Terre-Neuve-et-Labrador | l'Encyclopédie Canadienne

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Terre-Neuve-et-Labrador

Terre-Neuve-et-Labrador est la plus jeune province du Canada; elle se joint à la Confédération en 1949. Sur sa côte figurent sans doute les premières pointes de terre aperçues par les Européens. La province représente une superficie de 405 720 km2, dont presque les trois quarts, soit 294 330 km2, sont occupés par le Labrador. L’île de Terre-Neuve est la région la plus à l’est du Canada, tandis que le Labrador se situe sur le continent au nord-ouest de l’île. C’est à l’explorateur Jean Cabot, que Terre-Neuve, jadis surnommée la « nouvelle île », doit son nom. Depuis sa découverte, l’île est désignée sous le nom de « Terra Nova », ou « Newfoundland » pour les anglophones. Le Labrador a probablement reçu son nom de l’appellation portugaise « Terra del Lavradors ».


Géographie

Régions physiographiques de Terre-Neuve-et-Labrador

Terre-Neuve-et-Labrador est divisée par trois des sept régions physiographiques du Canada. Ces trois régions sont le Bouclier canadien au Labrador, les Appalaches, et les basses-terres du Saint-Laurent à l’est, sur l’île de Terre-Neuve.

La région côtière du nord du Labrador est montagneuse. Elle est composée de profonds fjords et il n’y pousse que de la végétation subarctique au niveau du sol. La région côtière au sud est constituée d’un estran de mer accidenté et dénudé, et d’un hinterland boisé. L’intérieur du Labrador est un plateau bien boisé et sectionné. La plupart des villes les plus peuplées du Labrador, incluant Happy Valley-Goose Bay et Labrador City, sont situées dans cet intérieur.

Sur l’île de Terre-Neuve, la côte ouest est dominée par les monts Long Range aux sommets à surface plane. La côte nord-est, caractérisée par ses nombreuses baies, ses îles et ses promontoires, fait face à l’océan Atlantique, le long de la péninsule Great Northern jusqu’à la presqu’île Avalon. La côte sud de Terre-Neuve présente les caractéristiques profondément enfoncées d’un rivage submergé. Les régions intérieures sont généralement vallonées et accidentées. Les marécages et la végétation de la bruyère couvrent la majeure partie des terres. La plupart des villages et des villes de Terre-Neuve sont situés dans les baies et les anses des côtes ouest et nord-est de l’île.

Le sapin baumier est l’arbre le plus répandu à Terre-Neuve, et il est le deuxième arbre le plus répandu au Labrador. L’épinette noire représente environ le tiers des forêts de Terre-Neuve et le deux tiers des forêts du Labrador. Parmi les espèces moins dominantes figurent le mélèze, le pin et les espèces feuillues comme le bouleau à papier, le peuplier tremble, l’aulne, le cerisier de Pennsylvanie et le sorbier.

Grâce au décapage et aux dépôts, la glaciation a laissé un paysage grêlé capable d’emmagasiner de vastes quantités d’eau dans les milliers de lacs, d’étangs et de tourbières. De nombreux lacs se trouvent dans les larges et anciennes vallées qui ont été creusées par le décapage glaciaire et endiguées par les dépôts glaciaires. À l’intérieur du Labrador, des centaines de lacs ont été combinés avec des canaux, des digues et des barrages pour créer le réservoir Smallwood situé derrière l’énorme développement hydroélectrique des chutes Churchill. Le réservoir mesure environ le tiers de la taille du lac Ontario. ( Voir aussiGéographie de Terre-Neuve-et-Labrador.)

Population

Centres urbains

La colonisation par les Européens s’est faite lentement et reflète la prépondérance de la pêche. Les premiers colons prêtent peu d’attention à la terre ou au manque de commodités et s’installent dans les baies et les anses, à proximité de la mer et des lieux de pêches, surtout sur la côte est. Graduellement, la colonie s’étend et devient permanente. Les premiers centres se développent autour de St. John’s et de la baie de la Conception, puis généralement le long des côtes est et sud. Aujourd’hui, St. John’s est la capitale de la province et la ville la plus peuplée, suivie de Corner Brook, Grand Falls-Windsor et Gander.

En 2021, 52.8 % de la population est urbaine, ce qui va de pair avec la tendance nationale à l’urbanisation.

Main d’œuvre

Avant l’effondrement de la pêche dans les années 1990, entre 5 % et 6 % de la population active travaillait dans le secteur de la pêche, de la chasse et du trappage. Toutefois, en 2016 ce nombre a chuté à 2,6 %. Pendant un certain temps, le nombre d’emplois dans le domaine de l’exploitation minière, de l’exploitation des carrières et de l’extraction pétrolière et gazière a augmenté de façon spectaculaire entre 2002 et 2012, passant de 5 700 à 11 200, soit une croissance de 96 %. Comme dans les autres provinces avec un nombre important d’emplois dans l’extraction pétrolière et gazière, ces chiffres ont chuté pendant les dernières années, baissant à 8 315 personnes en 2021, soit 4 % de la population active.

Malgré l’importance de l’industrie primaire dans la province, en 2021, les secteurs qui emploient le plus de gens sont les soins de santé, les services d’assistance sociale, le commerce de détail ainsi que le secteur d’administrations publiques.

À Terre-Neuve-et-Labrador, le taux de chômage est souvent le plus élevé du Canada. En 2021, il est de 15,2 % alors que la moyenne nationale est de 10,3 %.

Langue et ethnicité

La province est habitée par plusieurs communautés autochtones, dont les Micmacs, qui résident sur l’île, ainsi que les Innus, les Inuits et les Inuit-Métis, dont les réserves se trouvent au Labrador. (Voir aussi Réserves enTerre-Neuve-et-Labrador.)

