Sir George-Étienne Cartier | l'Encyclopédie Canadienne

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Sir George-Étienne Cartier

Sir George-Étienne Cartier, copremier ministre de la Province du Canada, avocat, promoteur du secteur ferroviaire, politicien (né le 6 septembre 1814 à Saint-Antoine, dans le Bas-Canada; décédé le 20 mai 1873 à Londres, en Angleterre). Pendant une génération, Sir George-Étienne Cartier domine la politique du Québec. Après avoir participé aux rébellions de 1837-1838 contre le gouvernement, George-Étienne Cartier a été le premier à occuper le poste de ministre de la Milice et de la Défense du Canada. Pivot incontesté de la Confédération, il a été responsable de l’adhésion au Dominion du Canada français, du Manitoba et de la Colombie-Britannique. Il a également négocié l’achat de la Terre de Rupert et des Territoires du Nord-Ouest à la Compagnie de la Baie d’Hudson. Il est considéré comme un des Pères de la Confédération.

Sir George-Étienne Cartier

Éducation et début de carrière

George-Étienne Cartier provient d’une famille aisée d’exportateurs de céréales et de meuniers. Selon la légende entretenue par la famille, celle-ci descendrait de Jacques Cartier.

Diplômé du Collège de Montréal, tenu par les sulpiciens, George-Étienne Cartier est admis au Barreau en 1835. Par la suite, il rejoint la lutte contre la clique du Château en adhérant au groupe radical des Fils de la Liberté. Il compose aussi le chant patriotique Ô Canada! mon pays! mes amours! Elle a peut-être servi de modèle pour l’hymne national actuel, Ô Canada. George-Étienne Cartier devient également secrétaire de la Société Saint-Jean-Baptiste en 1843.

Rébellions de 1837

En 1837, George-Étienne Cartier lutte aux côtés de Wolfred Nelson et des rebelles à la bataille de Saint-Denis. Ils déroutent avec succès les Forces régulières de l’armée britannique, commandées par le colonel Charles Gore. (Voir Rébellion du Bas-Canada.) Après une fuite de justesse, George-Étienne Cartier vit en exil au Vermont.

En 1838, il présente une pétition qui est acceptée pour retourner à Montréal pratiquer le droit. Il compte parmi ses clients l’ordre sulpicien, seigneurs originaux de Montréal, ainsi que le  St. Lawrence and Atlantic Railway.

Carrière politique

George-Étienne Cartier ne tarde pas à s’impliquer en politique. En 1841, il devient le bras droit et directeur de campagne de Louis-Hippolyte LaFontaine. Le duo s’attache à réformer le Code civil et à rétablir l’Assemblée du Bas-Canada. Les Canadiens français y sont majoritaires, mais l’Assemblée a été abolie par l’Acte d’Union (1840). Lorsque le gouvernement responsable est instauré en 1848, George-Étienne Cartier est élu en tant que réformateur libéral à Verchères. Il devient rapidement membre du cabinet.

Après la coalition des conservateurs du Canada-Ouest (anciennement nommé Haut-Canada), en 1861, il déménage à Montréal-Est. En tant que chef du Parti bleu, il sert comme copremier ministre avec John A. Macdonald aux Parlements d’Union de 1857 à 1858 et de 1858 à 1862. L’une des grandes victoires de George-Étienne Cartier à l’époque est d’avoir influencé la reine Victoria pour qu’elle choisisse Ottawa comme capitale des deux Canadas en 1857. Selon lui, Ottawa est plus facile à défendre d’un point de vue militaire que TorontoKingstonMontréal ou Québec. De plus, elle se trouve à la frontière des deux provinces de l’Union. Enfin, comme elle est sur la voie d’un projet de chemin de fer devant s’étendre vers le Nord-Ouest et le Pacifique, Montréal deviendrait le grand centre colonial d’un système de commerce continental.


Sir George-Étienne Cartier


Confédération

Quelques années avant la Confédération, George-Étienne Cartier et ses nombreux partisans du Canada-Est (anciennement nommé Bas-Canada) s’allient aux moins nombreux conservateurs du Canada-Ouest (Haut-Canada), menés par John A. Macdonald. Ils visent ainsi à créer une impasse politique dans la Province du Canada. Ils finissent par convaincre George Brown et ses alliés de rejoindre les rangs de la Grande Coalition de 1864. Après avoir mis cela en place, ils travaillent à la création d’une union élargie, comprenant les provinces de l’Amérique du Nord britannique.

Lors des conférences suivantes, George-Étienne Cartier cherche à faire du Canada une fédération de provinces plutôt qu’une union législative unique comme l’est l’Angleterre. À la Conférence de Charlottetown, en 1864, il avance l’idée d’un Canada confédéré de toutes les colonies de l’Amérique du Nord britannique. Il inspire les délégués des Maritimes à s’engager à construire le Chemin de fer Intercolonial. À la Conférence de Québec, il se positionne en faveur de la création d’une nouvelle « nationalité politique ». Il dénonce aussi les dires du chef du  Parti rougeA. A. Dorion, qui prétend que le Canada français serait mieux servi en rejoignant les États-Unis. Selon George-Étienne Cartier, la Confédération proposée a les intérêts français à cœur.

