Thomas Rodney Berger, C.R., O.C., O.B.C., avocat, juge, politicien, humanitaire (né le 23 mars 1933 à Victoria, en Colombie-Britannique; décédé le 28 avril 2021 à Vancouver, en Colombie-Britannique). Thomas Berger a pratiqué le droit à Vancouver de 1957 à 1971. Il a été l’avocat des Nisga’a lors de l’affaire Calder en 1973, qui a eu pour résultat la reconnaissance du titre autochtone en droit canadien. De 1974 à 1977, Thomas Berger a dirigé la commission Berger qui a examiné deux soumissions pour des pipelines de gaz naturel dans le Nord (voir Projets de pipeline de la vallée du Mackenzie). Il a été député de la circonscription de Vancouver-Burrard pour le Nouveau Parti démocratique (NPD) en 1962-1963, député provincial du NPD en 1968-1969, et chef du NPD de la Colombie-Britannique en 1969. De 1971 à 1983, il a été juge à la Cour suprême de la Colombie-Britannique.
Son rapport, un best-seller intitulé Northern Frontier, Northern Homeland (1977; trad. Le Nord : terre lointaine, terre ancestrale), s’oppose avec éloquence au projet de construction du pipeline de l’Arctique qui est censé partir de la baie Prudhoe en Alaska pour traverser le nord du Yukon et le long la vallée du Mackenzie. Le rapport demande une étude plus approfondie, ainsi qu’à un règlement des revendications territoriales autochtones. Il demande également une interdiction d’une durée de 10 ans de construction de pipelines dans la vallée du Mackenzie. Thomas Berger s’oppose à la construction de tout projet de pipeline qui passerait à travers l’habitat fragile des caribous du nord du Yukon. La commission Berger fait participer le public et inclut les opinions autochtones plus que toute autre consultation en matière de ressources ne l’a fait auparavant. Le gouvernement du Canada accepte sa recommandation de rejeter la proposition et il approuve un autre tracé. Les autres recommandations du rapport sont subséquemment adoptées.
L’intervention publique de Thomas Berger dans le débat constitutionnel de 1981 mène à l’inclusion des droits et traités autochtones dans la Loi constitutionnelle de 1982. En 1983, il démissionne de la Cour en raison de son opposition au point de vue du Conseil canadien de la magistrature selon lequel les juges ne doivent pas intervenir sur des questions importantes d’intérêt public. De 1983 à 1985, il préside la Alaska Native Review Commission, parrainée par la Conférence circumpolaire inuit et le Conseil mondial des peuples indigènes. Son rapport, Village Journey, est publié en 1985.
Thomas Berger fait un retour à la pratique privée du droit à Vancouver tout en continuant à écrire et à se consacrer au service international. En 1991, il publie A Long and Terrible Shadow, une étude sur les droits des peuples autochtones et les valeurs européennes dans les Amériques depuis 1492. En 1991 et 1992, il est vice-président de la commission de la Banque mondiale sur les questions de déplacement des populations et de l’environnement, dans le cadre des projets de Sardar Sarovar en Inde de l’Ouest. La commission conclut que les projets ont des failles, et mène ainsi au retrait du financement de la Banque et à la création d’un panel d’inspection permanent.
En 1995, Thomas Berger rapporte au procureur général de la Colombie-Britannique des cas de sévices sexuels subis par des élèves de la Jericho Hill School for the Deaf. Sa recommandation en matière de secours et d’indemnisation pour les victimes des abus est acceptée. Il reçoit l’Ordre du Canada en 1990, et on lui accorde le Droit de cité de Vancouver en 1992.