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Musique à Trois-Rivières

Trois-Rivières. Fondée en 1634 par le sieur de Laviolette comme poste de traite sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, cette ville, située entre Québec et Montréal, tire son nom de la triple embouchure de la rivière Saint-Maurice où elle est située.

Trois-Rivières

Trois-Rivières. Fondée en 1634 par le sieur de Laviolette comme poste de traite sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, cette ville, située entre Québec et Montréal, tire son nom de la triple embouchure de la rivière Saint-Maurice où elle est située. Érigée en municipalité en 1845, elle comptait en 1986 une population métropolitaine de 128 888 âmes. D'abord célèbre par ses forges, Trois-Rivières est devenue un centre industriel connu pour ses papetières.

La vie musicale ne semble pas y avoir été très florissante au début du XIXe siècle si l'on en juge par le commentaire de John Lambert, un voyageur de passage : « À Trois-Rivières, les divertissements consistent dans les réunions mentionnées ci-haut (thés, conversazioni et petits soupers) et quelques danses durant l'hiver. Les réunions se tiennent parfois dans l'une des tavernes où un bal par souscription a lieu une fois par quinzaine durant la saison d'hiver... Les concerts et pièces de théâtre sont inconnus à Trois-Rivières sauf à l'occasion du passage de quelques artistes ambulants venant des États-Unis, en route pour Québec » (vol. I, p. 496-497, Travels through Canada and the United States of America in the years 1806, 1807 and 1808, 2 vol., Londres 1816). L'historien Benjamin Sulte, dans ses Mélanges historiques (vol. XIX, Montréal 1932), signale cependant la présence de cinq « maîtres-chantres » dont un certain Leclerc et un Dr Charles Alavoine, tous deux vers 1730, ainsi que Jean-Baptiste Badeaux, un « bon chanteur », vers 1754, et son fils Joseph « à la voix puissante ». Le fils de ce dernier, le Dr Georges-Édouard Badeaux, fut actif vers 1830-70. Sulte mentionne également un clarinettiste du nom d'Hippolyte Godin.

Au couvent des Ursulines (fondé en 1697) et au séminaire (ouvert en 1860), la musique était vraisemblablement enseignée. Dès 1872, un orchestre local se fit entendre à l'hôtel de ville, accompagnant un choeur dans des oeuvres de Mozart et Rossini. Une pianiste trifluvienne, Bernadette Dufresne (1873-1923), élève de Calixa Lavallée à Boston, donna en 1899 un récital avec le violoniste J.-J. Goulet. En 1901, le grand orgue Casavant de la cathédrale fut inauguré. Sa première titulaire fut Mme Ph. Aubry. Au nombre des organistes qui lui succédèrent se trouvent Nazaire Marchand, J.-François Paradis et Bernard Piché. À l'église Notre-Dame-des-Sept-Allégresses, J.-Antonio Thompson fut organiste de 1916 à sa mort en 1974. Durant 58 ans, Thompson fut un animateur exceptionnel, à la fois comme professeur, chef de musique et chef de choeur. En 1930, il succéda à Giuseppe Agostini à la tête de la Philharmonie de La Salle, inaugurant cette même année des cours gratuits de solfège. Il fonda le Choeur Thompson (1941) et le quatuor vocal Les Chevaliers du guet et fut dir. mus. de la station radiophonique CHLN (1937-39). Son fils Claude dirige depuis 1956 la maîtrise des Petits chanteurs de Trois-Rivières qui s'est fait entendre à la SRC et dans plusieurs concerts. L'Union musicale fut fondée en 1878 et, dès 1909, un ensemble de quelque 20 musiciens portant le nom d'OS de Trois-Rivières présenta deux concerts et Le Désert de Félicien David. Le violoniste Joseph Gélinas (qui avait fondé un quatuor à cordes en 1937) réorganisa l'orchestre en 1943 et en prit la direction. Ses successeurs furent Edwin Bélanger (1946-47) et Jean-Yves Landry (1947-49). En 1977, un jeune compositeur, Gilles Bellemare, l'a réorganisé et en assure la direction depuis. Une Musique municipale fut dirigée (1889-1914) par Henri Weber puis par Émile Quiquemberg.

