Travail social
Le travail social est une profession qui vise à aider les individus, les familles, les groupes et les communautés à améliorer leur bien-être individuel et collectif. Il aide les gens à développer leurs habiletés et à utiliser leurs propres ressources et les ressources communautaires pour résoudre les problèmes. Il traite aussi de questions sociales plus vastes comme la PAUVRETÉ, le CHÔMAGE et la VIOLENCE FAMILIALE. Le travail social a toujours été associé aux OEUVRES DE BIENFAISANCE et à l'aide bénévole aux gens dans le besoin. Actuellement, il est associé à la prestation des services publics et aux droits de citoyenneté de l'État providence.
Histoire du travail social
Avant 1867, le travail social s'identifie au Canada, tout comme en Angleterre et aux États-Unis, au secours apporté aux pauvres, dont on croit généralement que la situation résulte d'une faiblesse de caractère. Une publication de la London Charity Organization Society résume cette croyance de la façon suivante : « Si le chef de famille n'économise pas en prévision de son décès, une part de la responsabilité en incombe à son épouse, de sorte qu'il n'est pas évident du tout qu'il faille qu'une aide charitable vienne au secours d'une veuve imprévoyante. »
Les Associated Charities (ligues de bienfaisance), ayant une certaine filiation avec un mouvement né en Angleterre en 1869, apparaissent au Canada en 1881. Ce mouvement se distingue d'organisations similaires de l'époque en soulignant l'importance d'une investigation systématique de la situation des pauvres plutôt que de se contenter de leur venir en aide. Vers 1912, des commissions municipales de service social remplacent les Associated Charities. Au même moment, les disciples de Mary Richmond, pionnière américaine du travail social, popularisent au Canada sa méthode du service social personnel. En 1914, l'UNIVERSITÉ DE TORONTO, bientôt suivie par l'UNIVERSITÉ MCGILL en 1918, inaugure un programme de formation en travail social. Le travail social progresse lentement durant les années 1920 et 1930.
En 1926, on fonde l'Association canadienne des travailleurs sociaux et ses premiers membres accrédités viennent surtout d'organismes de bien-être de l'enfance et de protection de la famille, de services municipaux et de maisons d'entraide. Durant la CRISE DES ANNÉES 1930 les organismes de travail social sont fortement sollicités, mais les gouvernements ne sont pas encore disposés à favoriser la formation de travailleurs sociaux dans les universités.
Seuls deux nouveaux programmes de formation sont mis sur pied pendant cette période, l'un à l'U. de la Colombie-Britannique en 1928 et l'autre à l'U. de Montréal en 1939. Après la DEUXIÈME GUERRE MONDIALE, la profession prend de l'expansion de concert avec le développement des soins de santé, de l'assurance-hospitalisation, des PENSIONS DE VIEILLESSE, de la SÉCURITÉ SOCIALE, des foyers pour personnes âgées et des services spéciaux pour PERSONNES HANDICAPÉES et ces organismes font souvent appel à des travailleurs sociaux. Le travail social prend beaucoup d'ampleur dans les années 1960 et 1970, avec la création d'un vaste éventail de services publics sous l'égide de l'ÉTAT PROVIDENCE, au moment où le droit aux services publics est associé aux droits de CITOYENNETÉ plutôt qu'aux oeuvres de bienfaisance. Le recensement de 1941 dénombre 1 767 travailleurs sociaux au Canada, celui de 1996 en dénombre plus de 85 955 et on compte 34 écoles de travail social au Canada (2000).
Quelques-uns des principaux réformateurs sociaux du Canada sont liés à cette profession. C'est le cas de J.S. WOODSWORTH, fondateur du CCF; de Charlotte WHITTON, très engagée dans la question du bien-être de l'enfance et mairesse d'Ottawa; de Leonard MARSH, auteur d'un rapport très remarqué sur la sécurité sociale; de Harry Cassidy, écrivain et pendant longtemps directeur de l'École de service social de l'U. de Toronto et de Georges-Henri LEVESQUE de l'U. Laval, qui a connu une brillante carrière dans le domaine des sciences sociales et qui a favorisé l'enseignement en travail social au Québec.
