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Presses universitaires

Bien que les presses universitaires apparaissent en Europe dès les XVe et XVIe siècles et aux États-Unis vers la fin du XIXe, leur début au Canada est assez récent.

Presses universitaires

Bien que les presses universitaires apparaissent en Europe dès les XVe et XVIe siècles et aux États-Unis vers la fin du XIXe, leur début au Canada est assez récent. Traditionnellement, les universitaires canadiens publient à l'étranger, dans des presses savantes, chez des éditeurs commerciaux, ou dans des périodiques étrangers. C'est encore la pratique aujourd'hui, puisque la plupart des éditeurs canadiens manquent d'expertise ou d'intérêt pour publier des textes aussi spécialisés, lesquels sont moins rentables que les manuels pédagogiques et les ouvrages commerciaux.

Le travail quotidien qui se fait dans les presses universitaires ressemble à certains points de vue à celui d'un éditeur commercial, mais ce qui l'en distingue reste très important. D'abord, les presses universitaires sont des entreprises spécialisées qui appartiennent à une université ou à un centre de recherche et dont le mandat est de publier des livres ou des périodiques savants. Elles peuvent à l'occasion publier un manuel pédagogique, voire même des ouvrages populaires de nature commerciale. De plus, contrairement au cas des éditeurs commerciaux, ce sont des évaluateurs universitaires indépendants qui font l'évaluation des manuscrits afin d'assurer l'objectivité des décisions. La révision des manuscrits est une tâche coûteuse et longue, et la mise en marché coûte cher à cause du tirage limité, réservé à un public restreint, spécialisé et souvent international. Leur objectif premier étant la diffusion des connaissances, les presses universitaires ne peuvent dépendre uniquement du profit des ventes pour couvrir leurs dépenses. Elles doivent donc faire des demandes de financement à l'université et au gouvernement.

Au cours des années 60, les presses universitaires canadiennes poussent comme des champignons. Durant cette décennie, les inscriptions ne cessent de croître tant au premier qu'aux deuxième et troisième cycles. Les bibliothèques augmentent leurs acquisitions, et on pousse les professeurs à publier sous peine de licenciement. Vers la fin des années 70, les budgets des universités diminuent cependant, et tout le commerce de l'édition se trouve en sérieuse crise financière. L'avenir de plusieurs collections de volumes, et même celui des monographies individuelles, est remis en question. Le gouvernement fédéral remet en question divers programmes de subventions aux maisons d'éditions commerciales et savantes. Un groupe consultatif fondé en 1976 recommande dans L'édition savante au Canada (1980) qu'on accorde davantage de soutien à l'organisation d'ateliers de publication, qu'on subventionne un plus grand nombre de périodiques savants peu coûteux, et qu'on accorde davantage d'attention à la para-publication.

Depuis les années 40, c'est le Programme Aide à l'Édition savante (PAÉS) qui accorde les subventions aux éditeurs. Ce programme est maintenant géré conjointement avec la Fédération canadienne des études humaines et la Fédération canadienne des sciences sociales. En 1986, le PAÉS accorde 920 000 $ de subventions pour 150 ouvrages en sciences humaines et sociales. Entre-temps, en 1985, Ottawa annonce une restructuration majeure de son programme d'aide financière aux maisons d'édition commerciales et savantes, et, en 1986, le Groupe d'étude sur l'enseignement supérieur, dirigé par Nielsen, critique sévèrement le PAÉS, avec comme effet une réduction du budget des publications.

Par la suite, les presses universitaires restructurent elles-mêmes leurs services. Plusieurs informatisent leur production et leur mise en marché. Certaines centralisent leur système de distribution, comme le font les PETITES MAISONS D'ÉDITION; d'autres font de la publication et de la distribution en partenariat avec des presses universitaires étrangères. Les travaux de recherches qui doivent être mis à jour régulièrement, comme les bibliographies et les statistiques, peuvent être enregistrés dans une base de données centrale de façon à éliminer les coûts élevés de l'édition.

Les presses plus importantes publient des textes dans de nombreuses disciplines. La University of Toronto Press est la plus ancienne (1901) et une des dix plus grandes en Amérique. Elle a édité 1020 ouvrages en sciences humaines et en sciences. Elle publie annuellement de 80 à 90 ouvrages en plus de 25 périodiques, et ses ventes atteignent 4 millions de dollars. Parmi ses collections, on trouve les Collective Works of John Stuart Mill et (en collaboration avec l'U. Laval), le DICTIONNAIRE BIOGRAPHIQUE DU CANADA. Les presses de McGill, fondées en 1963, s'unissent à celles de Queen's en 1969 pour devenir la McGill-Queen's University Press et elles se spécialisent dans la publication d'études canadiennes en plus de la Canadian Public Administration Series. Pour sa part, la University of Alberta Press (1969), qui a accumulé 83 titres en 1987, se spécialise en histoire de l'Ouest canadien, en sciences générales et en écologie. La Wilfrid Laurier University Press (1974) compte actuellement 122 ouvrages traitant d'archéologie, d'histoire militaire et de sociologie/archéologie. La University of British Columbia Press (1971) met pour sa part l'accent sur le monde des affaires canadien et les études sur le Pacifique. De leur côté, Les Éditions de l'U. d'Ottawa (1936), Les Presses de l'U. Laval (1950), Les Presses de l'U. de Montréal (1962) et Les Presses de l'U. du Québec (1969), s'intéressent toutes à la civilisation canadienne-française, à la littérature, aux études médiévales, au droit, aux sciences sociales, aux sciences physiques, et à l'ingénierie. La Carleton University Press (1982) possède 146 titres, dont la Caleton University series sur l'histoire, la société et les institutions du Canada.

Par ailleurs, les ouvrages et les périodiques publiés dans les centres de recherche couvrent un moins vaste éventail de sujets. Les 214 ouvrages du Pontifical Institute of Medieval Studies (1939) de Toronto traitent de l'histoire et de la culture du Moyen Âge. La Ontario Institute for Studies in Education Press (1965) de Toronto est centrée sur le matériel pédagogique, les programmes éducatifs, et le développement professionnel. Le Canadian Plains Studies Centre (1973) de Regina étudie les différents aspects des Plaines du Canada.

Parmi les 20 presses universitaires du Canada, 15 sont membres de l'Association des presses universitaires du Canada. En 1985, les ventes de manuels pédagogiques se sont chiffrées à 505,8 millions, dont le tiers était sous le contrôle d'entreprises canadiennes. Ces chiffres incluent les ventes des éditeurs commerciaux.

Malgré ces chiffres intéressants, la survie des presses universitaires reste précaire. Les coûts d'édition et de production ne représentent qu'une partie du problème dans ce pays où le financement, la distribution et le lectorat posent des problèmes difficiles à résoudre. Par contre, la contribution des presses universitaires à la culture canadienne et internationale n'en demeure pas moins significative, même si peu de livres savants atteignent un large public. The Vertical Mosaic (UTP, 1964) de John Porter et Canadian Corporate Elite (de Carleton Library Series, 1975) de Wallace Clement se sont très bien vendus. Le plus souvent, les livres savants comme The Fur Trade in Canada (1930) de Harold Innis et Empire and Communications (1946) exercent cependant une influence importante bien qu'indirecte. En fin de compte, les idées des intellectuels ont un effet sur la société dans la mesure où celle-ci se perçoit à travers leurs écrits.