Saskatoon, en Saskatchewan, constituée en tant que ville en 1906, population de 266 141 habitants (recensement de 2021), de 247 201 habitants (recensement de 2016). La ville de Saskatoon, la plus grande ville de la Saskatchewan, est située dans un parc vallonné sur les rives de la rivière Saskatchewan Sud, à 235 km au nord-ouest de Regina. La ville est un centre de service régional pour les prairies du nord et pour le centre et le nord de la Saskatchewan. Elle est réputée pour son vaste réseau de parcs et de sentiers longeant la rivière, ses larges rues bordées d’arbres et le campus attrayant de l’Université de la Saskatchewan.
Peuplement
Les deux sites de Gowen indiquent que des tribus de chasseurs s’y trouvent il y a 6000 ans. Les sites de peuplement stratifiés de Tipperary Creek (maintenant Wanuskewin) révèlent que des peuples autochtones y passent régulièrement l’hiver. La région est d’abord habitée principalement par des Cris et des Métis, et s’ajoutent ensuite à eux des Dakotas (Sioux) qui viennent des États-Unis et s’installent sur la réserve de Moose Woods située au sud de Saskatoon, en 1881.
En 1882, une équipe d’arpenteurs dirigée par le commissaire John Lake arrive pour inspecter les terres concédées à la Temperance Colonization Society de Toronto. Sur l’avis du chef Whitecap des Dakota (Sioux), il choisit l’emplacement de la future ville, en commençant sur la rive est. Le nom de la ville, Saskatoon, provient possiblement du mot cri Mis-Sask-quah-toomina, qui désigne la baie d’amélanche, un petit fruit abondant localement. Les premiers colons arrivent en 1883, mais de maigres récoltes et la rébellion du Nord-Ouest freinent une croissance rapide de la colonie.
Développement
En 1890, la ligne de chemin de fer qui traverse Saskatoon en partant de Regina jusqu’à Prince Albert entraîne l’essor d’un nouveau centre commercial sur la rive ouest, dont le terrain est plus plat. La nouvelle communauté s’approprie le nom de Saskatoon, tandis que la colonie originale devient Nutana. Une troisième colonie, Riverdale (aujourd’hui Riversdale), prend naissance au sud de la gare de marchandises. Les trois sont constitués en tant que villages (1901-1905), et en 1906, elles fusionnent pour former la ville de Saskatoon.
Au cours des sept années suivantes, Saskatoon devient une plaque tournante du réseau ferroviaire important de l’Ouest canadien, comprenant les trois chemins de fer intercontinentaux, avec la ville ferroviaire de Sutherland qui se développe à sa périphérie est. Saskatoon connaît un essor et devient un centre de distribution majeur. En 1909, elle accueille l’université provinciale. Cet essor entraîne une inflation de la valeur des terres ainsi que des projets de lotissement trop ambitieux. Les taux d’intérêt élevés et le resserrement monétaire entraînent une récession à Saskatoon et dans toutes les villes de l’Ouest, qui est exacerbée par la Première Guerre mondiale. Une deuxième période d’essor qui survient au milieu des années 1920 est freinée par la crise des années 1930, qui frappe Saskatoon plus durement que les autres villes du Canada anglais.
Ce n’est qu’après la Deuxième Guerre mondiale qu’un développement important de la ville reprend. Au cours des années 1950, une économie agricole prospère et un déplacement des populations rurales font de Saskatoon une des villes à la croissance la plus rapide au Canada. Les limites de la ville s’élargissent considérablement entre 1955 et 1961. L’ouverture de mines de potasse (1958) à proximité et de mines d’uranium dans le nord de la Saskatchewan entraîne une croissance continue durant les années 1960 et 1970.
Dans les années 1980, le marché de l’uranium décline, mais cela est compensé par l’émergence de nouvelles industries de haute technologie. La demande croissante de potasse et d’uranium combinée à l’implantation d’exploitations minières d’or et de diamant et à une industrie de la biotechnologie agricole dynamique contribue à l’expansion progressive de Saskatoon depuis les années 1990.
Paysage urbain
Située sur des dépôts glaciaires dans le lit des méandres d’une large rivière, Saskatoon présente une topographie agréablement variable, avec les lacs en forme de croissant (Moon et Pike) à proximité. La rivière est enjambée par sept ponts routiers et ferroviaires, dont le Traffic Bridge (1907) et le 42nd-Street Bridge (1983), qui forme une partie du boulevard Circle Drive de la ville. Sur la basse rive ouest se dressent l’hôtel Bessborough de style château, la cathédrale anglicane St. John’s et la cathédrale catholique St. Paul’s, ainsi que la Knox United Church. Des résidences élégantes et des édifices de l’université bordent la rive qui est plus élevée.