Formation et spécialisation
Dans le programme du premier cycle (BSS), la plupart des institutions d'enseignement mettent l'accent sur la pratique généraliste. Dans le cadre d'une approche généraliste, les étudiants apprennent plusieurs théories et compétences qui leur permettent de régler divers problèmes dans divers champs d'activité. Les cours couvrent des domaines comme le comportement humain et le développement social, la prestation de services sociaux, la politique sociale et l'intervention sociale. Au niveau de la M.S.S., du D.S.S. et du Ph. D., les étudiants se spécialisent dans divers champs d'études comme la protection de la famille et de l'enfance, la santé mentale, la justice, etc.
De nouvelles spécialisations apparaissent en service social pour répondre aux problèmes personnels et sociaux engendrés par les changements sociaux. Partout au Canada, les méthodes d'intervention en travail social comprennent la consultation, le travail de groupe, le développement communautaire et l'administration sociale, bien qu'elles partagent un tronc commun de théorie et de pratique qui, dans l'ensemble, constitue le fondement de cette profession. Les travailleurs sociaux agissent comme conseillers auprès des personnes et des familles aux prises avec des problèmes comme l'éclatement de la famille, les manquements aux devoirs parentaux, la violence faite aux enfants (voir ENFANTS MALTRAITÉS), le VIH ou le SIDA, l'ALCOOLISME et l'usage abusif de drogues (voir DROGUES, USAGE NON MÉDICAL DES), ainsi qu'avec des problèmes qui peuvent survenir à l'école ou au travail.
Le travail de groupe s'applique à des programmes dont les participants n'ont pas nécessairement des liens étroits entre eux. Il arrive que ces groupes s'organisent dans le cadre de programmes de loisirs sociaux, par exemple dans les centres pour personnes âgées ou les GARDERIES . Ils se forment parfois pour débattre de problèmes personnels ou simplement pour partager des expériences communes. Le développement communautaire concerne des activités visant l'amélioration des conditions sociales, la coordination de services ou la promotion de changements dans les politiques publiques. On mise davantage sur l'émergence de chefs de fil communautaires et sur les initiatives d'auto-assistance. Enfin, la croissance des services publics et bénévoles amène de plus en plus les travailleurs sociaux à se spécialiser en administration sociale, c'est-à-dire en gestion d'un vaste éventail de services et dans la direction de grosses bureaucraties.
Champs d'activité
Beaucoup de travailleurs sociaux sont affectés à des services sociaux et des services de santé publics qui s'occupent des soins et de la réadaptation de personnes souffrant de maladies physiques et mentales, des jeunes, des personnes âgées, des personnes souffrant de déficience intellectuelle ou des handicapés. Les COMMISSIONS SCOLAIRES engagent des travailleurs sociaux comme conseillers auprès d'étudiants confrontés à des troubles affectifs ou à des problèmes sociaux. Les maisons d'entraide, les centres communautaires, les centres et foyers pour personnes âgées les engagent pour travailler avec des personnes et des groupes. Certaines entreprises ont recours à des travailleurs sociaux pour aider leurs employés qui éprouvent des problèmes personnels. Dans le secteur correctionnel, des travailleurs sociaux conseillent les contrevenants, les prisonniers et ceux qui sont en liberté conditionnelle. Certains travaillent comme organisateurs dans des agences de planification sociale, dans des organismes communautaires et des SYNDICATS ; d'autres occupent des postes d'administrateur au sein du gouvernement ou dans des associations de bénévoles. Certains enseignent dans des universités ou des collèges communautaires. Au cours des dernières années, le nombre de travailleurs sociaux en exercice privé a augmenté sensiblement.
