Éducation et premières années
Roy Romanow naît le 12 août 1939 à Saskatoon de l’union entre Michael et Tekla Romanow. Comme beaucoup d’autres Ukrainiens, Michael Romanow déménage en Saskatchewan à la fin des années 1920 afin d’échapper à la pauvreté en Europe de l’Est. Sa femme, Tekla, et leur fille, Ann, quant à elles, restent dans le village d’Ordiv, en Ukraine occidentale, jusqu’à 1938, année où elles rejoignent Michael Romanow au Canada. Ce dernier travaille pour le Chemin de fer du Canadien Pacifique, ce qui lui permet d’acheter une petite maison à l’ouest de Saskatoon. C’est là que Roy Romanow est élevé (il est le seul enfant sur quatre à naître au Canada), et apprend sa première langue, l’ukrainien, pleinement immergé dans la vie et la culture de la communauté immigrante de ses parents.
Roy Romanow fréquente le
Roy Romanow obtient un diplôme en arts en 1960, puis un diplôme en droit en 1964. En 1967, il épouse Eleanore Boykowich, productrice de publicités et scriptrice pour la radio. Le couple n’aura pas d’enfants.
Politique provinciale
À l’université, Roy Romanow tisse des liens importants au sein de la Co-operative Commonwealth Federation. Après sa collation des grades, alors qu’il est stagiaire en droit, il travaille comme organisateur pour la CCF et, grâce à son expérience en radio, devient rapidement le responsable de la publicité du parti dans la province.
En 1966, il est unanimement nommé candidat de la CCF pour le comté provincial de Saskatoon-Riversdale. Grâce à sa fougueuse jeunesse, à sa compréhension des médias et à son allure télégénique, il devient une vedette du parti pendant la campagne électorale de 1967. Bien que son parti perd les élections, il remporte un siège d’opposition à Regina, où il se bâtit une réputation d’orateur et de débatteur de talent.
En 1970, Roy Romanow conteste le leadership du Nouveau Parti démocratique (NPD) de Saskatchewan — anciennement la CCF. S’il gagne les premiers tours lors de la course à la chefferie, il est finalement défait par l’ancien ministre Allan Blakeney, un candidat plus expérimenté. Les néo-démocrates d’Allan Blakeney remportent l’élection de 1971, et Roy Romanow est nommé vice-premier ministre, chef parlementaire et procureur général.
Rapatriement de la Constitution
Le NPD est réélu aux élections de 1975 et de 1978, après lesquelles Roy Romanow ajoute le poste de ministre des Affaires intergouvernementales à sa liste de tâches. Sous ce mandat, il devient une figure majeure dans les négociations et les débats entre Ottawa et les provinces qui mènent à la rédaction préliminaire de la Charte des droits et libertés et au rapatriement de la Constitution, en 1982. Les liens étroits que Roy Romanow cultive avec Jean Chrétien (alors ministre fédéral de la Justice) et le procureur général de l’Ontario, Roy McMurtry, contribuent grandement à la mise en place de l’entente constitutionnelle finale.
Aux élections provinciales cette année-là, le NPD — que l’on considère comme trop intéressé par les affaires constitutionnelles et pas assez par les préoccupations des électeurs saskatchewanais — est défait par les progressistes-conservateurs (PC). Roy Romanow lui-même est la plus choquante victime de l’élection, battu de peu dans son propre comté par un universitaire de 23 ans.
Sans poste politique pour la première fois en 16 ans, Roy Romanov pratique le droit pendant un temps et coécrit un ouvrage publié en 1984, Canada Notwithstanding, à propos des négociations qui ont mené à la nouvelle Constitution.
À l’élection provinciale de 1986, Roy Romanov réussit à reprendre son ancien comté pour le NPD. Il succède ensuite à Allan Blakeney à la tête du parti en 1987 et devient chef de l’opposition à l’Assemblée de Saskatchewan, où il se bat contre la privatisation des sociétés d’État, un but visé par le gouvernement tory de Grant Devine.
Premier ministre
Le 21 octobre 1991 (et malgré les conservateurs qui l’appellent « l’homme des années 1970 »), Roy Romanow guide le NPD vers une fulgurante victoire électorale, remportant 55 des 66 sièges à l’Assemblée. « Nous aurons beaucoup de travail à faire, beaucoup de décisions difficiles à prendre, et cela nous demandera un peu de chance, mais j’ai confiance que nous, peuple de la Saskatchewan, y arriverons », affirme-t-il le soir de son élection.
