Mesure et composition du PIB
On calcule le PIB au moyen du flux circulaire du revenu et des dépenses des ménages, des entreprises et du gouvernement à l’intérieur d’une économie. La comptabilité du revenu national présente deux principales approches pour calculer le PIB, soit l’une fondée sur les dépenses et l’autre, sur le revenu.
L’optique des dépenses mesure le flux des dépenses globales sur les biens et services dans l’économie en comptabilisant ses composantes : les dépenses de consommation en biens et en services; les dépenses d’investissement (dans les actifs immobilisés, comme la machinerie et le logement, par l’entreprise ou le gouvernement, et les variations des stocks); les dépenses gouvernementales en biens et en services (sauf les paiements de transfert, comme les indemnisations et les frais de service de la dette); et les exportations nettes, soit les exportations de biens et de services moins les importations (voir Balance des paiements).
L’optique du revenu calcule la valeur de toutes les recettes que génère la production de biens et de services. Ses principales composantes sont les traitements, les salaires et les autres rémunérations versés aux employés; l’excédent brut d’exploitation des entreprises; le revenu mixte brut (rémunération aux entreprises non constituées en société); les impôts moins les subventions sur la production (p. ex., l’impôt foncier, les cotisations sociales, les subventions de formation); et les impôts moins les subventions sur les produits et les importations (p. ex., les taxes sur les produits et services [TPS], les subventions de transport ferroviaire, les paiements directs aux agriculteurs).
L’infime différence statistique entre le calcul du PIB selon les dépenses et celui selon le revenu s’annule en additionnant ou en soustrayant leur divergence statistique. Cette divergence représente la moitié de l’écart entre les deux.
PIB en 2016 en termes de dépenses
Millions de dollars | Part du PIB (%) | ||
Dépenses de consommation | 1 182 155 | 58,3 | |
Biens durables | 148 723 | - | |
Biens semi-durables | 82 507 | ||
Biens non durables | 273 422 | ||
Services | 648 871 | ||
Autres | 28 632 | ||
Investissements | 384 644 | 19 | |
Bâtiments résidentiels | 154 045 | - | |
Ouvrages non résidentiels, machines et matériel | 197 274 | ||
Stocks | -2 314 | ||
Autres | 35 639 | ||
Dépenses publiques | 508 662 | 25,1 | |
Biens et services | 429 811 | - | |
Investissements | 78 851 | ||
Exportations nettes | -48 048 | -2,4 | |
Exportations de biens et de services | 628 695 | - | |
Importations de biens et de services | 676 743 | ||
Divergence statistique | -428 | ||
PIB total | 2 027 544 | 100 | |
Source : Statistique Canada, CANSIM tableau 380-0064 |
PIB en 2016 en termes de revenu
Millions de dollars | Part du PIB (%) | |
Rémunération des salariés | 1 050 522 | 51,8 |
Excédent brut d’exploitation | 508 469 | 25,1 |
Revenu mixte brut | 241 768 | 11,9 |
Impôts moins les subventions sur les produits et les importations | 137 309 | 6,8 |
Impôts moins les subventions sur la production | 89 048 | 4,4 |
Divergence statistique | 428 | |
PIB total | 2 027 544 | 100 |
Source : Statistique Canada, CANSIM tableau 380-0063 |
PIB comme indicateur économique : avantages et désavantages
Le PIB est largement admis comme la mesure internationale de la performance économique puisqu’il rend une donnée concise qui vise à évaluer la valeur marchande de l’activité économique à un moment donné. Il facilite la comparaison pour une période précise ou l’analyse de l’évolution. Il s’agit d’un outil accessible et constant qui mesure les résultats économiques — la valeur des produits et services produits — et qui guide la politique économique (voir Politique budgétaire). Bien que le PIB permette de fixer des objectifs politiques de croissance économique, l’utilisation du PIB comme une mesure globale de la performance économique présente un certain nombre de désavantages.