Ailleurs, la population est principalement d’origine européenne, surtout de descendance d’immigrants du sud-ouest de l’Angleterre et du sud de l’Irlande. La côte ouest est habitée par quelques groupes de descendants de Français (surtout des Acadiens) et quelques Écossais dont les ancêtres venaient du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse.

Religion

Les religions pratiquées reflètent essentiellement l’origine ethnique. La plupart des habitants sont de religion chrétienne et s’identifient comme catholiques ou anglicanes.

Histoire

Arrivée des autochtones

Durant la préhistoire, de 8000 à 3200 av. J.-C. approximativement, un peuple de la période dite archaïque maritime habite la région maintenant connue sous le nom de Terre-Neuve-et-Labrador. Ils sont suivis par les Paléoesquimaux, qui habitent la région de 2800 à 600 av. J.-C. approximativement, puis par des autochtones d’une époque récente à partir d’environ 2000 av. J.-C. Les autochtones d’époque récente qui habitent l’île sont des ancêtres des Béothuks; ceux qui habitent le Labrador sont les ancêtres des Innus. Les ancêtres des Inuits du Labrador sont les Thule.

À l’arrivée de Jean Cabot en 1497, l’île est entièrement peuplée de Béothuks. Bien qu’ils aient quelques contacts avec les Européens, ils préfèrent les éviter. Ils reculent alors vers l’intérieur de l’île. Par conséquent, ils n’ont plus accès au littoral, leur principale source de nourriture. Ils souffrent également des maladies que les Européens ont apporté avec eux, particulièrement de la tuberculose. Les Béothuks les plus connus étaient deux femmes, Mary March (Desmasduwit) et Shawnadithit, qui ont été capturées en 1819 et amenées à St. John’s. Elles meurent peu après, tout le comme le reste de leur peuple.

Après l’arrivée de Cabot, les Micmacs, originaires des régions maintenant connues sous les noms de Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard, Gaspésie et Nouveau-Brunswick, commencent à voyager dans le golfe du Saint-Laurent dans le but d’échanger des fourrures pour des produits européens. Certains d’entre eux s’établissent à Terre-Neuve-et-Labrador. Une communauté Micmac réside aujourd’hui à Conne River.

Tous comme les Béothuks, les Innus et les Inuits du Labrador souffrent de l’arrivée des Européens. Plusieurs meurent des maladies de l’autre continent et l’on empiète sur leurs terres. Aujourd’hui cependant, il reste deux communautés Innu au Labrador, Sheshatshiu et Natuashish. En 2004, les Inuit gagnent le droit de s’autogouverner. Cette victoire mène à l’établissement du gouvernement Nunatsiavut, dont le territoire se trouve dans le nord du Labrador. Celui-ci comprend cinq communautés Inuit : Nain, Hopedale, Rigolet, Makkovik et Postville.

Exploration

À la fin du Xe siècle, des Vikings, dont Leif Ericsson, effectuent plusieurs voyages d’exploration du Groenland jusqu’aux terres situées outre-mer, à l’ouest et au sud-ouest, et établissent un campement temporaire à L’Anse aux Meadows, dans la péninsule Great Northern de l’île. En 1497, un explorateur vénitien, Jean Cabot, à la solde du roi d’Angleterre Henri VII, découvre de nouvelles terres, qu’on croit situées entre la Nouvelle-Écosse et le Labrador et qui comprennent une « nouvelle île ». En 1500, un autre explorateur, le portugais Gaspar Corte-Real, pousse un peu plus loin son exploration et baptise plusieurs baies et caps le long de la côte est de l’île. En 1535-1536, Jacques Cartier démontre que Terre-Neuve est une île en empruntant tour à tour le détroit de Cabot et celui de Belle-Isle. Enfin, en 1583, sir Humphrey Gilbert navigue jusqu’au Port de St. John’s et s’empare de l’île au nom de l’Angleterre.

Gilbert, sir Humphrey

Peu après le voyage de Jean Cabot, les Européens commencent à pêcher dans les riches bancs de morue près des côtes de Terre-Neuve. Au XVIe siècle, des équipages provenant de la France, de l’Espagne, du Portugal et de l’Angleterre arrivent au printemps et remportent de la morue salée-séchée chez eux à l’automne. À partir des années 1540, des Basques de France et d’Espagne s’adonnent également à la chasse à la baleine sur la côte sud du Labrador. Bien que l’Angleterre participe aux premiers voyages à Terre-Neuve, son rôle dans cette pêche migratoire est mineur avant les années 1570. Cependant, la guerre en Europe paralyse la pêche dans les autres pays et ouvre des marchés pour la morue salée-séchée de l’Angleterre. En 1600, la pêche anglaise compte 150 navires, principalement dans les ports du sud-ouest de l’Angleterre et la côte de Trepassey à Bonavista devient connue sous le nom de la Côte anglaise.

