Musique russe au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Musique russe au Canada

Russie. La plus grande des 15 républiques de l'Union qui jusqu'en 1991 composaient l'Union des républiques socialistes soviétiques. Quelques-uns des autres groupes de l'ancienne U.R.S.S.
La plus grande des 15 républiques de l'Union qui jusqu'en 1991 composaient l'Union des républiques socialistes soviétiques. Quelques-uns des autres groupes de l'ancienne U.R.S.S. sont bien représentés au Canada et certains, du fait de leur personnalité bien distincte ou parce que leur pays d'origine ne faisait pas partie de l'Union soviétique au moment de leur émigration, figurent séparément dans l' EMC, sous les rubriques Arménie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Ukraine. Trois groupes religieux, dont beaucoup d'adeptes viennent de la Russie tsariste aussi bien que de l'Union soviétique, les Doukhobors, les Juifs et les Mennonites, font aussi l'objet d'articles séparés. Le présent texte traite essentiellement de l'apport des Russes à l'ensemble canadien et des relations et échanges culturels entre le Canada et l'ancienne Union soviétique considérée dans son ensemble.

Immigration

L'immigration massive d'habitants de la Russie tsariste commença au Canada vers le milieu des années 1870 quand des mennonites s'établirent dans le sud-est du Manitoba. Quelque 7000 doukhobors suivirent en 1899, et la période comprise entre 1880 et la Première Guerre mondiale fut témoin de l'immigration d'un grand nombre de Juifs venant de Russie, d'Ukraine et de Pologne alors sous tutelle tsariste, ainsi que d'Ukrainiens. Ce courant d'immigration ralentit pendant l'entre-deux-guerres et, après une nouvelle vague aux environs de 1950, il déclina de nouveau. Dans les années 1970, plusieurs Juifs commencèrent à arriver via Israël ou directement d'Union soviétique; plusieurs musiciens parmi eux trouvèrent de l'emploi au sein des orchestres symphoniques canadiens. Lors du recensement canadien de 1986, 32 080 Canadiens citèrent la Russie comme lieu d'origine. Un petit nombre seulement s'établit dans les provinces de l'Atlantique alors que les plus larges concentrations se retrouvèrent à Edmonton, Montréal, Toronto et Vancouver. Dans les grandes agglomérations canadiennes, les associations culturelles russes organisent des réunions sociales, représentations théâtrales, bazars, choeurs, orchestres de balalaïkas et groupes de danses folkloriques. Deux pavillons russes, baptisés Novgorod et Volga, ouvrirent leurs portes pendant le festival Caravan de Toronto en 1978. L'Église orthodoxe russe a conservé ses traditions de musique liturgique, et quelques assemblées offrent des cours de langue russe et d'histoire.

Musiciens d'origine russe établis au Canada

Parmi les musiciens originaires de Russie qui se sont établis au Canada figurent le chef d'orchestre Alexander Chuhaldin, S.C. Eckhardt-Gramatté, Gregori Garbovitsky, la famille Hambourg, Constantin Klimoff (décédé en 1974, prof. de piano à Québec), Vladimir Landsman, le violoniste Jascha Milkis du TS, Kornelius Neufeld, le hautboïste torontois Simon Trubashnik, le baryton Alexander Tumanov (également de Toronto), le violoncelliste Yuli Turovsky et sa femme Eleanora (violoniste, altiste), le chef d'orchestre Victor Yampolsky qui fut dir. mus. de l'Orchestre symphonique de l'Atlantique (1977-82) et Rudolph Barshai, chef d'orchestre de l'Orchestre symphonique de Vancouver (1985-88). Les musiciens canadiens d'ascendance russe incluent la famille Adaskin, Milla Andrew, Ida Krehm, Zara Nelsova, Boris Roubakine et le pianiste Zadel Skolovsky.