Premièrement, le PIB comptabilise seulement les activités qui ont une valeur marchande et, par conséquent, ignore la valeur des activités non rémunérées, comme le travail domestique, le bricolage et le bénévolat. On estime qu’à elle seule la valeur du travail domestique au Canada représenterait entre 32 et 39 % du PIB. De plus, le PIB ne tient pas compte des activités économiques clandestines ou illégales (voir Économie souterraine). Ainsi, le PIB ne peut représenter toute l’activité économique d’une économie.
Deuxièmement, le PIB présente une fâcheuse défaillance qui l’empêche de tenir compte des pertes engendrées par une catastrophe (naturelle ou d’origine humaine) ou une guerre. Ainsi, les efforts de reconstruction et de rétablissement qui s’en suivent augmentent le PIB, et ce, même si la société est, à bien des égards, en mauvaise posture. Traditionnellement, le PIB ne reflète pas les dommages environnementaux causés par l’activité économique, alors qu’il comptabilise les opérations d’assainissement, comme le nettoyage d’un déversement de pétrole. On tente de considérer l’environnement dans le calcul du PIB en estimant un « PIB vert », qui vise à représenter les ressources non marchandes, comme les joies d’un espace vert et les dommages environnementaux causés par la pollution.
Troisièmement, se voulant un indicateur du bien‑être, le PIB ne peut pas vraiment refléter le niveau de vie d’une population selon sa production accrue de biens et services (voir Niveau de vie). Le PIB ne tient pas compte de l’écart de revenu entre les riches et les pauvres et du rôle que ces groupes jouent dans les résultats économiques (voir Répartitions des revenus), et il ne reflète pas la qualité des biens produits.
Évolution et composition du PIB canadien de 1870 à 2016
Le PIB nominal du Canada en 1870 est estimé à 383 millions de dollars courants et atteint 2,03 mille milliards de dollars en 2016. Le PIB nominal n’est pas ajusté en fonction de l’inflation et, donc, la croissance de sa valeur peut simplement refléter la fluctuation des prix plutôt que la variation des quantités. En ajustant la valeur des résultats en fonction de l’inflation au moyen de l’indice des prix à la consommation (2002=100), le PIB réel en dollars constants de 2002 est de 7,929 milliards en 1870 et atteint 1,579 mille milliards en 2016. La figure 1 illustre côte à côte le PIB nominal et le PIB réel de 1870 à 2016 tout en témoignant de la croissance économique du Canada avec le temps.
Figure 1
La figure 2 présente le PIB réel réparti selon la population canadienne, soit le PIB par habitant, de 1870 à 2016. En 1870, le PIB réel par habitant était de 2 097 $ (dollars constants de 2002). En 2016, il atteint 43 526 $. La croissance moyenne annuelle du PIB réel, entre 1870 et 2016, est de 2,2 %. À ce rythme, le revenu moyen par habitant pour la population canadienne a doublé presque tous les 33 ans. Comme l’illustre la figure 2, l’évolution du PIB réel par habitant présente des périodes creuses. Par exemple, entre 1929 et 1933, le PIB réel par habitant décroît d’environ 30 % durant la Grande Dépression.
Figure 2
Le PIB est aussi conçu de façon à estimer la valeur des résultats de secteurs spécifiques de l’économie. La figure 3 montre qu’en 1870 le Canada a une économie orientée vers l’agriculture, qui représente alors près de 40 % du PIB. L’industrie manufacturière était le deuxième secteur le plus important, représentant 21 % du PIB (voir Industrialisation au Canada). La production de biens, plutôt que de services, est marquée à cette époque de l’histoire de l’économie canadienne.
Figure 3
En plus de la croissance du PIB au fil des ans, l’évolution de l’économie canadienne témoigne d’un changement dans sa composition, soit d’une intensification de la production de services. La figure 4 montre que, en 2016, l’économie s’est aussi diversifiée : les services financiers, les assurances et l’immobilier, la gestion des affaires, les services professionnels et techniques, les administrations publiques, l’hébergement et les services de restauration, les soins de santé et l’assistance sociale, l’éducation, l’information, les arts, les spectacles et la culture, et le commerce de détail et le commerce de gros représentent environ 65 % du PIB; l’agriculture et l’industrie manufacturière (fabrication) n’en représentent qu’un peu plus de 10 %.
Figure 4