Institutions, associations et périodiques
L'Association canadienne des travailleurs sociaux (ACTS) est une organisation professionnelle nationale qui administre des associations provinciales et territoriales comptant environ 16 000 membres en 2000 et maintient un Répertoire national des travailleurs sociaux en exercice privé . Elle est dotée d'un code d'éthique, rédige des directives pour l'exercice de la profession et publie des ouvrages sur le travail social et les politiques de bien-être social. Les associations fédérale et provinciales apportent aussi leur contribution à la mise sur pied de services sociaux et de programmes de sécurité sociale au Canada. L'Association canadienne des Écoles de service social est l'instance chargée de l'accréditation des écoles de service social et maintient les normes professionnelles et les normes de scolarité. Les travailleurs sociaux doivent être accrédités par le Conseil d'accréditation de l'Association canadienne des écoles de service social. Au cours des dernières années le Conseil a veillé à ce que le programme d'études des écoles reflète la diversité de la société canadienne et s'occupe des problèmes des Autochtones. Pour exercer sa profession, le travailleur social doit être détenteur d'un baccalauréat en service social (B.S.S.) Le titre de travailleur social est protégé par la loi dans toutes les provinces et dans les Provinces de l'Atlantique, la loi prévoit en outre la protection de l'exercice. Par conséquent, seules les personnes dûment qualifiées peuvent utiliser le titre ou exercer la profession de travailleur social.
L'association fait la promotion de la recherche et par l'intermédiaire de publications professionnelles, sensibilise la population à la profession et assure la sauvegarde des normes. Les principaux périodiques professionnels canadiens comprennent notamment Canadian Social Work/Travail social canadien, Canadian Social Work Review/Revue canadienne de travail social et Service social et Intervention. L'Association canadienne des travailleurs sociaux et les associations provinciales publient également des bulletins d'information à l'intention de leurs membres. Les membres des associations canadiennes sont associés avec des collègues d'autres pays par l'entremise de la Fédération internationale des travailleurs sociaux et de l'Association internationale des écoles de service social. Cette dernière parraine une conférence dans diverses parties du monde tous les deux ans.
L'avenir du travail social
Le travail social s'adapte constamment aux changements démographiques et culturels dans la société canadienne. À cet égard, une population VIEILLISSANTE, la diversité croissante de la société et les besoins sociaux des AUTOCHTONES constituent de nouvelles priorités dans les services sociaux et l'enseignement du service social. La profession se préoccupe également de la préservation de programmes de qualité et de la nature de l'exercice, dans un contexte de restrictions et de coupures budgétaires. La profession continue de s'impliquer dans les mouvements de réforme visant à modifier l'attitude négative des citoyens envers les gens dans le besoin et à défendre les DROITS DE L'HOMME, la justice sociale et l'égalité des sexes. En dépit de ces engagements professionnels, cependant, le rôle futur du travail social au sein du secteur public demeure incertain. D'une part, le travail social et les services sociaux font partie intégrante de la prestation de SERVICES PUBLICS au Canada, en raison de la croissance de l'État providence. D'autre part, le repli actuel de l'État providence signifie que les services sociaux, tout comme les autres services publics, font l'objet de coupures des dépenses sociales à mesure que les gouvernements s'adaptent à un contexte économique changeant dans une ère de mondialisation. Tout comme les autres catégories professionnelles du secteur public, le travail social est influencé par la mondialisation. Même si l'incidence de la mondialisation demeure obscure, le travail social devra probablement penser plus loin que les services publics de l'État providence pour élaborer de nouveaux concepts de droits sociaux et découvrir de nouvelles façons de répondre aux besoins humains.
Voir également SERVICES SOCIAUX ET ASSISTANCE SOCIALE; CONSEIL CANADIEN DE DÉVELOPPEMENT SOCIAL.
Le site de l'Association canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux (ACTS) constitue un point d'accès où les travailleurs sociaux et autres personnes peuvent se renseigner sur l'ACTS, ses activités et ses services. https://www.casw-acts.ca/
Cinquante-deux organisations canadiennes à but non lucratif sont réunies sous la bannière Enfant & famille Canada dans le but de fournir de l'information de qualité et des ressources crédibles sur les enfants et les familles. http://www.cfc-efc.ca/
L'Institute for Social Research (ISR) est un organisme de recherche de la York University. Il a pour but de promouvoir et de procéder à des recherches et d'évaluer la recherche appliquée en service social. http://www.isr.yorku.ca/