Les trois villages qui constituaient la ville originale sont encore reconnaissables. Nutana, le seul lotissement urbain de la colonie, est reconnu pour sa rue des premières résidences, ses premières écoles et le plus ancien quartier des affaires (avenue Broadway). Dans le cœur du centre-ville, on trouve des exemples de l’époque de l’essor de la ville et des premiers édifices, comme le Land Titles Building, le Canada Building, la gare du Canadien Pacifique et la Third Avenue United Church. Le Rumely Tractor Building domine le quartier des entrepôts. Les écoles de type « château » de l’époque de l’essor sont d’importants éléments du quartier, tout comme les magnifiques maisons de Nutana, Caswell Hill et City Park. Riversdale est reconnu pour ses deux cathédrales ukrainiennes, tandis que le quartier Caswell Hill présente quelques résidences plus imposantes.
Les structures les plus remarquables sont le Saskatoon Centennial Auditorium (appelé maintenant le TCU Place - Arts and Convention Centre; 1968), le Sturdy Stone Building (1979), la Saskatchewan Place (appelée maintenant le Credit Union Centre; 1988) et le City Hospital (1993).
Bien que des plans ambitieux de développement de la ville aient été proposés très tôt (en 1911 et en 1913), ce n’est qu’en 1929 qu’un plan de zonage est établi. Les terrains acquis par la ville grâce à la confiscation de propriétés durant les deux périodes de dépression sont augmentés lorsqu’une réserve foncière est développée par l’intermédiaire d’achats progressifs de propriétés disponibles en 1957. La suppression des anciennes gares de triage et de leurs passerelles piétonnières caractéristiques au centre de la ville (1964-1965) permet le développement de centres commerciaux dans le centre-ville.
Au milieu des années 1970, une action citoyenne permet l’établissement de la Meewasin Valley Authority (1979) pour la conservation des berges de la rivière. Le projet River Landing est mis de l’avant sur la rive sud du centre-ville. La première phase comprend un parc riverain, une berge, une salle de spectacle et un centre urbain à usages multiples. Le secteur nord-est fait l’objet d’une expansion résidentielle, et le marché exerce des pressions sur la municipalité régionale de Corman Park environnante pour augmenter la superficie d’acres de campagne.
Population
Initialement, les premiers colons arrivent de l’est du Canada, du Royaume-Uni et des États-Unis, mais éventuellement les immigrants viennent de la plupart des régions d’Europe, notamment de l’Ukraine et de l’Empire austro-hongrois. Les groupes religieux persécutés, comme les mennonites, les huttérites et les doukhobors, qui trouvent refuge en Saskatchewan ont une grande influence sur l’identité culturelle de la ville de Saskatoon. De 1946 à 1960, la ville connaît une immigration continue, notamment avec les épouses de guerre.
À cela s’ajoute un déplacement spectaculaire des populations rurales vers la ville et une expansion des limites municipales, notamment avec l’annexion de la ville de Sutherland (1956). Les décennies suivantes sont marquées par une importante immigration en provenance de l’Inde, du Pakistan et de la Chine, et ensuite des Philippines, du Vietnam et de l’Amérique latine. Le déplacement de la campagne vers la ville continue et la population autochtone connaît une croissance rapide.
Selon le recensement de 2021, les personnes déclarant une origine ethnique allemande constituent le plus grand groupe ethnique, soit 22,7 % de la population de la ville, suivie par l’origine anglaise (18,4 %) et l’origine écossaise (15,5 %). Les minorités visibles représentent 24,7 % des résidents de la ville, les personnes sud-asiatiques, philippines et chinoises constituant les plus larges communautés au sein de ce groupe. Saskatoon est également le foyer d’un grand nombre de personnes autochtones, soit 11,5 % de la population totale.
Économie et main-d’œuvre
En raison de sa dépendance à l’agriculture, Saskatoon connaît de nombreuses périodes d’essor et de dépression. Son premier essor survient en 1903, avec l’arrivée des colons de Barr. Il est suivi par le boom immobilier de 1911-1912. D’autres cycles suivent. Toutefois, la diversification continue, qui commence avec l’expansion de l’industrie minière dans les années 1970, atténue cette tendance jusqu’à l’essor de 2007. Les prix des maisons connaissent une hausse de plus de 50 % et les conversions en condominiums se produisent à une vitesse au record historique. Les hausses de prix sont principalement attribuées aux anciens résidants qui reviennent, à la hausse de la migration intérieure et à une économie prospère.
