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Iroquoiens du Saint-Laurent

Les Iroquoiens du Saint-Laurent forment une mosaïque de nations qui occupent, entre les années 1200 et 1600 de notre ère, un vaste territoire qui s'étend le long du Fleuve Saint-Laurent, de l'embouchure du lac Ontario jusqu'en aval de la ville de Québec.
Diverses espèces végétales cultivées et sauvages retrouvées carbonisées sur le site Droulers-Tsiionhiakwatha. Les maïs et les haricots frais sont des espèces amérindiennes modernes. La meule en pierre date de l'époque du site et servait à moudre les cultigènes (avec la permission du Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine \r\nQuébec, photo Pierre Fauteux).
Outils en os découverts sur le site Droulers-Tsiionhiakwatha : pointes de harpons, tube à aiguille, pointe de flèche, broche à cheveux ou décorateur à poterie et divers poinçons (avec la permission du Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine Québec, photo Pierre Fauteux).
Vestiges osseux de mammifères et de poisons provenant des résidus culinaires des Iroquoiens du site McDonald (avec la permission de Michel Gagné)
Fragments de pipes iroquoiennes retrouvés sur le site Droulers-Tsiionhiakwatha (avec la permission du Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine \r\nQuébec, photo Pierre Fauteux).
Dégagement d'une portion du plancher d'occupation d'une maison longue du site McDonald montrant un ensemble complexe de structures, dont des fosses garde-manger ou à déchet et des foyers (avec la permission de la MRC du Haut-Saint-Laurent, photo Michel Gagné)
Variabilité des vases céramiques retrouvés sur le site Mailhot-Curran (avec la permission de la MRC du Haut-Saint-Laurent, photo Michel Gagné)
Fouilles actuelles du site Droulers-Tsiionhiakwatha par l'École de fouilles de l'Université de Montréal (avec la permission de la MRC du Haut-Saint-Laurent; photo Pierre Corbeil).
Hochelaga
Dans l'oeuvre de Giovanni Battista Ramusio, Jacques Cartier et ses hommes sont accueillis à l'entrée du village de Hochelaga (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/NMC-1908).

Les Iroquoiens du Saint-Laurent forment une mosaïque de nations qui occupent, entre les années 1200 et 1600 de notre ère, un vaste territoire qui s'étend le long du Fleuve Saint-Laurent, de l'embouchure du lac Ontario jusqu'en aval de la ville de Québec. Ils font partie de la grande famille linguistique iroquoienne qui regroupe plusieurs communautés culturelles distinctes qui partagent sensiblement la même langue et les mêmes modes de vie sédentaire. À la période du contact avec les premiers explorateurs européens, la grande famille linguistique iroquoienne est composée de 12 regroupements importants: Huron-Wendat, Neutre, Pétun, Erié, Seneca, Cayuga, Onondaga, Oneida, Mohawk, Andaste, Wenro et Iroquoien du Saint-Laurent qui résident dans le sud et le centre de l'Ontario et du Québec et dans l'État de New York.

Les villages iroquoiens

Les Iroquoiens du Saint-Laurent sont des horticulteurs sédentaires habitant des villages situés sur les terrasses et les coteaux, en retrait de l'axe fluvial du Saint-Laurent. Généralement ces unités villageoises avoisinent un petit cours d'eau et se retrouvent fréquemment en marge d'un marécage. Les villages regroupent plusieurs maisons longues de forme rectangulaire de 30 mètres de long en moyenne par 5 à 7 mètres de largeur et de hauteur et composées d'une charpente de perches pliées, reliées par des cordes de chanvre et enfoncées dans le sol. Le toit en forme d'arche et les côtés des l'habitation sont recouverts de larges pans d'écorce de cèdre ou de sapin et parfois d'orme. Plusieurs foyers sont alignés le long d'un couloir central et l'on installe de part et d'autre, des banquettes de couchage à une certaine hauteur du sol. Un foyer est partagé par deux familles. Les portes sont situées à chacune des extrémités de la maisonnée. Chaque maison longue d'un village regroupe des individus issus d'un même clan maternel. Ainsi, les hommes proviennent de clans distincts de celui des femmes résidant dans cette même maisonnée. Le plus ancien village découvert à ce jour au Québec est le site McDonald qui date d'environ 1320 de notre ère et le plus imposant est le site Droulers-Tsiionhiakwatha qui abritait sans doute environ 600 individus ; tous deux sont situés au sud-ouest du Québec, dans la région de St-Anicet.