Roy Romanow devient le premier ministre d’une province au bord de la faillite. Confronté à des revenus gouvernementaux en baisse et à une dette publique croissante (la pire dette et le pire déficit au Canada), son gouvernement coupe dans les budgets ministériels et la fonction publique, et en gèle l’augmentation des salaires. Il réduit aussi les salaires des ministres du Cabinet, un témoignage important des mesures d’austérité en place ailleurs.
Alors que le débat national constitutionnel s’enflamme à nouveau sous Brian Mulroney, Roy Romanow reprend son rôle de négociateur d’importance dans ce qui devient le controversé Accord de Charlottetown. Si l’accord échoue en fin de compte, Roy Romanow réussit à échapper à la furie du public en grande partie grâce à sa réputation et à son succès dans la gestion de la grave crise financière provinciale.
Aux élections provinciales de 1995, suivant l’introduction du premier budget équilibré en Saskatchewan depuis 12 ans, le NPD sous Roy Romanow remporte la majorité, avec 42 sièges sur 58. S’il a réussi à rétablir les finances de la Saskatchewan, le premier ministre est impuissant devant la chute du prix mondial des récoltes. À son deuxième mandat, le gouvernement est confronté au ressentiment des familles d’agriculteurs, qui blâment le NPD et l’accusent d’ignorer les besoins des zones rurales.
À l’élection de 1999, Roy Romanow perd le soutien des agriculteurs qui traversent leur pire crise économique depuis le krach boursier de 1929. Le NPD doit donc se contenter d’un gouvernement minoritaire, remportant presque tous les comtés urbains, mais cédant tous les comtés ruraux au Parti saskatchewanais, une organisation de droite. Afin de contrer leur influence, Roy Romanow forme une coalition gouvernementale avec les libéraux.
Le 26 septembre 2000, après une vie entière de service public et neuf ans à titre de premier ministre, Roy Romanow annonce sa démission. L’année suivante, Lorne Calvert lui succède à la tête du parti.
Soins de santé
Roy Romanow rejette les invitations du NPD et des libéraux, qui aimeraient le voir en politique fédérale. En lieu et place, en 2001, le premier ministre Jean Chrétien lui demande de mener une commission d’enquête pour trouver des manières de rendre le système de santé publique durable. La Commission royale d’enquête sur l’avenir des soins de santé au Canada tient donc des audiences partout au pays et publie un rapport fort attendu en 2002. Surnommé « rapport Romanow », il comprend des recommandations pour la réforme de l’assurance maladie, y compris un investissement dans le système de santé des provinces et territoires de 15 milliards de dollars en 3 ans de la part du gouvernement fédéral. Des critiques accusent Roy Romanow de ne demander que plus d’argent des fonds publics au lieu de chercher des façons novatrices d’alléger le fardeau financier que représentent les soins de santé pour les gouvernements.
Dans la foulée du rapport de la Commission, Roy Romanow demeure un fervent défenseur du système universel de soins de santé. Dans un éditorial publié en 2002, il urge les Canadiens à ne pas abandonner l’assurance maladie. Il affirme en effet qu’« un modèle d’assurance public, universel et à payeur unique coûte moins cher et promeut une meilleure santé de la population que des systèmes à payeurs multiples comme ceux en place aux États-Unis. » Il ajoute de surcroît que le fait de passer à un modèle privé et à but lucratif constitue un pas en arrière, et insiste pour que les frais de médicaments, les soins à domicile et les soins de longue durée soient inclus dans le système d’assurance maladie.
Après la politique
En reconnaissance de ses contributions à la politique canadienne, Roy Romanow est nommé au Conseil privé du Canada en 2003 et devient officier de l’Ordre du Canada en 2004.
Il siège actuellement au Comité consultatif d’Élections Canada, et est membre de la Fondation Pierre Elliott Trudeau, une œuvre de bienfaisance qui promeut la recherche en sciences humaines.
En 2016, Roy Romanow est nommé coprésident du conseil de l’Alliance canadienne pour mettre un terme à l’itinérance. La même année, il est élu chancelier de l’Université de la Saskatchewan pour un mandat de trois ans.