Saint-Jean-Baptiste - Fêtes de la | l'Encyclopédie Canadienne

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Saint-Jean-Baptiste - Fêtes de la

Saint-Jean-Baptiste - Fêtes de la. Célébrations populaires annuelles qui prennent place au Québec et dans les communautés francophones de l'Amérique du nord, le 24 juin, à l'occasion de la fête patronale de saint Jean-Baptiste.

Saint-Jean-Baptiste - Fêtes de la

Saint-Jean-Baptiste - Fêtes de la. Célébrations populaires annuelles qui prennent place au Québec et dans les communautés francophones de l'Amérique du nord, le 24 juin, à l'occasion de la fête patronale de saint Jean-Baptiste. Suivant une tradition dont l'origine remonte à l'antiquité, de nombreux peuples, dont les Gaulois, allumaient des feux pour célébrer le solstice d'été. Selon les Relations et le Journal des Jésuites, cette tradition s'était établie sur les bords du Saint-Laurent dès 1636. En 1646, le Journal rapportait que « le 23 juin se fit le feu de la Saint-Jean sur les huit heures et demie du soir... On tira cinq coups de canon et on fit deux ou trois fois la décharge des mousquets ».

On ne sait trop pourquoi saint Jean-Baptiste en vint à être considéré comme le patron des Canadiens-français. Une légende veut que le grand nombre de Canadiens d'origine française portant ce prénom ait incité le journaliste et patriote Ludger Duvernay à donner ce nom à la société nationale des Canadiens-français qu'il fonda en 1834 sous le nom d'Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal (devenue Société en 1914), en lui donnant pour emblèmes la feuille d'érable et le castor. Cette fondation fut soulignée par un banquet le 24 juin 1834 auquel assistaient 60 convives, Irlandais, Américains et Canadiens. Plusieurs d'entre eux se firent les interprètes de chants patriotiques, dont George-Étienne Cartier qui chanta « Ô Canada! mon pays! mes amours! ». Peu à peu, cette fête annuelle prit plus d'ampleur et se propagea dans d'autres localités au Québec, en Acadie (1880) et dans les régions francophones de l'Ontario, de l'Ouest canadien et même des États-Unis.

De 1838 à 1842, les manifestations cessèrent en raison des troubles politiques. La ville de Québec eut sa première célébration officielle en 1842; il y eut pour la première fois une procession vers la cathédrale, avec la Musique canadienne en tête, laquelle joua aussi des airs patriotiques pendant le banquet qui suivit. Théodore F. Molt, titulaire de l'orgue à la basilique de Québec de 1840 à 1849, fut le premier organiste à participer aux célébrations de la Saint-Jean-Baptiste. Vers 1845, il organisa également un choeur pour la même circonstance. À Montréal, l'Association Saint-Jean-Baptiste se réorganisa en 1843 alors qu'un premier défilé souligna la fête. Son premier corps de musique, la Bande de Tempérance, fit son apparition en 1846. D'autres harmonies participèrent aux fêtes par la suite : celles des collèges de Montréal et Sainte-Marie (1847, 1850), celle dirigée par Joseph Maffré (1851), les Chasseurs canadiens et celle des Frères des Écoles chrétiennes (1868), la Bande de la Cité, celles de Saint-Henri et Ogdensburg (1877), de Longueuil, Maisonneuve et Saint-Vincent-de-Paul ainsi que les Shamrocks (1879). Plusieurs musiciens dédièrent des oeuvres aux membres des Associations Saint-Jean-Baptiste de Québec, Montréal et Ottawa; par exemple, « Chant canadien » (Aubin & Rowen 1843; réimpr. dans PMC, vol. I) et « Chant national » (Le Ménestrel 1844) pour voix et piano de Charles Sauvageau (Québec), la Marche de la Saint-Jean-Baptiste (Lovell & Gibson 1848; réimpr. dans PMC, vol. I) de J.-C. Brauneis II (Montréal) et « À notre saint patron » (1877) pour voix et piano de Célestin Lavigueur (Ottawa). En 1878, l'Assn Saint-Jean-Baptiste de Montréal adopta comme air national « À la claire fontaine ».

Une messe solennelle était de rigueur dans la plupart des paroisses de Montréal et de Québec. Ainsi, à Notre-Dame de Montréal, « le digne M. Barbarin conduisait ces deux cents voix qui, avec l'orchestre, enlevèrent la 2de Messe de Haydn de main et de gosiers de maître » (La Minerve, 25 juin 1868). D'autres messes de Haydn y furent chantées (1869, 1879), ainsi que de Rossini (1870, 1871) et de l'abbé Cléophas Borduas lors du 250e anniversaire de la fondation de Montréal (1893). En 1935, à l'église Saint-Jean-Baptiste de Montréal, on chanta une Messe de Contant et l'« Ave Maria » de Lamoureux et, l'année suivante, la Messe de Descarries.

À deux reprises, les fêtes prirent une ampleur exceptionnelle. En 1874, 60 000 visiteurs - dont la moitié, des Franco-Américains - envahirent Montréal pour fêter avec éclat le 40e anniversaire de fondation de l'Assn Saint-Jean-Baptiste et assister à une grande convention nationale des Canadiens français. Un hymne, « Rallions-nous », fut composé par Charles-Marie Panneton sur des paroles de Benjamin Sulte. Les procès-verbaux de l'association font mention pour la première fois de chars allégoriques, au nombre de 15 pour la circonstance; 31 corps de musique participèrent aussi au défilé. Le choeur du collège de Montréal chanta la messe à l'église Notre-Dame. Un banquet dans la salle du marché Bonsecours ainsi qu'un jubilé musical sur l'île Sainte-Hélène comptèrent parmi les activités les plus mémorables de cette fête. J.-B. Labelle composa pour l'occasion une cantate qui fut exécutée sous sa direction.