Parmi les tendances récentes, on note une augmentation marquée des industries de technologie de pointe et de la fabrication qui servent les secteurs de l’agriculture et de l’exploitation des ressources. Saskatoon demeure un centre de distribution et de commerce de détail ainsi qu’un centre de services de santé et d’éducation, de services commerciaux et miniers, de transformation alimentaire et de recherche. Les capacités de recherches de l’université et la présence du Innovation Place Research Park ont une influence importante sur l’économie de Saskatoon, particulièrement dans le domaine de la technologie de l’information et celui de la biotechnologie agricole en expansion. Les membres des Premières nations jouent un rôle sans cesse grandissant dans l’économie.
Transports
Saskatoon est située sur la route transcanadienne de Yellowhead. Cinq ponts routiers enjambent la rivière Saskatchewan Sud et une route périphérique traverse la ville. Le transport public commence avec un service de traversier en 1884 et dure jusqu’en 1907 lorsque le premier pont routier est construit. En 1913, des tramways commencent à circuler, puis ils sont remplacés graduellement par des trolleybus et ensuite par des autobus. Bien qu’elle ne soit plus un centre ferroviaire comme au début des années 1900, Saskatoon est encore desservie commercialement par la ligne principale transcontinentale du Canadien National (CN) et une ligne secondaire du Canadien Pacifique (CP). VIA Rail maintient un service minimal de transport transcontinental de passagers.
Durant la Deuxième Guerre mondiale, Saskatoon est le foyer d’une des écoles du Plan de formation aérienne du Commonwealth. En 1919, Keng Wah Aviation entraîne de jeunes pilotes chinois nationalistes à Saskatoon. L’aéroport international John G. Diefenbaker accueille des vols nationaux et américains. Le service d’autobus provincial est assuré par la Saskatchewan Transportation Company et le service de transport de longue distance par Greyhound Lines of Canada Ltd. La situation centrale de Saskatoon permet à plus de 100 compagnies locales de transport de marchandises d’y exercer leurs activités.
Communications
Saskatoon compte dix stations de radio, incluant une station de radio communautaire, et trois stations de télévision. SaskTel, la compagnie de téléphone de la province, est encore le premier fournisseur de services de télécommunications même si des compagnies extérieures commencent à s’implanter. La ville compte deux journaux : un quotidien, le Star-Phoenix, et un hebdomadaire agricole, le Western Producer. On y trouve également un magazine indépendant, le Planet S. Saskatchewan Business, le magazine littéraire Grain et le périodique annuel Saskatoon History Review. Parmi les éditeurs, on trouve la maison d’édition littéraire Thistledown Press, la maison Purich Publishing, spécialisée dans le domaine du droit, de l’agriculture et des questions autochtones, et l’Université de Saskatoon. SaskTel fournit l’accès à l’internet à la population ainsi qu’à d’autres fournisseurs de services internet, et un service local gratuit est géré par les bénévoles qui l’ont créé.
Administration et politique
La charte de la ville (1906) prévoit une commission de gouvernement, les responsables de la ville étant le maire et au moins un commissaire nommé. Le fort règne du commissaire C.J. Yorath (1913-1921) a donné un caractère permanent à ce système, qui a été initialement très critiqué. Lors des premières élections municipales, les hommes votent dans chaque quartier où ils possèdent une propriété. En 1920, le droit de vote des femmes est introduit, mais en même temps, le système de vote par quartier est aboli. Il est réintroduit par la province en 1973, aboli à nouveau en 1988, et réintroduit encore une fois en 1991, suite aux protestations des citoyens.
Actuellement, le conseil municipal est composé d’un maire et de dix conseillers, soit un pour chaque quartier, et élu pour un mandat de trois ans. La ville possède deux comités permanents et plusieurs comités consultatifs, des conseils et des commissions où les citoyens sont représentés. Les rapports entre le gouvernement municipal et le gouvernement provincial sont définis par le Urban Municipality Act (1984) et dans une moindre mesure, par le Planning and Development Act (1983). La Meewasin Valley Authority supervise le développement le long du corridor riverain.
Vie culturelle
L’Université de la Saskatchewan et ses collèges confessionnels affiliés, ainsi que le Saskatchewan Institute of Applied Sciences and Technology (SIAST)-Kelsey Institute, le First Nations University of Canada (campus de Saskatoon) et la bibliothèque publique de Saskatoon sont les principaux établissements d’enseignement de la ville.
Un climat culturel sympathique favorise l’émergence d’une forte communauté d’écrivains. Les romanciers Farley Mowat, Max Braithwaite, Edward McCourt et la poétesse Anne Szumigalski ont élu domicile à Saskatoon. Les auteurs et autrices contemporains actuels de Saskatoon incluent la poétesse primée Elizabeth Brewster, le romancier et lauréat du Prix du Gouverneur général Guy Vanderhaeghe, le biographe Bob (Robert) Calder et l’historien Bill Waiser.
La vivante scène des arts du spectacle compte trois compagnies de théâtre professionnelles; Persephone, 25th Street Theatre et Shakespeare on the Saskatchewan. On y trouve également La Troupe de Jour, une compagnie de théâtre amateur francophone, les Saskatoon Gateway Players et le Fringe Festival.
