Peter Bostonais Pangman | l'Encyclopédie Canadienne

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Peter Bostonais Pangman

Peter (ou Pierre) Bostonais Pangman, chef métis, chasseur de bison (né le 20 octobre 1791 dans la région de la vallée de la rivière Saskatchewan Nord, aujourd’hui en Alberta; décédé le 4 mars 1850 à St. François Xavier, aujourd’hui au Manitoba). Peter Bostonais Pangman est un habile chasseur qui aide à approvisionner en viande de bison la colonie de la rivière Rouge. Il joue un rôle actif dans les guerres du pemmican et les événements entourant la bataille de la Grenouillère. Dans le cadre de la traite des fourrures à Pembina, Peter Bostonais Pangman est un personnage central qui rallie et inspire les Métis de la vallée de la rivière Rouge à se percevoir et à s’exprimer avec une identité distincte des peuples autochtones voisins. Le nom Bostonais s’écrit aussi Bastonnais et Bostonnais.

Jeunesse et carrière

Peter Pangman père est un commerçant de fourrures coloré de la Compagnie du Nord-Ouest (CNO) originaire du New Jersey, aux États-Unis, qui voyage constamment. En raison des longues absences de Peter Pangman père, sa femme, Marguerite Sauteuse, née à Pembina, dans le territoire du Minnesota et d’origine crie ou assiniboine, fait figure de mère et de père dans la vie de son fils. Les Métis surnomment Peter Pangman fils «Bostonais»; c’est probablement un clin d’œil à ses racines américaines de la côte Est.

Chasseur et cavalier chevronné, Peter Bostonais Pangman reçoit une offre d’emploi comme commerçant de fourrures pour la CNO à l’âge de 15 ans. Il accepte le poste, préférant toutefois chasser le bison dans la région de Pembina, comme de nombreux autres commerçants et chasseurs autochtones des Plaines (voir Chasse au bison).

En 1812, Peter Bostonais Pangman se joint à John McLeod père, négociant en chef de la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH), alors qu’il remonte la rivière Rouge pour créer un poste de la CBH à l’embouchure de la rivière Turtle (aujourd’hui, Grand Forks). Il quitte l’entreprise lorsque Peter Fidler, qui assume par la suite la responsabilité de cette région, refuse de lui fournir l’équipement promis.

La chasse au bison en été, de l'artiste Peter Rindisbacher, vers 1822.

Référence : Bibliothèque et Archives Canada, numéro d'accesion 1981-55-69


Mariage et famille

Peter Bostonais Pangman épouse Marguerite Angélique (Wewgikabawik) (1802-1852). Le couple a huit enfants : Angélique (née en 1814), Marguerite (vers 1819), Pierre (1820), Marie (vers 1829), Théophile (vers 1831), Catherine (vers 1831) et Marianne (vers 1832). Peter Bostonais Pangman aurait également eu un fils d’un mariage précédent.

LE SAVIEZ-VOUS?
D’après Parcs Canada, Peter Bostonais Pangman était connu sous le nom de Tête Jaune, d’où le nom du col Yellowhead au parc national Jasper en Alberta. Toutefois, ce surnom pourrait également avoir été associé à Pierre Bostonais ou Pierre Hatsinaton, tous deux identifiés comme Haudenosaunee.

Guerres du pemmican

Après la fondation de la colonie de la rivière Rouge par lord Selkirk à Winnipeg, dans ce qui est aujourd’hui le Manitoba (1812-1813), d’autres colons viennent s’établir sur le territoire de chasse ancestral des Métis. Cela met à rude épreuve les ressources alimentaires de la région. En 1812, Peter Bostonais Pangman assiste à la naissance du conflit opposant les Métis, la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) et les colons, conflit mené par Miles Macdonell, récemment nommé par lord Selkirk gouverneur de la CBH pour le district colonial d’Assiniboia (dans l’actuel Manitoba). Les Métis approvisionnent les colons de la rivière Rouge en viande de bison pendant deux hivers; cette relation prend toutefois fin en janvier 1814, lorsque Miles Macdonell met en œuvre la Proclamation sur le pemmican.

Ce règlement interdit l’exportation de pemmican de la région de la rivière Rouge sans l’autorisation de Miles Macdonell. Ce mélange concentré de viande séchée, de graisse fondue et, à l’occasion, de baies constitue un aliment vital pour les brigades maritimes de voyageurs de la Compagnie du Nord-Ouest (CNO) voyageant hors du territoire. Les Métis, qui approvisionnent pendant un certain temps la CNO en pemmican, sont fort mécontents de cette tentative de contrôle sur leurs produits alimentaires essentiels.

Peter Bostonais Pangman et la Résistance

Après la mise en arrestation de Peter Bostonais Pangman par Miles Macdonell pour avoir chassé le bison, le chasseur métis devient encore plus opposé aux restrictions. Avec des voyageurs libres, il retient en captivité un groupe d’hommes sous la charge de Miles Macdonell pendant six jours dans un camp de la rivière Turtle, leur peignant le visage, chantant des chansons et jouant du tambour. Accusé de voies de fait, il est mis en état d’arrestation en mars 1815 par des responsables de la CBH.