Colonisation européenne

Au début du XVIIe siècle, la paix en Europe occidentale mène à plusieurs tentatives de colonisation de la côte est de l’Amérique du Nord. Terre-Neuve est réputée pour ses pêches dans plusieurs ports de l’ouest européen. Cependant, les Anglais hésitent à utiliser la colonie pour autre chose que la pêche. Par conséquent, on interdit aux femmes d’aller sur l’île, car on croit que leur présence pourrait inciter les gens à s’y établir de façon permanente. La couronne britannique et leurs marchands préfèrent que la population terre-neuvienne demeure flexible et transitoire. Ils peuvent ainsi utiliser le territoire comme site d’entraînement pour les officiers de la marine. De plus, ils ont peu de responsabilités envers ceux qui visitent l’île et peuvent continuer de profiter de la pêche, qui s’est déjà révélée fort rentable. Bientôt, on réalise que l’établissement d’une colonie pourrait s’avérer encore plus avantageux pour l’industrie de la pêche et on permet éventuellement aux femmes de venir s’y établir. La première colonie est fondée par la London and Bristol Company à Cupers Cove (aujourd’hui Cupids), dans la baie de la Conception, en 1610. Un an plus tard, 40 hommes et 16 femmes débarquent sur l’île pour amorcer la colonisation. En 1618, des marchands de Bristol établissent une deuxième colonie, appelée Bristol’s Hope, à Harbour Grace. En 1621, George Calvert établi des colons à Ferryland, et Carbonear est colonisée au plus tard en 1627. Dans les 50 années suivantes, la colonisation se poursuit et, en 1675, on compte 1655 personnes vivant dans les 31 petits villages de pêche sur la Côte anglaise.

La tradition de nommer le capitaine du premier navire de pêche arrivé au port chaque printemps « amiral » de l’endroit remonte au XVIe siècle. Toutefois, malgré ce que l’on pense généralement, il semblerait que les fonctions de ces «  amiraux de la pêche » se limitent à diverses questions de pêche. Dans la première moitié du XVIIe siècle, les différents gouverneurs propriétaires, comme John Guy à Cupids et David Kirke à Ferryland, sont responsables de maintenir l’ordre parmi les colons et, pendant l’interrègne de l’Angleterre (qui n’a pas de roi de 1649 à 1660), le Parlement nomme un commissaire, John Treworgie, pour superviser les affaires de l’île. Cependant, malgré plusieurs pétitions signées par certains des plus éminents colons, la gouvernance de l’île ne suscite que peu d’intérêt de 1660 à 1697.

Certains aspects de la pêche dans le sud-ouest de l’Angleterre ne permettent pas de s’installer sur l’île à longueur d’année, et on instaure des lois dans le but de restreindre cette pêche. En 1675, ceux qui s’opposent à la colonisation persuadent le gouvernement anglais d’ordonner à tous les colons de rentrer au pays. Cependant, John Berry, le commandant naval envoyé pour faire appliquer cette politique, comprend vite que ces tentatives sont vaines et devient un fervent défenseur de la colonisation, soutenant qu’elle constitue un atout pour la pêche et une défense contre les Français. Deux ans plus tard, le Conseil privé anglais donne aux colons le droit de demeurer à Terre-Neuve.

En 1662, la première colonie française de Terre-Neuve s’établit à Placentia. Au cours des vingt années suivantes, d’autres colonies apparaissent et, en 1687, on compte plus de 600 colons français à Terre-Neuve et sur l’île voisine de Saint-Pierre. La guerre entre l’Angleterre et la France éclate en 1689 et se poursuit jusqu’en 1713, malgré un bref répit. C’est pendant ces conflits, connus sous les noms de la guerre de la Ligue d’Augsbourg et la guerre de Succession d’Espagne, que la question du contrôle de Terre-Neuve est enfin réglée.

Les Français lancent deux campagnes dévastatrices. À l’hiver 1696-1697, une force française et des alliés autochtones, dirigés par Pierre Le Moyne d’Iberville, détruisent presque tous les villages anglais. Cependant, les Français ne réussissent pas à consolider leur victoire : à l’été 1697, les villages sont de nouveau occupés, et une garnison anglaise est établie à St. John’s. À l’hiver et au printemps 1705, une autre force française, dirigée par Jacques Testard de Montigny, détruit une grande partie des colonisations anglaises, mais la victoire est brève et les Anglais reprennent rapidement leur territoire. Malgré les ravages des attaques françaises, le Traité d’Utrecht, signé en 1713, remet Terre-Neuve à l’Angleterre et accorde aux Français des droits de pêche sur la côte française, qui s’étend du cap Bonavista à Point Riche. En 1762, à la fin de la guerre de Sept Ans, les Français prennent brièvement possession de St. John’s, qui leur sert de base pour attaquer d’autres colonisations, mais les Anglais les chassent peu après.

La loi adoptée en 1699 par le roi Guillaume III (Loi de Terre-Neuve) reconnaît les droits des colons, mais ne favorise en rien un gouvernement définitif. Elle confirme plutôt l’autorité des amiraux de pêche et donne aux commandants des navires de la Marine royale qui accompagnent la flotte de pêche anglaise le droit d’agir en tant que juges d’appel. Au cours du XVIIIe siècle, la Marine royale devient la principale autorité judiciaire et politique à Terre-Neuve.

En 1729, on nomme le premier gouverneur naval, le capitaine Henry Osborne. Les gouverneurs navals se rendent à Terre-Neuve au printemps et retournent en Angleterre à l’automne. Afin de maintenir l’ordre le reste de l’année, Osborne crée six districts judiciaires. Des juges de paix et des policiers sont également nommés parmi la population locale. Vingt et un ans plus tard, la première cour d’« oyer et terminer » (entendre et déterminer) est tenue à St. John’s à l’aide d’un jury composé de résidents de la région. En 1776, un bureau de douane est bâti à St. John’s pour réglementer le commerce et enrayer la contrebande. En 1792, on met en place une cour suprême de justice.

Le départ des Français en 1713 stimule la colonisation anglaise, qui s’étend au-delà de la Côte anglaise d’origine. Sur la côte sud, des villages se forment dans la baie St. Mary’s, la baie de Plaisance et la baie de Fortune. D’autres apparaissent au nord-ouest, sur la côte française. L’île Fogo et Twillingate, dans la baie Notre-Dame, sont colonisées en 1728 et en 1732, respectivement.

