Musique chinoise au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Musique chinoise au Canada

Chine. La migration de Chinois au Canada commença en 1858 lors de la ruée vers l'or au fleuve Fraser en Colombie-Britannique. La plupart des immigrants du XIXe siècle, notamment les engagés du CP de 1882 à 1885, vinrent de la province de Kouangtoung (Canton), et certains via les États-Unis.
La migration de Chinois au Canada commença en 1858 lors de la ruée vers l'or au fleuve Fraser en Colombie-Britannique. La plupart des immigrants du XIXe siècle, notamment les engagés du CP de 1882 à 1885, vinrent de la province de Kouangtoung (Canton), et certains via les États-Unis. Sur le plan socio-culturel, il est significatif de constater que ces immigrants, la plupart de milieu paysan, étaient des hommes seuls dont plusieurs avaient laissé derrière eux leur famille. Leur premier objectif au Canada était de faire fortune et de retourner en Chine. Par contre, les immigrants plus récents, hommes et femmes, particulièrement après 1960, possédaient une formation poussée et représentaient toutes les régions de la Chine et Hong Kong. Au XXe siècle, la plupart des Canadiens d'origine chinoise (plus de 414 000 au recensement de 1986) vivaient dans ou aux environs des grandes villes de l'Ontario, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique. (Dans cette dernière province, les Sino-canadiens résidant à Victoria présentèrent en 1904 à la ville une cloche de 2000 livres coulée en Chine en 1627. La cloche est suspendue au Beacon Hill Park.)

Pour toutes sortes de raisons, rares sont les documents permettant d'évaluer l'activité musicale des premiers Chinois canadiens. Le peu de connaissances à ce sujet ont été recueillies par bribes à partir de sources diverses. La musique chinoise canadienne est le plus souvent d'origine cantonaise et peut être classée en quatre genres : chansons de folklore, de rues et de métiers; opéras cantonais; musique d'ensemble cantonaise; et musique traditionnelle autre que cantonaise. Celle des deux premières catégories fut peut-être la première entendue au Canada. Il est probable que les Chinois, même s'ils possèdent et conservent une variété inépuisable de styles musicaux, perpétuèrent au Canada leurs chansons de folklore et autres musiques traditionnelles pour se divertir et vaincre leur nostalgie. Les airs populaires de l'opéra cantonais, tradition folklorique profondément enracinée plutôt qu'art noble, furent également beaucoup chantés parmi le peuple. Dans les années 1870, trois sociétés lyriques cantonaises étaient établies à Victoria, C.-B.: Yuen-t'ien-lo, Yao-t'ien-lo et Tan-feng-shang. Avec des organisations similaires, ils comblèrent un grand besoin de divertissement social et furent encouragés par la classe marchande dans l'émergence des « quartiers chinois ». Les clubs d'opéra de San Francisco et, au moins à une occasion, de Hong Kong, furent aussi invités à se produire. À Toronto, des troupes professionnelles de Hong Kong furent fréquemment invitées à présenter des opéras cantonais jusque dans les années 1980, alors que l'expansion de la communauté chinoise assurait le personnel nécessaire à la production locale d'opéras cantonais, qui mettaient souvent en vedette des artistes de l'étranger. Des compagnies locales telles que la United Dramatic Society à Toronto, le Wah Shing Group à Ottawa et le Yuet Sing Chinese Musical Club à Montréal procurent la formation et l'expérience aux interprètes canadiens. La production d'opéras cantonais, exigeant environ six instrumentistes, mena à la fondation de clubs de musique en plus des clubs d'opéra. Des associations musicales, à l'exemple de la Ching Won Musical Society (fondée à Vancouver en 1936), s'engagèrent dans des organisations comme la célébration des festivals chinois traditionnels, les banquets et le jeu d'échecs chinois. Les instruments de musique caractéristiques utilisés dans les ensembles cantonais à la fois pour l'opéra et la musique instrumentale sont : yang-tyin (tympanon), yé-hou et pan-hou (violons à deux cordes) et yue-k'in, tch-chen et p'i-p'a (luths à cordes pincées) ainsi que des instruments de percussion. Il n'est pas rare, cependant, que les ensembles cantonais incluent des instruments occidentaux tels que le violon, la guitare, la clarinette, le saxophone ou la contrebasse.

En 1991, de nombreuses communautés ontarionnes comptaient des choeurs chinois : Guelph, Mississauga et Hamilton possédaient toutes des choeurs mandarins, Ottawa avait le Chinese Cantabile Chorus, le Chinese Choir of Toronto se produisait avec le Toronto Chinese Chamber Orchestra (fondéen 1977), et des choeurs de femmes, dont le nom se traduit par La Mélodie chinoise, fleurissaient à Guelph et à Toronto. Avec l'arrivée au Canada de nombreux immigrants originaires d'autres provinces chinoises et de Hong Kong, plusieurs ayant une éducation plus poussée, la musique chinoise au Canada s'est ouverte au répertoire traditionnel, non cantonais. Par ailleurs, l'adoption par les Chinois des modes de vie, langages, professions et éducation du Canada a entraîné une diminution dans la pratique de la musique traditionnelle chinoise. En fait, il est devenu courant pour des jeunes d'étudier les instruments occidentaux, et plusieurs ont atteint dans ces domaines un haut degré de compétence.

