Abénakis | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Abénakis

Les Abénakis (également appelés Wobanakis ou Wabanakis) tirent leur nom d’un mot de leur langue qui signifie « peuple des terres de l’aube » ou « peuple de l’est ». Leurs terres traditionnelles incluaient des parties du sud du Québec, de l’ouest du Maine et du nord de la Nouvelle-Angleterre. En date de septembre 2024, la population totale inscrite d’Abénakis dans les communautés de la Première Nation des Abénakis de Wôlinak et du Conseil des Abénakis d’Odanak au Québec était respectivement de 710 et 3108 habitants.

Peuples abénakis

La Nation des Abénakis est généralement divisée en deux groupes : les Abénakis de l’Est et les Abénakis de l’Ouest. Ensemble, les deux groupes couvrent historiquement les territoires du lac Champlain au Québec jusqu’à des parties du Maine, du New Hampshire, de New York et du Vermont aux États-Unis.

Avec les Wolastoqiyik (Malécites), les Passamaquoddys, les Micmacs et les Penobscots, les Abénakis forment la Confédération Wabanaki autour des années 1680. Il s’agit d’une union politique et culturelle qui joue un rôle important dans les guerres contre les Haudenosaunee et dans la Révolution américaine (voir aussi La Révolution américaine et le Canada). En 1993, la confédération est ravivée. Depuis, elle revendique ses droits ancestraux dans les questions concernant l’écologie, la santé et l’accès aux terres et aux ressources naturelles.

On trouve également plusieurs communautés algonquiennes en Nouvelle-Angleterre qui sont associées culturellement et/ou politiquement aux Abénakis, y compris les Canibas (ou Kennebecs), les Androscoggins, les Wawenocks et les Pequawkets.

Population et territoire

Dans les années 1600, les Abénakis de l’Est occupent ce qui est aujourd’hui l’État du Maine, à l’exception de ses régions plus au nord et plus à l’est. Les Abénakis de l’Ouest vivent dans le reste du nord de la Nouvelle-Angleterre, à partir du New Hampshire jusqu’au lac Champlain. En 1675-1676, à la suite de la guerre du roi Philippe dans la région de la Nouvelle-Angleterre, les Abénakis de l’Ouest se déplacent vers la vallée du Saint-Laurent. (Voir aussi Abénakis de la vallée du Saint-Laurent.)

Lors du recensement de 2021, 5320 personnes déclarent avoir des ancêtres abénakis. Selon le gouvernement du Canada, la population totale d’Abénakis inscrits dans les communautés de la Première Nation des Abénakis de Wôlinak et du Conseil des Abénakis d’Odanak est respectivement de 710 et de 3108 habitants. Les Abénakis habitent également dans d’autres régions du Canada et des États-Unis.

Vie pré-colonisation

Pendant une grande partie du 17e siècle, les Abénakis sont chasseurs, pêcheurs et cueilleurs. De plus, ils cultivent du maïs, des haricots et des courges. Les Abénakis voyagent surtout en canots d’écorce de bouleau sur les lacs et les ruisseaux, et ils vivent dans des villages près de chutes sur les grandes rivières pendant les saisons où les poissons migrateurs peuvent être pêchés. Pendant les autres saisons, ils se dispersent en groupes familiaux sur la côte ou dans de petits campements près des affluents à l’intérieur du continent. Ces campements deviennent les camps de base des territoires de trappage durant l’apogée de l’époque de la traite des fourrures. Lorsque la traite diminue, de nombreuses personnes se tournent vers l’industrie du bois et vers la vannerie. Les tentatives pour adopter l’agriculture ne réussissent qu’après le développement de la traite des fourrures, parce que l’agriculture seulement est trop risquée comme occupation à temps plein. Les Abénakis s’adaptent rapidement à la traite des fourrures et à l’économie mondiale.

Culture

La culture abénakise est riche en histoires orales, en enseignements traditionnels, en arts, en tambours et en danses. Bien que certaines pratiques et cérémonies traditionnelles soient supprimées par des politiques et des lois fédérales restrictives, comme les pensionnats indiens et la Loi sur les Indiens, la culture abénakise survit et elle continue de prospérer. Le Musée des Abénakis, un musée consacré à l’histoire et à la culture des Abénakis de l’Ouest, est situé à Odanak. Parmi les Abénakis bien connus, on compte la cinéaste et chanteuse Alanis Obomsawin, l’artiste Joyce Panadis, le chef et écrivain Joseph Laurent et l’artiste Christine Sioui-Wawanoloath.

Langue

Les Abénakis de l’Ouest et de l’Est parlent des langues algonquiennes étroitement apparentées, chacune ayant divers dialectes locaux. Les Abénakis de l’Est ont au moins quatre de ces dialectes : le pequawket (pigwacket), l’aroosaguntacook (aroosagunticook), le kennebec et le penobscot. Tous les Abénakis font partie des cultures algonquiennes de l’est et ils ont été séparés des autres Algonquiens se trouvant dans l’ouest et le nord par une migration de cultures parlant l’iroquois, un processus qui s’est déroulé au cours des 1000 dernières années. Ces deux langues sont en voie de disparition au Canada et aux États-Unis, bien que les communautés locales font des efforts pour revitaliser la langue. (Voir aussi Langues autochtones au Canada.)