La ville possède son propre orchestre symphonique et elle compte des compagnies d’opéra, des chorales, des groupes de musique folklorique, des groupes et une société de jazz qui organise le Saskatchewan Jazz Festival chaque année. La chanteuse folk Joni Mitchell et le pianiste de jazz John Ballantyne sont natifs de Saskatoon. Lyell Gustin, professeur canadien de musique réputé, y a élu domicile. Les organismes ethniques opèrent par l’intermédiaire de la Saskatchewan Intercultural Association et présentent leurs spectacles à l’occasion du Folkfest. Saskatoon est réputée pour son ensemble de ballet folklorique ukrainien. Le Centennial Auditorium est le principal théâtre de la ville pour les arts de la scène, et le Broadway Theatre est l’une des rares salles de cinéma de répertoire qui existent toujours au Canada.
Les principales galeries d’art de la ville sont la Mendel Art Gallery située au bord de la rivière; la Kenderdine Gallery de l’université; la collection d’art canadien ancien du Nutana Collegiate; la A.K.A. Gallery avant-gardiste; la Photographers' Gallery; et la Saskatchewan Craft Gallery. La faculté des arts de l’université a une forte influence sur le plan artistique, surtout par l’entremise des Emma Lake Artsists' Workshops. De plus, Ernest Linder, William Perehudoff et Dorothy Knowles sont des artistes de renommée internationale, tout comme Eli Bornstein, le directeur du magazine The Structurist.
Les principaux musées de la ville sont le Western Development Museum (réputé pour sa rue des pionniers et sa superbe collection de machines agricoles et de voitures antiques), le Diefenbaker Canada Centre, le Ukrainian Museum of Canada, le Remai Modern et le Meewasin Valley Centre. L’université possède plusieurs musées, dont le plus spectaculaire est le Musée de géologie et de biologie avec ses répliques de dinosaures. Parmi les sites historiques, on trouve la résidence Marr (1884) qui a été utilisée comme hôpital de campagne pendant la rébellion du Nord-Ouest; la maison Trounce (1883) qui est la plus ancienne de Saskatoon; le Pioneer Cemetery (Nutana); la Stone School House (1887); la Rugby Chapel (1911); et la tombe de John G. Diefenbaker située au bord de la rivière. Deux sites historiques ont récemment été restaurés; l’atmosphérique Roxy Theater (1930) et le College Building (1912) à l’université, un site historique provincial et national.
Le charmant Forestry Farm Park and Zoo se trouve sur le site où était située l’une des deux pépinières de Dominion Forest Nursery Stations (1913). Le Wanuskewin Heritage Park, un site du patrimoine d’importance internationale, est un lieu d’interprétation de la culture et de l’histoire des autochtones des plaines. L’exposition annuelle Saskatoon Prairieland Exhibition a célébré son 110e anniversaire en 1996.
L’équipe de hockey junior, les Blades, et celle de football, les Hilltops (13 fois championne canadienne, dont la dernière fois en 2007), ainsi que les équipes de hockey et de football universitaires, les Huskies, sont parmi les équipes actuelles les plus connues. De plus, on y trouve les Saskatoon Rush, l’équipe de crosse; les Rattlers, l’équipe de basketball; et les Saskatoon Berries, l’équipe de baseball. Saskatoon a eu une équipe de hockey professionnelle dans les années 1920 et dans les années 1950, et un certain nombre d’équipes de balle rapide connues à l’échelle nationale. Parmi les célébrités sportives originaires de Saskatoon, on trouve Ethel Catherwood, médaillée du saut en hauteur aux Jeux olympiques de 1928; Gordie Howe, joueur de hockey; Diane Jones Konihowski, athlète de pentathlon; et Catriona Le May Doan, patineuse de vitesse. Saskatoon a été l’hôte de nombreux événements sportifs nationaux et a accueilli le Championnat mondial de hockey junior en 1990. La ville possède de nombreuses installations sportives et de loisirs, dont le Gordie Howe Park, le Harry Bailey Aquatic Centre (1976), le Saskatoon Field House (1978-1979), la marina (1987) et la Saskatchewan Place (1988).
Les sentiers et les parcs sur les berges de la rivière constituent une attraction supplémentaire, particulièrement le barrage-déversoir de Saskatoon avec sa population estivale de pélicans. À l’extérieur de la ville, la Beaver Creek Conservation Area et les Cranberry Flats sont des centres de découverte de la nature, tandis que les parcs provinciaux voisins de Pike Lake et de Blackstrap, qui possèdent une montagne artificielle, offrent des possibilités d’activités traditionnelles de camping et de loisirs aquatiques.