Soixante ans plus tard, la guerre de Corée se fait toujours sentir | l'Encyclopédie Canadienne

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Soixante ans plus tard, la guerre de Corée se fait toujours sentir

À quel moment une guerre est-elle ou pas une guerre? Pour la guerre de Corée, la réponse n’est pas toujours évidente. L’année 2013 marque le 60eanniversaire du cessez-le-feu d’une guerre qui n’est pas décrite en ces termes par tous. Ses débuts sont ambigus, plus de 20 pays y ont participé, mais elle n’a toujours pas de fin officielle. Par contre, certaines choses sont évidentes. Cette année, Historica Canada commémore cette période de notre histoire récente parfois oubliée, mais toujours bien d’actualité, et le rôle du Canada dans ce conflit. Notre pays a envoyé plus de 26 000 membres de nos forces armées au « théâtre » du conflit coréen. Plus de 500 Canadiens sont morts, et plus de 1 000 ont été blessés; 32 autres ont été faits prisonniers de guerre.

Pour les États-Unis, plus de 33 000 membres de leurs forces armées sont morts au combat, et des milliers d’autres ont péri ou ont été portés disparus. Pourtant, même au plus fort du conflit, le président américain Harry S. Truman en parle comme d’une « opération policière ». Ceci en dépit du fait que son pays avait la plus grande présence de la toute la coalition qui avait joint la Corée du Sud contre le régime communiste de la Corée du Nord et de ses alliés.

Avant 1945, la péninsule coréenne a fait partie de l’empire japonais pendant quarante ans. Après la défaite du Japon, les forces soviétiques s’installent dans la moitié nord de la péninsule coréenne, et les forces américaines s’installent dans la partie sud. Après que l’Organisation des Nations Unies ait créé une commission pour superviser les élections, un vote est prévu en 1948. Par contre, seulement le Sud avait droit à un vote libre, de sorte que le 15 août, la République démocratique de la Corée (Corée du Sud) est constituée, en même temps que la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord). Au cours de l’année suivante, les Soviétiques et les Américains retirent leurs militaires en uniforme tout en laissant des « conseillers » sur place, avec comme résultat, non pas la paix, mais la guerre civile. Pour sa part, la Corée du Nord reçoit le soutien du nouveau gouvernement communiste de la Chine et celui de l’Union soviétique.

Le 25 juin 1950, les forces nord-coréennes envahissent la Corée du Sud. Le Conseil de sécurité de l’ONU demande aux membres d’aider la Corée du Sud et plus de 20 pays répondent à son appel. En avril 1951, lors de la bataille de Kapyong, les Forces canadiennes défendent leur position contre les féroces attaques ennemies. En guise d’appréciation, le deuxième Bataillon du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry reçoit la décoration du United States Presidential Unit Citation. Parmi les autres décorations décernées à des Canadiens durant le conflit coréen, 9 reçoivent l’Ordre de service distingué, 33 la Croix militaire, 8 la Médaille de conduite distinguée et plus de cinquante médailles militaires. Les membres de la marine et de l’Aviation royale canadienne ont aussi joué un rôle important dans le conflit en général, et plus de 5 000 Canadiennes ont été recrutées pour le service militaire.

Bien avant l’armistice de 1953, il y a eu des tentatives pour mettre fin aux combats. En 1951, Syngman Rhee, le leader de la Corée du Sud, et Kim Il-Sung, son homologue nord-coréen, écartent la pression de faire la paix, car chacun pensait qu’il pouvait vaincre l’autre. Pendant deux autres années, les combats se poursuivent avant que soit conclu un accord de cessez-le-feu qui comprenait l’établissement des frontières et la libération des prisonniers de guerre. (Voir aussi Koje-Do.) Même après que les combats aient cessé le 27 juillet 1953, les troupes canadiennes continuent de servir dans la région jusqu’en août 1957. Certaines de leurs histoires de 1950 à 1957 sont racontées de façon frappante à Le Projet Mémoire. On y trouve des entrevues avec Sam Carr, André Therrien et Frank Smyth, des anciens combattants, celle de Claude LaFrance de l’Aviation royale canadienne, ainsi que celle avec Peter Fane un vétéran de la marine.

Aujourd’hui, la guerre de Corée se présente comme le premier exemple au XXesiècle d’une guerre « limitée ». Elle a marqué le premier essai du principe de sécurité collective des Nations Unies. Officiellement, la Corée du Nord et la Corée du Sud sont toujours en guerre, comme nous le rappellent les récentes menaces proférées par la Corée du Nord. Le prix de la participation du Canada à cette guerre se traduit par la perte de vies humaines et des blessés, ainsi que les frais afférents à la poursuite d’un conflit armé. Ce conflit a démontré que le pays était prêt à soutenir des causes qu’il croyait être justes. Il a aussi servi de base à la communauté coréenne de Canadiens d’aujourd’hui et à l’amitié solide entre le Canada et la Corée du Sud. Pour le meilleur et pour le pire, cette guerre qui n’est pas décrite en ces termes par tous continue d’avoir un impact.

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