William John Peden, dit « Torchy », cycliste (né le 16 avril 1906 à Victoria en Colombie‑Britannique; décédé le 26 janvier 1980 à Chicago, dans l’Illinois, aux États‑Unis). Dans les années 1930, William Peden, l’un des plus grands cyclistes de son époque, a glané de nombreux succès sur le circuit des courses de six jours. Au cours de ses quatre premières années de présence dans cette spécialité, il a remporté 24 des 48 courses. Entre 1929 et 1948, il a terminé en tête de 38 des 148 épreuves dans lesquelles il a couru toutes spécialités confondues, un record qui a tenu jusqu’en 1965. Il a été, aux côtés de Babe Ruth et Lou Gehrig des Yankees de New York, l’un des athlètes les mieux payés à l’époque de la Grande Dépression. Il a été intronisé au Panthéon des sports canadiens, au British Columbia Sports Hall of Fame, au Greater Victoria Sports Hall of Fame et au Temple de la renommée du cyclisme canadien.
Jeunesse
William « Torchy » Peden naît à Victoria en Colombie‑Britannique. La famille Peden, originaire d’Écosse, immigre au Canada à la fin du 19e siècle. Son oncle, Alexander, fait de la politique à l’échelon municipal, tandis que son père, William senior, est dans les affaires. En 1901, il ouvre un magasin de vélos à Victoria, dans lequel deux des oncles du futur champion travaillent également. William senior crée, plus tard, l’entreprise Scott et Peden, Ltd. qui vend de la farine, des fourrages, du foin et des céréales.
Cet édifice situé sur la rue Store, à Victoria en Colombie‑Britannique, porte toujours l’ancienne inscription des entrepôts de la Scott and Peden Ltd., créée au début du 20e siècle.
Le saviez‑vous?
Certains des cyclistes canadiens ayant connu le plus de succès sont originaires de Victoria en Colombie‑Britannique. Parmi eux figurent William « Torchy » Peden et son frère Doug Peden, ainsi que le vainqueur du Tour d’Italie 2012, Ryder Hesjedal. Chaque année, à l’occasion du Tour de Victoria de Ryder Hesjedal, des centaines de cyclistes roulent sur la rue Store, le long de l’ancien entrepôt Scott and Peden à proximité de là où se tient aujourd’hui le Swans Brewery Pub and Hotel.
Les Peden sont une famille active et sportive. En dehors de leurs activités sportives, les membres de la famille s’adonnent également à la randonnée et au camping dans les collines voisines de Sooke, où leur père a construit une cabane et où le lac local s’appelle désormais lac Peden. Dans sa jeunesse, William J. Peden pratique plusieurs sports, notamment le cyclisme, le rugby, le hockey et la natation, un sport dans lequel il décroche un classement national.
Champion de cyclisme de Colombie‑Britannique
William « Torchy » Peden est déterminé à intégrer l’équipe canadienne pour les Jeux olympiques d’été de 1928. Entre les différents sports qu’il pratique, il décide que le cyclisme représente sa meilleure chance. En 1925, il se lance dans un programme d’entraînement intensif, parcourant 40 à 50 km tous les soirs, après une journée de travail au camp de bûcheron local.
Cet entraînement s’avère payant! En 1925, il remporte l’épreuve des 10 milles lors des championnats de l’État de Washington. L’année suivante, il gagne la course des 15 milles de la Moody Cup à Victoria. En 1927, il est champion de Colombie‑Britannique sur 2 milles, et, en 1928, il remporte la course cycliste sur route du journal Province.
C’est à cette époque qu’il gagne son surnom de « Torchy ». Mesurant 1,91 m (6 pi 3 po) pour 100 kg (220 lb), William Peden est une figure imposante à vélo. Sa vitesse et ses cheveux roux flamboyants incitent un journaliste à le comparer à une torche pour les autres cyclistes qui le suivent.
Championnats canadiens de cyclisme 1928
Pour gagner sa place dans l’équipe olympique de cyclisme, « Torchy » Peden doit obtenir de bons résultats aux Championnats nationaux de 1928 à Toronto qui servent également d’épreuves de sélection pour les Jeux. Avant même que ces épreuves de sélection ne commencent, « le géant de Victoria à la chevelure en feu de chaume » suscite un vif intérêt. Le 26 mai 1928, par exemple, le Toronto Daily Star écrit que « Torchy » Peden, champion cycliste de Colombie‑Britannique, déjà presque assuré de faire partie de l’équipe olympique canadienne, recevra un accueil chaleureux quand il arrivera le lendemain matin à 8 h 40 de l’ouest et qu’une grande partie de la fraternité cycliste sera à la gare pour lui souhaiter la bienvenue.
William Peden ne déçoit pas. Il domine les championnats canadiens en remportant les courses sur 1 mille et sur 5 milles ainsi que la poursuite sur 4 000 m.
