Bataille de la Somme |
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Date |
Du 1er juillet au 18 novembre 1916 |
Lieu |
Vallée de la Somme, dans le nord de la France |
Participants |
L’Empire britannique (incluant le Canada et Terre-Neuve), la France; l’Empire germanique |
Victimes |
420 000 membres de l’Empire britannique (dont 24 000 Canadiens et 700 Terre-Neuviens) 194 000 Français 440 000 Allemands |
1er juillet 1916
Après deux ans d’impasse dans les vastes tranchées tenues par les Forces alliées et allemandes sur le front occidental, les Britanniques lancent une offensive massive dans la vallée de la Somme, dans le nord de la France. Ils espèrent que l’assaut, se déroulant sur une section du front de 25 km, mettra non seulement fin à l’impasse, mais aussi qu’il réduira la pression sur les troupes françaises assiégées, qui se défendent contre l’assaut allemand de longue date plus au sud, à Verdun.
L’offensive sur la Somme commence avec un intense bombardement d’artillerie d’une durée de 5 jours. Celui-ci n’a pas l’effet escompté, soit celui d’assommer les troupes ennemies et de détruire leurs pièces d’artillerie. Les Allemands se cachent tout simplement dans des abris profonds et renforcés jusqu’à la fin du tir de barrage. Ils en ressortent, en majeure partie indemnes, pour faire face à leurs attaquants. Beaucoup d’obus britanniques ont été mal fabriqués et s’avèrent inutilisables; d’autres manquent les détonateurs et n’explosent pas sur contact avec le fil barbelé, qui est tiré en travers du no man’s land.
Lorsque, à la fin du tir de barrage, les soldats britanniques grimpent jusqu’au haut de leur tranchée pour s’élancer vers l’ennemi, c’est une véritable catastrophe : des dizaines de milliers sont abattus par le tir des mitrailleuses ou bien pris sur le fil barbelé et tués quand ils essaient d’atteindre la ligne de l’ennemi. Ce premier jour de bataille, les Britanniques perdent plus de 57 000 hommes, tués ou blessés, mais n’obtiennent pas grand-chose pour leur sacrifice.
Bataille de Beaumont-Hamel
Le 1er juillet, à l’extrémité nord du front de la Somme, près du village de Beaumont-Hamel, quelque 800 soldats du First Newfoundland Regiment se massent dans une tranchée de soutien surnommé St. John’s Road. Ils font partie de la troisième vague d’assaut contre les lignes allemandes. À 9 h 15, les Terre-Neuviens lancent leur attaque, traversant le no man’s land en empruntant des chemins prédéterminés. Ainsi à l’air libre, ils découvrent que les premières attaques britanniques ont failli : les soldats gisent sur le sol du no man’s land ou encore y sont coincés, immobilisés par les mitrailleuses et les tirs d’artillerie tandis qu’ils tentent de retrouver les ouvertures étroites dans les barbelés.
Les Terre-Neuviens continuent leur avancée sous cette pluie de tirs ennemis. Certains sont tués avant même d’atteindre les lignes britanniques. D’autres encore meurent en arrivant à la base de Danger Tree, un grand arbre à mi-chemin entre les lignes britanniques et allemandes, que les Allemands noient rapidement sous les tirs.
Moins de 30 minutes après avoir quitté leur tranchée, les Terre-Neuviens ont échoué. De petits groupes de survivants tenter en vain de poursuivre le combat, tandis que des centaines de blessés laissés à eux-mêmes, obligés de passer la nuit sur le champ de bataille, où ils meurent de leurs blessures ou sont abattus par les tireurs d’élite allemands.
Plus de 700 soldats du First Newfoundland Regiment sont fauchés à Beaumont-Hamel. Des 801 membres du régiment, seulement 68 peuvent répondre à l’appel à la fin du premier jour.
LE SAVIEZ-VOUS?
Chaque année le 1er juillet, alors que les Canadiens célèbrent la fête du Canada, les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador se rassemblent pour souligner le Jour du Souvenir en l’honneur des hommes tombés au combat à Beaumont-Hamel. Le champ de bataille de Beaumont-Hamel a été transformé en parc. À son sommet le plus haut, une statue de caribou, l’emblème officiel du régiment terre-neuvien, surplombe le champ où tant d’hommes sont morts.La statue représentant un orignal, au sommet du mémorial élevé en l’honneur du Royal Newfoundland Regiment, sur le champ de bataille de Beaumont-Hamel, en France. (Richard Foot)
Corps canadien
Les Forces canadiennes, stationnées en Belgique, près de la ville d’Ypres, sont épargnées les premiers mois de combat sur la rivière Somme. Par contre, à la fin août, on manque d’effectifs à la Somme, et les trois premières divisions du Corps canadien (voir Corps expéditionnaire canadien) sont installées à la Somme pour contribuer à l’offensive, qui persiste sous les ordres des généraux britanniques.
Les Canadiens entrent dans le conflit le 30 août et, appuyés par les premiers chars engagés sur le front occidental, participent à l’offensive dans bon nombre d’attaques sanglantes (voir Armements). Le Corps prend un certain nombre d’objectifs stratégiques, y compris les hauteurs Courcelette, Thiepval et Ancre. En novembre, la 4e Division d’infanterie canadienne, qui combat alors aux côtes des troupes britanniques, aide à prendre le bastion allemand de la tranchée Regina.
