Shuvinai Ashoona | l'Encyclopédie Canadienne

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Shuvinai Ashoona

Shuvinai Ashoona, artiste (née en août 1961 à Cape Dorset, au Nunavut). Ses œuvres ont fait l’objet de nombreuses expositions au Canada et à l'étranger.
Shuvinai Ashoona, Marée basse, 1994, crayon-feutre noir sur papier vélin ivoire, 33 x 51.5 cm.
Image: Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa/Photo \u00a9 MBAC/\u00a9 Dorset Fine Arts.
Shuvinai Ashoona Sans titre (Éden), 2008 Crayon de couleur, crayon-feutre noir et mine de plomb sur papier vélin, 237 x 116.5 cm.
Image: Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa/Photo \u00a9 MBAC/\u00a9 Dorset Fine Arts.\r\n
Shuvinai Ashoona, Paysage avec de l
Image: Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa/Photo \u00a9 MBAC/\u00a9 Dorset Fine Arts.\r\n

Shuvinai Ashoona, artiste (née en août 1961 à Cape Dorset, au Nunavut). Ses œuvres ont fait l’objet de nombreuses expositions au Canada et à l'étranger. Ses dessins occupent une place unique dans l’art contemporain inuit, car ils combinent les éléments de la culture et de la mythologie inuites avec ceux de la société industrielle du Sud, tout en reflétant son monde intérieur plein d’imagination.

Enfance et carrière

Shuvinai Ashoona naît à Cape Dorset au sud de l’île de Baffin, où vit une communauté de sculpteurs et de graveurs fondée par James Houston en 1957. Les dessins détaillés d’Ashoona se transforment facilement en estampes, et parfois en lithographies ou en gravures sur pierre. Toutefois, le dessin reste sa technique préférée, sans doute grâce à son caractère immédiat, le plus propice pour saisir dans l'instant présent les images qui l’habitent. Elle est la petite-fille de la célèbre graphiste Pitseolak Ashoona. Parmi les autres artistes de sa famille, sa mère, Sorosilooto Ashoona, graphiste renommée, et son père, Kiawak Ashoona (alias Kiugak), sculpteur, et sa cousine Annie Pootoogook, lauréate du prix artistique Sobey. Shuvinai Ashoona crée ses premières œuvres d’art en 1995 à la plume et à l’encre, aux crayons de couleurs et aux marqueurs, réalisant des dessins détaillés autour d’un thème principal, les paysages de son hameau natal. Ses œuvres de jeunesse sont consacrées à la toundra morne du Nord sillonnée de cours d’eau sinueux et parsemée de chutes de petite taille, à travers une maigre végétation. La simplicité du relief et l’absence de traits particuliers du paysage contrastent avec ses dessins détaillés et révèlent sa vision unique, qui la distingue de ses collègues des ateliers Kinngait.

Les dessins les plus représentatifs du début de sa carrière sont Marrée basse (1994) et Paysage avec de l’herbe (1996). Les lignes délicates du premier représentent un littoral arctique terne et monotone. Le second est la représentation encore plus simple d’un paysage arctique, dans lequel l’herbe et les formations rocheuses sont rendues par de petits coups de crayon. Ses premières œuvres se dénotent par une aisance naturelle le travail des lignes et la capacité de l'artiste à créer une image pleine de sens à partir d’un objet banal.

Œuvres d’âge mûr

Vers la fin des années 1990, les travaux de Shuvinai Ashoona deviennent plus sombres, son monde intérieur semble intervenir davantage dans ses représentations de la nature et de la réalité de Cape Dorset. Ses paysages plus ou moins réalistes commencent à se transformer. L’artiste y ajoute des éléments souterrains, tunnels et cavernes par exemple, tout en faisant allusion à des perspectives « plus profondes » et menaçantes. On a l’impression que l’ordre et la prévisibilité de la nature sont sapés par l’intrusion de nouvelles forces inconnues.

Shuvinai Ashoona élargit sa gamme de sujets. Comme sa cousine Annie Pootoogook, elle se concentre sur les nouvelles dimensions de la vie pour les Inuits : immeubles, véhicules et changements technologiques de la vie moderne. Elle les présente souvent de manière simple et directe. Un beau et nouveau camion-citerne à eau (2006-2007) représente un camion-citerne au design audacieux et insensé, dont la forme est contrebalancée par la ligne sinueuse représentant un tuyau d’eau d’un rouge vif. Mais plus souvent, Shuvinai Ashoona peint un monde complexe dans lequel la vie quotidienne s’allie aux images et aux créatures étranges et fantasmagoriques.

Sans titre (Éden, 2008), qui fait partie de la collection du Musée des beaux-arts du Canada est typique de son style le plus abouti. Dessiné aux crayons de couleur, à l’encre noire et au crayon de plomb, il combine de façon déconcertante deux récits bibliques fusionnés : l’histoire de la Nativité et celle, plus triste, de l’expulsion d’Adam et Ève du Jardin d’Éden, qu’on retrouve dans l'Ancien Testament. Sa forme rase, verticale, et ses détails contrastent avec des segments plats de couleur appliquée uniformément, ce qui fait penser aux gravures traditionnelles sur bois. L’image marie la culture inuite et le Christianisme, ce qui ajoute à l’étrangeté puissante et troublante au tableau.

Les éléments fantastiques dans les œuvres majeures de Shuvinai Ashoona semblent prendre leur source dans l’amalgame des traditions et des croyances des systèmes du Nord et du Sud, non sans influence de la culture populaire moderne et internationale. L’artiste semble fascinée par les films d’horreur. Son art exprime bien sa volonté de représenter ce qui l’intéresse.

Expositions

Shuvinai Ashoona expose pour la première fois en 1997, avec deux petites gravures à l’eau-forte et à la pointe sèche présentées à l’exposition annuelle de gravures à Cape Dorset. En 1999, ses œuvres font partie de l’exposition Trois femmes, trois générations, organisée par la Collection McMichael d’art canadien, aux côtés de celles de sa défunte grand-mère, Pitseolak Ashoona, et de sa tante, Napachie Pootoogook. Plusieurs galeries privées exposent son art. En 2008, un article paraît sur elle et deux autres artistes, Qavavau Manumie de Cape Dorset et Nick Sikkuark de Gjoa Haven, dans une revue culturelle de Winnipeg, Border Crossings. Shuvinai Ashoona travaille avec John Noestheden, artiste de Saskatchewan, à une peinture murale exposée à la Foire de Bâle en 2008 et à la Nuit Blanche de Toronto la même année, ainsi qu’au Musée des beaux-arts du Canada en 2013. Elle collabore aussi avec Shary Boyle, artiste de Toronto. En 2010, Marcia Connolly réalise un film documentaire, Ghost Noise, qui parle de son art.

Autres expositions importantes de l’art de Shuvinai Ashoona : Shuvinai Ashoona: Drawings, Galerie d’art de l’Université Carlton (2009), Noise Ghost, Galerie de Justina M. Barnicke, Université de Toronto (2009), Monster, Musée de Vancouver-Ouest (2010), C’est ce que c'est, Musée des beaux-arts du Canada (2010–2011), Art moderne inuit, la collection Samuel et Esther Sarick, Musée des beaux-arts de l’Ontario (2011); la 18e biennale de Sydney à Sydney, en Australie (2012) et Oh, Canada, Musée d’art contemporain du Massachusetts (2012–2013). Le Musée des beaux-arts de l’Ontario, le Musée des beaux-arts du Canada et le Musée des beaux-arts de Winnipeg possèdent des œuvres de Shuvinai Ashoona.

(Voir aussi Coopératives inuites, Art inuit et Gravure inuite)