Le Royal Flying Corps | l'Encyclopédie Canadienne

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Le Royal Flying Corps

Pendant la Première Guerre mondiale, plus de 5 000 pilotes canadiens ont servi dans le Royal Flying Corps (RFC). Le RFC a été formé le 13 avril 1912 pour répondre aux besoins de la Grande-Bretagne, qui désirait augmenter sa présence militaire dans le domaine de l’aviation, alors en expansion. En avril 1918, le RFC a fusionné avec le Royal Naval Air Service (RNAS) pour former la Royal Air Force (RAF). Pendant la guerre, un programme de formation du RFC/de la RAF au Canada a formé environ 10 500 pilotes, mécaniciens et aviateurs de l’armée de l’air.
Billy Bishop and William Barker

Le RFC au Canada

Le Royal Flying Corps comprend une aile militaire, une aile navale (qui devient le Royal Naval Air Service en 1914) ainsi qu’une école d’aviation. Les fonctions du RFC comprennent la reconnaissance, le bombardement, l’observation d’artillerie, la coopération avec l’infanterie pour attaquer les positions ennemies, les vols de reconnaissance, le largage d’approvisionnement et l’observation pour la Royal Navy. Le 1 er avril 1918, le RFC se joint au RNAS pour devenir la RAF.

Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, le Canada n’a pas sa propre force aérienne, outre le Corps d’aviation canadien, dont l’existence est de courte durée. Les aviateurs qui désirent se joindre aux forces aériennes britanniques doivent soit s’enrôler dans les Forces canadiennes régulières (voir Corps expéditionnaire canadien) pour ensuite essayer d’être transférés une fois en Europe, soit se rendre eux-mêmes en Angleterre pour postuler directement. (Deux des pilotes les plus connus de la Première Guerre mondiale, William (Billy) Bishop et William Barker, rejoignent le RFC en passant par le Corps expéditionnaire canadien. Un troisième pilote, Raymond Collishaw, rejoint le RNAS en Grande-Bretagne après avoir suivi une formation privée qu’il paie de sa poche au Canada.)

La situation change en décembre 1916. Le RFC a besoin de plus d’escadrons d’entraînement, mais la Grande-Bretagne manque d’espace pour construire des terrains d’aviation et des usines supplémentaires. L’empire se tourne donc vers ses colonies et établit peu après le RFC au Canada, un programme de formation qui inspire en partie le Programme d’entraînement aérien du Commonwealth de la Deuxième Guerre mondiale.

Le programme de formation, sous le commandement du lieutenant-colonel Cuthbert Gurney Hoare, est géré par le Department of Aviation de l’Imperial Munitions Board (IMB), qui vient tout juste d’être créé. Des terrains d’aviation pour la formation sont construits dans le sud de l’Ontario, dont ceux de Long Branch (l’ancienne école d’aviation Curtiss Flying School), de Borden, de Leaside, d’Armour Heights et celui situé à proximité de Belleville.

La Canadian Aeroplanes Limited

L’IMB nationalise aussi la Curtiss Aeroplane and Motor Company (CAMC), qui change de nom pour devenir la Canadian Aeroplanes Limited (CAL). Près de 3 000 avions y sont construits entre décembre 1916 et septembre 1918, dont une version canadienne du biplan « Jenny » : le JN-4 « Canuck » (canadien). Ces avions disposent d’une cellule améliorée, de contrôles supplémentaires et d’une dérive redessinée.

En plus du Canuck, les usines de la CAMC/CAL construisent 30 hydravions à coque F-5 pour la marine américaine ainsi que le bombardier multimoteur C-1 « Canada ». En 1918, près de 500 Avro 504 sont commandés dans le but de remplacer les vénérables JN‑4, mais la guerre se termine avant qu’ils soient nécessaires.