Jeux olympiques d’Amsterdam de 1928
Lors des Jeux olympiques de 1928, « Torchy » William Peden participe aux courses contre la montre individuelle et par équipe en cyclisme sur route, ainsi qu’à la poursuite par équipe sur 4 000 m en cyclisme sur piste. Il obtient son meilleur résultat dans l’épreuve de poursuite par équipe dans laquelle, avec ses coéquipiers Lew Elder, Jim Davies et Andy Houting, il décroche la 5e place ex æquo.
Sa course sur route s’avère toutefois désastreuse. Aux Jeux d’Amsterdam de 1928, les courses sur route individuelle et par équipe se déroulent simultanément. La course sur route prend la forme d’un circuit de 168 km partant d’Amsterdam, puis se dirigeant vers Scheveningen avant de revenir à son point de départ. Chaque équipe nationale est composée de quatre membres, les trois meilleurs temps individuels étant cumulés pour calculer le temps de l’équipe. Les malheurs s’accumulent sur William Peden qui souffre non seulement d’une intoxication alimentaire, mais qui est également victime de deux crevaisons pendant la course. Il termine 63e de l’épreuve, avec le dernier temps homologué, 12 coureurs, dont son coéquipier Lew Elder, n’ayant pas terminé la course. Les temps combinés de Joseph Laporte (31e), d’Alfred Tourville (56e) et de William Peden (63e) permettent au Canada de se classer 14e de la compétition par équipe.
Le saviez‑vous?
Le Canada remporte sa première médaille olympique en cyclisme en 1908 aux Jeux de Londres en Angleterre. Cette année‑là, William « Doc » Morton, Walter Andrews, William Anderson et Frederick McCarthy décrochent le bronze dans la poursuite par équipe en cyclisme sur piste. Le Canada ne remportera pas d’autre médaille olympique jusqu’aux Jeux de 1984 à Los Angeles au cours desquels Curt Harnett et Steve Bauer décrochent tous deux une médaille d’argent, respectivement dans le contre la montre sur 1 km et dans la course sur route de 190 km.
Circuit européen et Championnats nationaux 1929
Déterminé à faire ses preuves face aux meilleurs mondiaux, « Torchy » Peden reste en Europe après les Jeux olympiques de 1928 et intègre, en compagnie de son coéquipier aux JO Lew Elder, le circuit cycliste européen. Le duo participe à certaines des courses les plus prestigieuses au monde en France, en Pologne, en Angleterre et en Écosse.
« Torchy » revient au Canada en 1929 et domine les Championnats canadiens de cyclisme sur piste en salle à Montréal, remportant les épreuves du demi‑mille, du mille, des 2 milles et des 5 milles ainsi que le titre global.
Les résultats de William Peden aux championnats nationaux de 1929 attirent l’attention du promoteur de courses cyclistes Willie Spencer, qui le convainc de passer professionnel. Il remporte sa première épreuve professionnelle le 15 juin 1929, une victoire qui sera suivie de nombreuses autres.
Le 26 juin 1929, par exemple, le Toronto Daily Star raconte ainsi la victoire de William Peden et de son coéquipier Jules Matton, de Montréal, dans une course par équipe professionnelle sur 25 milles au vélodrome de la rue Dundas à Toronto :
WILLIAM PEDEN BRILLE ENCORE AU VÉLODROME
« Torchy » et son coéquipier Matton rattrapent leurs poursuivants en fondant sur eux à toute vitesse dans une course à 25 équipesLa feuille d’érable était en vedette hier soir au vélodrome lorsque Torchy Peden et Jules Matton, respectivement de Victoria et de Montréal, ont non seulement remporté la course par équipe professionnelle des 25 km, mais ont également rattrapé leurs adversaires, pourtant redoutables, avant l’arrivée.
C’est la première fois, cette année, que pareil exploit est accompli, dans l’une de ces épreuves au long cours si populaires auprès des spectateurs du vélodrome de la rue Dundas. Il faut avouer que cette performance est largement à mettre à l’actif de « Torchy », l’As du coup de pédale venu de la côte Ouest qui a représenté le Canada aux Jeux olympiques et qui a, depuis, intégré les rangs des professionnels et a su se faire une place de choix au sein de l’écurie de M. Willie Spencer. À aucun moment de cette épreuve de fond, il ne s’est épargné, prenant la course très au sérieux et refusant de la considérer comme une promenade de santé au cours de laquelle il aurait pu musarder pour ne disputer, pour faire bonne mesure, que quelques sprints lancés de temps en temps. Devant tant de détermination, les autres coureurs étaient littéralement au bord de l’asphyxie sur leur machine en vue de l’arrivée et, lorsque, en combinant judicieusement avec son coéquipier montréalais toujours aussi tenace, il a soudain fait implacablement le trou, il a éteint toute velléité d’opposition chez ses adversaires.
La distance a été parcourue en moins d’une heure –59 min. 29 sec. et 1/5 pour être exact – établissant un nouveau record pour cette « soucoupe ».