Un autre animateur fut l'abbé Joseph-Gers Turcotte (Trois-Rivières, 1887 - 1975), m. c. à la cathédrale et au séminaire, professeur, pianiste, compositeur, diplômé de la Schola cantorum de Rome. En 1910, il présenta Jeanne d'Arc de Gounod au séminaire puis Joseph de Méhul en 1913. Arthur Plamondon ouvrit un studio d'art vocal en 1915, et en 1919, l'Assn lyrique fut fondée afin de « développer nos talents locaux, de les produire chez nous et de donner au public l'opportunité de les goûter ». En plus de concerts, elle présenta Les Cloches de Corneville de Planquette, puis Si j'étais roi d'Adam. Les fêtes du Tricentenaire en 1934 furent l'occasion de célébrations où la musique joua un rôle important. L'abbé Turcotte mit sur pied un choeur de 700 voix qui participa à des concerts et à des spectacles à caractère historique.

Les concerts avaient lieu à l'auditorium de La Salle puis au théâtre Capitol, ouvert en 1928 avec une saison d'opérette française. Roger Filiatrault ouvrit un studio d'art vocal en 1936; parmi ses élèves figure Irène Allard-Moquin qui chanta La Damoiselle élue de Debussy avec l'orchestre des CSM (OSM). La société des concerts, affiliée à Community Concerts, fut organisée en 1939 mais le Club musical lui fit concurrence en présentant exclusivement des artistes canadiens. En 1942, Anaïs Allard-Rousseau rassembla ces groupements pour constituer Les Rendez-vous artistiques qui présentèrent les grands artistes internationaux Raoul Jobin, Malcuzynski, et d'autres. La même année, elle fonda le Club André-Mathieu à l'intention des jeunes, lequel deviendra en 1950 la section locale des JMC, mouvement dont elle sera prés. nationale (1954-56).

Dès le début du siècle, Trois-Rivières accueillit d'excellents artistes canadiens et étrangers comme Théodore Botrel, Albert Chamberland, Edmond Clément, Alfred Cortot, Béatrice La Palme, Albert Larrieu, F.-X. Mercier, Léo-Pol Morin, Rodolphe Plamondon, le Quatuor à cordes Dubois, Jean Riddez, Émile Taranto, Eugène Ysaÿe, etc.

Ouvert en avril 1964 comme école préparatoire, le Cons. de musique du Québec à Trois-Rivières fut inauguré comme tel en 1967 et dirigé successivement par Czeslaw Kaczynski, Raymond Daveluy, Armando Santiago, Georges Savaria, Roger Bédard, Jean Charron et Michel Kozlovsky. La section musique de l'UQTR, ouverte en 1969, a été dirigée par Jean Chatillon, à qui ont succédé Jacques Larocque et Lorraine Casaubon. La section musique du cégep de Trois-Rivières (concentration pré-universitaire) a été fondée par Claude Allaire en 1969, à qui ont succédé Claude Parenteau et Pierre Gouin. Fondée en 1971 par Noëlla Genest et Jean Girouard, la société Pro Organo Mauricie présente annuellement une série de concerts à Trois-Rivières et en région. Un Centre culturel, doté d'une salle moderne, accueille la plupart des manifestations musicales. Quant au théâtre Capitol, il a été rénové grâce à une souscription publique et rebaptisé salle J.-Antonio-Thompson en 1979.

À Cap-de-la-Madeleine, ville voisine, la Maîtrise Notre-Dame-du-Cap, fondée en 1963 par Pierre Loranger, a assuré le service musical des offices liturgiques de la basilique jusqu'en 1988. Devenue indépendante sous le nom de Maîtrise du Cap-de-la-Madeleine, elle se produit régulièrement en concert. Raymond Perrin en est le dir. depuis 1986. De 1969 à 1988, Noëlla Genest a organisé « Les récitals d'été du Cap » donnés à l'orgue de la basilique par différents organistes. Gilles Rioux, titulaire des orgues, en est le responsable depuis 1989.

Parmi les musiciens nés à Trois-Rivières ou dans la région, on compte Gaston Arel, Nick Ayoub, Paule-Aimée Bailly, A.J. Boucher, Gilles Carpentier, Maurice DeCelles, Gilles Desrochers, Josephte Dufresne, Graziella Dumaine, Ernest et Gustave Gagnon, Jacques Hétu, Jules Jacob, Pauline Julien, Marie Laferrière, Jean-Yves Landry, Alphonse Lavallée-Smith, Gilles Manny, soeur Marie-Stéphane, Alphonse Martin, François-Xavier Mercier, Raymond Perrin, Guy Piché, Léon Ringuet, Myke Roy, Claude Thompson et Pierre Vidor.

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