Visiteurs de Russie

Le premier musicien de Russie à visiter le Canada fut peut-être le violoncelliste Henri Billet, qualifié de « premier violoncelle de la musique privée de l'Empereur de Russie » dans l'annonce d'un concert qu'il donna le 24 août 1841 au théâtre Royal de Québec. Le baron Rudolph de Fleur, « auparavant pianiste et inspecteur général de la musique militaire auprès de Sa Majesté l'Empereur de Russie » (The Patriot, Toronto, 16 juillet 1844), donna des exécutions jugées comme étant « exquises et incontestablement des plus savantes jamais entendues à Toronto » (ibid., 23 juillet 1844). Il visita aussi Charlottetown en 1847. Basil Schütz fut envoyé en Amérique du Nord par sa famille et l'on sait qu'il joua du piano dans un théâtre de Montréal vers 1845. Il retourna en Russie accompagné de sa femme, une Canadienne d'ascendance écossaise; leur fille Françoise-Jeanne, née en 1861, allait devenir la célèbre soprano Félia Litvinne. Parmi les autres musiciens russes ayant visité le Canada, citons Anton Rubinstein (Toronto, 1872); Ossip Gabrilowitsch qui joua à Montréal en 1902; Serge Rachmaninov qui donna le premier de nombreux récitals au Canada à Toronto en 1909; le violoniste Mischa Elman (1913); Prokofiev, qui vécut à Montréal plusieurs mois (v. 1920-21) où, présumément, il travailla à l'orchestration de L'Amour des trois oranges; le Russian Grand Opera, compagnie d'exilés sous la baguette de Léo Feodorov qui se produisit deux fois à Montréal et Toronto et une fois à Hamilton pendant la saison 1922-23 - elle présenta des opéras français, italiens et russes dont Boris Godounov, La Dame de pique et Eugène Onéguine -; Féodor Chaliapine qui chanta à Montréal et Toronto au milieu des années 1920; Vladimir Horowitz, Nikolai Orloff et Gregor Piatigorsky, qui tous se produisirent au Canada au début des années 1930; Igor Stravinsky qui effectua sa première visite en 1937 et enregistra dans les années 1960 plusieurs de ses oeuvres avec les Festival Singers et l'Orchestre symphonique de la SRC.

Au milieu des années 1950, de nombreux échanges d'artistes commencèrent entre le Canada et l'Union soviétique grâce à l'initiative de Nicolas Koudriavtzeff. Au début, ces échanges n'avaient pas toujours un caractère officiel, mais un accord culturel fut ratifié par les deux pays en 1960. On peut dire sans exagérer que les Canadiens à l'étranger reçurent l'accueil le plus enthousiaste à Moscou et à Leningrad, et que leurs tournées en Union soviétique leur valurent un grand prestige au Canada. Réciproquement, les artistes soviétiques ont connu un succès remarquable au Canada. Parmi les artistes et exilés soviétiques qui se sont produits au Canada du milieu jusqu'à la fin du XXe ;siècle se trouvent Mstislav Rostropovitch, Vladimir Ashkenazy, Emil Gilels, Dmitri Hvorostovsky, Evgeny Kissin, Leonid Kogan, David et Igor Oïstrakh, Sviatoslav Richter, Lazar Berman, l'OS d'État de Moscou, l'Orchestre de chambre de Moscou, l'Orchestre philharmonique de Moscou, le Trio Borodine, le Quatuor à cordes Borodine, les Choeurs de l'Armée Rouge et l'Orchestre philharmonique de Leningrad. L'Expo 67 présenta l'Opéra du Bolchoï pour la première fois au Canada comme en Amérique du Nord. Une tournée au Canada fut organisée pour le Choeur de chambre de Moscou en 1978, à la suite d'une tournée en Union soviétique des Festival Singers en 1977. Le compositeur Rodion Shchedrin fut membre du jury au Concours international Bach de piano 1985. Le Choeur Poliansky de Moscou se produisit au Festival choral international 1989 où s'exécuta également le chef d'orchestre Gennady Rozhdestvensky.