Formation

À l’extérieur des usines, le programme de formation s’établit tout aussi rapidement. En avril 1917, cinq escadrons d’entraînement sont en activité et, deux mois plus tard, on implante un programme de formation officiel à la 4e École d’aéronautique militaire, située à l’Université de Toronto. L’entraînement des cadets est divisé en deux étapes: un premier cours de huit semaines dans le cadre de l’escadre d’élèves-officiers, puis un programme de six semaines à la 4e École. La formation comprend la navigation aérienne et la météorologie, l’étude des moteurs d’aéronef, l’avitaillement d’une cellule, la photographie et la coopération avec l’artillerie.

Pendant la guerre, près de 16 000 hommes passent par les dépôts de recrues du RFC/de la RAF du Canada. En novembre 1918, plus de 3 100 pilotes et observateurs et 7 400 mécaniciens et ouvriers d’aviation ont achevé le programme de formation.

Au départ, les cadets de l’aviation sont recrutés, équipés et hébergés au Collège Victoria, à l’Université de Toronto. Ils se rendent ensuite dans une série de centres d’entraînement, notamment en armement et en artillerie. Ces formations sont aussi offertes, à l’origine, à l’université. Plus tard, elles se donnent à Long Branch, où se trouve l’escadre d’élèves-officiers élargie. En juin 1918, l’Armament School déménage à Hamilton, où les cadets sont formés pendant quatre à cinq semaines et apprennent le maniement des mitrailleuses Lewis et Vickers, le tir avec déflexion et le bombardement. Une fois leur formation théorique terminée, les étudiants accèdent à des camps d’aviation, généralement ceux de la base Borden, près de Barrie, en Ontario.

Lorsque l’hiver s’installe au Canada et qu’il est impossible de pratiquer l’aviation, le programme de formation n’est pas interrompu. L’école d’artillerie aérienne, qui comprend plusieurs escadrons d’entraînement, déménage à Fort Worth, au Texas. Là-bas, entre novembre 1917 et avril 1918, le RFC collabore avec le Signal Corps des États-Unis. Il cumule ainsi plus de 67 000 heures de vol et forme plus de 1 960 pilotes.

Au printemps 1918, l’École canadienne du RFC (qui est sur le point de devenir la RAF) rentre au bercail pour occuper un nouveau camp à Beamsville, qui est plus tard rebaptisé l’École de combat aérien. Les pilotes dont la formation est terminée vont à l’étranger (pour plus tard rejoindre un escadron de première ligne) ou à l’École d’aviation spéciale, à Armour Heights, où ils reçoivent une formation d’instructeur.

Héritage

Les retombées de la Canadian Aeroplanes Limited et du programme de formation du RCF/de la RAF démontrent l’importance de ces programmes déployés en temps de guerre. Parmi les diplômés du programme de formation, citons plusieurs pilotes éminents comme Donald MacLaren, W.G. Claxton et Alan McLeod. Ce dernier est d’ailleurs l’un des trois seuls aviateurs canadiens à avoir reçu la Croix de Victoria pendant la guerre (avec William Bishop et William Barker), en plus d’être le seul aviateur formé par le RFC au Canada à avoir reçu cette distinction.

Le saviez-vous?
Le 4 septembre 1918, Alan McLeod reçoit la Croix de Victoria du roi George V au palais de Buckingham. Plus tard le même mois, il rentre au Canada. Malheureusement, il contracte la grippe espagnole, une souche d’influenza responsable de la mort de millions de personnes partout dans le monde en 1918 et 1919. Il meurt à Winnipeg le 6 novembre et devient ainsi un des quelque 50 000 Canadiens emportés par cette pandémie.


Alan McLeod, VC

La formation qu’Alan McLeod et d’autres cadets ont reçue dans le sud de l’Ontario et au Texas joue un rôle clé dans les efforts du RFC/de la RAF au cours de la seconde moitié de la Première Guerre mondiale. À la fin de la guerre, on estime que plus de 20 000 Canadiens se sont joints aux services d’aviation britanniques.

Le RFC et le RNAS deviennent la RAF en avril 1918. Malgré plusieurs tentatives infructueuses, le Canada n’a pas de force aérienne permanente avant la fondation de l’ Aviation royale canadienne en 1924.

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