On ne compte que peu d’Irlandais parmi les premiers colons à Terre-Neuve, qui sont majoritairement des Anglais. Ils arrivent davantage dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. Il s’agit majoritairement de femmes domestiques, dont la plupart épousent des domestiques et des planteurs de la région. Certains des soldats irlandais stationnés à St. John’s en 1697 s’installent aussi sur l’île. Dans les années 1720, beaucoup de domestiques irlandais arrivent à Terre-Neuve. Ce mélange des cultures du sud-ouest de l’Angleterre et de l’Irlande façonne encore aujourd’hui l’identité de la population de l’île.

En 1775, Terre-Neuve compte près de 12 000 habitants. Bien que la pêche à la morue y reste l’industrie principale, l’augmentation du nombre d’habitants diversifie l’économie : l’exploitation forestière, la construction navale, le trappage, la pêche au saumon et la chasse au phoque finissent par y jouer des rôles plus importants, et de plus en plus d’hommes de métier qualifiés sont nécessaires. Cette période voit également les débuts de la pêche saisonnière entre Terre-Neuve et le Labrador, et des marchands s’établissent sur la côte du Labrador pour collecter des fourrures et profiter de la pêche à la morue, au saumon et au phoque.

La Révolution française (1789-1799) et les guerres napoléoniennes (1799-1815) entraînent des changements drastiques à Terre-Neuve. La pêche anglaise cesse et ne s’en remet jamais vraiment puisque les dangers de la traversée transatlantique augmentent et que beaucoup de pêcheurs du sud-ouest de l’Angleterre doivent se joindre à la Marine anglaise. La multiplication des dangers en mer pousse aussi davantage les gens à rester sur l’île, ce qui fait augmenter la population. La défaite des Français en Espagne en 1811 entraîne la réouverture des marchés de la morue salée-séchée de Terre-Neuve dans le sud de l’Europe, fait exploser l’économie et stimule l’immigration, en particulier en provenance d’Irlande. Lorsque la paix s’installe, en 1815, la population de Terre-Neuve compte plus de 40 000 personnes, et la pêche est fermement contrôlée par ses résidents.

Développement

Dès qu’une importante population permanente est installée, des pétitions pour obtenir une représentation locale accrue et un meilleur gouvernement circulent. Grâce à une campagne de pétitions et de dépliants envoyés aux Britanniques, le Dr William Carson et Patrick Morris réussissent à obtenir un gouvernement représentatif en 1832. Leur objectif : obtenir un gouvernement responsable et un statut de colonie. Ils y parviennent en 1855.

La colonisation progresse tout au cours du XIXe siècle. La production de morue salée est l’activité économique principale, mais on pratique aussi la coupe de bois, l’exploitation minière et l’agriculture. Vers la fin du XIXe siècle, le chemin de fer qui traverse l’île commence à sortir l’intérieur de l’île de son isolement et rend les marchandises et les services accessibles à beaucoup d’endroits auparavant isolés en hiver.

Les représentants de divers gouvernements de Terre-Neuve assistent aux conférences sur la Confédération, mais choisissent de ne pas s’associer aux autres provinces qui forment le Canada, malgré un soutien important du mouvement. En 1904, lors de la révocation des droits de pêche des Français, les côtes nord et sud sont ouvertes à la colonisation.

Pêche en doris

Jusqu’en 1925 environ, l’économie est basée sur les industries primaires (pêche, exploitation minière, pâtes et papiers). Cependant, les dettes contractées pour la construction du chemin de fer et l’appui à l’égard d’un régiment lors de la Première Guerre mondiale, en plus des effets de la Crise de 1929, entraînent la faillite et la chute du gouvernement. Terre-Neuve doit faire appel à l’Angleterre et redevient une colonie administrée par une Commission de gouvernement.

La situation économique se redresse nettement vers la fin des années 1930, surtout grâce à l’augmentation de la demande pour les produits de l’industrie minière, forestière et de la pêche, mais aussi grâce au regain d’activité provoqué par la construction de bases militaires en prévision de la Deuxième Guerre mondiale. Pendant la guerre, de nombreux jeunes gens s’enrôlent dans les forces armées pour combattre outre-mer, et Terre-Neuve connaît une période de plein emploi. Les États-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne établissent plusieurs bases militaires, deux grandes bases navales et cinq aéroports à Terre-Neuve. L’aéroport de Gander est le plus grand et le plus important en raison de son rôle de traversier outremer dans le Ferry Command. En 1949, lorsque la Commission de gouvernement est dissoute, Terre-Neuve n’a plus de dettes et enregistre même un surplus de 40 millions de dollars.

Après la Deuxième Guerre mondiale, une convention nationale est élue pour débattre de l’avenir de Terre-Neuve et faire des recommandations. On propose la tenue d’un référendum afin que la population choisisse entre la Commission de gouvernement, la confédération avec le Canada ou un retour au gouvernement responsable avec un statut de dominion. Le référendum n’est pas concluant, sauf sur le fait que les Terre-Neuviens ne veulent pas d’une Commission de gouvernement. Un deuxième référendum comportant le choix de la Confédération ou d’un dominion est alors tenu. Les partisans de la confédération, dirigés par Joseph Smallwood, mènent une chaude lutte contre ceux qui s’y opposent et au final, l’emportent par une mince majorité, soit 52 pour cent contre 48 pour cent. Le 31 mars 1949 à minuit, Terre-Neuve devient une province canadienne et Smallwood est le premier ministre du premier gouvernement provincial.