Canadiens en Russie

Parmi les musiciens canadiens qui se rendirent en Russie avant l'ère soviétique figurent Emma Albani qui y chanta des opéras en 1873 et 1878, la soprano Bertha Crawford qui chanta à Petrograd en 1915 et à Moscou en 1916, et Kathleen Parlow qui étudia au Cons. de Saint-Pétersbourg avec Leopold Auer en 1906-07. L'OSM se fit entendre à Moscou et à Leningrad en 1962 et le Vancouver Chamber Choir visita la Russie en 1989. La violoniste Betty-Jean Hagen, la pianiste Elaine Keillor, le violoncelliste Michael Kilburn et le pianiste Raymond Pannell prirent part au Concours international Tchaïkovsky de Moscou en 1962. La pianiste Barbara Custance étudia les méthodes russes d'enseignement à Moscou en 1968, et la pianiste Karen Quinton, Prix d'Europe 1972, étudia de 1973 à 1975 avec Tatiana Nikolayeva au Cons. de Moscou. Le pianiste André Laplante obtint en 1978 le deuxième prix ex aequo au Concours international Tchaïkovsky de Moscou. Parmi d'autres musiciens canadiens qui se sont produits en Union soviétique se trouvent Jacques Beaudry (1957, premier chef d'orchestre nord-amér. à diriger en Union soviétique après la Deuxième Guerre mondiale), Donald Bell (1962), John Boyden (1968), Henri Brassard (1978), Alexander Brott (1962), Renée Claude (1971), l'Elgar Choir de Colombie-Britannique (1961), Victor Feldbrill (1963, 1966-67), Maureen Forrester (1961), Glenn Gould (1957, 1959), Margaret-Ann Ireland (1960, 1962), Jean-Paul Jeannotte (1961), Pauline Julien (1967), la Kitsilano Boys' Band (1962), Claude Léveillée (1968, 1972), Monique Leyrac (1968), Joseph Macerollo (1978), Fraser MacPherson (1978), Phyllis Mailing et William Aide (1971), Lois Marshall (1958, la première de sept tournées avant 1978), Oscar Peterson (1974), Louis Quilico (1962-63), Robert Silverman (1978), Teresa Stratas (1962, 1963), Micheline Tessier (1968), les Travellers (1962), Bernard Turgeon (1971, 1972, 1976), Ronald Turini (1962, 1963), George Zukerman (1978), Stringband (1983), Powder Blues (1990) et le Dave McMurdo Jazz Orchestra (1991).

La musique des compositeurs romantiques russes, principalement Tchaïkovsky, Moussorgsky, Rachmaninov et, à un degré moindre, Glinka, Borodine, Rimsky-Korsakov, Scriabine et Glazounov, a été extrêmement populaire auprès des auditoires canadiens au cours du XXe siècle. C'est un expatrié, Stravinsky, qui fut la figure dominante de la musique russe après 1900 mais plusieurs compositeurs soviétiques - dont Prokofiev, Chostakovitch et parfois Kabalevsky - furent joués régulièrement en concert au Canada. Kabalevsky a visité le Canada à plusieurs reprises, sa dernière visite remontant à 1978. Toutefois, le répertoire soviétique n'avait encore adopté en 1978 aucune oeuvre ancienne ni récente de compositeurs canadiens, bien que des interprètes canadiens aient occasionnellement joué de telles oeuvres lors de leurs passages en Union soviétique. Des contacts ont cependant été établis à cet effet. À l'automne 1977, John Peter Lee Roberts, du Centre de musique canadienne, et le compositeur Harry Somers passèrent deux semaines en Union soviétique pour y rencontrer des membres de l'Union des compositeurs, interprètes et critiques soviétiques, afin de leur faire entendre des enregistrements d'oeuvres canadiennes. En retour, le Centre MC reçut en 1978 la visite du compositeur et pianiste soviétique Andrei Eshpai.

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