Des employés agités de la CNO exhortent les Métis à détruire la colonie de Selkirk, ce qu’ils font presque à deux reprises. Peter Bostonais Pangman participe activement aux raids des Métis sur la nouvelle colonie. En juin 1815, les Métis exigent l’expulsion des colons de la région. En tant que l’un des quatre chefs employés par la CNO, Peter Bostonais Pangman rédige les modalités du traité métis aux côtés de Cuthbert Grant, de William Shaw et de Bonhomme Montour. Les quatre hommes négocient le retrait des colons de la rivière Rouge le 25 juin 1815, signant un document qui exige «qu’il ne subsiste aucune trace de la colonie». James Sutherland et James White acceptent ces conditions au nom des colons.

La tension monte

En moins d’un an, cependant, l’accord de paix prend fin lorsque s’embrasent des tensions accumulées. Dans son journal, Peter Fidler identifie Peter Bostonais Pangman comme l’un des hommes ayant mis à sac la Maison Brandon de la CBH en 1816, laquelle renfermait près de 29 000 lb de viande. C’est là un acte de représailles contre Peter Fidler et ses hommes de la CBH, qui avaient détruit le poste de la CNO là où se trouve aujourd’hui la ville de Brandon, au Manitoba.

En mars de la même année, Miles Macdonell et trois autres hommes emprisonnent Peter Bostonais Pangman. Peter Fidler écrit : «Bostonais… a récemment été fait prisonnier à la fourche de la rivière. Je suppose qu’il a été libéré sur parole. Cet homme a une grande influence sur les Sang-Mêlés [Métis].»

Peter Fidler décrit un groupe d’une cinquantaine d’hommes autochtones, métis et libres, dont Peter Bostonais Pangman, arrivant à cheval et brandissant un drapeau métis avec son symbole de l’infini le 1er juin 1816. Il écrit que Peter Bostonais Pangman est l’un des quatre hommes qui ont défoncé la porte du magasin et la porte de la grange pour voler la plus grande partie de leur contenu, ainsi que plusieurs chevaux de la Compagnie.

De telles escarmouches, qui de façon collective sont désignées sous le nom de «guerres du pemmican», sont au cœur des différends de plus en plus graves entre la CBH et la CNO au sujet de la traite des fourrures. Le point culminant en est la bataille de la Grenouillère (ou la victoire de la Grenouillère), le 19 juin 1816.

Bataille de la Grenouillère

Le gouverneur de la CBH, Robert Semple, et 28 hommes, pour la plupart de la CBH, affrontent une soixantaine d’hommes métis et des Premières Nations qui se dirigent vers l’ouest, traversant Frog Plain au nord de la colonie, pour livrer du pemmican aux brigades de canotiers de la CNO au lac Winnipeg. Robert Semple et 20hommes de son groupe perdent la vie au terme d’échanges de coups de feu et de combats à mains nues. Du côté des Métis, un adolescent guerrier trouve la mort, tandis qu’un autre homme subit des blessures. Bien qu’il n’existe aucune preuve de la présence de Peter Bostonais Pangman lors de l’incident, son demi-frère Joseph Pelletier, aussi connu sous le nom d’«Assiniboine», participe à la bataille.

Plus tard, Joseph Pelletier cherche à conclure un accord entre les groupes en négociant avec le capitaine d’Orsonnens, qui dirige les mercenaires suisses engagés par lord Selkirk pour reprendre la colonie. Lorsque lord Selkirk et Peguis, chef des Saulteaux, tentent de signer un traité, Peter Bostonais Pangman se met en colère, estimant que les Métis sont un peuple autochtone distinct jouissant d’un droit égal aux terres et aux ressources. Selon Lawrence Barkwell, coordonnateur de la recherche sur le patrimoine et l’histoire des Métis à l’Institut Louis Riel : «On croit que Peter Bostonais Pangman a dit à [Peguis] que s’il concluait un traité avec Selkirk sans la participation et le consentement des Métis, ces derniers expulseraient de force les Ojibwés des plaines de la région.»

Peter Bostonais Pangman, Cuthbert Grant et d’autres résistants métis subissent leur procès dans le Haut-Canada. Ils sont tous acquittés.

Bataille de la Grenouillère
Dessin au crayon et à l'encre de la bataille de la Grenouillère, 19 juin 1816, par C.W. Jefferys.
(photo gracieuseté de Bibliothèque et Archives Canada/1972-26-777)

Fin de vie

Peter Bostonais Pangman s’installe à Grantown (aujourd’hui, St. François Xavier). Selon le recensement de 1840, il cultive à l’époque deux acres de terre et possède une maison et une écurie, quatre chevaux, un bœuf, deux charrettes et un canot. Un recensement ultérieur indique que l’homme cultive six acres de terre. D’après au moins une source, Peter Bostonais Pangman parvient à convaincre 50 autres familles de déménager de Pembina à Grantown, endroit ainsi nommé en l’honneur de Cuthbert Grant.

Héritage

Ayant vécu dans l’ombre de son compatriote métis Cuthbert Grant, Peter Bostonais Pangman demeure tout de même connu comme l’un des premiers nationalistes métis à s’être battu pour préserver le mode de vie traditionnel de son peuple.

Liens externes

Archives du Manitoba Explorez les archives de la Compagnie de la Baie d’Hudson en mots et en images.

https://www.gov.mb.ca/chc/archives/hbca/spotlight/seven_oaks_part4.fr.html

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