Joey Smallwood

Pendant les deux décennies suivantes, des changements importants et profonds bouleversent l’économie et le mode de vie des Terre-Neuviens. Une véritable révolution redéfinit l’industrie de la pêche puisque des douzaines d’usines de transformation remplacent l’ancienne méthode familiale de pêche, de salaison et de séchage de la morue qu’on vendait dans les Caraïbes ou dans les régions méditerranéennes. Laissant aux chalutiers le soin de faire la pêche hauturière, les propriétaires d’embarcations de taille réduite se concentrent sur la pêche d’espèces différentes qu’on apporte aux usines afin de les congeler rapidement pour les distribuer sur de nouveaux marchés, surtout aux États-Unis. Le nombre des pêcheurs diminue beaucoup, mais les possibilités de travail dans les usines augmentent.

Les usines de pâtes et papiers de Corner Brook et de Grand Falls intensifient leur production de manière substantielle. Les mines de Buchans, de St. Lawrence et de Wabana fonctionnent à plein régime. De nouvelles industries s’implantent, financées par le gouvernement. Bien que la plupart fassent faillite, y compris une usine de produits de caoutchouc, une autre de cuir et une fabrique de tricots, quelques-unes réussissent, dont une usine de placoplâtre et de ciment à Corner Brook, de panneaux de particules près de St. John’s et une usine de phosphore à Long Harbour, dans la baie de Plaisance. Une immense raffinerie de pétrole est également construite à Come by Chance (1973-1976). L’entreprise n’obtient pas le succès escompté, mais reprend ses activités en 1987. Depuis, elle se spécialise dans l’exportation de pétrole aux États-Unis.

La production des immenses mines de minerai de fer de l’ouest du Labrador débute dans les années 1950. À partir de la Deuxième Guerre mondiale, les petites communautés assistent à l’exode de leur population vers les grandes villes et les lieux de croissance. Comme les possibilités d’emploi sur place diminuent, les habitants dans la force de l’âge partent au rythme de 5000 personnes par année. Ils profitent, pour ce faire, de moyens de transport peu onéreux par voie terrestre, maritime et aérienne et déménagent, pour la plupart, dans le centre ou l’ouest du Canada.

Les récessions économiques de la fin des années 1970 et du début des années 1980 et 1990 sont vivement ressenties à Terre-Neuve, sans comparaison toutefois avec les conditions désespérées de la Crise des années 1930. L’assurance-chômage, la pension de vieillesse, l’assistance sociale et les autres avantages de l’État providence garantissent une vie et des normes de santé décentes.

Le chômage élevé touche plus durement les jeunes. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, l’économie florissante dans l’ouest du Canada attire beaucoup de gens. Depuis 1997, le budget de la province ne tend plus vers un déficit annuel à long terme grâce à la mine de nickel située à la baie de Voisey, dans le nord du Labrador, et à la production pétrolière en mer. L’augmentation de l’activité économique, en particulier la région métropolitaine de St. John’s, stimule également l’immigration.

Économie

La province est richement dotée en ressources naturelles et l’exploitation périodique de chacune de ces ressources a profité à des producteurs des secteurs primaire et secondaire. L’économie, qui jadis reposait entièrement sur la pêche, s’est diversifiée. D’autres ressources naturelles sont aujourd’hui exploitées, dont le minerai, le pétrole et l’hydroélectricité.

Agriculture

L’agriculture est peu développée à Terre-Neuve-et-Labrador en raison de la pauvreté du sol et des conditions climatiques difficiles. Les terres agricoles de la province ne représentent que 1 % de la superficie agricole totale du Canada et la moitié de celles-ci se trouvent dans la partie septentrionale des péninsules d’Avalon et de Burin. Il existe néanmoins des îlots où le sol fertile et les conditions permettent la culture de fourrages et la pâture.

Parmi les légumes les plus cultivés, on compte la pomme de terre, la carotte, le rutabaga et le chou. La culture des fruits, soit du bleuet, de la fraise et de la canneberge, est également importante.

Exploitation minière

Les minéraux sont l’une des plus importantes ressources naturelles de Terre-Neuve-et-Labrador. La province exploite, notamment, le minerai de fer, le nickel, le cuivre, le zinc, l’or, les granulats, le cobalt, l’argent, la dolomite, le calcaire, la tourbe et la pyrophyllite. Le minerai de fer représente à lui seul plus de la moitié de la valeur économique de l’industrie, suivi par le nickel et le cuivre.

Énergie

L’énergie est la ressource la plus exportée de Terre-Neuve et du Labrador. En fait, la province n’utilise qu’une fraction de l’énergie qu’elle produit et exploite à peine son potentiel énergétique. L’électricité est produite par deux compagnies : Newfoundland Power et Newfoundland and Labrador Hydro. La province possède plusieurs centrales hydroélectriques, dont la plus importante est celle de Churchill Falls. Celle-ci a une puissance de 5 400 mégawatts (MW), ce qui en fait la deuxième plus puissante centrale hydroélectrique en Amérique du Nord, tout juste derrière la centrale Robert Bourassa, au Québec. En 2012, le gouvernement provincial approuve le projet hydroélectrique du bas Churchill, projet qui prévoit la construction de deux centrales au Labrador : une à Muskrat Falls et l’autre à Gull Island. Ce projet permettra d’exploiter la meilleure source d’hydroélectricité non aménagée en

Pour ce qui est du pétrole, quatre grands champs pétroliers extracôtiers sont en production : Hibernia, Terra Nova, White Rose et Hebron. En 1983 et en 1984, la Cour suprême de Terre-Neuve et celle du Canada déclarent que les ressources en mer (particulièrement le champ de pétrole Hibernia) appartiennent au gouvernement fédéral. Toutefois, le 11 février 1985, un accord signé entre le gouvernement de Terre-Neuve et le nouveau gouvernement conservateur fédéral (l’Accord atlantique) donne à Ottawa et à St. John’s un droit de regard conjoint sur la gestion du pétrole et du gaz exploités en mer et permet à la province de taxer les ressources comme si elles se trouvaient sur ses terres.

