Chansons, composition de | l'Encyclopédie Canadienne

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Chansons, composition de

La chanson peut se définir comme l'expression vocale et musicale de mots et d'émotions. Elle peut se présenter sous forme de fragments ou de textes plus longs et varier d'un énoncé simple et sans recherche à des mélodies et à des structures harmoniques très complexes.

Chansons, composition de

La chanson peut se définir comme l'expression vocale et musicale de mots et d'émotions. Elle peut se présenter sous forme de fragments ou de textes plus longs et varier d'un énoncé simple et sans recherche à des mélodies et à des structures harmoniques très complexes. Son caractère est déterminé par la situation à l'origine de la musique, le texte traité (ou le sentiment exprimé) et les ressources vocales et instrumentales utilisées. La chanson est habituellement perçue comme un texte mis en musique, dont le message parlé détermine souvent dans quel type la classer. On distingue ainsi les catégories de la chanson folklorique, religieuse, patriotique, enfantine et de la mélodie. La musique peut appuyer le sens des mots, et la combinaison du texte et du ton peut rehausser son contenu émotif. La présence d'ethnies et de cultures multiples contribue à l'évolution de la chanson canadienne. De plus, de nos jours, la technologie met la musique du monde entier à la portée de tous. Les influences artistiques ne se limitent plus aux traditions propres à un pays, à l'émigration ou aux impressions ressenties par quelques privilégiés au cours de leurs voyages. Elles sont aussi variées que le permettent les tournées internationales, la radio, la télévision et les enregistrements.

Musique traditionnelle

Les chansons des peuples autochtones, transmises par tradition orale et souvent associées à la danse, existent avant l'arrivée d'immigrants en provenance d'Europe de l'Ouest. La musique autochtone fait l'objet de nombreuses études, et les compositeurs occidentaux s'en inspirent. Les premiers colons canadiens-français apportent avec eux leur style et leurs mélodies fondées d'abord sur la tradition orale, puis sur des formes plus élaborées et souvent associées aux tâches quotidiennes, comme les chansons rythmées des rameurs. La tradition folklorique anglo-canadienne est tout aussi importante. On a recueilli et conservé un corpus de ces deux courants musicaux, qui ont inspiré de nouvelles oeuvres. Tous les groupes ethniques présents au Canada, quelle que soit leur importance, ont apporté leur propre tradition folklorique.

Chansons de marins

À l'instar des chansons que scandent en ramant les voyageurs et les traiteurs de pelleteries, les chansons de marins soutiennent le moral de ces derniers et les accompagnent dans leurs travaux. La plupart des chansons de marins canadiennes ou adoptées d'autres pays viennent de la côte est, surtout de Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve, et quelques-unes de la région des Grands Lacs. W. Roy Mackenzie, le premier à colliger des chansons anglo-canadiennes, recueille des chansons auprès de vieux marins néo-écossais, parmi lesquelles « Santy Anna », « Sally Brown » et « We're Homeward Bound ». D'autres chansons traitent d'activités, d'événements et de superstitions. Ainsi, des comme « The Ferryland Sealer » et « The Greenland Disaster » racontent des expéditions, des voyages de pêche et la chasse au phoque. Même les chansons sur lesquelles on danse témoignent du lien intime qu'entretiennent les habitants des Maritimes avec la mer, notamment dans « I'se the B'y That Builds the Boat » et « The Feller from Fortune ».

Les travaux sur la terre ferme inspirent aussi des chansons. C'est le cas dans les camps de bûcherons du Nouveau-Brunswick et de l'Ontario, dans les régions agricoles qui s'étendent des Maritimes jusqu'aux Prairies et, dans une moindre mesure, dans les régions minières de la côte est, de la côte ouest et de l'Ontario (« Cobalt Song », « The Scarborough Settler's Lament »). Bien que l'on retrouve parfois les mêmes mélodies dans différentes régions, voire dans divers corps de métiers, les textes ont souvent une saveur locale. C'est ainsi que l'on retrouve l'air de « Lumbercamp Song », inspiré d'une chansonnette anglaise, chez les pêcheurs et les bûcherons de la côte est, mais avec des paroles différentes. Des chansons comme « Canaday-I-O » et « The Rock Island Line » racontent le dur labeur des travailleurs. De nombreuses ballades parlent de la mort en forêt ou sur les rivières (« Peter Amberley », « The Haggertys and Young Mulvanny »).

