Le Bloc québécois est un parti politique fédéral qui a été créé officiellement le 15 juin 1991 (reconnu le 11 septembre 1993 par Élections Canada). Il a été fondé en tant que mouvement parlementaire composé de députés du Québec qui ont quitté le Parti conservateur et le Parti libéral après l’échec de l’Accord du lac Meech. Le parti fait la promotion des intérêts du Québec et de la souveraineté du Québec à la Chambre des communes. Le parti ne présente des candidats que dans la province de Québec. Yves-François Blanchet est devenu chef du parti en janvier 2019. Avec ce dernier à sa tête, le Bloc a remporté 32 sièges aux élections fédérales d’octobre 2019, lui redonnant ainsi le statut de parti officiel.
Voir Système électoral canadien; Comportement électoral au Canada.
Opposition officielle (1993-1997)
Le Bloc québécois subit son premier test en 1992 lors du référendum sur l’Accord de Charlottetown (voir aussi Accord de Charlottetown : document) lorsque le parti contribue à la victoire du « Non » à 57 % des voix au Québec. Ensuite, aux élections fédérales d’octobre 1993, le Bloc obtient 49,3 % des voix au Québec et remporte 54 sièges, ce qui lui permet de former l’opposition officielle à la Chambre des communes. Pendant les mois qui précèdent le référendum du Québec de 1995 sur la souveraineté, le parti joue un rôle essentiel en convainquant le Parti québécois, dirigé par Jacques Parizeau, de préciser dans la question référendaire qu’une offre de partenariat serait présentée au reste du Canada. Lucien Bouchard est également une figure dominante de la campagne du référendum, qui se termine avec un résultat de 49,4 % de votes en faveur du « Oui ».
Loi sur la clarté (1997-2000)
Lorsque Lucien Bouchard quitte le Bloc québécois, Michel Gauthier lui succède à la tête du parti, et est lui-même remplacé par Gilles Duceppe en mars 1997. Aux élections fédérales de 1997, le Bloc subit un revers, mais il obtient tout de même 38 % des voix au Québec et remporte 44 sièges. Pendant les trois années suivantes, Gilles Duceppe travaille avec ardeur pour lutter contre l’adoption, par le gouvernement canadien, du projet de Loi C-20, la Loi sur la clarté. Le gouvernement de Jean Chrétien présente ce projet de loi en réponse au Renvoi relatif à la sécession du Québec de la Cour suprême, qui stipule que les « acteurs politiques » sont responsables de déterminer, entre autres, ce qui constitue une question claire et une majorité claire à la suite d’un référendum tenu par une province ou un territoire pour la sécession du Canada.
Le scandale des commandites (2000-2006)
Aux élections de 2000, la représentation du Bloc à la Chambre des communes chute à 38 sièges. C’est la première fois depuis le rapatriement de la Constitution en 1982 que le Parti libéral détient la majorité des sièges au Québec. Entre les élections de 2000 et celles de 2004, le Bloc dénonce l’intervention du gouvernement fédéral dans les juridictions exclusives aux provinces. Il soutient l’Accord de Kyoto, la légalisation de la marijuana et le mariage entre conjoints de même sexe au Canada (voir Droits des lesbiennes, des gais, des bisexuels et des transgenres au Canada). Son rôle dans la dénonciation de l’utilisation de fonds fédéraux au Québec, connu maintenant comme le scandale des commandites, est son action la plus importante durant cette période (voir Commission Gomery). Ce scandale a un impact décisif sur le vote des Québécois lors des deux élections suivantes, en 2004 et en 2006.
La campagne électorale fédérale de 2004 du Bloc vise à offrir aux Québécois une solution de rechange à ce que les membres du parti croient être un système fédéraliste corrompu, et son slogan Un parti propre au Québec, renforce l’idée qu’il sert les meilleurs intérêts de la province. En fin de compte, le parti remporte 54 sièges à la Chambre des communes, son plus grand nombre de sièges depuis 1993. Avec le Nouveau Parti démocratique, il consolide sa position de pouvoir dans un gouvernement minoritaire, gagnant potentiellement plus d’influence qu’il n’en a jamais eue en politique fédérale. Gilles Duceppe maintient que le Bloc ne participera pas à un gouvernement de coalition.