Exploitation forestière

Les forêts de Terre-Neuve et du Labrador sont très substantielles. En 2011, la province compte 10 730 hectares de terres forestières, dont 26 % sont réservées à des fins de récolte.

Pêche

Après la découverte de l’île vers 1497, la pêche à la morue constitue sa principale ressource pendant près de 400 ans, jusqu’à ce qu’on commence à exploiter les ressources forestières et minérales. Avant 1930, l’industrie de la pêche repose essentiellement sur la production de la morue salée et séchée au soleil. Les progrès dans la congélation rapide et dans la capacité de transport des produits congelés par bateaux jusqu’aux points de vente changent radicalement l’industrie. Petit à petit, la production et les ventes de morue salée diminuent au profit de la morue congelée et d’autres espèces, dont le turbot, la plie et le sébaste. Le marché lui-même se diversifie, et les États-Unis deviennent les principaux acheteurs.

Les changements qui surviennent à partir de 1930 dans le domaine de la pêche créent de l’emploi dans les usines de transformation et provoquent une diminution du nombre de pêcheurs. En plusieurs endroits, le long de la côte, les pêcheurs parviennent à augmenter leurs revenus saisonniers en pêchant le homard, le saumon, le capelan, le hareng, le maquereau, le calmar, l’anguille, le pétoncle et le crabe. Le 2 juillet 1992, le gouvernement fédéral impose un moratoire total touchant la pêche de la morue du Nord afin de protéger les stocks après des années de surpêche. En compensation, 25 570 pêcheurs sans emploi reçoivent de 250 à 400 $ par semaine. Ce programme prend fin en mai 1999.

Aujourd’hui, l’industrie se concentre principalement sur les mollusques et les crustacés. Le crabe des neiges, la crevette et le mactre de l’Atlantique sont des espèces rentables dans cette catégorie. Les poissons de fond, tels que le turbot, la morue et la limande à queue jaune, sont également abondants dans les eaux de la province, tout comme les poissons pélagiques, tels que le hareng et le maquereau.

Industrie

Les plus importantes activités industrielles gravitent autour des matières premières locales, notamment les usines de transformation du poisson. Le tourisme contribue aussi de façon significative à l’économie.

Transport

Au début de la colonie, tout le transport se faisait par bateaux ou, en hiver, dans le nord, par attelages de chiens. Puis les chemins de fer, les routes et enfin les aéroports sont arrivés et ont facilité les déplacements. Le chemin de fer de l’île, allant de St. John’s à Channel-Port aux Basques, est inauguré vers 1880 et des lignes secondaires se développent rapidement pour desservir Argentia (dans la baie de Plaisance), Bay de Verde (dans la baie de la Conception), Trepassey (dans le sud de la péninsule d’Avalon) et Bonavista. Plus tard, on construit des lignes vers Lewisporte, situé dans la baie des Exploits, et vers Stephenville. La ligne, exploitée plus tard par le CN, est étroite et le train est rudimentaire, mais elle constitue un apport essentiel au développement de l’île pendant la première moitié du 20e siècle. Le chemin de fer est complètement abandonné en septembre 1988.

Jusqu’en 1949, le réseau routier est rudimentaire. Les routes locales sont étroites et généralement non asphaltées. À partir des années 1950, un programme continu de construction et d’amélioration des routes permet d’agrandir le réseau routier qui est maintenant en grande partie asphalté et comprend la route transcanadienne entre St. John’s et Channel-Port aux Basques. Quelques îles éloignées de la côte, comme Fogo, Ramea, Bell et les îles de Little Bay, ont un service de traversier. Plusieurs îles importantes, dont Random, Twillingate et Greenspond, sont maintenant reliées entre elles par des ponts jetés. Les communautés du Labrador sont reliées entre elles par la route translabradorienne.

Il existe également des services de traversier intraprovinciaux, dont un qui relie Terre-Neuve à la partie continentale du Labrador, un autre entre Port Aux Basques à Sydney, en Nouvelle-Écosse, et un dernier qui relie Fortune à Saint-Pierre-et-Miquelon.

L’aviation de brousse joue un rôle important à Terre-Neuve-et-Labrador depuis les années 1920 et quelques endroits isolés dépendent encore des services de petits hydravions ou d’hélicoptères pour la distribution du courrier ou pour les urgences.

La province possède huit aéroports locaux (situés à St. John’s, Gander, Deer Lake, Stephenville, Happy Valley-Goose Bay, St. Anthony, Churchill Falls et Wabush). Ces différents points sont desservis par des compagnies aériennes locales et nationales selon un horaire régulier.

La situation géographique stratégique de Terre-Neuve-et-Labrador en a fait un point idéal pour les premières tentatives de traversée de l’Atlantique par avion. Les 14 et 15 juin 1919, Alcock et Brown réussissent le premier vol de St. John’s à Clifton, en Irlande, à bord d’un biplan bimoteur. Par la suite, de nombreuses traversées sont effectuées à partir de Terre-Neuve dans les années 1920 et 1930, mais surtout pendant la Deuxième Guerre mondiale, lorsqu’un véritable pont aérien de bombardiers est établi entre Gander et l’Angleterre (voir Ferry Command). Un service d’hydravion dessert aussi Botwood et, avant l’arrivée des avions à réaction, un service aérien transatlantique régulier passe par Gander. Cet aéroport est encore utilisé comme carrefour international pour les avions transportant des marchandises et des passagers vers différentes régions éloignées du monde.