Chansons de cow-boys

Dans l'Ouest, les pionniers et les cow-boys ont emprunté des chansons américaines. Les cow-boys, engagés aux États-Unis par les éleveurs canadiens, ont apporté des chansons populaires comme The Streets of Laredo et Bury Me Not on the Lone Prairie. Dakota Land et d'autres parodies du vieil hymne Beulah Land sont réécrites au Canada et intitulées Prairie Land, Alberta Land et Saskatchewan. On pourrait facilement classer ce genre de matériel comme simpliste et sans importance; pourtant, leurs paroles jettent un éclairage sur l'histoire du Canada. La nature et l'utilisation d'une mélodie peuvent en dire long sur les goûts, la transmission des idées artistiques et les mouvements de populations à l'intérieur du pays et hors de ses frontières.

Chansons politiques

On peut associer aux chansons de travail les chansons politiques et ouvrières. Le corpus de ces chansons est mince, certaines d'entre elles sont de nature adaptable selon les airs existants et la plupart ont trait à des événements spécifiques. Les chansons politiques ou ouvrières subissent parfois le même sort que bon nombre de caricatures politiques astucieuses : elles perdent leur pertinence particulière, même si leur principe peut être repris à une autre époque. Il aurait pu en être de même pour les chansons de marins après la mise au rancart des voiliers, mais elles sont demeurées populaires notamment par nostalgie et par romantisme et parce qu'elles constituent un corpus plus important. Certaines chansons politiques se sont conservées sous leur forme originale, soit de pièces satiriques écrites au Québec au XVIIIe siècle (Chanson sur les élections), soit de chansons motivées par les crises et les élections au cours du XIXe siècle. Au XXe siècle, les guerres mondiales et d'autres événements et préoccupations, telles les conditions de travail dans les mines et en forêt (Hard, Hard Times, The Loggers' Plight) et les aspirations des Acadiens et des Québécois, ont donné naissance à des chansons contestataires.

La distinction entre chanson politique et chanson patriotique dépend souvent du point de vue et des émotions d'un groupe donné. Néanmoins, le Canada compte une longue liste de chansons exprimant un sentiment national. Ces oeuvres doivent souvent leur naissance et leur popularité à un événement particulier (comme la Confédération) ou à une idée telle que la préservation de l'existence et de l'esprit d'une région, de la culture et de la langue. Ainsi, au Québec, on trouve Canada, terre d'espérance, Ô Canada! beau pays, ma patrie, de même que À la claire fontaine et Vive la Canadienne; au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, Un Acadien errant; et, au Canada anglais, des oeuvres comme The Maple Leaf for Ever, Canada for Ever et O Canada, Dear Canada, de Calixa LAVALLÉE, dont le texte original, Ô Canada, terre de nos aïeux, de Basile Routhier, est l'hymne national du pays.

Chansons d'enfants

Les chansons d'enfants aussi sont transmises de génération en génération et, comme les chansons de travail, souvent associées à des activités particulières comme le jeu du pont (Trois fois passera), les rondes (The Farmer in the Dell) ou le saut à la corde (On Yonder Mountain Stands a Lady). Les enfants apprécient les chansons de camp et de feu de camp, tout comme certains adultes chez qui elles sont populaires, par exemple les rondes comme Row, Row, Row Your Boat et les parodies comme Found a Peanut (chantée sur l'air de Clementine). Ici encore, de telles pièces sont universelles, et l'on peut en entendre plusieurs en Nouvelle-Écosse aussi bien qu'en Colombie-Britannique. Certaines sont d'origine étrangère ou sont antérieures à notre histoire (Three Blind Mice a été imprimée par Thomas Ravenscroft dans Deuteromelia en 1609). Parmi les compositeurs canadiens, Lionel Daunais a écrit au moins 30 chansons, pièces populaires et chansons enfantines.