En 1880, la ville de Québec fit les frais de la fête qui coïncidait avec une autre Convention nationale des Canadiens français. Des concerts données par les corps de musique sur les places publiques le soir du 23 juin attirèrent des foules immenses. Un choeur de plus de 500 voix exécuta le lendemain la Messe royale de Du Mont arrangée par Gustave Gagnon, avec accompagnement par les corps de musique du 9e bataillon et de l'Union musicale. Calixa Lavallée composa pour l'occasion un chant national, « Ô Canada », exécuté le 24 juin. Une vingtaine de chars allégoriques firent partie de la procession où figuraient 112 associations ainsi que de nombreux corps de musique du Canada et des États-Unis.

Le défilé prit de plus en plus d'ampleur avec les années. Un thème particulier fut choisi presque à chaque année. Ainsi, en 1928, chacun des 34 chars de la procession avait pour thème une chanson folklorique et était suivi d'une chorale qui l'interprétait. L'oratorio Jean le Précurseur de Guillaume Couture fut présenté au stade Delorimier de Montréal le 25 juin et allait être repris à la PDA le 22 juin 1964. Le thème de 1931, « La Femme dans l'histoire du Canada », incluait un char représentant Emma Albani chantant pour la reine Victoria.

En 1939, sous le thème général « Le Canada est resté fidèle », un char illustrait deux chansons : « Isabeau ou l'anneau fatal » et « J'ai cueilli la belle rose ». Le folklore fut aussi à l'honneur en 1950 et 1952. La chanson québécoise dans le monde avait sa place au sein de « la personnalité internationale du Québec », thème des fêtes de 1967. L'année suivante, le défilé s'ouvrait avec Gilles Vigneault chantant « Mon pays ». En 1970, un besoin de renouvellement de même qu'une contestation d'une certaine ampleur amenèrent les autorités à mettre fin à la tradition du défilé. Elle fut cependant reprise en 1990 sous le thème « Trente ans de puissance tranquille ».

Plusieurs activités musicales s'ajoutaient souvent aux célébrations, en particulier des concerts « promenade » dont le premier prit place à Montréal dans la salle du marché Bonsecours en 1869. La Minerve du 25 juin mentionna : « ... Les Orphéonistes ont chanté des jolis chants d'Octave Labelle et Zotique Pagé (chansons comiques pleins [sic] de sel et de joyeuseté). » On y dansa des lanciers, cotillons et quadrilles. L'expérience fut répétée dans la même ville par la suite avec beaucoup de succès, notamment au Monument national en 1893, avec la participation d'artistes comme Victoria Cartier, Blanche Labelle, Rosario Bourdon et J.-J. Goulet. Une « pochade militaire », Devant l'ennemi, fut présentée lors d'une grande soirée dramatique et musicale au théâtre Royal (24 juin 1879). Une séance littéraire et musicale durant laquelle Oscar Martel joua une « fantaisie coquette » de sa composition eut lieu le soir du 24 juin 1880.

Des soirées de gala (1898, 1901, 1903) et de folklore (1919) se succédèrent au Monument national. Un concours ouvert aux poètes et musiciens fut organisé en 1929 en vue de créer de nouvelles chansons canadiennes; les meilleures furent primées et soumises au public le 22 juin 1929 au stade Delorimier. La cantate Vox Populi d'Henri Miro y fut chantée le 24. Des concerts de musique instrumentale et vocale furent présentés régulièrement dans plusieurs parcs et squares publics, notamment au parc Lafontaine de 1903 à 1948.

Les fêtes se poursuivirent plus ou moins selon la tradition jusqu'au début des années 1960. Une commission des Fêtes du Canada français fut créée en 1964. Cette même année, 43 chansonniers se produisirent dans 5 kiosques sur l'île Sainte-Hélène. Des semaines de festivités eurent lieu notamment en 1965 et en 1968 (danses internationales, galas des corps de musique, concerts populaires, etc.).

Après 1970, le Vieux Montréal, puis le Mont-Royal (1975, 1976) furent le théâtre des fêtes. En 1977, une Nuit de la Saint-Jean réunit au stade Olympique des chanteurs tels que Colette Boky, Pierre Duval, les Disciples de Massenet, Félix Leclerc, Claude Léveillée et Robert Savoie. À partir de la fin des années 1970, les régions, villes ou villages organisèrent leurs propres activités avec des chanteurs et musiciens connus mais aussi avec des talents locaux. Commandée par l'Archevêché de Montréal, la Messe de la Saint-Jean-Baptiste de Jacques Faubert fut créée le 24 juin 1985 lors de la messe traditionnelle tenue en l'église Saint-Jean-Baptiste. Sous la direction de Jean-Pierre Guindon, elle fut exécutée par les solistes Denise Desjardins, Lise Blais, David Doane et Jean-Clément Bergeron, un choeur de 150 voix et l'organiste Gisèle Guibord. En 1990, les plaines d'Abraham et l'île Sainte-Hélène furent tour à tour les sites du spectacle « Aux portes du pays ». Animé par Gilles Vigneault, Paul Piché et Michel Rivard, cet événement attira environ 200 000 personnes.Depuis 1959, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal reconnaît annuellement les mérites d'un compositeur ou interprète en lui décernant son Prix de musique Calixa-Lavallée.

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