Gouvernement provincial

L’Assemblée législative provinciale de Terre‑Neuve‑et‑Labrador compte 40 sièges. Chaque siège est occupé par un député à la Chambre d’assemblée. Les députés sont élus par les électeurs admissibles de leur circonscription. Les élections provinciales ont généralement lieu tous les quatre ans, le deuxième mardi d’octobre. Cependant, des élections peuvent être déclenchées avant cette date. Une telle situation se produit parfois lorsque le parti au pouvoir pense qu’une telle stratégie pourrait contribuer à sa réélection. Des élections peuvent également avoir lieu avant l’échéance de quatre ans dans les cas où le gouvernement n’a plus la confiance de la Chambre d’assemblée (voir Gouvernement minoritaire au Canada).

Comme dans les autres provinces et les autres territoires du Canada, Terre‑Neuve‑et‑Labrador utilise un système électoral majoritaire uninominal à un tour, c’est‑à‑dire que, dans chaque circonscription, le candidat qui obtient le plus grand nombre de voix remporte le siège correspondant. Habituellement, le parti ayant obtenu le plus grand nombre de sièges forme le gouvernement, et le chef de ce parti devient premier ministre. Toutefois, un parti ayant obtenu moins de sièges peut également former une coalition avec les membres d’un autre parti ou de plusieurs autres partis pour former le gouvernement.

Techniquement, en tant que représentant de la reine, le lieutenant‑gouverneur occupe la plus haute fonction provinciale; toutefois, ce rôle est, en réalité, essentiellement symbolique. (Voir aussi Premiers ministres de Terre‑Neuve‑et‑Labrador; Lieutenants‑gouverneurs de Terre‑Neuve‑et‑Labrador.)

Le premier ministre nomme généralement les membres de son Cabinet parmi les députés du parti au pouvoir. Les membres du Cabinet sont appelés ministres et supervisent des portefeuilles particuliers. D’une manière générale, ces portefeuilles portent, notamment, sur les finances, la santé et l’éducation. (Voir aussi Politique à Terre-Neuve-et-Labrador.)

Santé

Le système des soins de santé repose sur le régime des petits hôpitaux de campagne (cottage hospital system) et les établissements de l’International Grenfell Association. Le régime des petits hôpitaux de campagne, institué par une commission gouvernementale en 1936, est conçu pour donner aux résidents des villages isolés des services de santé de grande qualité. De petits hôpitaux existent dans les principaux centres de l’île, mais leur nombre diminue en faveur des hôpitaux régionaux plus importants. Dans les régions du nord, particulièrement sur les côtes du Labrador, les soins sont dispensés dans les établissements de l’International Grenfell Association, dont le bureau central est à St. Anthony. Cette association est fondée par sir Wilfred Grenfell au début des années 1900. En 1981, l’Association lègue à la province tous ses avoirs, y compris ses hôpitaux, ses postes infirmiers, son matériel médical et ses terres consacrés aux soins de santé.

L’hôpital général de St. John’s est le plus grand et le mieux équipé des hôpitaux de l’île. Il est affilié au Health Science Centre situé sur le campus de l’Université Memorial, qui possède aussi une faculté de médecine et une école de sciences infirmières. En vertu de la Loi sur les soins médicaux de 1969, la majorité des soins de santé sont gratuits pour tous les résidents de la province.

Éducation

Les premières écoles de Terre-Neuve-et-Labrador sont mises sur pied par un mouvement missionnaire de l’Église anglicane appelé « Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts » (SPG), qui fonde une école à Bonavista dans les années 1720. Plus tard, au 18e siècle, cette même société ouvre des écoles à St. John’s et dans plusieurs grands ports. On y admet, semble-t-il, des enfants de toutes religions. Au début du 19e siècle, plusieurs écoles sont ouvertes, dont la principale est tenue par la Newfoundland School Society. Fondée en 1823, cette société a pour but l’instruction des enfants pauvres. Au début des années 1840, elle compte des écoles non confessionnelles dans plusieurs villes et ports de l’île.

La Loi sur l’éducation de 1836 représente la première intervention directe du gouvernement dans ce domaine. Des fonds sont distribués aux sociétés qui s’occupent de promouvoir l’éducation et des conseils scolaires non confessionnels voient le jour. En 1843, les subventions à l’éducation ont plus que doublé et sont divisées entre les conseils scolaires catholiques et protestants. Les subventions aux écoles protestantes sont plus tard partagées entre plusieurs confessions de souche protestante. Après la Confédération, on fusionne plusieurs réseaux scolaires protestants, mais l’éducation subventionnée par le gouvernement et administrée par l’Église existe encore aujourd’hui. Le système d’éducation confessionnel est protégé par les Conditions de l’union de Terre-Neuve au Canada de 1948.

L’Université Memorial de Terre-Neuve, fonée en 1925 sous le nom de Memorial University College, devient la seule université de la province en vertu d’une loi spéciale, The House of Assembly Act, votée par la Chambre d’assemblée en 1949. Elle est située dans la banlieue de St. John’s. Sir Wilfred Grenfell College, établissement fondé en 1975 et qui décerne ses propres diplômes universitaires, est situé sur le campus de l’Université Memorial à Corner Brook, sur la côte ouest. Le Fisheries and Marine Institute, à St. John’s, est affilié à l’Université Memorial depuis 1992. Parmi les autres institutions postsecondaires se trouve le Collège de l’Atlantique Nord.

Le saviez-vous?
Le Terre-Neuve est une des cinq races de chiens canadiennes. Historiquement, il servait d’animal de trait ainsi que de compagnon pour les pêcheurs canadiens. Connu pour ses habiletés de nageur, le terre-neuve a une excellente réputation de sauveteur. Ce chien est un symbole de la province de Terre-Neuve-et-Labrador et fait l’objet de nombreuses histoires et légendes, qui se basent sur la bravoure et la loyauté de la race. (Voir aussi Chiens au Canada.)