Le répertoire des chansons canadiennes est très riche, même si la plupart d'entre elles sont relativement peu connues en dehors des cercles de dilettantes et des amateurs de concerts et de récitals. Les chansons du Québec possèdent une histoire intéressante. Elles reflètent le mélange d'influences culturelles importées et, plus récemment, de la chanson folklorique et des tendances modernes dans la musique populaire appuyée par les progrès des appareils audio électroniques. La musique populaire canadienne-anglaise suit depuis peu la même voie, mais elle se soucie moins de stimuler et de préserver un patrimoine culturel et linguistique. Les oeuvres d'Ernest Whyte, de Clarence Lucas et de W.O. Forsyth sont restées injustement dans l'ombre jusqu'au milieu des années 80, tout comme celles d'Achille Fortier et de Calixa Lavallée.

Parmi les compositeurs du milieu du XXe siècle qui ont contribué à la chanson canadienne figurent Violet ARCHER, Michael BAKER, John BECKWITH, Lorne Betts, Keith Bissell, Alexander BROTT, Jean Coulthard, Lionel Daunais, Chester Duncan, Robert Fleming, Harry FREEDMAN, Derek Holman, Kelsey Jones, Alfred Kunz, Ernest MACMILLAN, Bruce MATHER, Oskar MORAWETZ, Jean PAPINEAU-COUTURE, Barbara PENTLAND, Clermont PÉPIN, André Prévost, Leo Smith, Healey WILLAN et Charles Wilson.

Il est intéressant de noter à quel point les compositeurs canadiens se sont adonnés à la musique vocale au fil des ans (voir MUSIQUE CHORALE). La production reflète souvent les grandes tendances de la musique sérieuse quant à la technique et au style, mais elle porte aussi la marque de la personnalité et des goûts individuels. Les compositeurs puisent souvent leur inspiration dans les textes d'écrivains canadiens, tendance qui est appelée à se maintenir étant donné l'essor que connaissent ces deux formes d'expression artistique. En outre, de nombreux compositeurs canadiens (MacMillan et Willan, par exemple) ont écrit de remarquables arrangements tout à fait particuliers de chansons existantes, dont certaines sont originaires d'autres contrées. Tout comme les oeuvres originales, ces arrangements font partie intégrante de la musique canadienne.

Au Canada, le problème des compositeurs de chansons sérieuses n'est pas le manque de sujets mais la difficulté à se faire entendre du public. Il y a encore trop peu de récitals, et si la radio, surtout la radio d'État, offre de nombreuses possibilités aux compositeurs, la télévision n'utilise pas assez la richesse du matériel disponible. La radio et la télévision soutiennent toutes deux la chanson populaire, et même si les exigences relatives au contenu canadien procurent une certaine assurance, il faut faire davantage. Lorsqu'on évalue les chansons et les compositions, il ne suffit pas de porter attention à la mélodie et à l'harmonie : les paroles nous racontent aussi notre vie et notre pays. Tout art doit aussi être considéré dans un contexte plus large, en tenant compte des styles et des tendances qui prévalent dans les autres formes d'expression artistique, des mouvements sociaux et politiques, des conditions économiques, de la géographie, du climat et d'autres facteurs, tant nationaux qu'internationaux.

Voir aussi MUSIQUE, HISTOIRE DE LA; MUSIQUE FOLKLORIQUE CANADIENNE-ANGLAISE; MUSIQUE FOLKLORIQUE CANADIENNE-FRANÇAISE; MUSIQUE POPULAIRE; CHANT.

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