Les musiciens nés en Chine ou d'origine chinoise et vivant au Canada incluent Ada Bronstein (de parents européens), le compositeur Anlun Huang (né à Guangzhou, Canton; il vint au Canada en 1980 et fut élève de Lothar Klein), Ka Nin Chan, Ming Lee (chanteuse de jazz montréalaise née en Malaisie de parents chinois), Ming-Yueh Liang (qui enseigna à l'Université de la Colombie-Britannique v. 1973-81), Hope Lee, le pianiste Patrick Li (professeur au RCMT), Alexina Louie, le pianiste Thomas Wong (qui fut l'élève de Garth Beckett à Winnipeg) et He Shu Ying (un virtuose et prof. de p'i-p'a). Le pianiste sino-canadien Kum-Sing Lee (Singapour, 1935) s'établit à Vancouver en 1971 et devint plus tard dir. du dépt de piano de la Vancouver Academy of Music. Au nombre de ses élèves figurent Jamie et Jon Kimura Parker. Il se rendit en Chine pour la première fois en 1985 afin de donner des récitals et des classes de perfectionnement. Plusieurs autres musiciens, actifs plus tard au Canada, vécurent un certain temps en Chine. Ce sont notamment Andreas Barban, Ida Halpern, Otto et Walter Joachim, Rudolf Komorous, Erwin Marcus et Herbert Ruff. Jo-Anne Chong, originaire de Toronto, fut une enfant prodige en 1947 à « Microphone Moppets », émission de la radio de la SRC.

Avant l'établissement de relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et le Canada en 1970, il n'y eut pas d'échanges culturels officiels, bien que l'Opéra de Pékin ait effectué une tournée au Canada en 1960. En 1973, Ida Haendel fit une tournée en Chine avec l'Orchestre philharmonique de Londres et, en 1976, le choeur Men of the Deeps du Cap-Breton visita la Chine, suivi en 1977 du Canadian Brass, et en 1978 du TS sous la direction d'Andrew Davis, avec Maureen Forrester et le pianiste Louis Lortie comme solistes. Une émission spéciale à la télévision de la SRC, « Tournée de l'Orchestre symphonique de Toronto en Chine », réalisée par Norman Campbell, relata la tournée. Les chanteurs Maureen Forrester et Claude Corbeil (1982), Bruno Laplante et Brigitte Toulon (1985) et Sandra Graham et Ingemar Korjus (1988) donnèrent des récitals en Chine. « Singing : a Joy in any Language », un documentaire sur la tournée de Forrester et Corbeil, fut diffusé au réseau anglais de la SRC en 1983. Un ensemble de chambre de sept interprètes, composé de Robert Aitken, James Campbell, Steven Dann, Moshe Hammer, Anton Kuerti, Joel Quarrington et Sophie Rolland, effectua une tournée dans trois villes de la Chine en 1984. En 1985, le facteur de clavecins canadien Edward Turner offrit au Cons. de Beijing un clavecin, probablement le premier au pays, et pendant trois mois donna des conférences et des ateliers aux conservatoires de Beijing, Xi'ian et Shanghaï. Cette même année, le pianiste Charles Reiner accepta l'invitation d'aller enseigner au Cons. de Shanghaï pendant cinq semaines, et en 1987, Victor Feldbrill fut invité à donner des cours et à diriger des orchestres à Beijing et à Shenyang, devenant ainsi vraisemblablement le premier chef d'orchestre canadien invité en Chine. Peter McCoppin se rendit en Chine afin d'y diriger des orchestres en 1989. Paul Brodie donna des concerts et des classes de perfectionnement en Chine en 1990. Les ensembles Canadian Brass, Répercussion et Tafelmusik ainsi que l'OSM et l'OCNA se produisirent à Hong Kong entre 1983 et 1990, et le RCMT y établit un bureau d'examens en 1985. Le TS visita Taiwan à l'occasion de sa tournée Pacific Rim Tour en 1990.

En retour, le Canada a accueilli le Ballet de Shanghaï (1977), de nouveau l'Opéra de Pékin (1979), le Yellow River Cantata Choir (1983), 11 jeunes chanteurs et instrumentistes du Cons. de Shanghaï (1984), la Jaingsu Beijing Opera Company (1987), le Yip Children's Choir de Hong Kong (1987 et 1991) ainsi que d'autres groupes. Les interprètes chinois de musique occidentale qui se sont fréquemment produits au Canada incluent le pianiste Fou T'song, le violoniste Cho-Liang Lin et le violoncelliste Yo-Yo Ma. Tak-Ng Lai, chef d'orchestre du Toronto Chinese Chamber Orchestra, dirigea l'Orchestre symphonique de Vancouver le 15 juin 1979, dans un programme consacré à la musique chinoise d'après 1950, qui mettait à l'affiche les solistes Adrian Chiu, violoniste de l'OS de Vancouver, et le pianiste Vance Hoy, professeur à l'Université de Calgary. En 1989, la Chinese Canadian Music Society de l'Ontario organisa un festival de musique chinoise au cours duquel elle présenta la création canadienne de la cantate The Eternal Lament de Zi Huang, la création mondiale de The Ruin of the Himalaya de Xiao-Gong Ye et une interprétation du Concerto pour violon et orchestre, op. 47, de Sibelius, éxécuté par le violoniste Si-Qing Lu et le Toronto Chinese Chamber Orchestra sous la direction de Lai. L'année suivante, elle présenta une semaine de musique chinoise contemporaine et traditionnelle à l'occasion du 33e Congrès international des Études de l'Asie et de l'Afrique du Nord. Beaucoup de chanteurs pop de Hong Kong donnent régulièrement des concerts à Toronto.

Lecture supplémentaire