André Prévost (Joseph Gaston Charles), compositeur, professeur (né le 30 juillet 1934 à Hawkesbury, en Ontario; décédé le 27 janvier 2001 à Montréal, au Québec). Premiers prix harmonie, composition (CMM) 1960. Né en Ontario, il appartient cependant à une famille québécoise de vieille souche. Arrière-petit-fils de Gustave Smith, il fit ses études primaires à Saint-Jérôme, Québec, et ses études classiques au séminaire de Sainte-Thérèse et au collège de Saint-Laurent. En 1951, il entra au CMM où il travailla l'harmonie et le contrepoint avec Isabelle Delorme et Jean Papineau-Couture ainsi que la composition avec Clermont Pépin. Il obtint (1959) le prix de composition des Concerts Sarah-Fischer. Bassoniste d'un trio d'anches, il obtint la même année un prix de musique de chambre de la Fondation Les Amis de l'art. Boursier du CAC et du gouvernement du Québec, il s'inscrivit au Cons. de Paris dans la classe d'analyse d'Olivier Messiaen et, en 1961, travailla avec Henri Dutilleux à l'École normale de musique.
De retour au Canada en avril 1962, il enseigna au séminaire de Joliette et au collège des Eudistes de Rosemont. En juin 1963, il fut détenteur du Prix d'Europe pour la composition et, en novembre de la même année, son oeuvre symphonique Fantasmes obtint un prix de la Fondation Les Amis de l'art puis, en 1964, le prix de l'OSM; après sa création aux É.-U. (17 mars 1977) par le TS au Carnegie Hall, Harold Schonberg, dans le New York Times, signala que l'oeuvre « communique une authentique sensation d'urgence et s'affirme impressionnante ». En juin 1964, il retourna à Paris où il étudia la musique électronique à l'ORTF avec Michel Phillipot. Il revint après trois mois et devint professeur à l'Université de Montréal (1964-1996). Au printemps 1964, il conçut le projet d'une grande oeuvre musicale sur le thème « Terre des hommes » choisi par l'Exposition universelle et internationale qui allait se tenir à Montréal en 1967. Le MACQ lui en fit peu après la commande officielle. Au cours de l'été, il se rendit à Tanglewood et travailla au Berkshire Music Center où il reçut les conseils de Gunther Schuller, Donald Martino, Aaron Copland et Zoltán Kodály. À l'automne 1965, l'enregistrement de sa Sonate pour violon et piano par Jacques Verdon et Gilles Manny obtint un prix au Festival du disque de Montréal. En janvier 1966, Ten Centuries Concerts de Toronto, en collaboration avec le Centre de musique canadienne et la Commission du Centenaire de la Confédération canadienne, lui commandèrent la Suite pour quatuor à cordes, créée à Toronto en 1968 par le Quatuor à cordes Orford. Le 29 avril 1967, Terre des hommes, poème de Michèle Lalonde, pour grand orchestre, trois choeurs et deux récitants, fut créée sous la direction de Pierre Hétu, à la salle Wilfrid-Pelletier (PDA), lors de l'inauguration du Festival mondial d'Expo 67. Durant l'année 1972-73, il séjourna près de Lausanne en Suisse où il exécuta deux commandes pour la SRC, Chorégraphie I créée par le TS (1975) et Missa de Profundis créée par les Festival Singers du Canada et le Choeur Mendelssohn de Toronto (1973). À trois reprises, une de ses oeuvres a été choisie comme pièce canadienne imposée au Concours international de musique de Montréal : Pyknon (1966), « Il fait nuit lente » extrait d' Hiver dans l'âme (1981) et Variations et thème (1988).
À la fin des années 1980, Prévost avait composé plus de 50 oeuvres dont la majorité provient de commandes de divers orchestres et organismes. L'une d'elles fut la Cantate pour cordes écrite à la demande de Yehudi Menuhin et créée en 1987, sous sa direction, par l'Orchestre Camerata Lysy de Gstaad au Festival du printemps de Guelph lors d'une tournée de cet ensemble dans huit villes canadiennes. En janvier 1990, la SRC diffusa l'émission « Menuhin - Prévost (réaliser par James Dormeyer), une aventure créatrice » qui retraçait l'élaboration de l'oeuvre de sa conception à sa réalisation en concert. Cette émission fut primée au Prix Italia en octobre 1990. Les oeuvres de Prévost ont été exécutées notamment en France, en Angleterre, en Suisse, en Yougoslavie, en Nouvelle-Zélande, en Corée, ainsi qu'aux États-Unis. RCI lui a consacré un volume de sa collection Anthologie de la musique canadienne paru en 1987 (6-ACM 28).
La conception de Prévost de l'esthétique musicale se rapproche de celle de Xenakis en ce sens qu'il s'agit d'un « monde sonore en mouvement ». Mais il tient à s'affirmer détaché de tout déterminisme ou école quant à l'écriture ou l'esthétique. Il utilise librement les techniques et les procédés d'écriture contemporains. La notion de « structure », extrêmement poussée chez d'autres compositeurs, demeure avant tout chez lui un complément dépendant de l'oeuvre elle-même et de son « souffle ». Jusqu'à maintenant, l'ensemble de sa production illustre bien ce concept.
Prévost devint membre du conseil d'administration du Centre MC en 1971 et prés. du Groupe Nouvelle-Aire en 1973. En 1977, il reçut la médaille du canadien de la musique. Il fut investi officier de l'Ordre du Canada en 1986. Il fut membre de la LCComp et compositeur agréé du Centre MC. À Saint-Jérôme, un auditorium porte son nom.
Le Concerto pour violon (1998) et Menuhin: Présence furent entre ses dernières compositions. Pour une liste plus complète voir le site web du CMC.