De la souveraineté à la défense des droits du Québec à Ottawa (2006-2011)
Dans le même ordre d’idées, la campagne électorale de 2006 du Bloc est centrée sur l’offre d’une alternative à une possible corruption fédéraliste (voir Gouvernement fédéral) renforcée par les conclusions de la Commission Gomery. Avec son slogan Heureusement, ici, c’est le Bloc, le Bloc espère remporter plus de 50 % des votes au Québec et plus de 60 sièges à la Chambre des communes. En fin de compte, les candidats du Bloc obtiennent 6 sièges qui appartenaient auparavant aux Libéraux, mais le regain de popularité du Parti conservateur au Québec entraîne une perte totale de trois sièges par rapport à 2004, laissant le Bloc avec 51 sièges et 42 % du soutien au Québec. Comme en 2004, les Canadiens élisent un gouvernement minoritaire. De même, Gilles Duceppe insiste sur le fait qu’il ne formera pas de gouvernement de coalition avec un autre parti fédéral.
Le Bloc maintient son mandat politique jusqu’aux élections de 2008, faisant pression sur le premier ministre de l’époque, Stephen Harper, pour qu’il règle le déséquilibre budgétaire entre les provinces, en particulier dans le cas du Québec. Gilles Duceppe demande à Stephen Harper de reconnaître le Québec en tant que nation dans la Constitution canadienne. Une motion reconnaissant le Québec comme une nation distincte a déjà été adoptée par la Chambre des communes en 2006. La plateforme du Bloc menant aux élections est axée sur la capacité du Québec de gérer sa propre culture et sa stabilité économique, ainsi que sur sa propre approche du système pénal et du système pour les jeunes contrevenants (voir Système judiciaire pour les jeunes; Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents). Le 14 octobre 2008, le Bloc obtient 51 sièges dans ce que Gilles Duceppe qualifie de victoire « vers un réel progrès », un facteur principal dans le refus d’un gouvernement conservateur majoritaire.
Quelques semaines seulement après ces élections générales, le gouvernement conservateur de Stephen Harper lance une série de propositions économiques controversées, incitant les trois partis d’opposition, soit le Bloc, le Parti libéral et le NPD, à entamer des pourparlers concernant une coalition pour vaincre les conservateurs lors d’un vote de censure. Le 1er décembre, les trois chefs des partis signent un accord historique dans lequel ils s’engagent à déposer une motion de censure dès la semaine suivante. Finalement, la demande de Stephen Harper de proroger le gouvernement est accordée par la gouverneure générale Michaëlle Jean, et la durabilité de la coalition devient discutable.
Un avenir incertain (2011-2019)
Les élections de 2011 voient le Bloc québécois tomber sous la « vague orange » du NPD qui déferle sur le Québec. Le Bloc ne réussit à faire élire que quatre députés et à obtenir 24 % des voix. Le parti perd ainsi son statut de parti officiel à la Chambre des communes. Le chef du parti, Gilles Duceppe, est défait dans son comté de Laurier-Sainte-Marie et démissionne le soir même, après 14 ans de carrière. Vivian Barbot, ancienne présidente de la Fédération des femmes du Québec (2001‒2003) et première femme haïtienne élue à la Chambre des communes, devient la cheffe par intérim.
Après une course à la chefferie, Daniel Paillé est élu chef du Bloc québécois, le 11 décembre 2011. En février 2013, un député du NPD traverse la Chambre et vient rejoindre le caucus du Bloc, faisant ainsi passer son nombre à cinq membres. En septembre 2013, dans la foulée du débat entourant la Charte des valeurs québécoises, la députée Maria Mourani est expulsée du caucus pour s’être opposée à l’initiative du Parti québécois. À la suite de la démission surprise de Daniel Paillé à la fin de 2013, le Bloc tient une course à la chefferie peu médiatisée que Mario Beaulieu remporte en juin 2014. Cependant, après août 2014, le leadership de ce dernier est contesté alors que deux députés élus du Bloc quittent le Bloc pour siéger comme en tant que députés indépendants.
