du Breadalbane, qui a échappé au naufrage. Pendant 127 ans, le Breadalbane demeurera enfoui sous une nappe de glace qui broie tout sur son passage, reposant fermement sur sa quille, son beaupré cassé pointé vers l'Angleterre, sa terre d'origine.

Les recherches de Stuart Hodgson et de Maurice Haycock, historiens de la marine arctique, incitent Joseph B. MacInnis à organiser une expédition, en août 1978, afin de retrouver le bateau. Il dispose de comptes rendus de témoins oculaires conservés dans les archives du Scott Polar Research Institute de Cambridge, en Angleterre. Après trois années de recherche, le navire est repéré au sud de l'île de Beechey, en 1980. Il apparaît le 13 août, tel un vaisseau fantôme, sur l'écran du sonar à balayage latéral, la coque intacte et deux de ses mâts encore bien en place.

En 1981, l'équipe retourne dans l'Arctique pour effectuer des recherches plus poussées, avec l'appui de la Garde côtière canadienne, de la National Geographic Society et d'autres organisations. Un submersible téléguidé est descendu dans les redoutables eaux glaciales. À 100 mètres de profondeur, des images couleurs sont prises au moyen d'appareils photo et de caméras vidéo. On y aperçoit la proue, les mâts, le gouvernail et l'ancre. Le revêtement de cuivre vert qui protège la coque est comme neuf. Dans une petite cabine accrochée à son rouf se trouvent le compas et une lampe de signalisation. À proximité, on peut voir l'énorme gouvernail en bois qui a guidé le navire dans les eaux tumultueuses de l'Atlantique Nord.

Comme pour tout artefact historique, l'étude du Breadalbane va exiger beaucoup de temps, d'autant plus que sa situation dans l'Arctique est problématique. Il gît sous un amas de glace dont on ne peut prévoir le comportement. Des experts en géologie marine et en morphologie des glaces océaniques, sous la direction de Steve Blasco, un chercheur émérite de l'institut océanographique de Bedford, étudient la formation de glace à cette hauteur, ainsi que les effets de l'affouillement des glaces sur les sédiments qui se sont formés autour du navire. Ces études présentent un intérêt indéniable pour tous ceux qui travaillent dans les eaux du Nord, y compris les sociétés pétrolières.

Le Breadalbane repose à une profondeur bien supérieure à celle que les archéologues sous-marins peuvent atteindre. Pour percer ses secrets, de nouvelles techniques de plongée et de photographie s'appliquant spécifiquement à l'Arctique sont présentement à l'étude. Le submersible Sea-Otter, un sous-marin lance-plongeur, et le WASP, une combinaison de plongée offrant une protection physiologique, font partie de ces technologies, mises à l'essai par Can-Dive Services de Vancouver.

Le Breadalbane est une épave unique en son genre, merveilleusement bien préservée par les eaux arctiques. Pour les scientifiques, ce navire immergé constitue un point de référence, une occasion exceptionnelle de parfaire nos connaissances sur la biologie et la géologie de l'Arctique et sur la mer de glace qui flotte au-dessus de ses mâts. Historiquement, il est la mémoire d'un autre temps. Une partie de sa cargaison, les instruments de travail et les effets personnels des membres de l'équipage se trouvent encore à son bord. Plonger vers cette épave pour y étudier ses vestiges, c'est faire une incursion dans le passé d'un pays et dans notre avenir.

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