Dans le cadre de la Confédération, George-Étienne Cartier choisit le ministère de la Milice. Son objectif est de mettre sur pied une force nationale pouvant résister à toute invasion ou interférence des États-Unis. Une force militaire puissante serait également essentielle afin de sécuriser l’entrée nord-ouest du territoire.

Ouest

Durant les premières années de la Confédération, George-Étienne Cartier agit souvent à titre de premier ministre lorsque  John A. Macdonald est souffrant. Il joue ainsi un rôle de premier plan dans l’acquisition de la Terre de Rupert (1869), et dans la rédaction de la  Loi de 1870 sur le Manitoba (1870) et de la British Columbia Act (1871).

De 1868 à 1869, il part à Londres avec William McDougall pour négocier le transfert aux mains du Dominion de la Terre de Rupert et des Territoires du Nord-Ouest, propriétés de la  Compagnie de la Baie d’Hudson. George-Étienne Cartier a de bonnes relations avec les militaires, les bailleurs de fonds et les constructeurs de chemins de fer britanniques. Il connaît donc bien les intérêts impériaux relatifs à une « All-Red Route » vers le Pacifique et l’Asie qui traverserait le nouveau colossal territoire du Canada. William McDougall est nommé lieutenant-gouverneur de la région. Toutefois, l’entrée du territoire est bloquée par Louis Riel et ses hommes. (Voir Résistance de la rivière Rouge.)

Manitoba

Il est possible que George-Étienne Cartier ait rencontré Louis Riel. Ils ont tous deux fréquenté le Collège de Montréal des sulpiciens, mais pas en même temps. Il sympathise avec les Métis et joue un rôle clé dans les négociations avec leur émissaire, l’abbé Ritchot, concernant le statut de province de la région. Après l’adoption de la Loi de 1870 sur le Manitoba, le 12 mai 1870, George-Étienne Cartier envoie Adams Archibald et plusieurs de ses hommes de choix administrer la nouvelle province.

Colombie-Britannique

En juin 1870, George-Étienne Cartier accueille John Sebastian Helmcken, Joseph Trutch et Robert Carral, délégués de la Colombie-Britannique, à Ottawa. Là, il leur promet un chemin de fer transcontinental s’ils acceptent que la Colombie-Britannique rejoigne la Confédération (ceux-ci avaient seulement envisagé de demander la construction d’une route pour les charrettes vers l’est). Il négocie également les conditions d’adhésion à l’Union de la Colombie-Britannique, qui entrent en vigueur en 1871.

Chemin de fer transcontinental

Tout au long de sa carrière, George-Étienne Cartier encourage le développement du réseau ferroviaire. Il s’implique grandement dans la construction du Grand Trunk Railway, dont il devient l’avocat. Il est également président du Comité ferroviaire au Parlement du gouvernement d’Union.

George-Étienne Cartier promeut aussi le projet du chemin de fer du Canadien Pacifique. C’est ainsi qu’une entente avec la Colombie-Britannique est conclue et que Montréal devient le terminus d’un réseau de commerce transcontinental.

Les plans de George-Étienne Cartier se heurtent cependant à l’opposition de promoteurs rivaux de Boston et de Philadelphie. Ceux-ci veulent exploiter le filon du Nord-Ouest canadien en étendant leurs chemins de fer au-delà de la frontière. Ces promoteurs n’hésitent d’ailleurs pas à financer la campagne du rival politique de George-Étienne Cartier dans Montréal-Est, Louis-Amable Jetté du Parti national, un parti qui n’aura pas fait long feu. En 1872, George-Étienne Cartier est ainsi défait aux élections. Louis Riel lui cède donc prestement son siège au Manitoba, où il devient bientôt député de Saint-Boniface. En avril 1873, les promoteurs américains manigancent la publication de télégrammes incriminants en matière de financement, une controverse appelée « scandale du Pacifique », tout en continuant de commanditer à grands coûts leurs alliés politiques canadiens.

Les lettres de George-Étienne Cartier promettaient à sir Hugh Allan le contrat du Canadien Pacifique. Toutefois, le politicien est déjà mortellement atteint de la maladie de Bright lorsque le scandale éclate. Il meurt peu de temps après à Londres, où il s’est rendu à la recherche d’un traitement. Sa mort mettra le projet du Canadien Pacifique sur la glace pendant près de dix ans.


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Héritage

George-Étienne Cartier était un défenseur de la communauté canadienne-française, le groupe déterminant de l’Union. Il a ainsi joué un rôle de pivot dans le mouvement de la Confédération. De main de maître, il a su mettre à profit les votes groupés et ses intérêts dans la milice et les chemins de fer pour créer une nouvelle union et une nouvelle nationalité. Il a rallié la majorité des Canadiens français à la cause de la Confédération en leur disant qu’ils éviteraient ainsi l’annexion par les États-Unis. Il a aussi rendu possibles la fin du gouvernement d’Union et le retour de la vieille Province de Québec.

Voir aussi Le Québec et la Confédération; Chronologie de la Confédération; Collection Confédération.

Lecture supplémentaire

Liens externes