En mai 2015, Mario Beaulieu, qui est devenu chef du Bloc québécois en juin 2014, demande à Gilles Duceppe de revenir à la tête du parti avant les élections fédérales de 2015. Les sondages démontrent de manière constante que le Bloc détient moins de 20 % de soutien au Québec, et beaucoup estiment que seul Gilles Duceppe peut raviver le sort chancelant du parti. Le 10 juin 2015, Gilles Duceppe annonce son retour en tant que chef du Bloc québécois, tandis que Mario Beaulieu demeure le président du parti.
Lors des élections du 19 octobre 2015, le Bloc améliore sa représentation à la Chambre des communes en faisant élire 10 députés. Néanmoins, ce résultat demeure insuffisant pour que le parti soit officiellement reconnu par le Parlement (le seuil minimum est de 12 députés). Défait dans sa circonscription et déçu, Gilles Duceppe démissionne de la tête du parti. Rhéal Fortin lui succède comme chef intérimaire. En mars 2017, Martine Ouellet, ancienne ministre des Ressources naturelles du Québec (au sein du gouvernement de Pauline Marois de 2012 à 2014), devient cheffe du Bloc québécois, tout en continuant de siéger à l’Assemblée nationale du Québec. Réélue en 2014 sous la bannière du Parti québécois, elle siège comme députée indépendante entre 2017 et 2018.
À la fin de février 2018, moins d’un an après l’élection de Martine Ouellet à la direction du parti, le Bloc fait face à une crise interne qui entraîne le départ de sept des dix députés du caucus. Ces derniers remettent en question le leadership de Martine Ouellet et son insistance sur l’indépendance du Québec (voir Séparatisme au Canada) et suggèrent qu’elle devrait plutôt se concentrer sur la défense des intérêts du Québec au niveau fédéral. Ils demandent également qu’elle se soumette à un vote de confiance avant le prochain congrès du parti en mai 2019. Le soutien pour Martine Ouellet continue de diminuer et à la mi-mai, l’aile jeunesse du parti retire également son soutien.
Au début de juin 2018, le parti tient un référendum sur le leadership de Martine Ouellet ainsi que sur la vision du Bloc québécois. Une majorité des répondants (67 %) rejette son leadership bien qu’ils réaffirment leur soutien envers la promotion active de la souveraineté du Québec. (Voir Souveraineté-association.) Martine Ouellet démissionne le 11 juin 2018 et est remplacée par le président du parti, Mario Beaulieu, à titre de chef intérimaire. À la fin de septembre, les sept députés ayant quitté le caucus sont revenus au parti. En novembre, Yves-François Blanchet, ancien ministre du Parti québécois, se lance officiellement dans la course à la direction du parti. Comme il est le seul candidat déclaré, il est élu nouveau chef du Bloc Québécois en janvier 2019.
Résurgence : élections fédérales de 2019
Sous Yves-François Blanchet, le Bloc s’aligne sur la Coalition avenir Québec, un parti nationaliste de centre-droit qui a remporté les élections provinciales du Québec en 2018. Lors de la campagne électorale fédérale de 2019, Yves-François Blanchet met l’accent sur le nationalisme québécois (plutôt que sur la souveraineté) et son soutien envers le très controversé projet de loi 21 sur la laïcité. Le projet de loi 21 interdit le port de signes religieux à certains employés du secteur public tels que le hijab musulman, le turban sikh et la kippa juive. Le Bloc soutient également la protection de l’environnement, incluant l’opposition aux pipelines.
Aux élections fédérales du 21 octobre 2019, le Bloc québécois remporte 32 sièges. Il retrouve son statut de parti officiel et termine troisième au classement général, supplantant le NPD.