Le saviez-vous?
James Franklin, un des premiers Canadiens noirs à s’enrôler dans le Corps expéditionnaire canadien n’est qu’un adolescent lorsqu’il est tué pendant la bataille des hauteurs d’Ancre. Il est parmi les premiers Canadiens noirs (et parmi les premiers Nord-Américains noirs) à tomber au combat pendant la Première Guerre mondiale. Franklin s’est enrôlé à Hamilton, en Ontario, et a servi au sein du 4e bataillon et du 76e bataillon.
Hamilton Spectator, 10 novembre 1916. (avec la permission du Hamilton Public Library, Local History & Archives)
Bataille de Courcelette
Le 15 septembre, les soldats canadiens lancent une attaque à grande échelle se soldant par la capture des ruines du village de Courcelette et la défense de ce nouveau territoire contre les contre-attaques allemandes (voir La bataille de Courcelette).
Pendant l’attaque, les soldats canadiens utilisent une nouvelle stratégie militaire qui résoudrait éventuellement le problème des tranchées dans les combats suivants. En vertu de cette technique, appelée « barrage roulant », les Canadiens marchent derrière un assaut d’artillerie soutenu qui avance progressivement au-delà des lignes ennemies tout en forçant les Allemands à rester dans leurs abris jusqu’à ce que les Canadiens soient suffisamment prêts pour les affronter. (Avant cette innovation, les soldats attendaient la fin des bombardements d’artillerie avant d’investir le no man’s land, sous les tirs ennemis.)
Les chars d’assaut sont également mis à l’essai pour la première fois sur le champ de bataille aux côtés des Canadiens à Courcelette. Bien qu’ils soient lents et difficiles à manœuvrer, les chars imposants ont un effet psychologique important sur les Allemands.
Courcelette est capturée par le Corps canadien au premier jour de l’assaut, une rare victoire des Alliés sur la Somme, mais coûtant la vie à plusieurs milliers de Canadiens. Seul un char d’assaut accomplit sa mission; les autres souffrent de problèmes mécaniques, s’embourbent ou sont endommagés par les obus.
LE SAVIEZ-VOUS?
Le Royal 22e Régiment (aussi appelé les Van Doos, selon la prononciation anglaise du nombre français « vingt-deux ») est la seule unité d’infanterie francophone du Corps expéditionnaire canadien à participer aux combats sur le front. La première attaque majeure des Van Doos pendant la Première Guerre mondiale a lieu à Courcelette. Les soldats canadiens-français, commandés par le lieutenant-colonel Thomas-Louis Tremblay, repoussent les assauts répétés des Allemands et protègent le village pendant trois jours et trois nuits, malgré qu’ils sont entourés de toutes parts par l’ennemi (voir aussi Les « Van Doos » et la Grande Guerre).
Le soldat et peintre de guerre Louis Weirter assiste à la capture du village de Courcelette par les soldats canadiens durant la bataille de la Somme, en septembre 1916. Il reproduira la scène sur un tableau en 1918. (tableau par Louis Weirter/Collection d’art militaire Beaverbrook, Musée canadien de la guerre/MCG 19710261-0788)
Victimes de la bataille de la Somme
L’officier canadien C. G. Barns rappelle les grandes pertes qui étaient typiques de ces batailles de l’offensive de la Somme : « Nous sommes entrés en bataille avec à peu près 40 hommes par peloton, 160 par compagnie, puis si on arrivait à en sortir 40 ou 50 hommes sur les 160, on réussissait bien. Ils n’étaient pas tous tués; ils étaient blessés, mais mis hors de combat… [Les Allemands] avaient des redoutes en ciment pleines de mitrailleuses, et on devait les prendre d’assaut et les détruire. On devait les encercler et les surprendre par l’arrière. Eh bien, 75 % des hommes étaient fauchés avant qu’on puisse y pénétrer. »
La pluie et la neige arrivent enfin à mettre fin à la Bataille de la Somme. Après cinq mois de combat, les Forces alliées n’ont pénétré que dans 13 km des 25 km du front. Leurs pertes sont estimées à 614 000, dont plus de 24 700 Canadiens et Terre-Neuviens. Les pertes allemandes s’élèvent à environ 440 000.
Patrimoine
Le massacre apparemment inutile sur la Somme a mené à des interrogations et à la critique sévère de la direction des Forces alliées, surtout de celui du général Douglas Haig, le commandant du Corps expéditionnaire britannique, duquel le Corps canadien et le First Newfoundland Regiment font tous les deux partie. L’échec de l’offensive engendre aussi de nouvelles idées stratégiques, notamment en ce qui a trait à la conception des obus, à l’emploi de l’artillerie, à une meilleure planification et coordination entre les assaillants sur le champ de bataille, et à l’importance de donner aux petits groupes de simples soldats l’autorité de prendre des initiatives personnelles devant les revers de fortune de l’assaut.
On met déjà à l’essai certaines de ces idées au sein du CEC pendant les derniers mois de combat sur la Somme. Elles seront raffinées avec succès, et contribueront aux réussites du CEC en 1917 à la bataille de la crête de Vimy et à celle de Passchendaele.