Religion et spiritualité

Gici Niwaskw est le « Grand Esprit » ou le Créateur dans la tradition orale et la spiritualité des Abénakis et des Wabanakis du sud. Parfois appelé Tabaldak/Dabaldak (« Seigneur ») ou Niwaskowôgan (« Grand Esprit ») en abénaki, le Créateur est un être bienveillant et abstrait qui n’interagit pas directement avec les humains. Comme chez d’autres communautés algonquiennes, le Grand Esprit des récits abénakis est rarement personnifié, et les histoires traditionnelles ne lui assignent pas de sexe.

Récits de la création

On raconte que Gici Niwaskw a créé le monde entier. Dans certaines traditions orales abénakises, il n’y avait aucun son ni aucune couleur jusqu’à ce que le Créateur remplisse la Terre vide de vie et de lumière. Il ordonne à Tolba, la Grande Tortue, d’émerger de l’eau pour former la terre. Moskwas, le rat musqué, plonge dans l’eau pour recueillir de la boue qui a été placée sur le dos de Tolba pour créer les terres. Gici Niwaskw crée les montagnes et les vallées sur le dos de Tolba, ainsi que les nuages au-dessus de sa tête. Pendant qu’il dort, Gici Niswaskw imagine des humains et différents types d’animaux. Lorsqu’il se réveille, il voit que son rêve est devenu réalité. Les différents peuples abénakis ont différentes versions de ce récit, ainsi que d’autres récits de la création, mais tous les récits comportent généralement une figure de créateur.

Tandis que le Créateur crée le monde et les créatures qui l’habitent, les détails de l’entretien et de la transformation ou de l’apprivoisement du paysage sont confiés au héros mythique Gluskabe (Glooscap ou Klusklap), qui occupe une place importante dans plusieurs récits wabanakis. Il existe diverses versions du récit, selon la nation. D’après la plupart des récits, Gluskabe n’est ni un dieu ni un humain, mais on considère qu’il est plutôt entre les deux. De plus, il est un héros culturel, un filou doté de pouvoirs surnaturels qu’il utilise pour manipuler le monde qui l’entoure, le rendant plus habitable pour les humains. Par exemple, il calme les vents, apprivoise les animaux sauvages et gère les eaux. Dans un bon nombre des récits, il quitte les Abénakis, mais il leur promet de revenir si jamais ils ont besoin de lui.

Histoire coloniale

Les Abénakis occupent une place importante dans les journaux de l’explorateur Samuel de Champlain, ainsi que dans ceux d’autres explorateurs et de missionnaires. Entre 1600 et 1610, il y a environ 13 800 Abénakis de l’Est et 12 000 Abénakis de l’Ouest. Quelques décennies après le contact avec les Européens, les maladies, plus particulièrement la rougeole et la variole, réduisent les populations de nombreuses communautés jusqu’à 98 %. Les Abénakis de l’Ouest qui survivent se retirent dans des communautés de réfugiés dans le nord de la Nouvelle-Angleterre et au Québec. (Voir aussi Abénakis de la vallée du Saint-Laurent.) Les Abénakis de l’Est ne sont pas aussi dévastés par la maladie et la guerre, et leur communauté principale à Old Town dans le Maine, survit jusqu’à maintenant.

Les Abénakis sont les alliés traditionnels des Français, et ils se retrouvent avec très peu de moyens de défense contre l’expansion anglaise après la chute de la Nouvelle‑France en 1760, ce qui les force à établir de faibles alliances avec les autres nations autochtones anciennement alliées avec les Français. Les Abénakis (et certaines autres nations autochtones de l’Est) signent des traités avec les Britanniques durant les années 1700, qui sont communément appelés traités de paix et d’amitié. Ces accords visent principalement à prévenir la guerre entre ennemis et à faciliter le commerce. La Révolution américaine sépare les Abénakis de l’Est des Abénakis de l’Ouest, dont la plupart vivent au Québec. Les Abénakis demeurent divisés dans leur loyauté tout au long de la guerre de 1812.

Revendications territoriales

Un règlement de revendication territoriale en février 1995 entre les Abénakis de l’Est de la Nation Penobscot et l’État du Maine est élargi pour inclure les Wolastoqiyik (Malécites) et les Passamaquoddy alliés qui y résident.

En 1996, la Première Nation des Abénakis de Wôlinak et le Conseil des Abénakis d’Odanak déposent une revendication territoriale pour une ancienne réserve située au nord-ouest de La Tuque et connue sous le nom de Crespieul. Les Abénakis soutiennent que la réserve de 33,8 km2, qui a été créée en 1894, a été cédée au gouvernement fédéral en 1910 sans leur consentement. La revendication est acceptée pour négociations en 2001; en 2003, les parties entament le processus de négociation. La revendication est réglée en 2007. Pour la perte de leurs terres, la Première Nation des Abénakis de Wôlinak et le Conseil des Abénakis d’Odanak reçoivent environ 4,8 millions de dollars.

Vie contemporaine

De nos jours, la plupart des Abénakis exercent des professions courantes au Québec et en Nouvelle-Angleterre. Ils sont toujours reconnus pour la qualité de leur vannerie de frêne noir et leurs traditions orales. Il existe plusieurs organismes qui visent à favoriser les divers aspects de la culture abénakise traditionnelle et à promouvoir une connaissance plus vaste de son histoire et de ses arts.

Guide pédagogique perspectives autochtones

Collection des peuples autochtones