Île d’Anticosti | l'Encyclopédie Canadienne

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Île d’Anticosti

L’île d’Anticosti, superficie de 7943 km2, 222 km de longueur et 56 km à son point le plus large, située dans le golfe du Saint-Laurent, en travers de l’embouchure du fleuve Saint-Laurent. Bien que considérée comme étant considérablement plus grande que l’Île-du-Prince-Édouard, sa population n’est que d’environ 200 personnes. L’île a été désignée site du patrimoine mondial de l’UNESCO en septembre 2023.


Description

La majeure partie de la côte est dominée par d’abruptes falaises de pierre calcaire, et plusieurs de ses rivières traversent de profonds canyons. L’extrémité à l’est est une immense tourbière. La plupart des ancêtres des habitants sont de Terre-Neuve, de Saint-Pierre-et-Miquelon, et des Îles-de-la-Madeleine. Les habitants sont tous francophones, et ils gagnent leur vie comme pêcheurs, trappeurs, agriculteurs, bûcherons, et gardiens de phare. En 1909, plus de 800 hectares ont été cultivés, mais il ne reste aucune ferme. Les phares sont maintenant complètement automatisés.

Rivière rocheuse avec un pêcheur sur le rivage.

Histoire

Les Innus connaissent l’île sous le nom de notiskuan (où on chasse les ours) et les Mi’kmaq l’appellent natigostec (terre avancée). Elle est explorée par Jacques Cartier en 1534. Il la prend initialement pour une péninsule, mais par la suite il la nomme Île de l’Assomption. Vers le début du siècle suivant, elle prend le nom d’Anticosti. L’île est concédée en 1680 comme seigneurie à Louis Jolliet, en reconnaissance de son exploration du fleuve Mississippi. Après la chute de la Nouvelle-France, elle est annexée à Terre-Neuve, puis rendue au Canada en 1774.

En 1872, une compagnie immobilière de Montréal fait faillite en tentant de coloniser l’île. En 1884, l’île est vendue aux enchères pour 101 000 $ à Francis Stockwell, un homme d’affaires anglais, qui fait faillite à son tour en essayant de la développer. En 1895, Henri Menier, un chocolatier français millionnaire, achète l’île pour en faire une réserve sportive privée. Elle est revendue en 1926 à la Wayagamack Pulp and Paper Co., (qui est plus tard intégrée à la Consolidated Bathurst Inc), et l’industrie de pâte de bois y prospère plus ou moins, surtout à la fin des années 1920, lorsque la population de l’île s’élève à 3000 habitants. Ces exploitations sont fermées en 1972, à cause des coûts de transport et des feux de forêt.

Le premier village permanent est situé à Baie-Sainte-Claire. Henri Menier le développe comme un village modèle, mais il est abandonné dans les années 1920 pour Port-Menier, le seul village sur l’île à ce jour. À l’extérieur de Port-Menier se trouvent les ruines du célèbre monument de l’île, le Château Menier, une luxueuse villa. Il est délibérément incendié en 1953.

En 1974, le gouvernement du Québec achète l’île et la transforme en une réserve de faune de plus de 150 km2. Elle abrite une faune très variée, dont plus de 120 000 cerfs de Virginie, soit la descendance des 220 cerfs amenés par Henri Menier en 1896. La chasse au cerf est l’attraction principale.

Chaque année, des milliers de navires passent au large de l’île, qui a acquis le surnom de « cimetière du golfe » en raison de ses dangereux récifs. Il est estimé que quelque 400 bateaux ont fait naufrage sur ces récifs, la plupart aux 18 e et 19e siècles, avant l’installation des phares. Des navires s’échouent encore occasionnellement sur ses récifs, malgré les aides à la navigation.

Une controverse éclate en 1937, lorsqu’un groupe d’Allemands prend une option de vente sur l’île dans le but d’y développer l’industrie forestière. Toutefois, les pressions des gouvernements fédéral et du Québec font avorter cette tentative.

De nos jours

Le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO désigne l’île comme étant un site du patrimoine mondial de l’UNESCO le 19 septembre 2023 en Arabie Saoudite. L’île est officiellement reconnue pour sa géologie et ses nombreuses archives fossiles de l’histoire de la Terre remontant de 447 à 437 millions d’années. Cette désignation fait de l’île le troisième site québécois inscrit sur la liste des sites du patrimoine mondial de l’UNESCO, liste qui comprend l’arrondissement historique du Vieux-Québec et le parc national Miguasha.

Étang brumeux entoure de conifères.