Toronto Daily Star, 26 juin 1929
Courses de six jours
« Torchy » Peden est surtout connu pour ses succès dans les courses de six jours. Surnommées les « courses vers nulle part », elles commencent généralement tôt le lundi matin et se terminent le samedi soir suivant. Les concurrents courent sur une piste ovale au bord relevé à 60° que l’on appelle souvent une « soucoupe ». Les cyclistes roulent par équipes de deux, l’un se relevant pour se reposer pendant que l’autre pousse sa machine à fond. La plupart du temps, le peloton avance en file indienne à un rythme modéré, jusqu’à ce que l’un des coureurs sorte du groupe à vive allure et que les autres se démènent pour le rattraper. La victoire revient à l’équipe qui a parcouru la plus grande distance et qui a pris le plus grand nombre de tours d’avance à la fin du sixième jour. Au total, les coureurs sont sur la piste pendant 143 heures et parcourent environ 3 200 km.
Ce sport inhabituel est très populaire dans les années 1930 et peut s’avérer extrêmement lucratif pour les promoteurs et pour les concurrents. Les spectateurs peuvent rester sur place toute la journée (et toute la nuit) s’ils le souhaitent, ce qui en fait un divertissement bon marché pendant cette période de la Grande Dépression. Des groupes de jazz animent musicalement la manifestation, tandis que, dans la foule des spectateurs, se mêlent des personnalités mondaines, des hommes d’affaires et des ouvriers qui, tous, fument et parient sur les résultats de la course.
Les sprints sont la partie la plus électrisante d’une course de six jours. Les accidents sont fréquents et William Peden s’est lui‑même cassé plusieurs os au cours de sa carrière. Cependant, en dehors de ces épisodes, il se montre extrêmement rapide, tout en n’ayant pas son pareil pour faire rire la foule. Pour rompre la monotonie de la course et divertir les partisans, les coureurs tendent souvent d’attirer l’attention des spectateurs en amusant la galerie. Dans ce contexte, le coureur natif de Victoria se distingue non seulement par sa taille et par sa vitesse, mais aussi par ses pitreries : parfois, il dirige son vélo avec ses pieds, il lit un journal tout en courant ou, après avoir subtilisé l’écharpe ou le chapeau d’un spectateur, il s’en habille pendant un tour ou deux avant de le restituer à son propriétaire.
Dans les années 1930, William Peden est l’un des coureurs les plus célèbres et les plus titrés parmi les spécialistes des courses de six jours. Au cours de ses quatre premières années sur le circuit, il remporte 24 des 48 courses auxquelles il participe. À son apogée, il aurait gagné jusqu’à 50 000 dollars par an, un chiffre considérable pendant la Grande Dépression. Il est l’un des athlètes les mieux payés de son temps avec les joueurs de baseball Babe Ruth et Lou Gehrig. En 1938, CCM, son équipementier, lui offre une version plaquée or de son célèbre vélo, le CCM Flyer.
Torchy Peden (à gauche) et son frère, Doug Peden, avant les Six jours de Montréal 1937.
Entraîneur olympique
William Peden entraîne l’équipe canadienne de cyclisme qui participe aux Jeux olympiques d’été à Los Angeles en 1932. À l’instar de leur entraîneur, trois des huit membres du groupe sont originaires de Victoria en Colombie‑Britannique. En 1936, il est l’un des entraîneurs de l’équipe des pistards aux Jeux olympiques d’été à Berlin. Son frère, le polyvalent Doug Peden, remporte une médaille d’argent en basketball à ces mêmes JO en Allemagne.
William « Torchy » Peden participe à une course à Edmonton (photo probablement prise en 1938).
Service militaire et carrière ultérieure
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, « Torchy » Peden est instructeur physique dans l’Aviation royale du Canada. Il explique à un journaliste du Toronto Daily Star : « Vous pouvez me croire quand je dis que cette expérience m’a gardé en forme! Outre la callisthénie et d’autres activités, j’accompagnais quotidiennement cinq groupes différents pour des courses de 5 à 7 milles. » Il reprend ses activités de coureur cycliste après la guerre. Toutefois, il court sa dernière épreuve professionnelle en novembre 1948, prenant sa retraite à 42 ans. Durant sa carrière, il a participé à 148 courses, en a terminé 145 et en a remporté 38.
Lorsqu’il prend sa retraite, les courses de six jours ne sont plus vraiment populaires parmi les spectateurs nord‑américains. Il tente bien de raviver l’intérêt du public pour cette discipline; toutefois, en dépit de la construction d’une piste portable et réutilisable en masonite et en acier, ce qui représente une amélioration par rapport aux anciennes pistes cyclistes en bois, à laquelle il consacre la majeure partie de ses économies, sa tentative est un échec.
William Peden déménage aux États‑Unis et s’installe finalement à Northbrook dans l’Illinois, où il gère un magasin d’articles de sport et vend des patins à glace à des membres de l’équipe des Blackhawks, qui joue en LNH, comme le légendaire Bobby Hull. En 1952, il devient représentant pour CCM. Il décède à Chicago en 1980.
Distinctions et récompenses
- Panthéon des sports canadiens (1955)
- Greater Victoria Sports Hall of Fame (1991)
- BC Sports Hall of Fame (1966)
- Temple de la renommée du Cyclisme canadien (2015)