Vie culturelle

Les ancêtres de la plupart des habitants de Terre-Neuve-et-Labrador sont venus du sud-est de l’Irlande et du sud-ouest de l’Angleterre et ont apporté avec eux une culture distincte et durable. Ce patrimoine, forgé par des siècles d’un mode de vie maritime et par l’isolement insulaire, produit une culture particulière et dynamique qui s’exprime dans les dialectes, l’artisanat, les traditions, l’art culinaire, la musique et la littérature.

Arts

De nombreux artistes de Terre-Neuve-et-Labrador orientent leur art vers des formes propres à leur province et à leur région, dont ils s’inspirent, sans toutefois ignorer les techniques ou les courants artistiques internationaux. Parmi eux, citons le poète E.J. Pratt, les peintres David Blackwood, Christopher et Mary Pratt, la troupe de théâtre Mummers Troupe (voir Mumming), les romanciers Margaret Duley et Wayne Johnston et le journaliste Ray Guy. La troupe d’humoristes CODCO, composée de Andy Jones, Cathy Jones, Bob Joy, Greg Malone, Diane Olsen, Tommy Sexton et Mary Walsh, fait fureur avec son sens de l’humour typiquement terre-neuvien. Elle inspire toute une génération d’humoristes et de satiristes politiques, dont Rick Mercer, Mark Critch et Shawn Majumder.

Le cinéaste William MacGillivray, membre fondateur de la Coopérative des cinéastes de l’Atlantique, est réputé pour ses nombreux films primés qui explorent la relation entre l’art et la vie, dont son documentaire intitulé The Man of a Thousand Songs (2010), qui dépeint la vie du chanteur folk terre-neuvien Ron Hynes. Hynes, l’un des auteurs-compositeurs les plus appréciés au Canada, fait ses débuts au cinéma en interprétant le rôle du légendaire chansonnier terre-neuvien Johnny Burke. Les chansons de Hynes ont été reprises par plusieurs autres artistes locaux, dont le groupe The Irish Descendants qui, grâce au succès de l’album Great Big Sea, certifié multiplatine, a contribué à la popularité de la musique traditionnelle des Maritimes au Canada dans les années 1990.

La musique folk et celtique fait partie de l’ADN culturel des terre-neuviens, comme en font foi plusieurs musiciens, dont Émile Benoit, Rufus Guinchard, Dick Nolan, Harry Hibbs, Omar Blondahl et Kelly Russell, ainsi que les groupes Figgy Duff, le Wonderful Grand Band et Rawlins Cross. Parmi les autres artistes connus, notons les musiciens Ignatius Rumboldt et Arthur Scammell.

Communications

Le premier journal publié à Terre-Neuve est l’hebdomadaire de St. John’s, le Royal Gazette, fondé en 1807. Dans les années 1830, il existe déjà plusieurs hebdomadaires et bimensuels à St. John’s et dans les principaux ports. Très politisés, ils sont le reflet des tensions politiques, religieuses et sociales qui marquent périodiquement la vie à Terre-Neuve au 19e siècle; ils les enflamment peut-être d’ailleurs. Parmi les premiers quotidiens de la province, on trouve le Daily News de St. John’s et le Newfoundland Journal of Commerce (1860), le Morning Chronicle (1862), l’Evening Telegram de St. John’s (1879) et des journaux éphémères, notamment le Free Press and Daily Advertiser (1877) de St. John’s et le Daily Ledger (1879).

Aujourd’hui, les journaux de la province, imprimés et en ligne, sont The Telegram, TheWestern Star, The Independent et Le Gaboteur.

La première station radiophonique publique de St. John’s naît dans les années 1920 et, dans les années 1930, toute l’île peut en capter les émissions. La Société Radio-Canada dessert l’île depuis avril 1949 et ses émissions FM y sont diffusées depuis 1975. La première station de télévision, CJON, entre en ondes en 1955. D’abord affiliée à Radio-Canada, elle s’associe, en 1964, au réseau national CTV, après l’ouverture par Radio-Canada de ses propres studios à St. John’s.

Lieux historiques

Le gouvernement fédéral contribue largement à l’établissement et à l’entretien des lieux historiques de Terre-Neuve-et-Labrador. Plusieurs parcs historiques nationaux rappellent le passé riche et mouvementé de la province. Signal Hill surplombe le port de St. John’s, théâtre de l’une des dernières batailles entre Français et Anglais en Amérique du Nord. Castle Hill, près de Placentia, commémore la présence des pêcheurs et des militaires français sur l’île. Le cap Spear, site de l’un des derniers phares canadiens, est le point le plus à l’est de l’Amérique du Nord. Port au Choix est le lieu d’anciennes cultures maritimes et autochtones. Enfin, L’Anse aux Meadows est l’unique site viking attesté en Amérique du Nord. L’endroit est désigné comme site du patrimoine mondial des Nations Unies en 1978. Le site archéologique des Basques et de la pêche à la baleine, situé à Red Bay, au Labrador, présente le seul baleinier du 16e siècle entièrement conservé.

Emblèmes

Statistiques sur Terre-Neuve-et-Labrador

Capitale

St. John’s

Langues Officielles

Anglais

Adhésion à la Confédération

1949

Lieutenante-gouverneure

Joan Marie Aylward

Premier ministre

Andrew Furey

Rang démographie

9

Population

519 716 (2016)

Rand géographie

10

Superficie

405 212 km2

Terre

373 872 km2

Eau

31 340 km2

Rang PNB

8

PNB

$34,2 milliard (2019)

Fuseau horaire

Terre-Neuve

Lecture supplémentaire

Liens externes