Les activités de subsistance

Le cycle des saisons influence considérablement l'intensité des activités au sein du village. Ainsi, la pêche et la chasse éloignent les hommes du village surtout au printemps et à l'automne tandis que l'été et la période automnale sont consacrés surtout aux semailles, à l'entretien des champs, à la récolte et à la collecte de fruits sauvages réalisés surtout par les femmes et les enfants. En conséquence, la vie sociale intensive au niveau du village se déroule principalement en hiver entre les mois de novembre et de mars. C'est aussi la période où les surplus accumulés grâce à la culture du maïs comptent le plus.

La production horticole

Hormis l'aménagement préliminaire des espaces pour permettre la culture, la production horticole est réalisée essentiellement par les femmes sur des espaces situés le plus souvent à proximité du village. On éclaircit d'abord les champs en brûlant partiellement la forêt. Par la suite, on dégage sommairement l'espace de culture que l'on ensemencera à l'aide d'un simple bâton servant à creuser un trou et à enfouir les graines. Il faut en moyenne un acre d'espace cultivé pour pourvoir aux besoins d'un individu par année. Les Iroquoiens du Saint-Laurent cultivent également d'autres plantes telles que le haricot, la courge et le tournesol auxquelles il faut également ajouter le tabac. La chasse et la pêche demeurent néanmoins des activités importantes.

On a recours notamment à trois procédés pour conserver le maïs soit le séchage à l'intérieur des habitations, le rôtissage partiel des épis et l'entreposage des grains dans des fosses garde-manger tapissées d'écorce et situées à l'intérieur des maisonnées. À son apogée (vers 1500 de notre ère), l'horticulture comblera ainsi jusqu'à 75 p. cent des besoins en nourriture. Néanmoins, la terre s'épuise rapidement sans engrais, ce qui contraint les Iroquoiens à changer régulièrement l'emplacement des champs. Ces espaces cultivés deviennent de plus en plus éloignés des villages existants ce qui entraîne, à moyen terme, la relocalisation du village à l'intérieur d'une période de temps ne dépassant pas 20 ans. D'autres facteurs influencent également le besoin de changer l'emplacement de l'espace villageois, notamment la raréfaction des espèces animales convoitées en raison de la chasse intensive autour du village et la dégradation des habitations qui nécessite d'ailleurs des réparations constantes.

La culture matérielle

La division du travail est bien présente à tous les niveaux dans la société iroquoienne, incluant la fabrication de divers items. Les hommes façonnent les outils de chasse en os ou en pierre taillée, les ustensiles en bois, les filets de pêche en chanvre tressés, les instruments pour l'agriculture en bois et en os et les pipes en argile cuite. Pour leurs parts, les femmes confectionnent les vêtements décorés de perles ou de piquants de porc-épic, les mocassins en cuir, les paniers en vannerie, les colliers d'apparat ornés de perles en argile ou en pierre et particulièrement les vases en terre cuite. Ces récipients servant à la cuisson ou à l'entreposage des aliments offrent une décoration très soignée formée de figures géométriques. Généralement, c'est la doyenne de la maison qui imprime sa signature artistique à la cellule familiale d'artisanes.

La disparition des Iroquoiens du Saint-Laurent

Vers la fin du XVIe siècle, les Iroquoiens du Saint-Laurent disparaissent de façon mystérieuse en abandonnant leurs anciens territoires de résidence entre le dernier voyage de l'explorateur français Jacques Cartier en 1541 et l'expédition de Samuel de Champlain en 1603. En fait, sauf quelques bribes d'informations éparses, on connaît bien peu de choses sur le sort des Iroquoiens du Saint-Laurent. Pour l'instant, les chercheurs retiennent diverses hypothèses ou une combinaison de facteurs pour expliquer la désertion de ces groupes de la vallée du Saint-Laurent. Selon toute vraisemblance, les causes principales seraient l'impact des maladies transmises par les Européens, les guerres de conquête entreprises par des groupes extérieurs (Huron ou Iroquoiens des Cinq-Nations : Mohawk, Cayuga, Onondaga, Oneida et Seneca) et le contrôle des routes de traite avec les Européens. Pour l'instant, aucune de ces hypothèses n'a été validée de façon convaincante.

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